ismène & oliver

Le supermarché. Probablement un de mes endroits favoris parmi tous les autres. Ça vous étonne? Ça ne devrait pas, pourtant. Je suis cuisinier, et donc gourmant de nature. En quoi est-ce surprenant que des allées remplient à craquer de nourriture me paraissent si attrayantes? Eh bien voilà, vous venez de comprendre! Rien que le simple fait de flâner en ces lieux me satisfait, et tous mes sens sont combler : ma vue est séduite par tant de couleurs et de variétés, mon odorat succombe à toutes ces odeurs, mes doigts apprécie la fraîcheur et la texture de ces aliments, mon goût, quant à lui, ne peut être qu’aux anges et mon ouïe, elle, se repose… car un grand silence règne dans ces rangées. Seul le bruit de mes pas se fait entendre. Enfin, c’est du moins ce que je croyais. Car obnubilé par mon inspection assidue du département des fruits et légumes, je ne remarque pas la présence d’Ismène. Mais le claquement de ses chaussures sur le parquet, lui, ne passe pas inaperçu. Ma tête se tourne en sa direction, et l’apercevant, je lui souris. « On va finir par me prendre pour un fou, à passer autant de temps ici. » que je lui lance, amusé. En fait, je fréquente si souvent le supermarché que je serai bientôt apte à réciter, de mémoire, tout ce qu’on y trouve. Et je ne blague pas.

La boîte de Cheerios a déjà disparu, enfin elle devait être terminée et quelqu'un l'a mise à la poubelle. Par contre, personne n'a été en recherché. Elle a déjà pris son petit déjeuner ce matin, vers les huit heures, mais elle n'en avait pas en mangé. C'est en venant dans la cuisine par hasard, ou plutôt parce qu'elle avait soif, qu'elle a remarqué l'absence de la boîte. Ca ne la dérange pas d'aller en rechercher : mieux, elle va avec plaisir jusqu'au supermarché pour remplacer la boîte vide par une pleine, en espérant qu'il y en ait encore. C'est la première fois qu'elle va au Walmart. Depuis leur entrée, elle s'est toujours débrouiller pour manger ce que la cuisiner leur offrait, mais là ce n'est plus évitable. Elle arrive au supermarché, devant lequel elle prend un caddie. À la base elle n'a besoin que de céréale donc elle n'a pas besoin de caddie, mais elle adore ça. Les poussées dans les allées des magasins, comme une enfant jouant avec un caddie en jouet. Bref, elle entre et c'est directement aux fruits et légumes qu'elle remarque la présence du cuisinier. Oliver de son prénom. Elle s'approche doucement... « On va finir par me prendre pour un fou, à passer autant de temps ici. » Elle est de l'autre côté des fruits et légumes. Elle a une petite mine à la fois offusquée, mais se voulant rassurante en même temps, pour lui répondre: « Oh ! Pourquoi on te prendrais pour un fou, dis ? T'as le droit d'être où tu veux et autant de fois que tu veux... Enfin je pense... » Elle chuchote sur la fin, regardant autour d'eux. Peut-être ont-il décidé de limité l'accès de certains endroit et qu'il a dépassé son quota ? En tout cas, elle veut qu'il sache qu'elle, elle ne le prendra pas pour une fou : « En plus, moi je ne te prendrais jamais pour un fou... Tu cuisine trop bien, pour être fou !... Non je sais, c'est vraiment nul comme excuse, mais c'est la vérité ! » Qu'il cuisine extrêmement bien et qu'il n'est pas fou et puis même s'il était fou, elle l'aimerais bien tout de même. « Après heureusement que tu cuisines bien, c'est quand même ton métier... » Ajoute-t-elle, amusée, avec un large sourire jusqu'aux oreilles. « Hé ! Tu sais où sont les céréales, moi c'est la première fois que je viens ici alors je ne sais pas trop... Et comme toi tu dois connaître le magasin très bien... »

