Comme bien souvent, je me retrouve à passer la fin de l'après-midi dans la salle de sport, clairement pas rassasiée par ma séance sportive du matin. Et puis, il faut bien avouer qu'on finit vite par tourner en rond ici, surtout au bout d'autant de semaines de jeu, et mes pas finissent immanquablement par me ramener à mes endroits fétiches, c’est-à-dire la salle de musculation et la piscine. Ça me permet de passer le temps en me vidant l'esprit, alors c'est l'activité idéale. Je n'ai jamais été le genre de filles qui aime avoir le cerveau encombré. Trop de pensées me rend inefficace, ça me paralyse, et je ne suis capable de me concentrer que lorsque j'ai deux ou trois choses bien précises en tête. Ouais, je suis vite dépassée. Mais je n'ai jamais prétendu être une cérébrale ou une intellectuelle – mon domaine de prédilection, à l'évidence, est tout autre. Et si, à me voir frapper le sac de boxe frénétiquement, vous ne devinez pas duquel il s'agit, je ne peux plus rien faire pour vous. Concentrée sur ma cible, je mets un moment à remarquer la silhouette d'Henley qui se dessine au niveau de l'encadrement de la porte, à la périphérie de ma vision. Je m'arrête alors un moment, essuyant la sueur de mon frère à l'aide de mon avant-bras. « Mon sac de frappe est fatigué, tu veux prendre la relève ? » je suggère, un sourire malicieux aux lèvres. Je vais sans doute envenimer la situation avec une proposition pareille, mais il faut croire que ça m'est bien égal. J'ai provoqué le courroux de la jolie blonde en la rendant muette pendant une semaine, et je doute que je puisse me rattraper d'une quelconque façon, alors autant s'amuser de la situation.

On a tellement de temps à tuer dans ce jeu qu'il faut bien trouver des occupations. Et à vrai dire, je crois que je fais encore plus de sport que je n'en ai l'habitude. C'est vrai, dans ma vie, dans la vraie vie disons, j'ai beaucoup moins de temps pour moi. Parce que j'ai un boulot, une fille donc tout un tas d'obligations. Donc oui, je me retrouve vite débordée. Et tu penses bien que quand c'est le cas, je ne pense pas forcément à aller courir un peu. C'est vrai que je suis assez régulière en général. Il faut dire que ça m'est indispensable pour respirer sereinement donc ouais, je m'y tiens. Quoi qu'il en soit, comme je suis prise d'un ennui tenace, je décide d'aller dans la salle de sport. Je ne sais pas exactement quel sport je compte pratiquer mais eh, je verrai ça sur place. Quand j'arrive justement dans la pièce, j'observe Aliénor, qui s'en prend à ce pauvre sac de frappe qui ne demande rien à personne. C'est qu'elle frappe bien. J'en suis presque surprise, tu vois. Bah quoi, je la connais pas cette fille, comment veux-tu que je sache qu'elle n'est pas mauvaise quand elle se retrouve avec des gants de boxe ? Elle finit par me remarquer et me proposer de prendre la relève. Un sourire prend place sur mes lèvres. « Oh mais avec plaisir. » Non mais ça va, je la déteste pas autant que ça a pu être le cas. Disons qu'elle me laisse un peu indifférente maintenant. Mais je ne vais pas refuser un petit combat, pour une fois que je trouve quelqu'un qui me le propose. Oui, la plupart des nanas sont des chochottes qui n'osent pas. Et les hommes – ou au moins Lewis parce que j'ai pas testé les autres – n'osent pas y mettre toute leur force, ce qui n'est pas drôle. Bref, je m'équipe de gants avant d'aller sur le ring, logique. Je m'échauffe un petit peu. Bon, j'espère qu'on va commencer doucement, j'ai pas envie de me blesser encore une fois, merci bien. « On commence doucement. » je lui signale, parce que ouais, autant lui dire plutôt que de me faire mal d'une façon aussi conne. « Alors, Aliénor, qu'est-ce que tu deviens ? Toujours aussi inutile ? » Il faut bien prendre de ses nouvelles, après tout, hm.