Le sixième prime était annoncé. Encore une soirée pleine de rebondissements nous attendait. Je n'en avais aucun doute. Les trois présentateurs ne réservaient toujours des surprises pour chaque prime et ce soir, ça n'allait pas être autrement. J'arrivais alors sur le plateau, canne en main et lunette de soleil sur le bout du nez. Cela faisait un long moment que je ne les avais pas porté mais j'en avais ressenti le besoin ce soir. C'était comme pour cacher ce que je ressentais face à ce que j'avais entendu l'autre soir avec Baptiste et Lhoas. J'étais triste. C'était évident mais je ne voulais pas que les autres le voient. Donc je cachais mon regard. Je m'étais habillé simplement : un tee-shirt bleu et un jean. Comme à mon habitude, j'étais pieds nu. Je m'installais alors dans un coin, seul, et surtout loin de Baptiste et Lhoas. Je ne savais pas s'ils étaient arrivés mais je ne les voulais pas à mes côtés.

Nominée. Voilà ce qu'était la demoiselle, ce soir, nominée. Elle savait très bien qu'elle allait quitter le jeu ce soir, même malgré les deux votes supplémentaires qu'elle avait eu grâce au téléphone rouge. Son sort était scellé et elle ne pouvait plus rien y faire. Non pas que les candidats en face d'elle étaient particulièrement forts, mais disons que, dans le nid, personne ne pouvait la saquer. C'était comme un mot qu'ils s'étaient tous passés. Elle s'en fichait pas mal, même si au fond cela lui faisait un peu mal au coeur, de voir tous ces abrutis en train de baiser les uns les autres alors qu'elle demande juste un peu d'attention. Enfin, les cons restent des cons, n'est-ce pas.

Elle alla directement dans la salle de bain lorsque Cupidon annonça que le prime allait bientôt commencer. Elle avait revêtu une petite robe noire, avant de quitter le lieu pour aller rejoindre les autres candidats. Mais, alors qu'elle arrivait à peine sur le plateau, la jeune femme tomba sur le sol, les bras les premiers. Elle avait l'air d'une conne, une pas douée, à tel point qu'elle eut besoin du canapé juste à côté d'elle pour se relever. « fuck » Ce qu'elle fit. Elle était toute rouge tellement honteuse. Elle tira un coup sur sa robe et alla s'asseoir. Encore de quoi se foutre d'elle. De toutes façons ils ne faisaient que ça.

Celui-là, je l’attends avec davantage d’impatience que les autres. Principalement parce que je me lasse des vêtements amples de notre cher ami Ruben. Cependant, comme si je désirais lui rendre hommage, je garde les carreaux dans ma tenue de ce soir, histoire de lui faire un clin d’œil silencieux. Rien de très recherché, je me suis vêtue simplement, heureuse de retrouver mes chemises et mes jeans taille de guêpe. J’ai passé trente bonne minutes à me préparer dans la salle de bains, à me refaire le vernis à ongles et entourer mes yeux d’une trace de crayon noir. Mine de rien, être une fille m’a manqué plus que je n’aurais pu l’imaginer. Je m’installe à côté d’Oona ayant déjà reçue un compliment, esquissant un large sourire à son intention. « Très classe mademoiselle. Si je ne te connaissais pas, je pourrais presque croire que tu cherches à impressionner quelqu’un. » Je penche mon épaule contre la sienne pour la pousser un peu afin de la taquiner. Justement, je ne la connais pas si bien que ça, mais passons sur les détails !

