J'suis pas sûr de bien comprendre pourquoi il sourit, mais à vrai dire, ça m'importe peu. C'est peut être une tactique pour me déstabiliser. Ouais non, puisque de toute évidence ça ne fonctionne pas. J'vais pas m'attarder là dessus puisque de toute évidence, y'a rien à chercher. Déjà il me pose de nouvelles questions. « J'ai eu un accident de voiture violent avec tout ce que ça implique, quelques fractures costales, pneumothorax, entre autre... » Je n'allais pas faire l'inventaire de toutes mes blessures puisque de toute évidence, ce n'est pas important, la preuve j'suis là face à lui, en bonne santé, alors ouais c'était parfaitement superficiel à mes yeux. J'écoute la suite, sa théorie, en hochant la tête légèrement. « Je le suis à mes yeux, "miraculé". C'est un miracle à mes yeux d'être sorti indemne de cet accident de voiture, mais de là à en faire un intitulé de secret j'suis septique. J'dois pas être un cas isolé. » J'voudrais pas lui faire de la peine, ruiner toutes ses théories ou quoi que ce soit. Je me conte seulement d'être honnête et de lui faire part de mon avis sur le sujet.

Il a clairement tendance à minimiser les choses. Quelques fractures costales, pneumothorax, entre autres… Comme tout ceci était très anodin. Mouai, bien sûr mon grand, ça m’arrive tous les quatre matins, figure-toi. Puis c’est le terme même de « miraculé » qu’il s’emploie à réduire à rien du tout. C’est un miracle à ses yeux d’être sorti indemne de cet accident, mais ça ne constitue pas un fait assez important et atypique pour en faire un secret. « Cela dit, tout dépend de combien de temps tu es resté dans le coma… » je lance, l’air de rien, en balançant le bras comme on jette une idée. « Ou bien même s’il s’agit d’une EMI… » Expérience de Mort Imminente. Ça renforce un tantinet le terme « miraculé », non ? Enfin, à mon sens oui. Je n’ai posé, techniquement, aucune question, mais encore une fois je compte simplement sur ses absences, ou non, de réponse pour m’orienter vers mon but.

J'arque légèrement les sourcils lorsqu'il évoque un éventuel coma. Oh maintenant j'suis tombé dans le coma, les théories semblaient changer de minutes en minutes. « Ca ne va pas forcément de paire, tu sais. » Et puis ensuite il évoque une EMI. « Oui bon là c'est sûr que revenir d'entre les morts c'est nettement plus intéressant pour le public, sauf que tu te trompes sur toute la ligne. » Il est intimement persuadé que mon secret est une conséquence directe de mon accident. Je ne peux pas le blâmer, non seulement la conversation a été centré là dessus depuis le début mais en plus, il a été particulièrement violent. Oui donc quoi que j'dise il a l'air plutôt sûr. « T'es conscient que c'est moi qui amené à me poser des questions sur mon accident ? Tu te dis pas que j'ai agit comme ça pour t'éloigner du réel sujet ? » Simple question tout à fait anodine, puisque ça ne semble pas le déranger outre mesure. Je gratte légèrement l'arrière du crâne avant de reporter mon regard dans celui de Syssoï et puis je cale à nouveau ma tête contre la paume de ma main, ça semble ralentir le processus de la migraine.

Et voilà, je me trompe sur toute la ligne, selon ses propres dires. Mais quelle ligne au juste ? Celle du coma, ou bien celle de la mort imminente ? J’en ai d’autres en stock, mais je crois que je préfère ces deux-là, qui, en plus peuvent être relativement cumulable. « Tu n’as donc jamais été dans le coma ? » je lui demande en occultant volontairement la deuxième hypothèse pour une raison bien précise. Malgré tout, il enchaine, prétextant, non sans un certain aplomb, que c’est lui qui m’a conduit sur cette piste là, et que je devrais éventuellement m’interroger à ce propos. Je ne suis pas d’accord avec lui, d’une part parce qu’il a cherché à esquiver ce sujet en tout début de conversation, et que je n’y suis revenu que bien après, et d’autre part parce que… « Et donc ? Quel serait ton but en m’avouant tout ça ? Détruire ta si machiavélique stratégie pour que je revienne sur la bonne piste ? » J’hausse un sourcil, perplexe. Non, je ne crois pas. Pas même une manipulation visant à me laisser croire, par cette répartie, que je suis sur la bonne piste sans y être. C’est pas tellement Connor ça. Après, je peux me tromper.

