Là tout de suite, Mado passait probablement pour une psychopathe doublée d'une perverse. Et le pire, c'est qu'elle assumait. Il faut dire que rien de tout cela n'était évidemment sérieux. Jamais elle n'irait faire le moindre mal à Fitz, que ce soit avec une hache et à la manière d'un film d'épouvante, ou avec quoi que ce soit d'autre. Elle avait beau être impulsive et incontrôlable à certaines occasions, elle ne tomberait jamais dans ce genre de trucs bien glauques. De même, il était évident qu'elle n'avait jamais attouché son camarade, et cela, ni pendant qu'il roupillait, ni jamais. Pourtant, elle s'était bel et bien amusée à sous-entendre qu'elle avait eu les mains un peu baladeuses, volontairement provocatrice, parce qu'au fond, beaucoup de leurs échanges tournaient de cette manière. Sans doute cela les amusait-il. Ils n'en étaient pas des obsédés pour autant, attention. Ricanant à la réflexion de Fitz, qui n'avait décidément aucune difficulté à rentrer dans son jeu, la jeune femme se contenta de plisser doucement les yeux, en hochant délicatement la tête. Alala, mieux valait ne pas rester sur ce terrain-là, sinon on ne les arrêterait plus. Et puis il y eut cette improbable confession de la part de Fitz. Il n'avait donc pas vu Titanic ? Genre, sérieusement ? Mais qui ne l'avait pas vu ? Tout le monde avait du le voir, au moins une fois. C'était genre un classique, non ? Bien sûr que si. Personne n'était évidemment forcé d'aimer - Mado, d'ailleurs, n'en raffolait pas - mais tout le monde se devait au moins de l'avoir vu au cours de sa vie. Fitz, non. « Et t'as pas prévu de le voir, je parie. Alala. Tu as donc raté ta vie, je te l'annonce. » Bien sûr, elle était ironique. Personne ne saurait avoir raté sa vie parce qu'il n'aurait pas vu Titanic. Il ne fallait pas abuser. Simplement, Mado aimait taquiner son camarade. Oh, il avait l'habitude maintenant. Mais voilà que tandis que Fitz souhaita savoir s'il avait manqué quoi que ce soit en roupillant pendant quatre heures, Mado ne put s'empêcher de plaisanter à nouveau. Du moins jusqu'à ce qu'elle évoque Carmen. Car oui, inconsciemment, elle avait été amenée à se questionner au sujet de la blonde, et de Fitz ici présent. A supposer que Carmen ait tenté de charmer la plupart des hommes du nid, elle avait du tenter sa chance avec lui, non ? C'est en tout cas ce qu'avait tendance à penser Mado. Ainsi, elle ne fut pas plus étonnée que ça lorsque son camarade le lui confirma. Tss. La Carmen était incorrigible. Elle avait beau sortir de grands discours sur les apparences et les idées reçues, il n'empêche qu'elle pouvait tout de même difficilement se faire passer pour une fille à la droiture exemplaire. Après, libre à elle de vivre la vie qu'elle voulait. Mais dans la mesure où elle fricotait avec le cadet de Mado, il est vrai que celle-ci voyait d'un assez mauvais œil qu'elle puisse faire du gringue à tous les mecs qui croisaient sa route. « Elle est redoutable, cette Carmen. Il les lui faut tous. » fit-elle, ironique dans sa propre ironie. (Oui, oui.) Autant dire que ça ne l'amusait pas tant que ça. Plus pour Ezra que parce qu'il était aussi question de Fitz, hein. Bah oui, n'importe quoi voyons. Pff. Allez, bref. Est-ce que sa phrase de tout à l'heure était une question ? Comment lui dire ... Elle n'en savait finalement pas grand chose. Peut être avait-elle espéré qu'il lui donne raison. Ou peut être avait-elle plutôt espéré qu'il n'en ait même pas besoin. « C'était ... malvenu. » Et c'est tout ce qu'elle répondrait, estimant que ça ne la regardait pas et qu'il pouvait aimer le genre de femmes qu'il voulait. Clairement, elle n'avait pas à s'intéresser à ce genre de choses, ça pourrait porter à confusion et elle ne voulait pas de ça. Alors elle se contenta ensuite de préciser qu'au final rien ne s'était passé de bien intéressant, ce qui était vrai. Donc voilà. Un petit silence s'installa alors. Mais ce dernier fut finalement rompu par l'intervention d'une chanson qui leur était familière, étant donné que Mado y avait eu droit avec Bob et qu'elle savait, grâce aux images diffusées lors du prime, que Fitz en avait fait l'expérience avec Everleigh. Et clairement, cette pensée était dérangeante. Passer après elle, non, elle ne voulait pas. De plus, elle n'était pas du genre à embrasser deux mecs en moins d'une