Un assistant était venu me chercher très tôt le matin et m'avait conduit dans une chambre d'hôtel différente de celle où j'étais logé depuis deux jours déjà, coupé de la civilisation à me tourner les pouces. Après avoir vu un styliste trop ambitieux à mon goût qui s'entête à vouloir m'affubler d'une tenue qui était trop ... différent de celui que j'étais. Après avoir bataillé pendant plus de trois quarts d'heures, j'avais troqué sa tenue imposé par un jeans foncé très chic, une chemise sous un petit pull cintré noir. On m'a ensuite très vulgairement entreposé dans une petite pièce étroite et sombre où j'avais attendu une éternité, un assistant, toujours le même, était venu me chercher pour me conduire à une voiture, où j'avais rejoins une très jolie jeune femme. Ma partenaire pour l'émission, une rousse qui ne semblait pas très à l'aise apparemment.« Bonsoir, ma belle, moi c'est Soren et toi tu es éblouissante » Lançais-je le plus naturellement du monde à ma nouvelle compagne. Mon sourire de séducteur accrochés aux lèvres j'étais paré pour faire mon entrée. Lorsque la voiture s'arrête, quelqu'un nous demanda de descendre. Nous nous étions brièvement présenté l'un à l'autre, elle s'appelait Ismaëlle, très bien c'était déjà gravé dans ma mémoire, et du peu que j'avais pu apercevoir d'elle, j'avais le sentiment que nous allions bien nous entendre. J'attrapais sa main sans lui laisser le temps de réagir et la conduisait jusqu'à l'entrée. Les cris stridents des groupies payés par la production étaient assez déroutant, si bien que je me dépêchais de fouler se tapis rouge, m'arrêtant tout de même pour les photos. La porte du sas s'ouvrait, le hall était immense, et vraiment très luxueux. Nous nous avançâmes vers le raffut que faisait les candidats, sans lâchr la main de ma partenaire, nous nous dirigeâmes vers le petit groupe. « Bonsoir, je m'appelle Soren, et le petit canon à mes côtés c'est Ismaëlle » Alors que je nous introduisais à la foule comme si la petite rousse et moi nous connaissions depuis des lustres.

À peine avais-je remis ma candidature, que je regrettais déjà le geste que j’avais posé. Me jeter dans la gueule du loup, les yeux fermés. Oui, j’avais regretté cette décision jusqu’au jour où je reçu un appel de la production. J’étais sélectionné pour participer à l’émission. La suite ? Je fermai mon portable et m’enfila quelques cigarettes. C’était le frère Thomas qui m’avait poussé, en dehors de mon univers, pour me plonger dans un mauvais remake de 1984. Je n’étais pas l’archétype du genre de personne qui se présentait à ce genre d’émission, au contraire, je réalisai rapidement, alors que je faisais une entrée discrète dans le nid d’amour, accompagnée de ma partenaire qui, semblait alors tout aussi fébrile que moi. Mon visage stérile observa rapidement la pièce alors que la brunette s’adressa à la foule. Moi, je reculai d’un pas pour rapidement me diriger vers la table où étais disposées les coupes de champagnes. Les épaules à l’intérieur, le regard rivé sur la coupe de verre que je tenais à présent dans mes mains, j’ignorai volontairement le groupe à présent formé de quelques individus. Avais-je vraiment l’intention de faire le beau pour plaire à cette foule ? Non. Pas du tout. Mon intention était pure et simple et il n’avait aucun lieu de faire du spectacle pour obtenir réponse à mes questions. Je m’installai donc, un peu à l’écart, tapotant machinalement mon verre, observant l’attroupement devant moi. Je n’avais pas envie de me présenter. Ils allaient rapidement savoir quel monstre j’étais. Alors que mon univers était à présent scruté au geste près, je me devais de jouer mes pions avec agilité. Les yeux se rivèrent rapidement sur moi, l’étrange énergumène qui se tenait à l’écart de la foule. Je levai timidement mon verre, puis finalement exécuta ce que l’on attendait de moi. « Cillian. »

