Elle n'a pas le temps de digérer les dernières révélations, de réfléchir plus longtemps à ce que le secret d'Allen implique, que Cupidon ne tarde pas à enchaîner avec Hugo, puis elle. Un peu déboussolée dans un premier temps, elle met quelques instants avant d'afficher une expression neutre sur le visage et de prendre la parole. Son secret va se fondre dans la masse, il est quelconque, peu important et même si elle a l'habitude d'être le centre de l'attention, cette idée ne lui déplait pas, au contraire. « Je sais que je suis loin d’être à plaindre et que j’ai la chance d’avoir une belle vie et d’être née dans la bonne famille. » Commence-t-elle en guise de précisions, parce qu’elle ne veut pas que les gens se méprennent quant à ce qu’elle va dire par la suite. Elle va parler de ses parents, du pouvoir qu’ils ont exercé sur elle et même s’il fut parfois très difficile à supporter et qu’elle n’a pas forcément des sentiments très amicaux pour ses géniteurs, cela ne l’empêche pas d’avoir conscience qu’elle n’est pas à plaindre et ce n’est pas son but de se faire passer pour une victime de son milieu, elle préfère prévenir certains commentaires. « Mes parents ont toujours exercé sur moi une pression parfois difficilement supportable et ce, dès mon plus jeune âge. Jusqu’à ma majorité, j’ai accepté cette pression, j’ai joué à la petite fille modèle, je n’ai jamais rien fait pour m’opposer à eux malgré mon envie, car je n’avais aucune envie de les décevoir puisque l'on ne m’avait pas élevée pour cela. » Elle sait que pour la plupart, elle n’a aucune raison de se plaindre, mais être constamment en concurrence avec d'autres alors qu’elle n’avait rien demandé de tel, corrigée sèchement sur son comportement parce qu’elle a eu le malheur de revêtir une robe pas assez classe pour faire honneur à son statut, ou s’entendre répéter qu’elle n’est pas à la hauteur, qu’elle les déçoit constamment, c’est une forme de violence psychique, qu’elle a appris à accepter et à bloquer, raison pour laquelle elle ne s'estime pas être une victime de quoi que ce soit. « À ma majorité, ils ont décidés de mes études de médecine sans même me demander mon opinion. J’ai accepté, encore une fois, et ce fut ma plus grande erreur. » Elle marque une pause, non pas parce qu’elle est émue ou qu’elle s’apprête à révéler le plus difficile – elle reste stoïque – mais parce qu’accepter son échec quant à ses études reste difficile, bien que celles-ci ne lui plaisaient pas. Deux ans qui furent les plus longs et difficiles de sa vie, pas parce qu’elle ne possédait pas l’intelligence pour réussir, mais parce que ses troubles obsessionnels lui ont menée la vie dure dans cette période, ils étaient bien pires qu’à son entrée ici. « J’ai eu un déclic et il me fallait par tous les moyens trouver une façon de m’émanciper d’eux, en choisissant un travail où ils ne pourraient pas intervenir pour me convaincre de suivre leur avis. Être une simple employée était donc impossible, car ils auraient probablement échangé mon licenciement contre une belle somme d’argent. Il fallait que je monte mon entreprise afin d’en être la cheffe, et étant majeure, ils n’avaient plus leur mot à dire concernant l’argent qu’ils avaient déposés sur mon compte. » Et c’était une jolie somme, elle ne s’en cache pas. Elle a bénéficié de leur aide pour se lancer, mais ce n’était pas volontaire de leur part et elle est convaincue qu’elle a du mérite, étant donné qu’elle s’est débrouillée toute seule par la suite. « Mais là aussi, il fallait que je trouve un domaine susceptible de les agacer et non pas me contenter de gérer une entreprises d’approvisionnement d’articles de bureau ou de nettoyage. » Comme elle a pu le dire à certains, même s’il y a un fond de vérité. « Et j’ai eu un nouveau déclic, je savais ce qu’il fallait que je fasse pour leur faire comprendre qu’ils ne peuvent pas toujours tout choisir pour moi. À la base, cela ne devait pas durer sur le long terme, c’était juste pour leur faire peur, pour qu’ils daignent me laisser tranquille par la suite. J’ai passé mon permis pour posséder une arme, j’ai pris des cours d’auto-défense, je me suis familiarisée avec mon nouvel univers, j’ai recherché, apprivoisé et embauché ceux qui sont désormais mes employés, même si mon entreprise est plus officieuse qu’officielle. » Car