En dehors du nid, j’avais mes petits rituels, mes habitudes, ma routine en somme. Certaines personnes parviennent à se montrer productives naturellement, spontanément ; ce n’est pas mon cas. J’aime être pro-active mais pour ce faire, j’ai besoin d’être rigoureusement organisée : emplois du temps et to-do lists sont mes meilleurs amis. La salle de sports fait partie intégrante des éléments qui viennent rythmer ma semaine, j’essaie d’y aller au moins deux fois, trois fois dans l’idéal – rarement plus. En période un peu off, quand les contrats se font plus rares et qu’il donc permit de souffler un peu (voire beaucoup), j’ai malheureusement tendance à y aller nettement moins. J’ai du mal à chasser le naturel à ce niveau-là : dès que le rythme faiblit, je faiblis. C’est juste plus fort que moi. Pour vraiment être épanouie et réussir à faire ce que j’ai envie de faire, j’ai besoin de me tenir occupée, constamment. Sinon, je sombre. Je pourrais très, très facilement devenir une parfaite loque, et c’est un peu ce qui m’inquiète avec cette émission. Si je ne fais pas attention, je vais prendre dix kilogrammes en très peu de temps, m’ennuyer et déprimer. Aussi j’essaie de faire attention. On a tout ce qu’il faut à notre disposition, ce serait dommage de ne pas en profiter. Je n’ai aucune excuse pour sécher ma séance de musculation avec la salle qu’ils ont pris le soin d’intégrer au nid. Motivée, je descends donc au sous-sol afin de retrouver ma chère et tendre, la si charmante leg press, ou presse à cuisses. Quel bonheur de pouvoir faire son sport tranquillement, sans avoir à subir la présence d’une flanquée de bodybuildeurs du dimanche et autres poseurs. Je règle les poids puis effectue ma première série avec ce plaisir typique du début de séance, quand la force en est encore à son comble. Ça sera moins joyeux dans vingt minutes. Après la dernière répétition, je me relève afin de détendre mes jambes et attrape ma bouteille d’eau – les courbatures sont nos pires ennemies. Je poursuis jusqu'à terminer ma série puis me lève et fais le tour de la salle, observant d'un œil analytique le reste des machines. Je me détourne finalement en entendant quelqu'un me rejoindre, et découvre @Anouchka à l'entrée de la pièce. « Salut Anouchka. Motivée pour une séance de torture ? » Un demi-sourire s'empare de mes lèvres tandis que je triture une machine à côté de moi, dont je ne comprends pas totalement le fonctionnement. Une merveille d'ingénierie ces trucs, y'a pas à dire.

Anouchka n’est vraiment pas une grande sportive. Elle est même tout le contraire de sportive. Quand bien même cela ne se voit pas au premier coup d’œil : elle n’est pas musclée, mais elle est toute fine. Un ventre plat et des fesses plutôt jolies. Elle ne déteste pas faire du sport en soit, mais vraiment elle n’aime pas ça. Sans avoir eu de mauvaises expériences. Sans avoir de mauvais souvenirs. Et pourtant. Pourtant en cette fin d’après-midi, la rouquine se met en marche, déterminée, vers la salle de sport. Qu’est-ce qu’elle va faire là-bas ? Aucune idée. Enfin si dans la suite logique elle va faire du sport, mais elle pourrait très bien s’asseoir dans un coin pour regarder quelqu’un en faire. C’est univers est tellement loin du sien. Alors du coup quand elle débarque dans la salle de sport, c’est un peu en mode petit oisillon tombé du nid. Elle avance timidement vers les équipements, sentant bien que même sa tenue n’allait pas avec ce qu’elle est. Une legging qui lui colle à la peau. D’ailleurs qui lui colle tant qu’elle ne peut s’empêcher d’aller trifouiller au niveau de son derrière pour remettre son pantalon en place. Associé à ça un t-shirt tout aussi moulant dans cette matière synthétique qu’elle déteste tellement. Hors de question pour elle de se promener en brassière : non pas pour une question de pudeur puisqu’elle se lave nue tout les jours qui font son aventure malgré les caméras, mais bien parce qu’elle trouve que ce n’est pas forcément une tenue adaptée pour elle. Presque timidement elle avance donc, provoquant le retournement de sa camarade déjà présente. Fawn. L’une de celles à qui elle n’a jamais parlé. Il faut dire que spontanément elle s’est fait plus de connaissance chez les garçons que les filles. Cette dernière lui parle et c’est l’horreur. « De torture ? » Qu’elle répète après elle, ses deux yeux grands ouverts et un air paniqué sur le visage. « Oh non non non pas de torture moi je viens juste faire un peu de… sport… » Qu’elle dit pas forcément très certaine d’elle et de ses capacités. Elle lâche finalement un léger rire. « Et puis pour tout te dire je ne suis pas très motivée non plus… Le sport c’est tellement… L’inconnu pour moi ! » Qu’elle avoue. Toutes ces machines, la plupart lui sont complètement inconnue quand d’autre lui font peur. Rien que les tapis de courses par exemple…

« Je plaisantais bien sûr. Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu’il faille se forcer à faire du sport quand on aime pas ça ou qu’on n’en a pas envie. » j’explique avec un léger sourire. Bon, évidemment, il y a tout un tas d’exceptions ; les personnes qui ont de gros problèmes de santé ont parfois vraiment besoin de se forcer à faire du sport, même si très honnêtement, je pense qu’une alimentation équilibrée fait déjà les trois quarts du boulot. J’ai toujours été d’avis qu’il y a au moins un sport pour chacun, et qu’il ne faut pas rester sur un traumatisme ; si tu n’as pas aimé la muscu, le basket ou le pilates, essaie la natation et peut-être que tu kifferas. Pour ma part, depuis que j’ai découvert la musculation, il s’agit clairement de mon sport favori. Les machines ont un côté ludique qui me stimule, j’aime le challenge, le fait de pouvoir voir sa progression de façon concrète avec les nombres indiqués sur les poids, le fait de pouvoir donner tout ce que j’ai et aller au bout de mes limites. Je ne retrouve pas ça aussi facilement dans les autres sports que j’ai pu pratiquer. « C’est vrai, tu n’as jamais vraiment pratiqué de sport ? » je lui demande, curieuse. À voir la silhouette d’@Anouchka, on l’imagine pourtant sportive ; peut-être gymnaste, patineuse ou danseuse. « La plupart des machines ont un petit encart qui précisent la façon dont elles doivent être utilisées. Pour commencer, je te conseille ça plutôt que les poids libres, les machines c’est l’idéal pour les débutants ! En plus, c’est plutôt fun donc ça motive au début, on a l’impression de jouer avec. » j’explique, amusée, en me rappelant de mes premières séances. C’est sûr que quand on commence, on sait pas trop ce qu’on fait, si on est bien positionnés, si on ne va pas se blesser, mais comme pour beaucoup de choses il s’agit avant tout d’une question de ressenti. Une fois qu’on a les bonnes habitudes, les bons réflexes, on sent très vite si on fait le mouvement correctement ou non. « Mais je peux t’accompagner dans ton initiation, si tu veux ! Est-ce que tu voudrais travailler quelque chose de particulier ? Jambes, dos, pecs, bras, abdos ? » Coacher les gens c’est un peu ma passion dans la vie, donc si elle a besoin d’un peu d’aide et de soutien je ne peux que me dévouer.