Les castings se sont achevés il y a quelques jours, peut-être un peu plus que cela. Je n’ai pas vraiment eu le temps de voir les heures s’écouler, je n’ai pas prêté attention au délai pour me concentrer sur les formalités. Je ne sais pas si je vais être sélectionné ce soir à l’issue du prime, j’ignore même si j’ai bien fait de me déplacer en Australie, aux frais de la production certes, pour assister au prime mais je suis là à présent. Nous sommes tous en plein milieu d’un flou monumental, peut-être que la plupart d’entre nous auront la chance de rejoindre la propriété qui accueillera les candidats de cette nouvelle édition mais rien n’est encore fait. Chacun a préparé ses valises au cas où et elles ont été remises à la production qui nous les fera parvenir si nous sommes pris ou, dans le cas contraire, nous les redonnera en fin de soirée. Le suspense est là et même si j’ai confiance j’ai également conscience du monde qui s’est présenté et de la faible probabilité pour que je sois pris mais n’y pensons pas… Je ne me suis pas tapé un tel voyage pour broyer du noir, advienne ce qu’il devra advenir, profitons du moment présent comme il se doit et avisons ensuite avec les rebondissements du soir. Le plateau est immense et nous sommes vraiment nombreux à être pendus aux lèvres de Cupidon et de l’équipe de production, notre destin se jouera dans quelques secondes et je me surprends à avoir une petite boule au ventre.

TENUE

J'avais souvent tendance à être malade en avion, ce qui, vous devez bien vous en douter, avait été plutôt contraignant une fois envolé pour l'Australie. Heureusement pour moi, j'avais réussi à m'en sortir -à peu près- vivant, et ce sans avoir à gêner mes camarades. Mon remède miracle ? Les somnifères. Oh je sais, ça n'étais pas forcément très agréable pour mes voisins, mais l'avantage était qu'au moins, ils ne m'entendraient pas me plaindre à la moindre seconde. Je n'avais jusqu'ici jamais mis les pieds en Australie. Bien évidemment, mon père m'avait fait voyager à travers l'Europe, mais de là à aller aussi loin, à l'autre bout du monde, non, ça ne m'était encore jamais arrivé. Une part de moi était quand même plutôt excitée, il faut dire que c'était une peut-être toute nouvelle aventure qui allait m'attendre. Bon, je doutais tout de même de mes chances d'être sélectionné, puisque je n'avais pas eu l'impression de pouvoir bien me défendre à l'oral. De toute façon, ça n'était pas comme si j'avais été un jour doué lorsqu'il s'agissait de prendre la parole. Mais au moins, j'avais suivi les instructions des anciens, qui étaient de rester soi-même au maximum. Enfin, lorsque l'on me connaissait, il était plutôt aisé de deviner que j'étais simplement incapable de jouer la moindre comédie. C'était légèrement stressé que j'avais rejoint le plateau en compagnie des autres potentiels candidats. C'était stressant de se dire que parmi nous, il y aurait des gens qui devraient faire demi tour, mais je supposais que ça faisait partie du jeu et que je ne pouvais de toute façon pas faire autrement. La seule chose qui me consolait était que j'avais pu faire un voyage à l'autre bout du monde sans que ça me coute un bras, puisque c'était aux frais de la production de l'émission. Et en parlant de la prod', voilà que le beau Alix faisait son apparition, ouvrant ainsi le prime tandis que je prenais place sur l'un des sièges mis à dispositions. Je sentais mon coeur s'emballer, oui, mais je ne le montrais pas. Enfin, le moins possible, mais me connaissant, ça ne devait pas être très glorieux vu que l'on pouvait toujours lire toute ma vie sur mon visage. Ce soir, j'avais décidé de m'habiller convenablement, sans pour autant en faire trop. Une chemise à col rond, un pantalon noir et des baskets rouge. Oui, c'était vraiment le mieux que je pouvais faire. En même temps comme je l'avais déjà précisé, je n'étais pas doué pour assortir mes vêtements, je portais toujours un peu tout et n'importe quoi. Oh, j'avais des habits de toutes les couleurs, et aux motifs surprenants, on aimait ou on aimait pas. Attendant donc sagement la suite, je guettais d'un oeil les gens qui m'entouraient, quelque peu stressé.
(+) TENUE