semaine. Ce n'était tellement pas elle. D'habitude, elle ne s'autorisait pas ce genre de choses. Mais peut être était-elle ici pour prendre un peu de bon temps, aussi. Alors bien sûr, elle ne se ferait pas sauter par le premier type venu - que personne ne se sente visé, surtout - mais il est vrai qu'elle pouvait apprécier de goûter à des choses qu'elle n'avait plus connu depuis bien longtemps. Se sentir femme à nouveau lui ferait sans nul doute le plus grand bien. Alors elle n'hésita plus. Elle soutint le regard de Fitz, qui l'intimidait beaucoup en cet instant, et ne tarda pas à sentir les lèvres du jeune homme se déposer sur les siennes. Et là, elle ne sut pas quoi faire. C'était différent de ce qu'elle avait partagé avec Bob, car ici, elle n'osait ni approfondir, ni faire preuve d'un tant soit peu d'initiative. Peut être parce qu'elle avait peur de gâcher ce qu'ils partageaient, aussi relatif cela soit-il. Du coup, elle ne sut ni si elle devait donner plus de profondeur à ce baiser, ni où elle était censée foutre ses mains. Elle était perdue, en somme. Et elle réfléchissait trop. Beaucoup trop. Alors elle finit par déposer une main au niveau de la mâchoire de son camarade, et prolongea le baiser, donnant à celui-ci une dimension un peu plus langoureuse, sans toutefois oser aller plus loin, parce que bon, ça n'était pas franchement le but non plus. C'était une chose de se lâcher une tantinet, et une autre de déconner. Elle prit son temps, constatant qu'il n'était pas bien pressé non plus et savoura pleinement cet échange. Et puis, doucement, elle sépara leurs lèvres et retira sa main dans la foulée. « J'ai un peu chaud, là. » La faute à cette chaleur persistante, ou peut être à ce baiser qui, ce serait mentir que de prétendre le contraire, n'avait pas du la laisser indifférente. Surtout parce que ça restait inédit, au fond. En tous les cas, elle lui adressa un sourire partiellement amusé puis jugea préférable de se décaler quelques peu, étant donné que leurs visages étaient restés proches. Elle était moins entreprenante d'un coup, la Mado. « Tu n'as toujours pas faim ? » qu'elle demanda, plus par défaut qu'autre chose. Parce qu'elle ne savait pas comment reprendre le fil de la conversation et parce qu'elle était un peu troublée, c'est vrai. Alors c'était maladroit, sorti de nul part, mais au moins, ça lui évitait de supporter un silence embarrassant. Et puis, peut être avait-il faim, après tout.

Ne pas avoir vu Titanic, c'était grave. Oh oui, franchement grave. Parce que c'était quand même l'un des plus grands films de tous les temps, parait-il. Genre un film maintes fois récompensé et encensé par la critique. Techniquement, tout le monde avait vu Titanic. Si tout le monde n'était pas susceptible d'aimer ce film pour autant - chacun ses goûts, après tout - il est clair qu'il ne saurait y avoir grand monde qui ne l'ait jamais vu. Mais Fitz, lui, n'avait visiblement jamais ressenti le besoin de visionner ce grand classique du Cinéma. Et visiblement, il ne s'en portait pas plus mal. N'avait-il donc pas un goût d'inachevé en bouche ? N'avait-il donc pas l'impression d'être passé à coté de quelque chose ? N'avait-il donc pas l'impression d'avoir raté sa vie, tout simplement ? Non ? Et bien, c'était sans doute parce que ça n'était pas le cas. En réalité, Mado pouvait tout à fait concevoir qu'il n'ait jamais ressenti le besoin de visionner un tel film. On avait beau dire que c'était le film qu'il fallait voir, elle avait tendance à penser que s'il gagnait effectivement à être connu, personne ne saurait pour autant regretter d'être passé à coté. Finalement, c'était presque mieux de faire partie de ceux qui n'avaient jamais été tentés de le voir. A quoi bon faire comme tout le monde ? A quoi bon trouver le moyen de le citer dans une réponse à la question "Quels sont vos films préférés" ? A quoi bon être aussi conformiste ? C'était finalement bien plus intéressant d'être comme Fitz, à savoir de se foutre éperdument de ne pas avoir vu un film que quasiment tout le monde avait vu. Parce que non, évidemment, il n'avait pas raté sa vie, bien au contraire. Mais rien ne leur coûtait de faire comme si tel était le cas, sans aucun fond de sérieux, évidemment. A sa réponse, la jeune femme lâcha alors un long soupire, genre comme si c'était un drame quoi. Mais ils en vinrent