même si elle n’agit pas dans l’illégalité, on ne peut pas dire qu’elle soit reconnue à la tête d’une vraie entreprise. « Je suis à la tête d’un réseau de chasseurs de primes. » Admet-elle, toujours stoïque, ne guettant pas la réaction des autres. Son intitulé est assez clair, mais elle imagine qu’elle doit, elle-aussi, faire preuve de quelques précisions, autres que celles qui l’ont amené à choisir cette voie, mais plutôt ce qu’implique ce choix. « Il est inutile de préciser que je ne me rends pas sur le terrain. Mes employés sont les muscles et je suis le cerveau. » Et même si elle était de nature téméraire, elle n’aurait pas sa place sur le terrain, ne respectant pas les conditions pour passer son certificat, contrairement aux hommes qu’elle a réussi à convaincre de s’associer à elle. « Je me charge de tout ce qui est administratif. Je fournis le matériel, je m’assure qu’ils n’aient aucun problème avec celui-ci, je me charge de trier les fugitifs et je m’assure d’élargir mon cercle de garants et d’être toujours en bons termes avec eux, afin qu’ils me contactent en priorité s’ils viennent à avoir des informations sur un fugitif que l’on recherche. » Précise-t-elle, car en vue de ses petits soucis, elle ne ferait pas long feu si elle était dans le feu de l’action. Classé, ordonné, recherché, s’assurer du bon fonctionnement de ce qui l’entoure, c’est dans ses cordes, sans quoi elle n’aurait pas choisi cette voie-là, évidemment. Elle est tranquille dans son bureau, personne ne le gêne si elle fait un blocage sur une information ou qu’elle perd une heure à trier ses stylos. « Ce n’est pas comme dans les films, les hommes sous mes ordres ne s’amusent pas à tabasser – ou exécuter – les fugitifs, c’est beaucoup de planification pour peu d’action, et la plupart du temps cela se passe sans encombre. Nous sommes tous gagnants, mes employés parce qu’ils amassent beaucoup d’argent, la société parce que nous les débarrassons d’éléments nuisibles en les enfermant et moi parce que je m’oppose à mes parents par mon travail. » Conclut-elle, en reprenant sa place. Maintenant, à eux de choisir s’ils souhaitent écouter les clichés et penser que ses hommes laissent des cadavres derrière eux, que c’est un métier particulièrement dangereux ou que pour l’exercer, il faut avoir un fond de sadisme en soi, ce qui est loin d’être le cas. Elle, elle est tranquille avec sa conscience et son métier, son port d’arme n’est là que par sécurité, elle ne cherche pas l’appât du gain à tous prix et ils aident la police en les débarrassant d’un poids lorsqu’ils leur ramènent un fugitif recherché sans qu’il n’ait à mener une chasse à l’homme. Tout le monde est content, voilà tout. Jetant un bref regard à Allen, elle attend une quelconque réaction. Elle ne pense pas que ce qu’elle cache est dramatique, mais puisqu’elle ne connait pas son avis sur les armes et sur ce travail est généralement associé à de la violence gratuite, elle s’en inquiète légèrement, même si elle a jugé utile de préciser pour tous que la réalité ne colle pas forcément aux clichés.

Je suis consterné par le secret d’Hugo et je n’arrive pas à être triste pour lui. Au final il va pouvoir accéder à ce qu’il aspire. En tout cas s’il souhaite pouvoir compter sur un pote pour son renouveau je serai là. Je crois que c'est plutôt lui qui aura besoin de mon numéro à la sortie, le sien risque de changer rapidement après son coup d'éclat. Mylah est appelée à la barre et je suis content que tout le monde se rende compte de la femme dangereuse avec laquelle j'ai du dormir pendant deux mois ! Non je déconne, heureusement pour elle la tenue de son secret m'a obligé à ne rien dire à ce sujet. Mon tour arrive et je me lève, prêt à faire ça le plus brièvement possible. Si je parle beaucoup d'habitude, ce n'est pas le même refrain lorsqu'il s'agit de développer à mon sujet. Mon secret n’a rien de dramatique du moins je ne le considère pas comme tel. « Bon résumons rapidement il y a deux ans j’étais un drogué. Un vrai, au fond du trou, le genre de déchet qui lâchait toutes ses économies et même l’argent des autres pour de la poudre. » Ça ne me fait aucun mal de me qualifier moi-même comme tel, c’était ce que j’étais et au moins ça pose le tableau. Ne pas me l’avouer serait hypocrite, c’est le synonyme même d’un tox. « Il