Côté tactique d’approche, on repassera… Se faire passer pour un fou, ça donne tout de suite une bonne première impression à la personne qui nous fait fasse. Tout à fait, je le confirme. Rien qu’à voir la tête que me fait Ismène : c’est à essayer je vous dis. « Oh ! Pourquoi on te prendrais pour un fou, dis ? T’as le droit d’être où tu veux et autant de fois que tu veux… Enfin je pense… » me dit-elle en tentant de me rassurer, ou du moins de tenter de le faire, car je ne suis pas réellement sérieux avec cette affirmation. « Tu sais, je suis presque convaincu que si on jour on écrit ma biographie, son titre serait L’homme qui parlait aux fruits et légumes… C’est tellement poétique, tu ne trouves pas? » Bon, d’accord, là, je me moquais complètement. De moi, pas d’elle, bien évidemment. « En plus, moi je ne te prendrais jamais pour un fou… Tu cuisines trop bien, pour être fou !... Non je sais, c’est vraiment nul comme excuse, mais c’est la vérité ! » Hm, laissez-moi être sceptique sur cette excuse. « Qui te dis que je ne suis pas fou… de cuisine. » Car c’était plutôt ça, ma folie à moi. Une passion à bien des égards. La nourriture, et la cuisine, par défaut, régissait une bonne partie de ma vie. Je risquais un jour ou l’autre de sombrer dans la douce folie, rien que par le boulot monstre que cette flamme culinaire m’imposait… Mais pour l’instant, je m’en sortais plutôt bien, et je n’avais aucune intention de me faire interner ou soigner. Cette folie alimentait ma vie. « Après heureusement que tu cuisines bien, c’est quand même ton métier… » Là, elle n’avait pas tout à fait tort. Vous savez, l’adage qui dit cordonnier mal chaussé, c’était un peu déconseillé dans mon cas. Non mais un cuisinier qui ne sait pas faire la cuisine, ce serait franchement malheureux. Pour lui, mais, et surtout, pour les autres. J’acquiesçais donc d’un signe de tête à sa remarque. Que pouvais-je vraiment dire de plus? « Hé ! Tu sais où sont les céréales, moi c’est la première fois que je viens ici alors je ne sais pas trop… Et comme tu dois connaître le magasin très bien… » Bon, je me doutais bien que mes nombreuses heures – à peine! - passés ici à écumer les allées allaient me servir. Je suis devin, que voulez-vous. J’ai un sixième sens pour ça. « Bien sûr que je sais. Mademoiselle veut-elle faire un petit tour de caddie jusqu’à sa destination? » lui proposais-je en prenant un air sérieux, qui fut brisé par le léger sourire qui naquit sur mes lèvres au moment de terminer ma réplique.

« Tu sais, je suis presque convaincu que si on jour on écrit ma biographie, son titre serait L’homme qui parlait aux fruits et légumes… C’est tellement poétique, tu ne trouves pas? » Ismène rit. Elle ne peut pas s'empêche, c'est drôle. Et puis bien trouver aussi comme titre, il fallait y penser. Elle secoue lentement sa tête de haut en bas, avec un large sourire amusé : « Avec un tel nom, moi j'achète tout de suite ! » C'est vrai, c'est le genre titre assez farfelu pour l'attirer. C'est super commercial et puis, il ne manquerait plus qu'il aille au bout du jeu et elle est sûre que l'on écrira des choses sur lui. En tout cas Ismène est contente d'être tombée sur lui aujourd'hui. « Qui te dis que je ne suis pas fou… de cuisine. » Elle rit à nouveau. Il est vraiment drôle Oliver. Il est gentil aussi, mais surtout drôle. Elle hausse les épaules : « Oh bah ça, du coup je rectifie, tu dois être sacrément fou ! » Si c'est de cuisine ! Elle, elle ne sait pas vraiment en quoi elle pourrait être folle. En dessin animé ? En toute ces petites choses qui font d'elle une vraie gamine... Oh elle ne sait pas, elle n'a pas de véritable passion comme lui son métier. Elle n'est pas dingue de la mort, on va dire ça comme ça, alors qu'elle est conseillère funéraire.... Finalement elle se doute qu'il connaît le magasin comme sa poche et pas que le rayon fruits et légumes. Alors elle n'hésite pas à lui demander s'il sait où se trouve les céréales. Au pire, s'il en sait vraiment pas, elle peut chercher d'elle-même, mais s'il le sait, pourquoi manquer cette occasion ? « Bien sûr que je sais. Mademoiselle veut-elle faire un petit tour de caddie jusqu’à sa destination? » Elle est étonnée. Elle ne s'attend pas à ce qu'il lui dise ça : il est drôle, mais il a tout de même ce petit air sérieux que l'on ne devinerait pas qu'il puisse penser à ça. Ce n'est pas pour lui déplaire, au contraire. Les grands yeux d'Ismène s'illuminèrent. « Un tour de caddie ? » Elle porte ses mains jointes à ses joues, puis elle sautille sur place, comme une enfant : « Ohoh ça doit être trop marrant ! » Et elle en perd pas de temps. Elle attrape les pans de sa robe pour ne pas montrer ses fesses et elle monte à l'intérieur, pour venir s'y asseoir. En fait elle est à moitié assise, à moitié allongée, mais elle est bien. Son rire se fait encore entendre, avant qu'elle ne vienne taper tout contre le métal du caddie « Allez chauffeur, direction les céréales ! Et que ça saute ! » Elle tend son bras et par extension sa main vers le rayon d'en face, ne sachant pas vraiment où il pouvait l'emmener. Qu'il se rassure, elle n'est pas trop lourde.