Finalement je me mets à sourire à mon tour, j'reste silencieux un moment, après qu'il m'ait posé la question concernant un éventuel coma me concernant. J'ouvre la bouche puis la referme. J'crois mes bras contre ma poitrine, et l'observe. « Tu tiens sincèrement à avoir une réponse honnête de ma part ? » Oui bon techniquement je la lui avais donné cette réponse, et j'en étais pleinement conscient, mais peu importe. C'est qu'un détail de toute évidence. Il m'accuse, enfin le mot est peut être un peu fort, d'user de machiavélisme pour le conduire sur une autre piste. Je secoue la tête négativement. « Quelle stratégie, j'suis pas du tout stratège voyons, je te raconte des trucs compromettant depuis tout à l'heure. Non j'suis seulement entrain de t'informer rien d'autre... » Je souris de plus belle. De toute façon, ce n'est pas comme si j'allais pouvoir l'influencer d''une quelle conque manière, Syssoï c'est pas le genre de type à qui on peut faire gober n'importe quoi. Enfin c'est ce que j'pense, j'pense même qu'il sait très bien où il va depuis plusieurs minutes.

« Non, non, je préfère que tu me répondes que tu es le fils caché de Mickey et que le seul coma que tu connais c’est celui de cette connasse de Blanche-Neige, qui était éthylique, entre nous soit dit... » J’annonce avec sérieux et impassibilité, mes sourcils formant une ligne droite au-dessus de mon regard, témoignant de mon addiction au fameux dicton «question con, réponse con.». J’ébauche un sourire auquel je ne peux résister, puis j’ajoute. « Oui, j’y tiens. Je tiens à ce que tu me répondes “non, je n’ai jamais été dans le coma” en toute honnêteté si c’est de l’ordre du possible, ou alors que tu ne me répondes pas du tout... » Il repart alors sur la stratégie de stratégie stratégique. Tellement tordu, son truc, que ça me forcerait presque à lâcher un rire. Selon lui, il n’a aucune stratégie. Mais bien sûr. Et pour preuve, il balance des trucs compromettants depuis tout à l’heure. Ouai, à moins qu’il fasse semblant de se faire arracher des informations qui n’en sont pas, ou qui en sont mais pas du tout sur son secret. Un peu comme moi et la mort de Julia... C’est un secret, oui, mais pas celui qui m’a fait entrer ici, par exemple. « Tu m’informes de quoi ? Que tu as fait exprès de ne pas répondre à certaines questions pour que j’insiste et creuse à deux mètres du cadavre sans jamais tomber dessus ? » C’est plausible, mais ça m’étonnerait de Connor... Il est intelligent, pas fourbe. Nuance.

Question con réponse con, ceci dit cette réponse en était une à mon sens, mais visiblement elle ne lui suffisait pas. J'ai envie de rire comme un con face à sa référence, ouais Disney faut quand même le faire. Ceci dit j'crois que j'suis d'accord pour Blanche-Neige, faudrait que j'pense à le dire un de ces jours. Ensuite, j'ai le droit à une réponse qui m'intéresse davantage. « D'accord, j'dis rien dans ce cas... » Enfin si j'venais de parler techniquement seulement je n'avais pas démenti puisque de toute évidence, je n'aurais pas été honnête alors à quoi bon. Autant lui donner ce qu'il voulait, peut être qu'il lâcherait l'affaire. Ou pas visiblement, peu importe. Je ne peux pas m'empêcher de sourire face à sa dernière remarque. « Tu penses à ce point manipulateur ? Avec toi ? » Ouais bon, c'était bizarre, surtout que je venais presque d'affirmer le contraire, je ne souriais plus, j'avais retrouvé tout le sérieux dont j'avais pu faire preuve jusqu'à maintenant, impassible, totalement inexpressif.