Aouch, Presley venait littéralement de m’écraser les doigts, je lui jetai un regard, la jeune femme semblait des plus gênée. « Relax ! » lui dis-je, les doigts toujours légèrement endoloris. Je n’étais pas douillet mais pas non plus l’homme qui serait le plus musclé et le plus résistant a la douleur dans cette maison. Je n’étais qu’un être humain après tout. Une jeune femme s’approcha avec des coupes de champagnes et je souris en en prenant une, lâchant aussi ma partenaire pour lui en prendre une et la lui tendre. « Génial, tu sais parler aux gens toi ! » dis-je en portant la coupe à mes lèvres alors qu’une petite brune débarquait. S’en suivit un dialogue non achevé lorsqu’un homme entra en compagnie d’une jeune femme plutôt mignonne il fallait bien l’avouer. « Keane, enchanté. » dis-je, me présentant ainsi aux deux jeunes femmes par la même occasion.

Rapidement, d’autres couples vinrent se joindre à notre petit groupe et chacun y alla de sa présentation. Je ne retenue que quelques prénoms ici et là, les autres étaient probablement plus à l’écart… ou pas assez digne de mon attention. On me complimenta au sujet de ma tenue et je m’en sentis flattée : quelqu’un remarquait enfin mon talent. « Merci. Elle est de ma création et il a fallut que je me débatte avec ce fichu stylisme pour arriver à la porter, mais finalement, mon bon goût l’a emporté. » répondis-je à Keane. À ces côtés, sa cavalière semblait plus ou moins à l’aise en ma présence, timide était précisément le mot. « Je peux te rendre le compliment, Presley c’est ça? Cette robe te va à ravir. » Je n’étais pas garce avec elle parce que je connaissais ce sentiment de se sentir de trop, je n’allais pas en ajouter en la rabaissant. Et puis, elle était jolie, c’est vrai. Pas de ces beautés qu’on voyait sur les podiums, mais un truc plus… naturel. Classique. Une brunette vint s’ajouter au groupe et j’attrapais une coupe de champagne sur le plateau qu’elle nous tendait avant qu’elle ne le détourne pour le tendre à la nouvelle arrivante, une certaine Lula. Je fus assez rapide, heureusement. Puis, un nouveau couple – un beau brun et jolie rousse fit son entrée dans le Nid et, à nouveau, tous le monde se présenta – on aurait dit une banque de perroquets. Mais bon, ce petit cirque risquait de durer toute la soirée, aussi bien s’y faire tout de suite. « Bonsoir à vous deux, moi c’est Neve. » fis-je en leur souriant à pleine dent, avant de prendre une gorgée de ces petites bulles délicieuses. Je remarquai à peine l'homme qui se mit à l'écart du groupe.

Le nid commençait peu à peu à se remplir d'inconnus qui allaient d'ici quelques jours m'être plus que familliers. Je ne savais trop où me mettre, quoi faire, étant quelque peu intimidé par tout ce beau monde. Heureusement, Neve me donna un peu de confiance en moi et je lui décrocha un sourire franc. Merci... vraiment... J'adore la robe qu'ils m'ont mis sur le dos ! dis-je d'une simplicité, passant ma main dans mes cheveux courts. D'accord, j'avais peut-être serré la main de Keane un peu trop fort par la suite, mais je n'avais pas voulu. Désolé... Puis Sigride, apporta un plateau de champagne afin de se présenter à tous et offrir une coupe pour célébrer notre entrer. Je souris pour la remercier, mais je ne pris pas de coupe, au contraire de tous les autres. C'est gentil Sigride, mais je vais m'abstenir... dis-je doucement mais clairement, histoire qu'elle me comprenne malgré tout le bruit que faisait les candidats. Je pris tout de même deux coupes pour les donnés à mon partenaire. Tiens Keane, je ne bois pas se soir, mais tu peux prendre la mienne ! dis-je, pour me montrer gentille et attentionnée, ce que j'étais dans la vraie vie. Je me demandais si les gens agissaient pareil ici comme dans leur vie.