bientôt à évoquer Carmen, ou disons plutôt que Mado trouva le moyen d'incruster leur camarade dans la conversation. A la base, parler d'elle n'était pas franchement pour lui plaire, mais c'était venu assez instinctivement, et sa curiosité était telle qu'elle n'avait évidemment pu s'empêcher de se demander si la jeune femme avait tenté quelque chose avec Fitz, ou pire hm. Est-ce que ça aurait changé quelque chose à ses yeux ? Probablement. Mais la réponse de son camarade ne laissa rien entendre de particulier, si ce n'est quand même que Carmen ne perdait jamais le Nord. Et donc, oui, elle ne pouvait s'empêcher de penser que Carmen était du genre à bouffer à tous les râteliers. C'était un peu vrai, non ? Fitz disait que ça risquerait de coincer à un moment, et ça la laissa perplexe. Effectivement, à jouer avec le feu mais surtout avec tout le monde, la Carmen allait vite être dépassée, surtout dans un jeu comme celui-ci où les liens étaient intensifiés. Ouais, ce serait la merde quoi. « Elle ne pourra s'en prendre qu'à elle-même » souffla-t-elle alors. Parce que oui, ce genre de filles avaient un tout petit peu tendance à l'agacer, quand même. Alors si Carmen trouvait un jour le moyen de se plaindre de quoi que ce soit, elle pourrait assurément compter sur Mado pour lui rafraichir la mémoire et lui faire comprendre que les emmerdes, elle les avait bien cherché. Oui, Mado était toujours disposée à éclairer son prochain. Toujours. La brune n'était en tout cas pas franchement fière d'avoir placé une phrase douteuse au beau milieu de cette conversation, celle concernant Fitz. Qu'il soit ou non du genre à craquer pour ce genre de nanas, après tout, ça ne la regardait pas. Oh et puis, pour le connaitre un minimum, elle osait tout de même penser que non, qu'il n'était pas comme ça et qu'il ne fallait même pas en douter. Sauf que Mado doutait souvent de beaucoup de choses, donc bon. En tous les cas, cette musique allait finir par foutre pas mal la merde au sein du nid, aussi. Parce que s'embrasser à tout va, ça n'était pas toujours la meilleure façon de nouer des liens, quoi qu'on en dise. Même si bon, embrasser Fitz n'était pas pour Mado quelque chose d'inconcevable en soi. Disons qu'elle était juste un peu perturbée par ce genre d'échanges en général, et que là, ça n'était pas Bob, mais quelqu'un qu'elle appréciait un degré au dessus, au moins. Elle ne fit pourtant aucune résistance et même si elle mit un certain temps à se détendre, elle finit par s'impliquer dans l'échange. Il serait mentir que de prétendre que ledit baiser ne lui avait plu, et qu'il ne l'avait pas un peu déroutée également. Ce fut différent de celui du prime, clairement, et ce ne fut alors pas pour lui déplaire. Pourtant, il fallut rompre le contact de leurs lèvres, et retirer cette main dont la place n'était sans doute plus sur la mâchoire de Fitz. Oui, voilà, autant tâcher de retrouver un minimum de contenance. Et donc, elle avait chaud. Pas sûr que ce soit la chose à dire en cet instant, mais ça lui avait échappé. Se décaler, ce serait pas mal aussi. Alors c'est ce qu'elle fit, histoire qu'on ne croit pas qu'elle serait tentée de récidiver la chose alors que non, hein, pas du tout. Non, non. Et sinon, est-ce que Fitz avait recouvré l'appétit ? Okay, c'était malvenu, et ça faisait un peu tâche là tout de suite. Mais c'était surtout histoire de ne pas tomber dans un pesant silence, hein. Visiblement, non, toujours pas. D'accord. Et donc, maintenant, il ... la saisissait par la taille et la faisait basculer sur ses genoux ? Ah, euh, pourquoi pas. Enfin non, c'était très bizarre quand même. Un peu gênant, aussi. Techniquement, elle ne comptait pas s'en plaindre, mais bon, ça la surprenait clairement. « Hm, sans doute » glissa-t-elle, espiègle, lorsqu'il chercha à savoir si elle avait voulu s'enfuir. Dans un sens, oui, il faut bien l'avouer. « Pourquoi ? Tu préfères que je reste, c'est ça ? » Faisant faussement un peu de résistance, en gigotant un tantinet, elle fronça subitement les sourcils. « Et du coup, tu optes pour une détention, hein. Me retenir contre mon gré, franchement, c'est petit. Et je suppose que je dois me plier à ta volonté pour espérer recouvrer la liberté, hm. » Ou alors, elle le mordrait, le grifferait ou lui arracherait quelques cheveux. C'était possible ça aussi, après tout.