suffit de pas beaucoup pour tomber dedans, une adolescence et quelques conneries et on entre vite dans un cercle vicieux. » Je n’ai pas une carrière brillante et la dégaine d’un squelette taillé par l’acide, ma vie entière en a été affectée tout ça parce qu’à dix-neuf ans je me suis senti plus fort que tout. « Ca a duré trois longues années. Je voudrais profiter de cet instant pour souligner la souffrance qu’on endure dans ce genre de situation. C’est une détresse telle qu’on a l’impression de ne plus pouvoir respirer normalement sans sa dose de coke. Je vous le dis car j’aimerais que vous y repensiez à deux fois avant de qualifier quelqu’un dans cette situation de cas désespéré.  » Ça doit leur faire drôle de me voir sérieux j’imagine. C’est le seul sujet sur lequel j’arrive à l’être. Ce n’est pas un ordre, ils font ce qu’ils veulent mais si je peux changer au moins leur perception des choses ça sera déjà bien. « Bref si je dis ça c’est parce qu’il est finalement plus facile de trouver de l’aide dans la religion qu’en quelqu’un. La vie a fait que je me suis retrouvé dans une église catholique alors que je ne croyais plus en rien sauf en l’efficacité de mes rails. J’y ai trouvé une personne aux croyances incroyables qui a su m’aider. » La vérité, que je ne leur exposerait pas, est que cette femme a été la seule de la paroisse à croire en moi et à lutter pour mon acceptation. J’avais besoin d’un guide, de quelque chose à quoi me raccrocher et plus j’avançais dans la pratique du christianisme mieux je me sentais. Aujourd’hui encore je rechute quelques fois mais en bombardant de prières j’arrive à surmonter ce combat intérieur. Ca m’est arrivé deux fois ici mais je crois avoir réussi à le cacher tant bien que mal. « Bref tout ça pour dire que la foi m’a sauvé de l’enfer de la drogue il y a deux ans. C’est encore récent, c’est une méthode spéciale et lente mais elle fonctionne pour qui veut trouver un maître spirituel.» Moi je l’ai trouvé et j’en suis plutôt fier mais je trouve déjà qu’on dirait une réunion des ex-drogués anonymes donc je vais m’abstenir et aller me rasseoir.

La remarque de @Léo sur les outsiders la fait tiquer, ça l'agace, en fait, c'est bien le seul truc qui l'énerve. Elle perd son sourire pour répondre plus froidement, d'un ton neutre et sec. « Si c'est de la pitié, j'en veux pas, » réplique-t-elle avant de rester silencieuse, la tête haute, écoutant le reste des secrets et écoutant Léo d'une seule oreille par la même occasion. Sa remarque sur le secret de Gigi la fait rire, elle va pas perdre une occasion de le narguer, ça serait trop beau. « Et t'as pas buzzé ? Dommage ! » s'exclame-t-elle d'un ton narquois. Histoire de bien enfoncer le clou, même si ce n'est que de l'argent fictif, dans un sens. Et puis @Shay vient la voir, et blague sur son Twitter. Sailor a un rire. « Oh tu sais les followers c'est pas trop ma priorité, je voulais juste un endroit où poster mes photos et tout pour que ma soeur et mes parents les voient et voient que je vais bien, en fait, » répond-elle avec un rire. Bon, elle a sacrément spammé, mais ça intéresse personne de la voir se balader en costume de Belle à Disneyland ou manger des glaces à Santa Monica. Le Twitter d'une môme en voyage, quoi. Shay lui confie être contente de pas avoir à révéler son secret ce soir après tout le monde, et Sailor hoche la tête avec un rire. « Eh bah moi aussi ! Enfin, dans tous les cas, je crois que j'avais un des seuls secrets pas trop triste du lot là, j'aurais bien aimé remonter le moral des troupes avec ce que j'avais, mais tant pis, » ajoute-t-elle en plaisantant, avec un haussement d'épaules. Mylah en James Bond girl, c'est la classe, et puis Diego dans un monastère, ça explique pourquoi il parle comme ses manuels d'histoire, Sailor écoute tout avec attention. Et vient le tour de Léo, finalement, qu'elle écoute aussi. Une fois terminé, elle se retourne vers le candidat avec un large sourire amusé. « Je t'avais dit que tu décevrais pas ! Et bah dis-donc c'est que t'es vraiment guéri alors, si t'arrives plus à déterminer qui est drogué et qui est juste heureux d'être là, » fait-elle en référence à l'une de leurs conversations étranges, comme toutes leurs conversations, en fait. Mais ça fait un secret positif de plus, ils sont pas beaucoup, quand même.