Mes pupilles scrutent les quelques candidats qui passent à ma hauteur sans pour autant les analyser en profondeur. Je repère juste des visages, des expressions, quelques brins de paroles même s’ils seront sans doute oubliés demain. J’ai du mal à garder mon esprit concentré, il divague sans cesse d’un visage à une posture, d’un battement de cils à une intonation de voix. Je me contente d’admirer tout le monde de mon regard perdu et hagard, sans trop chercher à comprendre tout ce qui se dégageait de ce tumulte autour de moi. Le candidat que j’ai abordé me répond qu’il se demande tout autant ce qu’il fout ici que moi. Ca fait du bien d’entendre ça, si bien que je lui décoche un sourire à la Jyoti. J’entends alors une voix qui me semble familière résonner dans le plateau et je capte quelques mots qui semblent cruciaux. Abysses. Prison. Combinaison orange. Je ne peux réprimer un gloussement. Pardonnez-moi mais ça me fait clairement kiffer qu’on doive tous se changer en détenu pour la semaine, je trouve ça carrément dément. J’écoute attentivement les consignes du présentateur, mes mains toujours bien enfouies dans mes poches et mon allure toujours aussi nonchalante. Je le savais. Je savais qu’on allait intégrer un endroit fermé, ç’aurait été trop facile d’être encore une fois logés aux quatre vents, ça avait déjà été fait dans l’édition précédente. Une première équipe est appelée à quitter le plateau et chacun gagne un peu d’espace sur le plateau. « J’suis assez chaud à considérer ce petit périple d’une semaine comme des vacances » je balance en ayant écouté la conversation entre deux candidats (@Clotaire et @Chris), d’un ton enjoué et une lueur enfantine brillant dans mes yeux. Je n'étais pas certain d'avoir compris l'essence de cette considération, c'était sans doute de l'ironie tout bien réfléchi. Il m’était pourtant difficile de ne pas me réjouir à la moindre occasion. Je trouvais ce délire de prison excitant, peut-être étais-je le seul à être amusé de devoir enfiler une tenue orange mais je m’en foutais. Il était tellement plus facile de s’en réjouir que de s’en plaindre, comme certains candidats que j’avais pu entendre. Je m'approche alors d'un autre candidat avec une bouille sympathique (@Blake), et me positionne devant lui en prenant la posture d'un gros thug, flingue à la main. « Je peux t’apprendre si tu veux » je lâche, n'ayant pas su me retenir plus longtemps de faire le con. Un deuxième groupe est alors appelé et je vois quelques têtes fraîchement mémorisées disparaître du plateau. Ca se vide doucement mine de rien.

Un certain 'Chris' s'ajoute à notre petit groupe sans rien demander, enfin, plutôt accoste la jolie blonde. J'ai l'impression d'être un transparent l'espace de quelques secondes, mais enfin il semble s'apercevoir que j'existe et j'ai déjà un petit sourire en coin quand il dit ces quelques mots bien absurdes. J'ai envie de pouffer de rire quand je comprends tout de suite qu'il n'a absolument pas saisi l'ironie de mes paroles, et ça m'étonne un peu. " t'es pas sorti de l'auberge, mec. " Va falloir que je sois un peu plus gentil à l'avenir, et surtout un peu moins cryptique, mais là je n'ai pas pu m'en empêcher. Et puis s'ajoute un autre homme, toujours à l'est, ce qui m'étonne un peu. L'ironie est mort ? Bref, j'hausse les épaules cette fois-ci. Personnellement, non, ça ne va pas être des vacances, merci beaucoup. Mais je n'ai pas le temps de m'apesentir là dessus car mon attention est rivée de suite sur la nouvelle voix. Et cette fois, c'est bien mon nom que j'entends, et c'est à nouveau cette crainte stupide et totalement irrationnelle. La prison. Je me détache du groupe, avec un petit salut militaire. " à tout de suite. " Chouette.