Non, Mado ne haïssait pas Carmen. Elle avait simplement un peu de mal avec sa façon de faire avec les hommes, c'est tout. Elle n'en prétendait pas pour autant que sa camarade était dépourvue de toute qualité ou qu'elle ne gagnait pas à être connue. Non, elle n'était jamais allée jusque là. Tout ce qu'elle avait tendance à dire, c'est qu'il était dommage que leur camarade trouve bon de bouffer à tous les râteliers, comme s'il était moral de faire du gringue à tout le monde. Aux yeux de Mado, non, ça n'avait rien de franchement moral justement. Alors oui, peut être n'avait-elle pas à émettre d'opinion sur la façon de vivre de la jeune femme, mais disons qu'elle se sentait un petit peu concernée, tout de même. Le fait est qu'elle savait pertinemment qu'un truc se tramait entre Carmen et Ezra. Aux dernières nouvelles, ils s'étaient dragués et avaient partagé un baiser. Mais qui sait ce qui s'était passé depuis, hm ? Elle ne voulait honnêtement rien imaginer, sachant que son imagination pourrait facilement lui jouer des tours. Mais il est vrai qu'elle craignait certaines choses, comme le fait que son frère ne pense pas à se protéger et que cela entraine quelques problèmes. Après tout, elle avait vécu ça, elle était tombée enceinte et le regrettait encore amèrement aujourd'hui. Alors elle osait espérer que Carmen était plus raisonnable, ou en tout cas plus responsable qu'on pouvait le croire en se fiant à son comportement. Si les choses restaient convenables, elle ne s'en mêlerait pas davantage. Mais si ça dérapait quelque part, ou que Carmen venait à la décevoir, il est certain qu'elle se manifesterait, et pas pour devenir sa copine. En tous les cas, Carmen ne pourrait effectivement s'en prendre qu'à elle même si ça merdait quelque part. En attendant, une chanson avait conduit les deux jeunes gens à s'embrasser, chose qui n'était pas nécessairement pour déplaire à Mado, mais qui ne l'avait pas mise très à l'aise pour autant. Ce n'était pas toujours pas chose courante pour elle, quoi qu'il se soit passé la semaine dernière à cause d'une même intervention de la part de Cupidon. Mais se sentant plutôt en confiance avec Fitz, qui était de surcroit un candidat avec qui le courant était passé dès les premiers jours, elle n'avait pu que laisser les choses se faire et participer au baiser, d'abord assez passivement, puis en s'y impliquant davantage, par désir de se lâcher un peu, mais également par désir de jouer le jeu. L'échange fut relativement court, mais des plus agréables. Troublant, surtout. Parce qu'ici, c'était un peu plus symbolique qu'avec Bob, tout de même. Et puis, elle avait peut être ressenti une pointe de frustration en voyant les images de l'échange entre Fitz et Everleigh. Donc oui, ce fut agréable et un poil perturbant. Elle ne savait pas tellement quoi en penser dans l'immédiat, si ce n'est que se décaler un tantinet serait une bonne idée. Oui voilà, pas plus mal effectivement. Sauf que Fitz, lui, ne semblait pas tellement être d'accord avec ça. En tout cas, c'est ce qu'elle ne put que penser lorsque son camarade l'attira sur ses genoux. Genre, normal. Surtout que bon, l'excuse qu'il lui sortit pour justifier cette détention ne put que l'amuser, parce que franchement, c'était facile ça. « Ça n'aurait rien d'étonnant, venant de moi » laissa-t-elle entendre, faussement sérieuse. Parce que non, évidemment, elle ne l'avait pas réveillé juste pour l'emmerder. Entrer dans son jeu, par contre, elle savait faire oui. Mais voilà qu'il ne la retenait déjà plus. Boh, c'était trop simple ça aussi. « Bah je vais rester quand même, tiens » déclara-t-elle, plus du tout décidée à bouger. Oui, elle pouvait être très chieuse, par moments. Disons qu'elle avait surtout l'esprit de contradiction très développé, hm. Quant à la chanson, elle était bizarre. Nulle, peut être pas. La bande son d'un strip club ? Oula. « Tu trouves ? Est-ce que ça veut dire que je dois me déshabiller, tu penses ? » l'interrogea-t-elle, faussement perdue. Lui faire un strip-tease, oui, elle y songeait. « En tout bien tout honneur, bien entendu. » Bah oui, il fallait quand même le préciser, quoi. Mais peut être Fitz n'était-il même pas intéressé. Dans ce cas, elle vivrait tout aussi bien le fait de rester habillée. Non vraiment, l'un ou l'autre, ça ne changerait probablement pas grand chose à sa vie. Mais pas sûr que cela se reproduise un jour, par contre.

