Mon nom résonna dans la pièce, en provenance de plusieurs enceintes disposées dans divers angles, d'une manière presque désagréable. Je me tournai, les mains dans les poches, vers l'un des assistants de la chaîne qui criait des ordres dans un petit micro positionné près de ses lèvres. Lorsqu'il sembla enfin réaliser que j'étais planté devant lui, il pâlit comme un fantôme, avant de m'entraîner avec force dans le couloir en aboyant une multitude de choses, tel que le fait que j'étais complètement en retard sur les horaires prévues pour l'émission. A peine fus-je arrivé en face de la porte du nid, que celle qu'on annonçait comme ma partenaire débarqua, perchée sur des chaussures aux talons si haut et si frêle que je me surpris même à m'inquiéter pour le bien être de ses chevilles sur les mètres qui lui restaient à parcourir. Mon regard glissa le long de ses longues jambes avec un léger sourire ironique en me disant qu'une fille comme elle appartenait à tout, sauf à mon monde. Une fois qu'elle eut pris mon bras, je me laissai tranquillement guidé à l'intérieur de l'hôtel, vers les premiers candidats regroupés entre-eux. Ils en étaient aux présentations, tandis que je laissai mon regard se promener dans le paysage d'un air évasif, tout en desserrant la cravate qui allait avec la tenue plus excentrique que ce à quoi j'étais habitué, que l'on m'avait fourni. La voix de celui dénommé Keane me rappela à la réalité, alors qu'il s'adressait à la divine créature accrochée à mon bras : « Jolie robe. ». J'haussai un sourcil, avant de glisser à l'oreille de Neve : « Je crois que je vais avoir besoin de quelque chose de plus fort que du champagne » Sur ces mots, je lâchai la charmante demoiselle, en quête d'un liquide un minimum alcoolisé. Je n'avais jamais été doué avec les mondanités, ce n'est pas aujourd'hui que ça allait changer.

J'ai regardé Abygaëlle s'éloigner en direction d'un jeune homme, un peu plus loin. Si je ne pouvais pas affronter tout cela avec elle, tant pis, le champagne allait sûrement pouvoir m'y aider. J'ai parcouru la pièce des yeux, observant les gens qui fraternisaient, et qui semblaient déjà un peu plus à l'aise que moi. Décidément, l'intégration se passait comme je l'avais pressenti: avec difficulté. D'accord, ce n'était que le premier soir, et j'avais encore bien du temps pour connaître toutes ces autres personnes, mais... Voilà, il y avait beaucoup trop de gens, beaucoup trop de noms à retenir. À quoi avais-je pensé, en m'inscrivant? J'avais un peu idéalisé la situation, me disant que les participants allaient sans doute tous venir vers moi - ce qui n'était pas vraiment le cas - et que tout allait être relativement facile. Soupirant un peu, je me suis dirigée vers l'endroit où se trouvaient des bouteilles de champagne, et je m'en suis servi. Près de moi, il y avait un candidat vêtu assez drôlement: pantalons gris, cravate rayée, veston dont les manches étaient plus courtes que celle de la chemise... Décidément, je ne pouvais pas comprendre le monde des stylistes. Je l'ai observé en silence pendant quelques instants avant de lui lancer, gentiment:
« Alors, tes premières impressions sur la soirée? Au fait, moi c'est Tara. »
J'ai bu une gorgée de ma boisson, puis j'ai croisé les bras contre mon ventre, mal à l'aise. Cette situation était bien plus étrange et inconfortable que je n'aurais pu l'imaginer... Mais avec un peu de chance, tout irait mieux plus tard. Plus tard, ouais.

