Le château était tellement immense, qu’il possédait au-delà du parc, un morceau de falaise, que je ne connaissais que de nuit. Après avoir mangé ma dernière bouchée de pizza et après avoir rangé tout le bordel que j’avais foutu, je m’étais dirigée vers cette fameuse falaise. Le vent semblait monter, mais peut importe, je bravais le froid et la tempête *ahem*, une part de gâteau au chocolat en main. Pour une fois, j’avais fais une infidélité aux scones, lui préférant une autre pâtisserie que j’adorais. Je croquais avidement dedans, tout en rejoignant le chemin pentu de la falaise. J’avoue, la nuit, cet endroit m’avais fait un peu flipper, avec les vagues se jetant violement sur les bords et les bruits à travers la verdure. En pleine journée, j’étais sûre de ne pas rencontrer un de ces monstres ou fantômes que l’on croit légendaire. Une fois arrivée à destination, je m’approchais dangereusement du bord, regardant en bas. La hauteur ne me faisait pas peur, mais une sorte de bruit derrière moi, sûrement un animal, si… si bien que j’en perdis mon morceau de gâteau, que je regardais tomber tout en bas des falaises, dans l’eau. « NOOOOOOOOON ! » Criais-je instinctivement, comme s’il s’agissait d’un être cher que je perdais. Bon… peut-être bien que le jour, les monstres n’ont pas peur de sortir…

Après avoir mangé et bien rassasié mon ventre, je décidai d'aller prendre l'air, en faisant un tour à l'extérieur. J'en profitai aussi pour me griller une clope. Je savais que je devrais arrêter, pour ma santé. Certains de mes proches, mais surtout ma mère, me tannaient constamment pour je mette fin à cette mauvaise habitude. Que j'avais chopé depuis l'âge de 16 ans soit dit en passant. J'avais essayé une fois mais au bout d'une semaine j'avais déjà reprit. Ce qui vous montrait ma motivation. Peut être en sortant de ce jeu... Mais en tout cas ce n'était certainement pas ici que j'allais stoppé ma consommation de nicotine. Je pris la direction des falaises, clope en main. Un endroit que j'appréciais tout particulièrement. Isolé du château. Surplombant le paysage. Sauf que malheureusement, quelqu'un se trouvait déjà. Et à l'évidence, le bruit de mes pas l'effraya, si bien que la jeune femme – que j'avais reconnu comme étant Oona – en perdit son gâteau. Décidément, j'avais le chic pour lui faire peur. « NOOOOOOOOON ! » s'exclama t'elle à la perte de son morceau. Et bien, il lui tenait vraiment à cœur. « Paix à son âme » dis je en faisant le signe de croix.  « Dire qu'il n'aura même pas le droit à un enterrement digne de ce nom » Bah oui, on ne pouvait pas aller repêcher son corps. « En tout cas, je constate que je te fais toujours autant d'effet. Je ressemble vraiment au grand méchant loup ou bien? »

Je ne m’étais pas retournée, pour faire face à ce qui venait de me faire lâcher mon gâteau. Au pire, si c’est un monstre, il n’aura qu’à me pousser du haut de la falaise et on n’en parle plus. Cette idée me fit sourire l’espace d’un instant, tandis que je regardais toujours les vagues emportant ma pâtisserie chocolatée. C’est les poissons qui vont se régaler à ma place. « Paix à son âme » Je fronçais les sourcils, lâchant un rire. C’était ridicule de dire ça… bon j’avoue, j’avais eu aussi bel air à crier. Je tournais légèrement ma tête pour remarquer que Cooper se tenait près de moi. « Dire qu'il n'aura même pas le droit à un enterrement digne de ce nom » J’esquissais un autre sourire, reportant mon attention un peu plus bas. « Il méritait mieux quand même… » Lâchais-je lasse, dans un soupir. Se retrouver dans mon ventre aurait été la meilleure des fins pour lui, pourtant il se retrouvait dispersé dans la flotte. « En tout cas, je constate que je te fais toujours autant d'effet. Je ressemble vraiment au grand méchant loup ou bien? » Je lâchais de nouveau un rire. Effectivement, je ne pouvais pas nier le contraire. Je me retournais, cette fois-ci, complètement vers lui, m’éloignant un tout petit peu du rebord. « Bah écoute, ouai et j’espère franchement que tu vas pas me bouffer ! » Lui répondais-je en faisait une moue, beaucoup trop mignonne pour qu’il ait réellement envie de me manger. « Tu pourras noter que cette fois, je ne t’ai pas envoyé mon gâteau en pleine figure » Bien que ça ne lui aurait pas fait mal cette fois. « Je constate de mon côté qu’on ne peut se rencontrer qu’en hauteur ! » Finissais-je, en reportant mon attention sur la mer en contrebas. Le balcon, la falaise… et après ?