Une coupe de champagne plus tard je décidais finalement de rejoindre le petit groupe qui s'était formé, les candidats étaient bien plus nombreux qu'à mon arrivée et c'était plutôt normal d'ailleurs. Je n'étais pas sûr de retenir la moitié de leur prénom ce soir, ça se ferait probablement avec le temps au fil des jours. J'avais attrapé une brochette que j'emportais avec moi au milieu du petit cercle de candidat. « C'est toujours Roman pour ceux que j'ai déjà vu, et pour les autres ... On garde le même hein, ça nous facilitera la vie. » Roman Roman Roman ... Encore une fois tu raconte n'importe quoi mon Coco. Et oui ! Je parle de moi à la troisième personne ce qui ne signifie aucunement que je suis fou. Je souriais en voyant Presley offrir sa coupe à Keane en disant qu'il pourrait boire la sienne, je ne pu d'ailleurs m’empêcher de faire un petit commentaire à ce sujet «Et bien, j'en connais un qui sera bourré deux fois plus vite que les autres. » D'ailleurs, il était rare pour moi de croiser quelqu'un qui n'aimait pas le champagne... Ouais. Je dois vivre au milieu d'alcoolique moi.

« Alors qu'on se comprenne toi et moi. Là, t'es pas en position de négocier, OK ? Alors tes airs de sainte ni-touche tu les remballes et tu fais demi tour. On ne touche pas à ma barbe naissante sans mon autorisation. Non mais. » avais-je lâché quelque peu blasé par le comportement de la petite grosse qui se trimballait difficilement le long des couloirs.

J'avais été sélectionné pour participer à l'une des plus grandes émissions du siècle. Non je rigole, elle n'était certainement pas connue autre part qu'en Irlande mais tout de même, j'avais grave la classe non ? C'est dans une simple chemise bleue marine et un pantalon de la même couleur que j'avais décidé de m'engager dans cette histoire qui n'était au final que pure folie. J'aimais l'aventure, les voyages, le sexe... non ça n'a rien à faire là, et tout ce qui pouvait être excitant pour mon être -finalement si. C'est donc avec une grande classe et un marché d'enfer que je me dirigeais vers ma partenaire, lui baisant la main en signe de salutation.

« Et bien, c'est donc toi qui me fait l'honneur d'être ma partenaire ? Ravi, je suis Gabriel. » dis-je avant de lâcher un sourire mi charmeur, mi ridicule.

Me mettant face à la porte, je laissais finalement entrer la jeune femme en première -sait-on qui y ait un monstre derrière qui la happe- et la suivais au pas. Il y avait du monde dans cette luxueuse demeure, et je ne savais déjà plus où donner de la tête. Quelques groupes s'étaient déjà difficilement formés, à mon avis de simple personnes aléatoires vaquant à l'occupation qui leur semblait la meilleure en ce moment, l'hypocrisie. Soit.

« Tu crois qu'elle fait quoi la petite là avec ses cheveux courts. Vu son gabarit, un verre pas plus avant qu'elle ne nous clams entre les doigts. » murmurais-je à ma partenaire avant de saluer l'ensemble des habitants d'un simple revers de main.

On dit que l’humain s’adapte à son environnement. Qu’il peut s’adapter aux situations les plus dangereuses comme les plus burlesques. L’humain s’adapte et change lorsqu’il se trouve en situation extrême. Dans mon cas, c’était le mutisme le plus total qui était engendré par cette délicate situation. Je m’étais refoulé derrière cette coupe de champagne que m’arracha des mains, ma partenaire. Alors qu’elle quémandait un sourire de ma part, j’haussai un sourcil, presque surpris de la demande de la demoiselle. Elle remplaça ma coupe à moitié vide, par une remplie d’alcool. J’avais une tolérance assez élevé lorsqu’il s’agissait de consommation, pourtant, je pouvais déjà sentir mes jambes tremblées alors que j’observai vaguement un autre couple faire son apparition. Mon regard se posa alors sur ma partenaire, qui insistait davantage pour que je lui offre un rictus sincère. « Lula, c’est ça ? » Mes lèvres toujours stoïques acceptèrent la coupe de verre que je vidai d’une gorgée. Un sourire s’installa alors sur mes lèvres auparavant cloitrées l’une contre l’autre. Je ne sais pas si c’était un sourire franc, un sourire embrumé par un verre calé trop vite. « Trouve moi un autre verre et je te souris toute la soirée. » Une pointe de sarcasme qu’elle pouvait bien supportée, la petite. Je relevais les yeux vers la foule de plus en plus nombreuse, esquissant de nouveau un rictus remplit de préjuger. « Welcome to the jungle… »