Connor au confessionnal !

Syssoï, quel secret penses-tu avoir découvert ?

Yehiiii, une confrontation, ça faisait longtemps. En fait, ça fait très exactement trois jours et quelques heures. A croire que je suis accroc à cette pièce et réellement en manque après quelques heures. Cette fois ma victime n'est autre que mon jumeau moche de pas le même âge adepte des lunettes Zobby la mouche. J'ai décidé de fonctionner différemment, maintenant. Avant j'attendais trois semaines avant de buzzer, mais suite à l'affaire Artie qui a révélé que ma toute première intuition était la bonne, je préfère ne plus prendre de risques... Ou alors en prendre, ça dépend du contexte. J'arrive avant Connor au confess, normal, je connais le chemin par coeur, maintenant, alors que lui il doit probablement encore se demander où se trouve cette pièce. Je m'installe tranquillement dans le fauteuil moulé à mes fesses, et je chantonne en attendant mon poto.

L'alarme retentit. Ouais cool, je m'en fous, je continue à parcourir les lignes de ce putain de livre qui me prend au tripes. Jusqu'à ce que la voix nasillarde de Cupidon ne m'oblige à poser mon bouquin. M'ordonnant avec la gentillesse qui le caractérise, à savoir aucune de me pointer au confessionnal. Hein ? Quoi ? Moi ? J'arque un sourcil, j'pensais qu'on m'avait oublié, ce qui m'arrange un tant soit peu, faut dire ce qui est. J'sais même pas qui m'a buzzé, j'sais que Ruben a des pistes à mon sujet, il me l'a dit. Mais sans fric difficile de buzzer. J'arrête de me prendre la tête et marche tranquillement jusqu'à la cabane en bois. Si tranquillement que j'ai faillit m'offrir le luxe de fumer une clope avant de finalement me raviser. Parce que mine de rien, j'suis curieux. Elle est où cette cabane déjà ? Ah oui, au bout du bout du monde. J'entre finalement et constate qu'il s'agit de Syssoï qui se paye le luxe de chanter. Qui d'autre en même temps ? « C'est un honneur d'être convié dans votre antre très cher, Connor, enchanté. » Je lui offre mon plus beau sourire et prend place face à lui, comme le veut l'usage. Enfin je présume. Sérieusement, cette cabane pourrait être rebaptisé en son nom. Je sais d'ores et déjà que son buzz ne sera pas foireux, c'est plutôt une bonne chose. J'imagine déjà qu'il ne va pas me sortir un truc du genre, je pense que tu es un vampire vieux de plus d'un siècle qui se nourrit essentiellement du sang de petite blonde sexy, en me sortant comme seul argument que je me trimbale la nuit dans le cimetière.

Hola, qui va là ? Connor le Barbare, pardi ! Ouai, enfin il a pas grand chose de barbare avec son large sourire en découvrant la pièce et celui qui trône en son centre. Je suis le roi de mon royaume. Même si le royaume en question mesure moins de dix mètres carré. Il me salue, certifiant qu’il s’agit d’un honneur d’être convié dans mon antre, ce que j’approuve d’un signe de tête, puis se présente. Il serait temps au bout de deux mois. « Moi c’est Syssoï, mais tu peux m’appeler “Majesté”, ça marche aussi. » Oui, bon, clairement, l’ambiance n’est pas au stress et à l’angoisse. J’en déduis que soit il a très envie de se débarrasser de son secret, soit qu’il se doute que mon intuition est bidon. Je tends le bras dans un geste majestueux pour lui désigner le fauteuil qui me fait face, des fois qu’il ne l’ait pas vu, et annonce : « Je te prie, pose donc un cul par-là. » La grande classe ! « Le tien, si possible. » J’ajoute avec l’intuition qu’il pourrait très bien quitter la pièce pour aller chercher un autre cul à poser sur le fauteuil. C’est bien son genre. Je l’observe s’installer, le scrutant comme si un détail dans sa façon de faire pouvait venir accréditer ma toute nouvelle thèse. « En fait... » Voilà, c’est le moment où on devient sérieux, là. « Je me posais une question, et je ne sais pas trop s’il s’agit de ton secret ou non, mais je me voyais mal te poser pareille question devant les autres. » Je me mords la lèvre. Même après des mois de pratique, je ne m’y fais pas, j’ai toujours du mal à «porter une accusation» sur quelqu’un. Surtout lorsque ce quelqu’un est un des membres de ma meute, ce qui fut le cas pour tous, en fait. « Est-ce que... » J’hésite. « Est-ce que tu souffres d’une tumeur au cerveau ? » Voilà, c’est dit. Et maintenant je me sens passablement con.