« Il méritait mieux quand même… »  déclara t'elle dans un soupire.  « Dis toi qu'il aura eu une belle vie quand même. Il est mort heureux, en pensant à toi. » Non vous ne rêvez pas, on parlait d'un bout de gâteau. La folie n'avait pas de limite. Pas chez moi en tout cas. Oona confirma qu'elle me prenait pour le grand méchant loup. Si j'allais la manger ?  « T'as de la chance mon enfant, seules les filles avec une cape rouge m'intéressent. » N'empêches je comprenais que je pouvais impressionner, mais tout de même. Bien sur ce n'était qu'un concours de circonstances. Fallait croire que la demoiselle était peureuse ! Elle me remarqua que cette fois ci, elle ne m'avait rien envoyé dans la figure. C'était vrai. Elle s'améliorait. Peut être que la prochaine fois elle aura une réaction normale.  « Je vois ça. Il y a du progrès » dis je un sourire aux lèvres. Je tirais une dernière fois sur ma cigarette, avant de l'écraser par terre. « Je constate de mon côté qu’on ne peut se rencontrer qu’en hauteur ! » Pas faux. Le balcon, et maintenant les falaises.  « Peut être que le destin essai de me faire passer un message. Qu'il faut que je te pousse » N'alertez pas encore la police, je plaisantais.

« Dis toi qu'il aura eu une belle vie quand même. Il est mort heureux, en pensant à toi. » Je n’étais pas seule dans ce deuil, ce qui me fit largement rire. Depuis mon entrée dans le jeu, j’avais développé un grain de folie que je ne me connaissais absolument pas. « T'as de la chance mon enfant, seules les filles avec une cape rouge m'intéressent. » Lui faisant face, je lâchais un soupir, mais cette fois de soulagement. « Ca va, j’en ai que des bleues ! » Lui répondais-je. Contrairement à ce qu’il pourrait croire, je ne suis pas peureuse… je n’aime tout simplement pas les effets de surprise que peuvent engendrer des bruits comme ceux qu’il faisait en ma présence. À croire qu’il ne pouvait pas s’approcher de moi, sans faire de drôle de bruits. Sur le coup, je n’avais pas pensé à envoyer mon gâteau derrière moi. En même temps, je pouvais me protéger avec un livre qui faisait relativement mal, alors qu’un gâteau… à par en recevoir dans les yeux, c’est plutôt inoffensif comme défense. Je lui répondais par un mouvement de tête et un sourire signifiant ‘tu vois !’, fière de moi. La semaine prochaine, on pourra se rencontrer tranquillement, j’en étais sûre. Je tournais un peu la tête pour admirer la vue, la hauteur et l’eau qui se présentait dangereusement en bas. « Peut être que le destin essai de me faire passer un message. Qu'il faut que je te pousse » Je tournais immédiatement la tête de nouveau vers Cooper, laissant ma bouche ouverte accompagné d’un « haaaaaan » pendant un moment, avant de lui répondre : « Et pourquoi ça n’serait pas l’inverse ? C’est pas parce que t’es grand et tous… » Je joignais les gestes à la parole, lui montrant à quelle hauteur il se situait et je montrais… en quelques sortes ses muscles pour le ‘et tous’, puis je posais mes mains sur mes hanches. «… que je peux pas te pousser ! »