En fait, Cupidon devait passer ses journées à les espionner. Ouais, ça devait tout à fait être son genre, ça. Épier sournoisement les candidats et intervenir à un moment qu'il devait juger croustillant, ou tout du moins suffisamment intéressant pour que le lancement de son improbable musique ne donne pas simplement lieu à un baiser, mais aussi à une situation un peu particulière. L'échange qui eut lieu entre Fitz et Mado avait peut être un tantinet modifié la perception que la jeune femme avait jusqu'à présent de son camarade, oui. Elle se garderait bien de l'avouer, mais ce baiser lui avait plu. Il l'avait troublée, surtout. Et peu de choses étaient franchement susceptibles de la troubler. En tout les cas, la suite fut plutôt amusante. Disons que cette improbable détention avait de quoi faire rire, oui. Mado, en tout cas, trouvait cette initiative aussi improbable que cocasse. Elle ne savait pas tellement ce que Fitz avait eu l'intention de faire, s'il avait véritablement cherché à la retenir ou s'il faisait plus cela pour l'embêter qu'autre chose, mais il était certain qu'elle avait connu pire situation que celle-ci. Son excuse, par contre, n'avait rien de franchement convaincant. Mais Mado fit tout de même l'effort d'aller dans son sens, histoire de ne pas le laisser trop seul dans cette galère, hm. Après tout, ça ne coûtait rien de lui faire croire qu'effectivement elle l'avait réveillé par simple désir de faire sa chieuse. Sauf qu'il la traitait maintenant d'emmerdeuse. Pff, c'est fou comme il la connaissait bien, en fait. « Oui mais c'est ce qui fait mon charme, pas vrai ? » Attendez voir, ça n'était pas une question un peu suicidaire pour sa fierté ça, hm ? « Non, ne réponds pas. » Oui parce que, vraiment, ça valait mieux. Elle vivrait plutôt mal le faire de recevoir un gros "non" en pleine tronche, alors oui, s'il pouvait finalement éviter de formuler la moindre réponse, disons que ça ne serait pas plus mal. Bref, tout ça pour dire qu'évidemment, en bonne emmerdeuse qu'elle était justement, Mado n'avait désormais plus la moindre intention de bouger. Oui, il ne la retenait plus, donc du coup, elle se retenait toute seule. Une putain d'emmerdeuse, donc, oui. « Je suis si prévisible que ça ? » Cette question-ci, il pouvait y répondre par contre. Parce que bon, la réponse serait peut être toute aussi prévisible que la situation, donc hm, oui, c'était pas simple en fait. Ah et sinon, elle sortait d'où cette référence à un strip-club ? Est-ce que Mado était censée supposer que son camarade était un franc amateur de ce genre de lieux ? Honnêtement, elle préférait ne même pas se lancer là dedans, parce que sa curiosité risquerait de la perdre et que ça ne la regardait absolument pas. Par contre, oui, elle se sentait capable de lui faire un strip-tease, ce qui sortait de nul part également. C'était plus pour le tester qu'autre chose, à la base. Mais, comment dire ... Fitz se posait trop de questions. Il rendait cette simple proposition trop compliquée, si bien que Mado en était toute "refroidie", si on peut dire. « Oui enfin, je ne te fais pas non plus signer un contrat, hein. » Parce que bon, il hésitait comme si c'était l'interrogation de toute son existence là, en fait. Est-ce qu'il passait sa chance en disant non ? A n'en point douter. Il pensait donc préférable de dire oui ? Ou il ... non, attendez ... il n'était pas juste un peu pénible, là ? « Bon, tu sais quoi, t'es chiant. » souffla-t-elle finalement, excessive comme à son habitude. « L'offre n'est déjà plus valable » reprit-elle, un peu amère, et peut être entrain d'envisager de bouder, oui. Affront suprême, elle finit même par se relever et par retrouver sa place initiale. Elle, une emmerdeuse ? Oh, c'était si peu dire.