« Très bien majesté ! » J'suis supposé être dans un état de transe pas possible là ? Me rongeant les ongles jusqu'à l'os, tremblant sur mon fauteuil. Sauf que non, pas parce que j'suis confiant, simplement j'suis pas un stressé de nature. Peut être aussi parce que j'ai stressé pour l'année entière dimanche, à voir. Il me propose de poser un cul sur le fauteuil. Dans un élan, j'suis tenté de sortir et d'ailler chercher quelqu'un parce que j'suis tordu, et finalement sa précision me ferait presque de la peine. Sauf que je m'exécute, oui bon il me connait bien mon jumeau maléfique, beau et jeune. Oui, j'suis le moche il parait donc il est supposé être le beau par extension. Bref, je pose donc mon cul. Et le ton change, ainsi, je reprends mon sérieux et l'écoute avec attention. Il a l'air d'hésiter, soit ma théorie sur le buzz foireux vient de s'écrouler soit, il a peur de me froisser. J'penche plutôt pour la deuxième solution. J'suis prêt à tout entendre en réalité, j'sais pas ça me fascine de savoir ce que j'peux renvoyer aux autres. Une tumeur au cerveau ? Hum. Je me mors l'intérieur de la joue, j'ai envie de sourire mais je me retiens. J'suis pas entrain de me foutre de lui ou de sa théorie, je suis juste entrain de me demander ce qui l'a conduit jusqu'à cette théorie. « Absolument pas. » J'suis de plus en plus intrigué en réalité, j'essaye de percer son regard mais j'trouve rien, c'est déroutant. « Tu en es arrivé à cette conclusion parce que ? » Ok, c'est pas à moi de poser les questions mais ça m'intéresse quand même un peu.

Impossible de savoir ce qu’il pense ou ce qu’il cache, sa réaction étant l’absence de réaction. Pas simple de se faire une idée dans des cas comme celui-ci. Une moue se dessine sur mes lèvres tandis qu’il m’informe qu’il ne souffre absolument pas d’une tumeur au cerveau. Mouai... Le but étant de garder son secret à tout prix, j’imagine qu’il peut totalement être entrain de me mentir, là. Il veut savoir ce qui m’a amené à une telle conclusion. J’hausse les épaules. Je suis observateur, c’est tout, et mes observations me conduisent à des conclusions possibles. « Tes maux de tête répétés, l’alcool pour amoindrir la douleur, les cachets aussi... Et les trucs de Lhoas. » J’vais pas pouvoir lui dire ouvertement de quoi je parle, étant donné qu’on c’est pas spécialement autorisé par la loi. Mais il voit, hein ? N’est-ce pas qu’il voit ? « Mais, à bien y réfléchir, je suppose que dans un cas comme celui-là, tu aurais obtenu une prescription, bien que ce ne soit pas systématique. » Ouai, le cannabis sous ordonnance, ça existe. « Tu vis avec un truc dans la tête, un truc qui te parasite dans la douleur... Il faut juste que je sache sa nature exacte. » Je m’avance peut être un peu, et pourtant, là-dessus, je ne doute pas vraiment. Après, comme je le lui ai dis plus tôt, je ne suis pas assuré qu’il s’agisse de son secret, mais si ce n’était pas le cas, il m’en aurait déjà parlé, non ? « Tes cheveux longs, c’est pour cacher les cicatrices, n’est-ce pas ? » Et allez, me revoilà dans le merveilleux petit schéma du prêchons le faux pour avoir le vrai. En général, ça fonctionne assez bien sur les gens. Mais lui, c’est pas les gens. Lui, il a une façon de fonctionner suffisamment proche de la mienne pour que j’envisage qu’il ne se laisse pas avoir par mon piège aussi subtil et discret que n’importe quelle veste de Sixtine, ou tenue de Moore.