Je ne sais pas si c’est parce que mon secret était maintenant à découvert, mais j’avais franchement l’impression que l’aventure avait pris une autre tournure. Peut-être que c’est parce que, sur certaines choses, je pouvais me permettre d’être plus naturel… Notamment dans ma relation avec Zhara, sur ce qui nous unissait, sur ce que nous avions dû cacher. Je me sentais libérée d’un poids, à vrai dire. Le pire, c’est que je ne m’étais même pas rendu compte que ça m’affectait plus que je ne l’imaginais. Mais bref, là n’était pas le moment d’y penser. Un nouveau prime s’annonçait, et après avoir enfilé une tenue adéquate et coiffé ma chevelure blonde, je m’étais dirigée vers le plateau. Cooper et Ruben faisait partie des nominés, je souhaitais autant que l’un et l’autre reste : une première pour moi de me sentir aussi concerné par le sort de ces candidats en danger. Mais l’un comme l’autre se trouvait déjà bien entourée, voilà pourquoi je décidais de rester à l’écart, allant m’asseoir un peu plus au fond, sur un siège vacant, scrutant en alternance l’arrivée des candidats et les trois animateurs sur le devant de la scène.

Doux Jésus que les semaines passaient vite, c'était à s'en confondre les jours. Sérieusement j'avais peur de me paumer, d'oublier des détails importants de mon aventure ou même tout simplement de ne plus savoir quoi faire. Pourtant j'étais encore là, et je ne m'étais presque jamais ennuyé. Presque hein car il y avait toujours ces moments de doutes intenses dans lequel tu te dis "et là, je fais quoi..." bon en général tu t'endors ou tu restes la tête sous l'oreiller, à pleurer toutes les larmes de ton corps en t’apitoyant sur toi et ta fainéantise sans limite. Ouais, presque en te frappant la tête contre un mur tout en criant "What is wrong with you !" Parce que oui, un homme malheureux parle de lui comme si il parlait à une autre personne, une sorte de schizophrénie aiguë mais passagère. Certainement pour se dire que son double est plus maléfique que le modèle original ce qui en soit est en général totalement faux, puisqu'on peut en faire ce que l'on veut, du double. Euh... pourquoi suis-je entrain de parler de ça moi ? Secouant la tête, je m'asseyais à la première place à ma disposition quand Ruben s'approcha de moi, me tendant un magnifique... Euh... Slip rose... « Tiens mon gros chat. Je suis sur qu'il t'ira à ravir, ce slip rose. Je l'ai lavé, hein, t'inquiète. » je plissais légèrement les yeux avant d'hausser les épaules « C'est euh... gentil ? Et attentionné de ta part mais... il me reste encore un minimum de dignité... et puis le rose ne me va pas au teint... Propose le à Lhoas ou Syssoï, j'suis sûr que ça leur ira bien à eux ! » un sourire espiègle se dessina sur mon visage « Mais c'est une gentille attention, merci ! »

C'était soir de prime. Le cinquième, non attendez, le sixième ... Ouais voilà, le sixième prime de l'aventure. Mine de rien, ça passait vite. Ou pas. Parce qu'en fait, non, ça passait tout sauf vite. Et même, rares étaient les jours où Jackson ne se faisait pas chier au moins une douzaine de fois. Après, ça avait peut être un rapport avec l'ennui qu'il ressentait de toute manière dans n'importe quelle situation. Il était comme ça, sans cesse en train de s'emmerder. M'enfin, tout ça pour dire que le temps se faisait amèrement long entre ces murs. Et d'autant plus pendant les primes. Parce qu'on pourrait s'imaginer que c'était chaque fois l'occasion de se divertir un peu, d'oublier l'ennui pesant en ces lieux, mais ça n'était aucunement de cette manière que Jackson percevait les choses. Pour lui, c'était chaque fois un douloureux moment à passer. A croire qu'il avait toujours autant de mal à supporter la présence de tant d'énergumènes dans la même pièce que lui. Un, ça pouvait passer. Mais une vingtaine, c'était quasiment inhumain. Il était profondément associable, mais il le vivait bien. Ainsi donc, il ne se faisait aucune illusion quant à cette soirée. Elle serait à l'image des précédentes; longue et pesante. Mais il serrait les dents, ne serait-ce que parce qu'il envisageait pour une fois de faire un effort. Alors, vêtu pour l'occasion d'une manière assez simple, il prit la direction du plateau. Arrivant sur place, il s'assit comme à son habitude dans un coin. Là, il observa ses camarades. Mauvaise nouvelle, ils n'avaient pas succombé à une épidémie de rougeole dans la nuit. Zut. Preuve encore une fois que Dieu n'existait pas. Mais alors que Jackson porta son regard sur Melissa, qui venait d'entrer, celle-ci se vautra lamentablement. La scène fit doucement sourire Jackson. Ça allait pas lui faire toute la soirée, mais c'était déjà pas mal.