Seule dans son coin, elle rumine sa rage d’en être arrivée à participer à ce genre de télécrochet pour 1) voyeuristes ou 2) personnes vivant par procuration. L’option numéro trois concernant les personnes tout à fait normales souhaitant simplement regarder un programme pour se divertir n’existe pas. Salomée l’a dégommée, juste pour le plaisir de se donner raison et de rager un peu plus ; parce qu’au fond elle aime bien ça. Son attention est happée par ce ressemble être un coup de coude. Visionnant un instant le coude du délit, son regard remonte jusqu’au visage de son voisin. Un charlot. Qui a l’air sympa. Mais charlot quand même. Ils font tous dans la généralisation ce soir ou quoi ? C’est peut-être la nouvelle tendance de généraliser la pensée féminine. Oui Salomée pousse, elle part loin juste pour pouvoir râler un peu plus. Ce n’est que le début. Son regard vrillant vers la direction indiquée par le mec à coiffure champignonesque (@Clotaire) elle hausse les sourcils sans qu’une once de joie de vivre ne traverse son visage. « L’archétype du beau gosse made in PAF. » En plus ce connard leur annonce qu’ils vont passer la semaine en prison. Ça a l’air de bien l’amuser. C’est hyper drôle, c’est vrai. En tout cas ça fait rire son voisin, bien que ce soit un rire un peu pincé. Le guettant du coin de l’œil, elle ne réagit pas lorsqu’il lui parle de « vacances » avec ce qu’elle croit être de l’ironie. Restant focalisée sur le plateau elle finit par pivoter légèrement en direction du type, le scrutant pendant de longues secondes. Il n’a pas l’air serein. « Anxiété. Peur de l'emprisonnement ou passé de détenu. Je note. » annonça t-elle froidement sans une once de compassion. Le premier groupe est appelé et soudainement le visage de la blonde se déride. Se tournant de nouveau vers son voisin, les traits cette fois-ci beaucoup plus doux, « Plus sérieusement, c'est une émission, ça m'étonnerait même pas que la prison soit un fake. » Fake Prison quoi. Un mec (@Chris) débarque avec un compliment lourdingue. « Merci, je suis très flattée. » Ironie puissance mille, un sourire feint pour souligner l'évidence de sa remarque. Si la tenue de prisonnier allait bien à qui que ce soit ça se saurait. La prochaine équipe est annoncée et le prénom de Salomée avec. Celui de Clotaire suit et elle croit reconnaître la face de son voisin. Plissant des yeux un instant, elle confirme son doute et vient claquer la cuisse du dénommé Clotaire sans gêne. « Aller Clotaire c'est maintenant ou jamais ! » Elle l'encourage avec un manque de compassion total, au moins elle a quelqu'un a qui se rattacher dans tout ce bordel, parce qu'elle l'a décidé, et ça la rassure un peu. Se levant en vérifiant que son nouveau pote lui emboîte le pas, elle jette un oeil au type (@Chris) qui va se retrouver tout seul. « Ciao bye sugar daddy »

Le prime avait donc débuté, et les candidats se succédaient les uns après les autres, s’installant et nous rejoignant tour à tour. On va pas se mentir, je regardais beaucoup l’apparence de chacun. J’évitais quelconque jugement, c’était bien trop tôt pour se faire une quelconque idée de qui que ce soit. Par la suite, Je pus enfin rencontrer Cupidon qui est nettement plus sympathique dans les récits grecques, mais on va dire que le contraste entre ce qu’il est physiquement et ce qu’il dégage dans ses propos reste tout de même intriguant. Suivant le prime de manière assez attentive, je fus assez surpris quand un des autres présélectionnés (@Lawrence) vient nous aborder moi et une autre femme qui était non loin de moi (@Enola). « Bonsoir. » répondis-je simplement toujours concentré sur le prime. Ce qui m’interpella, c’était sa barbe. Je suis très rigoureux en ce qui concerne toute forme de virilité, je déteste tellement cette nouvelle mode du mec non rasé et aussi fort physiquement qu’une femme. « Joli barbe. » On peut pas le nier, j’en serais presque jaloux, bien que la mienne soit pas trop mal non plus je pense. La fille se disait rassurée par nos physiques assez imposants et ne craignait donc pas grand-chose pour cette semaine dans les abysses. Elle se présenta ensuite sous le nom de Enola. Ils parlent vraiment beaucoup ici. « Moi c’est Achille. » me présentai-je aux deux autres. On nous annonça ensuite que cette année, ce ne serait pas du camping, mais ce sera dans une prison que nous passerons notre semaine. Ca me décroche un léger sourire, certains ici ont vraiment pas la dégaine du taulard et les voir porter la tenue orangée m’amusera certainement. Le premier groupe fut appelé, parmi lequel figurait le mec venu nous aborder. « Bon bah amuse-toi bien là-bas. » Perso j’espère que mon groupe passera en dernier, moins je passerai de temps dans cette prison, mieux je me porterai. Puis c’était au tour du groupe suivant, je pouvais constater que mes prières n’ont pas été écoutées puisque ce fut à mon tour cette fois. « Bah malheureusement on sera pas resté à tes côtés bien longtemps, mais bon je suis sûr que tu sauras te défendre toute seule. » lancai-je amusé à la fille qui s’appelait donc Enola, suite à la remarque qu’elle avait faite il y a quelques minutes. Je me lève donc, prenant la direction de la prison. Je remarque d’ailleurs que je suis dans un groupe 99% masculin, ça me ravit.