J'suis bon à ce jeu, puisque j'arrive à lire de la frustration sur le visage de Syssoï, j'suis aussi inexpressif qu'un pokemon en même temps. J'écoute avec une attention particulière ses remarques. J'hoche légèrement la tête. « Migraines chroniques, traitement de fond, Sixtine et souvenirs/pêché d'adolescence... » J'suis pas entrain de démonter sa théorie, j'suis simplement entrain de lui fournir une explication quant à tous ces états, la raison Sixtine étant la plus abstraite, mais j'suis pas certain qu'il ait besoin de détails supplémentaires de toute façon c'est pas le propos n'est-ce pas ? Quand au reste, je me contente de hocher positivement la tête, la marijuana sous ordonnance, quand j'y pense ça me ferait presque regretter cette tumeur. Pour la suite j'ai rien à dire, il est fin observateur et semble plutôt convaincu. Très bien. La suite m'arrache un rire. Ponctué d'un petit son monosyllabique savant mélange entre un "oh" de surprise et un "ah", qui signifie plus je te vois venir avec tes embrouilles. « Celles-ci ? » Je l'interroge tout en soulevant légèrement mon tee-shirt, non bien sûr que tu ne parles pas de celle-ci, Syssoï. « J'ai choisis volontairement de proscrire les camps naturistes. » Je hausse les épaules, quant à la coupe de cheveux ,j'pense que la réponse n'est plus nécessaire.

Oui, la blonde est passablement prise de tête, mais peut être pas au point de nous foutre sous traitement médical, non plus, si ? Bof, j’en sais rien, après tout, tout est envisageable. Ceci dit, j’espère qu'il ne s’estime pas convaincant avec son petit argumentaire, parce que malheureusement, la réponse « migraines chroniques » est loin de me satisfaire. Je connais les migraines, et je sais à quel point ça peut être douloureux, Connor, lui, n’a pas simplement mal, Connor pourrait s’arracher la tête du cou pour que cela cesse… Toutefois, je n’insiste pas, préférant attaquer sous un autre angle, bien plus frontal que le précédent, maintenant que j’ai cerné quelque peu les règles de son jeu. Les règles sont différentes d’un joueur à l’autre. Connor serait plutôt un mélange entre Sixtine et Artie : intelligent, déterminé, mais trop à fleur de peau pour avoir le même détachement classe que le lord. Son secret lui est bien trop personnel pour réussisse son bluff. Je lui parle de ses cicatrices au crâne, et il me montre celles de son torse, que je connais déjà… « C’est la même cause pour ton crâne, ou bien on a du t’ouvrir pour une autre raison ? » Les deux ne sont peut être absolument pas liées, c’est possible bien que légèrement improbable. « T’es passé à travers une vitre, un truc comme ça, je crois… ? » Je ne suis plus très sûr de ma mémoire d’un coup, surtout qu’il en a parlé à Sixtine, si je ne me trompe, mais que cette information n’est arrivée jusqu’à moi qu’après de multiple déformation de bouche en bouche. Et en parlant de déformation, celle que j’observe en face de moi me fait réaliser ma connerie toute puissante. « Elle ne m’a rien dit. Mais il faudrait vraiment que tu apprennes à te méfier des murs, ici. » Et pas que des murs… des portes, des dessous de lit, des coins de pelouses, des housses de couette aussi…