Allez Wini, allez. Rouge, noir, bleu, vert...décides toi bon sang. Les yeux fermés, je remuais le bras dans mes affaires avant d'attraper au hasard ce qui serait ma tenue de ce soir. Quand je laissais glisser ma main du dessus de mes yeux, j'admirais une longue robe noire que j'avais embarquée jusqu'ici. C'est que j'avais presque oublié que je l'avais, en fait. Habillée, chaussée, je farfouillais de nouveau dans ma panoplie, à la recherche de n'importe quoi, pourvu que ça enrichisse quelque peu mon accoutrement. Un chapeau ! Je me le posais sur la tête, bêtement et filais jusqu'à la salle de bain. Je n'étais ni maquillée, ni vraiment coiffée, dans tous les cas, ça faisait un peu près son effet. Suivant les autres, j'allais donc jusqu'au prime, en traînant des pieds, je dois l'admettre. Je ne savais pas vers qui me poser, je ne savais pas où me mettre tout court, et j'en profitais qu'une banquette soit vide pour m'y laisser tomber, seule. Il est certain que je ne serais pas contre une quelconque compagnie, mais enfin, pour le moment je me contentais simplement de rêvasser.

Les candidats arrivaient un par un, Gabrielle les observe un moment, puis elle se lasse, elle finit par regarder droit en face d'elle. Elle fixe le vide, c'est limite flippant. Elle est fatiguée, son esprit est déconnecté ce soir, cela n'annonçait rien de bon. Elle sent la fatigue de sa semaine de merde, elle n'avait presque rien dormie, ou du moins, elle avait adopté un rythme de chauve-souris, elle dormait le journée -enfin elle essayait- et souffrait la nuit. Elle allait avoir du mal à revenir à un rythme normal. Elle commençait tout juste à s'ennuyer lorsque Mélissa se vautra presque à côté d'elle, la pauvre. « Rien de cassé ? » lui demande t-elle avec un léger froncement de sourcils.

Chers habitants.

Au bout de cinq semaines passées dans le nid d'amour, le premier secret est finalement tombé. Cupidon est plus que satisfait et félicite Sixtine pour sa trouvaille... Mais l'angelot a plus d'un tour dans son sac, et en veut toujours plus. De ce fait, cette semaine sera placée sous le signe du danger. Vous serez divisés, vous serez stressés, vos moindres actes seront retracés... Plus une seconde ne vous sera accordée. Cette semaine, vous allez tous souffrir. Il faudra vous méfier de tout le monde. Plus de missions, plus de secrets, plus de Cupidon.

Et tout ceci commence ici...
Et maintenant.

Bonne chance à vous...

Les candidats arrivaient peu à peu. Esther finit par s’asseoir à mes côtés. Le contraire m'aurait étonné – et peut être déçu ? La jeune femme était particulièrement ravissante ce soir, m'enfin je me gardais bien de tout commentaire.  « T'as vu ? J'ai fais un effort vestimentaire ce soir » Petite référence au prime dernier, où elle m'avait accusé de ne pas avoir fait le moindre effort. Les autres candidats prenaient place, il commençait par y avoir de plus en plus de monde. En attendant, que faisait cupidon ? Il commençait à se faire désirer là. Parce que bon, si on devait patienter que tout le monde arrive, on était pas couché, avec la bande de retardataires du château. A ben tiens, quant on parlait du loup. Cette semaine placé sous le signe du danger ? Dans quel sens ? A propos de nos secrets probablement. Ouais, cela pourrait s'avérer intéressant. Encore fallait il que je sois là pour le voir.