Il y a de la nervosité dans l’air. C’est palpable. Et pas seulement de ma part. Non je dirais plus que cela vient de l’effervescence affriolante qui tourbillonne autour de moi. Je suis capable de ressentir qu’une personne est nerveuse ou non. Et à ce moment même, je dirais que la majorité le sont tous. Du moins, légèrement. Je ne peux mentir en disant que je ne le suis pas de mon côté, mais l’optique avec laquelle j’aborde cette soirée ou même cette possible aventure ne me stresse pas plus que le plus commun des quotidiens. Parce que l’inconnu, je m’y connais. Je vis dans l’inconnu. Tout autour de moi m’est souvent nouveau. J’ai beaucoup d’attentes, beaucoup d’envies aussi. Mais j’attendrai de voir ce qui se produira à l’issus de ce qu’on appelle un prime, oui c’est un prime je crois, de ce soir. Pour l’instant, je me sens comme ma poupée Cindy, seul jouait de mon enfance, alors qu’une jolie demoiselle met la touche finale à une coiffure élaborée dont je serais incapable de reproduire. « C’est jolie… » La coiffure, pas moi. Je ne suis pas certaine que ça me fait bien, mais d’un autre côté, qu’est-ce que je connais à la mode ? Absolument rien. J’aurais été du genre à porter un jean, avec un t-shirt blanc, mes cheveux lousses qui ondulerait naturellement et aucune touche de maquillage. Au naturel quoi. C’est toujours comme ça que je me présente. Je ne suis pas certaine de comprendre pourquoi ils se donnent un mal de fou à m’arranger de la sorte, me donnant des airs qui ne me ressemble en aucun cas. J’aurais eu envie de leur demander de laisser tomber, mais j’avais eu cette petite gêne, devant leur si grande assurance, en me disant qu’ils savaient ce qu’ils faisaient et moi… bah, pas vraiment. Heureusement, ils n’y sont pas allés trop fort sur le maquillage. J’ai encore le sentiment d’être moi, ce qui est bien aussi. C’est seulement lorsqu’on me tend ma tenue de soirée que je deviens un peu plus perplexe face au processus. Euh… « Ça se porte dans quel sens ? » Parce que si l’ouverture de la robe est devant, je crois bien que tout le monde aura le droit à une vue de premier choix sur ma poitrine… et si, au contraire, la grande ouverture se retrouve dans le dos, j’ai le sentiment qu’on va découvrir mes fesses au moindre faux mouvement. J’ai ma réponse, l’ouverture sera à l’arrière. Richard et Jane me tueraient s’il me voyait dans une telle robe. Pas que cela les concerne. Non, ça ne les concerne plus maintenant. Me voilà finalement prête, haute sur des talons qui me donnent le sentiment que je ne pourrai faire un pas devant moi sans m’éclater la figure par terre. Je dépasse l’équipe technique d’une tête, beaucoup trop grande, me donnant aussi des airs sophistiqués, chose qui ne m’est jamais arrivée. Bon. « Par là… » je demande alors qu’on m’indique la direction à prendre pour le début de cette soirée. Je ne connais aucun visage, n’ayant pas fait l’effort de socialisé avec les autres durant la période de casting. J’ai encore un peu de difficulté avec cela… la socialisation. Un concept complexe à mes yeux. Je reste donc dans mon coin, pour l’instant. J’observe. Je me laisse entraîner par cette mise en scène exceptionnelle. Je n’ai jamais vu une telle chose. On dirait que presque que je suis dans un rêve.