Pourquoi j'ai l'impression de ne pas l'avoir convaincu ? La perplexité qu'affiche son visage peut être. Oui ça doit être ça. Donc, il croit toujours que j'cache quelque chose sous cette épaisse couche de cheveux, visiblement. Why not. « On ne m'a pas ouvert, sinon crois-moi j'aurais sûrement attaqué le chirurgien qui m'a fait ça. » Oui parce que bon c'est moche, et pas vraiment homogène. Je lui aurais bien demandé ce qu'il pensait de ces cicatrices-ci mais il me devance. Oui bon là je ne joue plus. Et bien qu'inexpressif jusqu'à présent, j'pense qu'au contraire, un panel de sentiments déforment mon visage. Oui parce que cette information je ne l'ai avoué qu'à Sixtine, et même si c'était loin d'être clair, il le retranscrit de manière tout à fait compréhensive, beaucoup mieux que moi à l'origine. D'accord, donc elle lui répète tout ce qu'on se dit ou juste ce qu'elle pense être nécessaire à la découverte de mon secret ? J'suis perplexe et il le sent. Ces putains d'émotions me trahissent, mais en faite, c'est pas cette découverte qui me chiffonne, mais plutôt le partage d'information. Oui parce que c'est pas comme si j'avais confié cette partie à quelqu'un d'autre. « Donc soit tu t'es faufilé dans la pièce au moment où on s'embrassait pour ensuite te planquer sous le piano soit... » Je m'interromps puisqu'il accuse les murs, moi qui pensait que la moitié des candidats étaient trop émécher pour remonter au rez-de-chaussée tant pis, on ne m'y reprendra plus. « C'était pas une vitre, j'suis passé à travers un pare-brise, blessures superficielles. » Oui bon d'accord, ça reste du verre, mais quitte à lui offrir cette information autant être relativement précis j'trouve, aucune chance que cette information ne filtre ici, mais on n'est jamais trop prudent, j'suis sûr qu'un jour on retrouvera quelqu'un l'oreille collé contre la porte.

Oui, bon, alors, s’il n’a aucune cicatrice d’œuvre chirurgicale, la tumeur au cerveau est a rayer de la liste des suspects, à moins qu’elle ne soit pas opérable, et là c’est une autre histoire. Cela dit, le champ des autres possibilités est immense. D’un simple et tout petit détail peut découler une multitude de résultats ou, au contraire, de causes. Son secret est-il lié à un résultat ou à une cause ? Cette question a son intérêt, croyez-moi. Je poursuis donc mon investigation, cherchant à déterrer une information stockée il y a un moment dans mon cerveau, et entendu au détour d’un couloir. Sauf que j’aurais mieux fait de fermer ma gueule au lieu de parler sans réfléchir et jeter la suspicion sur Sixtine. Comme si elle allait s’éclater à me refiler ses infos. Haha. Non, vraiment pas. Je crois même qu’elle doit, en ce moment même, se trouver derrière la porte, prête à me sauter dessus pour m’égorger dès ma sortie. Connor, techniquement, j’ai pas le droit de le buzzer. Elle ne me l’a jamais dis ouvertement, mais ça coule de source… Et là, je percute. Ne suis-je pas entrain de faire une connerie, là ?! Et voilà, qu’en prime, je me dois rassurer Connor vis-à-vis de la fiabilité de Sixtine. Pas sûr d’être dans mon rôle, là. « Je pense que si je vous avais choppé entrain de vous embrasser, ma première réaction n’aurait pas été de me planquer sous le piano des fois que tu te mettes à balancer des indices, mais plutôt de partir en hurlant avant de supplier pour qu’on me brûle les yeux à l’acide. » Syssoï, tout en finesse et délicatesse, absolument pas dans l’exagération, le tout ponctué par le sourire de base, celui avec le petit éclat de brillance sur la dent. Rapide mais éblouissant. Enfin dans ma tête ça donne ça, parce que dans la réalité je crois que ça ressemble plus à un rictus qu’autre chose. « Bon, alors, un pare-brise. D’accord. Accident volontaire ou involontaire ? » On ne sait jamais, faut pas oublier l’IRA quand même.