« Ca va, j’en ai que des bleues ! » La voilà sauvée. Elle n'avait donc rien à craindre de moi. Elle prit ensuite une mine choquée lorsque j'émis l'éventualité de la pousser du haut de la falaise. En même temps c'était la volonté de Dieu, pas la mienne. Et qui étais je pour aller contre lui ? « Et pourquoi ça n’serait pas l’inverse ? C’est pas parce que t’es grand et tout…que je peux pas te pousser ! » » Elle avait joint les gestes à la parole, imitant ma carrure. J'esquissai un sourire amusé.  « Parce que Dieu m'a parlé. Il est venu à moi. Et c'est sa décision. » Bien sur, maintenant je me prenais pour une sorte de prophète, à discuter avec dieu.  « Tu as des adieux à faire ? C'est le moment ou jamais.  » dis je en faisant un pas vers elle. Genre j'allais vraiment me mettre à exécution.

C'est nullissime, désolée

« Parce que Dieu m'a parlé. Il est venu à moi. Et c'est sa décision. » Je le regardais un instant, dubitative sur ce qu’il venait de m’affirmer. Zhara ne serait pas la seule religieuse parmi nous ? Monsieur Cooper, ici présent, n’était pas celui-ci que l’on pourrait croire. C’est peut-être ça son secret ! ‘Je communique avec Dieu’ ou ‘Je suis prêtre’. « Toi aussi alors, t’es un ami de Dieu ? Comme Zhara? » Lui demandais-je. Un sourire amusé s’étendit sur mes lèvres. Je ne suis pas vraiment, voire même totalement pas croyante, mais pourquoi pas… « Tu as des adieux à faire ? C'est le moment ou jamais. » Comme il s’approchait de moi, je le mettais en garde, en avançant vers lui aussi, ma main devant moi comme pour me protéger « Attention ! Je sais me défendre ! » Ou pas, mais ça il n’était pas censé le savoir après tout, bien que je sache donner des coups de pieds et des claques. « Mais tu peux me pousser dans l’eau… au moins je rejoindrais mon amour de gâteau ! » Wahou, j’avais réussi à faire une rime et en plus, franchement, je joue extrêmement bien la comédie. Je gardais mon sérieux, me préparant à ce qu’il s’approche un peu plus.

« Toi aussi alors, t’es un ami de Dieu ? Comme Zhara? » me demanda t'elle amusée. Grand Dieu non. Enfin...L'expression n'était pas appropriée, mais certainement pas. Je ne croyais pas en Dieu. En cette entité supérieure qui veillerait sur nous. Et puis si la vie après la mort existait, j'aurais vraiment de quoi m'inquiéter. Nul doute que je finirais en Enfer.  « Oui mais chuuut ça reste entre nous. » répliquais je en plaisantant. Je m'approchai alors d'elle, l'air menaçant. Et mine de rien je savais que je pouvais être impressionnant. Même si là elle savait bien qu'elle n'avait rien à craindre, et que ce n'était qu'un jeu. Elle mit sa main en opposition, déclarant savoir se défendre. Ouais enfin, en attendant, si je voulais réellement la jeter du haut de la falaise, face à moi elle ne ferait pas le poids. Finalement elle déclara que je pouvais la pousser, ainsi elle rejoindrait son amour de gâteau. Je notai la rime. Je me passai une main sur l'oreille  « Quoi ? Dieu, qu'est ce que tu dis ? » Genre dieu était en train de me parler en live direct.  « Il faut lui laisser une seconde chance ? Très bien... » Je regardai la jeune femme  « Faut croire que c'est ton jour de chance, dieu à dû avoir pitié de toi ! » Bon sang, le château était vraiment en train de me rendre fou.