Le troupeau de candidat commençait à se dissiper peu à peu, étrangement silencieux, je me contentais d'observer les autres essayant de mémoriser tous les prénoms tandis que j'enchaînais les coupes de champagnes. J'aperçus une petite blonde seule en plein milieu de la pièce ... limite perdue. Un peu de compagnie ne me ferait pas de mal, je me dirigeais vers elle une coupe à la main. « Maia c'est ça ? Moi c'est Soren, tu avais pas parlé d'une petite visite de l'hôtel tout à l'heure ? Parce que je sais pas toi mais je commence à curieusement manquer d'air par ici, on y va ? » Lançais-je enjoué à la blonde, ma curiosité piqué au vif, c'était parfaitement inutile de rester bêtement ici et faire tapisserie alors que nous avions un magnifique endroit à explorer. D'autant que la soirée ne risquait pas de se terminer dans la prochaine demi-heure. Sirotant ma coupe de champagne je ne cessais de fixer la blonde, un sourire en coin coincé entre mes lèvres.

J'étais là, perdue, une véritable cloche. La maison s'était transformée en centre de vacances avant que je ne puisse dire, ouf. Personne ne venait vers moi. Mon partenaire ? Envolé. Les gens avec qui j'avais parlé tout à l'heure ? Plouf, partis. Et alors que je m'apprêtais à aller me pendre - ou du moins m'asseoir, dans un premier temps - un jeune homme a qui j'avais posé la question tout à l'heure vint vers moi. Bon cœur ? J'y croyais pas trop. Mais il était beau, un bon point. Beau et il connaissait mon prénom, je commençais sérieusement à penser qu'il était parfait. « Enchantée Soren. » Manquer d'air ? Mais comment cela pouvait-il arriver ? En aillant trop de candidats qui s'intéressent à vous peut-être ? Ce n'était pas mon cas, et finalement c'était peut-être mieux comme ça. « Euh oui, je te suis ! » Un sourire timide vint alors se dessiner sur mon visage.

Je ne peux pas croire tout ce qui m'arrive! Encore hier, je rappellais des clients pour leur confirmer leur rendez-vous et bla bla bla. Aujourd'hui, j'ai eu droit à tout un traitement beauté, qui m'a apparu éternellement éternel, mais que j'ai apprécié. Pédicure, manucure, coupe de cheveux, soin du visage, etc. Présentement, je me sens vraiment plastic, mais pour la première de Fake Lover, je peux bien me contenir une soirée! Sans trop savoir pourquoi je m'étais inscite au départ, j'étais excitée de vivre cette expérience. Je tentais de rester calme, mais j'avais un sourire insistant qui venait m'enlever toute crédibilité. Bref, arrivée sur le plateau, j'étais vêtue d'une robe ornée de quelques diamants décoratifs. Je devais avouer que le décolleté était monstrueusement plongeant, mais la robe était sublime: chapeau aux stylistes de la production. Mes cheveux remontés, mes boucles d'oreilles en valeurs, je me sentais radieuse ce soir! Décidement, ça me changeait de mon chemisier et de ma jupe habituelle. Désormais dans la pièce ou se retrouvaient, mes compétiteurs, et oui je devais les appeller ainsi maintenant, je me suis incruster timidement aux participants. Après reçue ma coupe de champagne, j'observais comme un prédateur les alentours pour trouvé l'homme qui devait me servir de partenaire pour l'aventure. Cupidon m'avait promis un de ses sex symbol, un vrai de vrai mâle. *rires* Tout le monde conversait allègrement ensemble, alors que je venais d'apercevoir ma victime. Déambulant lentement du à la faible ouverture de la robe, je me suis dirigée vers lui.


→ Hey ! Je commence déjà à manquer d'air ici, on va parler ailleurs ?