+ tenue

+ On s'est bien occupé de moi et je me suis laissée faire même si j'ai l'habitude de me préparer moi-même pour ce genre de grandes occasions. Mais c'était tout de même bien plus agréable d'avoir un petit nombre de personnes à ma disposition, présentes spécialement pour me rendre jolie, encore plus que je ne le suis déjà, ou au moins présentable avant qu'on ne me montre à la télévision devant des milliers et des milliers de téléspectateurs. Avant ce soir, je faisais partie de ces gens qui regardent l'émission, ces adorateurs du programme qui passent leur dimanche soir devant la télé jusqu'à pas d'heure avec à manger et à boire tout près mais qui partent toujours aux toilettes au mauvais moment et qui s'endorment toujours avant la fin, manquant ainsi souvent les éliminations. Je suis très heureuse d'être là, de passer de l'autre côté de mon poste de télévision en quelque sorte. C'est quelque chose tout de même. J'ai presque du mal à y croire. Je souris dans le miroir quand on m'annonce que c'est bon, je suis prête. Le résultat me plait beaucoup. Maquillage, manucure, pédicure, coiffure, accessoires, tenue. Oui, surtout la tenue, cette longue robe noire, dans laquelle il se pourrait que j'ai un peu chaud, mais elle est magnifique alors je m'en fiche. J'adore aussi le petit collier brillant, je ne peux pas m'empêcher de le toucher. Je me demande s'ils n'en aurait pas un peu trop fait, ou alors pas assez, je n'arrive pas à me décider. Je continue de me regarder dans la glace jusqu'à ce qu'on appelle les candidats à monter sur le plateau. Ça y est, le stresse commence à s'installer dans mon petit estomac vide. Je n'ai réussi à rien avaler depuis ce matin, maintenant j'ai la gorge bien trop nouée pour, et de toute façon je n'en aurais pas le temps avant de rejoindre le plateau. Mais il doit bien y avoir quelque chose à manger ou boire là-haut, au moins dans le nid. Encore faut-il que j'y accède, et avec tout le monde que j'ai croisé dans les studios de la production en Ireland pendant les castings, je ne pense pas me tromper en affirmant que la concurrence risque d'être rude. Je crois bien que c'est ce qui m'angoisse le plus, d'être arrivée jusque-là pour repartir à la fin de la soirée parce que je n'aurais pas été assez intéressante pour être sélectionnée et entrer dans la compétition. Je n'aimerais pas devoir retourner à la maison, non. Mais pour l'instant, il n'en est pas question. Je vais passer cette soirée à attendre impatiemment d'entendre ou voir mon prénom apparaître quelque part, n'importe où, mais ça va sans doute être sacrément long. Le temps passe toujours bien plus lentement quand on attend quelque chose, alors que si je profite d'être là, si j'essaye de sympathiser un peu avec les autres, peut-être que je ne me rendrais même pas compte du temps qui passe. Nous sommes à présent tous sur le plateau, plongés dans une atmosphère survoltée à laquelle je ne prête pas plus attention que ça. J'écoute ce que raconte Alix avec beaucoup d'intérêt. 32 candidats, c'est beaucoup, c'est plus que 25 et ça me fait donc plus de chance de faire partie du casting de la saison. Je pousse un léger soupire de soulagement. Maintenant, il faut que je me trouve une occupation, quelqu'un avec qui entamer la conversation. Je n'ai que l'embarras du choix. Je me dirige vers quelqu'un qui m'a l'air tout seul, le pauvre (Jaheim). Je sors mon plus beau sourire avant tout autre chose. « Salut. Je peux te tenir compagnie ? Je m'appelle Jessica. » Que je lui dis toujours en souriant. J'avoue que j'ai un peu peur de me faire jeter, mais il n'y a pas de raison que ça arrive, à moins que ce ne soit quelqu'un de très agaçant, de super mauvaise humeur ou vraiment pas sympa, mais à première vue, je dirais que ce n'est pas le cas.

TENUE

Cela fait dix minutes que je boutonne et déboutonne ma chemise pour avoir de quoi occuper mes doigts. J'ai beau faire ça, le problème ne vient pas de ma tête mais de mon moi tout entier: je flippe comme un adolescent. Je vois les gens qui s'agitent et qui paniquent un peu. Moi aussi d'ailleurs et une fois mon tic révolu, je passe délicatement un doigt autours de mon col pour m'aérer un peu. Je crois bien que je vais mourir de chaud. Peu importe à quel point l'ambiance me semble incroyablement familière, je ne suis pas là pour m'assurer du décor, bien au contraire: c'est ce soir que je saurais si je suis plus digne de la plante verte que du candidat parfait. J'inspire doucement et étire mes bras. Ça ne sert à rien de me prendre la tête comme ça. Dans le pire des cas, je rentrerais à paris et puis voilà. Mon appartement m'attend, mes potes m'attendent et je pourrais avoir un arrière goût de fake lover dans la bouche en bossant sur des plateaux de télévision....ouai, y'a mieux comme programme mais ça a presque le mérite de me soulager! Je passe mes doigts dans mes cheveux et cherche un miroir dans l'espoir d’apercevoir ma silhouette...être chic comme ça....ça me fait vraiment bizarre. Je sens le pantalon qui sert un peu trop mes cuisses et la veste taillé à la perfection. Je crois que je préfère ce qui est plus large et qui ne me va pas forcément. Je suis classe mais je ressemble à un auguste tiré à quatre épingles (un faux riche, c'est marqué sur mon front que le costume a été acheté pour l'occasion). Même mes cheveux en bataille ont décidé de se discipliner, il n'y a que mon nez pour être toujours aussi tordu...Nouveau soupire. C'est l'heure...bientôt. Je traîne un peu des pieds tendit que je me diriger vers le plateau. je profite des derniers instant pour me tenir comme un bossus et faire la gueule. Faire bien, bien, bien la gueule même, genre, le mec ravis. J'espère au moins que je passe bien à l'écran...si je peux ne serais-ce qu'avoir l'allure du type déprimé et mystérieux, moi ça me va. J'en demande pas plus. le rôle du beau gosse et tout ça, je le laisse pour les autres. J'enfonce mes mains dans mes poches, me redresse un peu et met enfin un pied sur le plateau. Bon...voilà. Mon coeur va exploser, peut être même que je vais me faire dessus et mes jambes sont deux immenses tiges de cotons. J'ai presque envie de faire marche arrière, de prendre l'avion et de faire le jet lag à l'envers. Sauf que je suis un homme un vrai et que je prend place non loin des gens, histoire d'engager la conversation si jamais.

+ tenue