Une emmerdeuse, la Mado ? Mais tout à fait, oui, tout à fait. Elle avait bien conscience d'en être une, et quelques fois, elle en était même fière. Son caractère faisait d'elle ce qu'elle était, la rendait authentique d'une certaine manière, et c'était de cela dont elle était plutôt fière. Bien sûr, tout le monde n'était pas nécessairement disposé à apprécier cette facette de sa personnalité, mais elle ne demandait après tout à personne de s'en accommoder, hein. Sa philosophie de vie avait toujours été de se foutre éperdument de l'opinion des autres, alors il est certain qu'elle n'avait que faire du fait qu'on puisse la juger un peu trop casse-pieds sur les bords, hm. Mais de toute manière, Fitz semblait plaisanter à ce sujet. Quoi que peut être pas, vu qu'il avait semblé assez persuadé du fait que Mado était effectivement une emmerdeuse. Hm, bref. Est-ce que cela faisait le charme de Mado ? Sans nul doute. Quoi que non, ça n'était en rien chose certaine. Après tout, ça devait dépendre du point de vue, et clairement, Mado n'était plus du tout certaine de vouloir connaitre celui de son camarade, alors hm, disons qu'elle préférait qu'il fasse comme si elle n'avait rien dit. Trop facile ? Bah écoutez, c'était comme ça et pas autrement, et elle ne lui demandait pas de polémiquer sur la chose, pff. Donc elle se contenta de faire un mouvement de tête assez hautain, mais surtout capricieux. Du coup, pas sûr que ça fasse franchement son charme, là tout de suite, il n'était donc pas plus mal qu'elle ait retiré sa question, oui voilà, exactement. Après, il était probable que le rebondissement selon lequel Mado ne semblait plus franchement désireuse de bouger des genoux de Fitz était des plus prévisibles. A sa question, elle lâcha d'ailleurs un rictus d'une spontanéité rare. Ah ouais, en fait, il avait tout compris de l'oiseau, lui. « Exactement. De même, il m'arrive bien souvent de ne pas faire ce qu'on me demande de faire. » Histoire qu'il comprenne bien qu'il avait ici à faire à une chieuse de premier ordre, quand même. Malheureusement, les choses ne gardèrent pas un ton léger bien longtemps, la faute sans doute à l'impulsivité et à l'impatience de la jeune femme qui, du coup, eurent vite fait d'instaurer une ambiance bien moins agréable. Elle le trouvait chiant, oui. Parce qu'il se posait trop de questions et que ça lui rappelait sa propre manière de penser. C'était une chose qu'elle méprisait globalement chez elle, et qu'elle méprisait donc chez les autres. Aussi, elle en perdit de vue l'humour qui avait été de mise jusqu'à sa réaction un poil excessive. Clairement, elle venait de tout gâcher, hein. « On ne peut pas pas rire de tout » lâcha-t-elle, se fichant pas mal que ce soit elle qui ait au départ parlé de strip-tease. Elle était d'une mauvaise foi imparable, et ça non plus, ça ne devait pas franchement faire son charme dans l'immédiat. Elle retrouva en tout cas sa place, tandis que Fitz, lui, se leva. Il allait partir ? Parce qu'au pire, elle n'allait pas le pleurer longtemps, hein. Et puis il y eut ce regard, un peu trop accusateur peut être. « Quoi ? » Elle l'avait mauvaise, c'était décidé. « C'est toi-même qui l'a dit, je suis une emmerdeuse. » Même si, pour le coup, elle était surtout une conne. Oui, elle l'admettait.