Je souriais toujours, Nathan me fit face, mon sourire ne se délogea pas. Malgré son ’jeune’ âge - nan mais écoutez moi parler, ‘jeune âge’ la belle blague, moi qui paraissait en avoir 17, c’était juste…paradoxal ? Inconvenant plutôt ? bref en attendant j’adorais dire ca- il était…grand. Seul adjectif qui me vint en tête. Passons. Cependant, malgré les quelques centimètres qui le rendait un peu plus asperge que je ne l’étais, j’arrivais aisément à plonger mes iris azurs dans les siennes, comme pour aller y sonder je-ne-sais-quoi. « Va, va te faire foutre Aby. » répondit-il alors, je laissais un blanc puis j’étouffais un rire puis penchais la tête sur un côté, le dévisageant un sourire rayonnant aux lèvres. Ni déstabilisée et encore moins touchée par sa vulgarité soudaine. C‘était Nathan quoi. Son petit air charmeur avec les autres qui virait au gros connard, chieur, avec moi. « Y’a des claques qui se perdent, tu ne crois pas » lançais-je ensuite amusée en haussant simplement les épaules d’un air presque enfantin, dans ce qui était notre langue maternelle, à savoir, le Français. En effet, pourquoi me prendrais-je la tête alors que je peux faire simple. Bref. Mon regard balaya ensuite la pièce, y’avait du monde partout, et je ne savais encore comment j’allais faire pour taper la conversation à tout ce beau monde réuni d’ici la fin de la soirée. Mission impossible. Je clignais des yeux, revenant à moi, entendant un gloussement puis mon prénom. Une jolie rousse se posta alors devant moi, et je lui souris chaleureusement m’apprêtant à répondre. Nathan me devança et je levais les yeux au ciel en l’entendant, prête à lui administrer un coup puis soupirais exaspérée en secouant la tête vers la négative. « Nathan ou les bons conseils. N’importe quoi » fis-je cynique en arquant un sourcil. « Je me demande qui de nous deux est ’useless’ pour le coup » ajoutais-je avant de reporter mes prunelles vers la demoiselle. « Cette robe te vas vraiment à ravir, aies confiance » lui dis-je un sourire rassurant aux lèvres, accompagné d’un clin d’œil complice, faisant preuve de beaucoup plus de tact que tout ces abrutis réunis, mettant en valeur sa beauté plutôt que son côté bonasse aux mensurations parfaites à exhiber comme le suggérait Nathan ou « l’imbécile » en question.

Le brun aux allures d'adolescent revêche fourra entre mes doigts une nouvelle coupe de champagne tout en répondant à ma question. Étonnée, je tachais de finir la première coupe que j'avais entamé d'une traite avant de porter l'autre à mes lèvres. Bonjour la pochetronne. Mon sourcil s'arqua face au traitement que Nathan réservait à son "amie" derrière lui. Charmant le gamin. Visiblement, ils se connaissaient tous les deux. Je hochai simplement la tête en échangeant un léger sourire entendu avec la blonde, apparemment aussi exaspérée que moi par les hommes de cette soirée. La seconde remarque du garçon en revanche eut le mérite de me dérider étant donné que j'éclatai de rire aussitôt en redressant sur ma poitrine mon bustier fugueur. Apparemment il était flagrant que je me battais avec celui-ci depuis le début du prime.

Je te remercie du conseil, mais je ne suis pas encore suffisamment torchée pour faire tomber la robe. Vous, les mâles ici présents semblez n'attendre que ca, mais je crois savoir que ce sont normalement les chemises qui doivent valser les premières, non? Je dis ca... Je dis rien.

Ponctuant ma phrase d'un regard appuyé au brun, puis à la blonde, je bus une nouvelle gorgée de ma coupe avant de finalement la vider sans pause. La dénommée Aby prit alors la parole, les petites chamailleries de ces deux spécimens m'amusaient étrangement, je me demandais presque s'il serait déplacé de m'imposer au sein de leur duo pour la soirée. Je ne savais pas réellement vers qui me tourner d'autre à vrai dire. La petite française, son accent ne trompait personne et j'avais entamé une licence de cette langue l'an dernier, me fit un compliment sur ma tenue, et le rouge monta aussitôt a mes joues. De quoi je devais avoir l'air face a une fille aussi intimidante qu'elle? Même si je m'en doutais, il n'était prononcé que pour me réconforter, le geste était bien là et j'en étais flattée. Malicieuse, j'esquissai une petite courbette rapide étant donné la longueur de ma jupe, avant de déposer ma coupe vide sur la table.

Cette ambiance est gonflante. Vous êtes les seuls ce soir à être parvenu à me faire rire. C'est décidé, je vous adopte les mignons.

J'indiquai du doigt le chemin qui semblait mener au reste de la maison, me mordant la lèvre, espiègle.

Et si on profitait qu'ils soient encore tous là pour explorer la maison? Je crois qu'il y a un jacuzzi... Héhé.