Il ne dit rien. Enfin si, il dit qu’il ne dira rien. Techniquement, ça veut dire que je suis dans le vrai. Techniquement seulement, parce que ce serait un peu comme me fournir son secret sur un plateau d’argent, et c’est pas trop le but du truc. Mais peut être aussi qu’il se doute que je suis déterminé et qu’il ne pourra plus rien faire pour tenter de me faire changer d’avis. Pourtant, un doute subsiste... Un bon gros doute... J’sais pas... Un coma ? Vraiment... Il me perturbe aussi avec ses pseudos manipulation, prétendant me manipuler avant de s’offusquer légèrement que je puisse le traiter, ironiquement de manipulateur. « Non, justement, je ne te pense pas manipulateur. Je pense que tu es venu ici avec une certaine stratégie te permettant de protéger au maximum ton secret, sans avoir à mentir... Et je pense que ce qui te fais chier, ce sont mes questions précises qui t’obligent soit à répondre par le mensonge, soit à me fournir la réponse en ne répondant pas. » C’est la seule manière de réellement «piéger» un mec honnête comme lui et moi. Enfin, honnête, ça dépend face à qui. Parce que je me souviens n’avoir eu aucun scrupule à mentir à Lhoas, trop proche de mon secret. « Dernière question : ton secret est-il lié au coma ? » Oui, c’est fourbe. Mais c’est ma dernière question, aussi.

Je l'écoute me donner sa théorie, et tente de rester impassible essayant de ne rien laisser transparaître, afin d'être sûr qu'il ne découvre rien du tout. J'voudrais pas qu'il pense avoir mis le doigt sur ma stratégie si stratégie il y a. Ouais parce que rien n'indique que j'en ai une. Oh tiens, douleur persistante, j'ferme un oeil. Ca va passer. J'inspire. Ouais, bof, j'vais faire avec au pire. Comme si j'avais le choix. « J'ai l'impression de m'être analysé par mon psy ça fait peur. » Et plus je l'aimais pas du tout ce type, alors c'était pas forcément un truc sympa. Quant à la question, il s'agissait vraisemblablement de la dernière mais j'crois bien qu'il l'avait évoqué au moins deux fois déjà alors j'ai décidé de ne pas en tenir compte, surtout qu'il changera peut être d'idée à la suite de ma réponse. « huum, non. » C'est bon, on peut sortir ou pas ? J'regarde en l'air comme si Cupidon allait débarquer du plafond, n'importe quoi, c'est pas de ma faute sa voix est aérienne alors ça doit être un réflexe ou pas.

Ok, donc soit il se fout de ma tronche, soit sa migraine le rend passablement incohérent, soit le coma n’a absolument rien à voir avec son secret. Mais dans ce cas-là, je ne comprends pas pourquoi il se refuse à m’en parler. Si ce n’est pas son secret, il ne devrait avoir aucun mal à admettre ouvertement qu’il est bel et bien sortit d’un coma, qu’importe sa durée... Il essaye de m’embrouiller ? C’est réussi. Du coup, ce qui devait être ma dernière question ne l’est plus. Tant pis pour toi, cowboy. « Bien, alors y a quelques minutes, tu m’as accusé de ne pas avoir posé les bonnes questions concernant tes blessures, laissant entendre que seules les blessures thoraciques étaient superficielles, bien que je ne trouve pas, mais qu’il y en avait eu d’autres, plus graves, obligeant à un séjour prolongé à l’hôpital... Donc je t’écoute, boy-scout... Un trauma crânien, peut être ? » Oui, je reste sur mon idée de coma, tout de même, et celle d’un truc au cerveau. Même si clairement, maintenant, je ratisse large.