Mon arrivée dans ce parc avait été des plus bruyantes. Mais je ne me serais pas exclamé de la sorte si je ne m'étais pas retrouvé déguisé en clown, qu'on se le dise. J'avais quand même un minimum de conscience pour saisir que ce genre d'entrées étaient franchement ridicules et remarquables. Mais ridicule je l'étais dans ce costume. On pouvait néanmoins en dire autant de Tweedy, qui avait elle aussi écopé d'un affreux déguisement de clown. Ce qui me choquait le plus en fait, c'était les collants. Noires à rayures rose - ou rose à rayures noires, difficile à dire. « T'as vraiment l'air d'un clown, comme ça ! » Roh comment elle était hilarante la petite Tweedy, ma parole ce rôle était vraiment fait pour elle hein. Hum. « Ha ha ha. Que tu es drôle alors. », rétorquais-je sur un ton monotone et dans l'indifférence la plus totale. Non je n'avais pas laissé mon sens de l'humour au vestiaire, mais avouez qu'on avait vu plus marrant. Justement marrant, j'allais l'être moi. « Dis-moi, t'as bouffé un clown ce midi ? » Hi hi hi. La demoiselle et moi étions visiblement adeptes des jeux de mots faciles. « Où sont les autres ? » Qui les autres, quoi les autres ? Nos amis les clowns, probablement. Je jetai un coup d'œil à droite, puis à gauche. Ah, il me semblait apercevoir deux autres spécimens de notre espèce un peu plus loin. « Là-bas il me semble. », fis-je, en désignant Hamad et Evadne d'un mouvement de menton. Ne comptez pas sur moi pour aller les voir, j'avais juste la flemme de bouger mon cul. Soudain, London se fit à la fois voir et entendre, comme sortie de nulle part à vrai dire. « Si tu veux, je peux le faire disparaître. Je pense que je rendrais service à tout le monde. » London c'était qui déjà ? Ah oui, ma première conquête. Mouais, pour preuve qu'elle ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable. « Mmmm, j'ai comme un doute concernant ton costume. Y'a pas de prostituées au cirque, alors tu dois être magicienne. J'ai bon ? » Avouez qu'elle ressemblait à une putain des bordels de l'ancien temps. Et éventuellement à une magicienne, oui, de dos, dans la nuit et derrière un rideau peut-être. Que de taquinerie ce soir, hein.

Nous voilà Elise et moi devant les escaliers en train de chercher une solution. Nous étions par la même occasion en train de bloquer le passage aux autres candidats. J'en avais strictement rien à faire, au lieu de nous regarder comme des bêtes de foire, ils feraient mieux de nous donner un coup de main. Mais apparemment ça n'était pas dans leur objectif. Cupidon, enfin la production, n'avait pas une fois de plus épargné la soirée. C'était tout dans le détail, jusqu'aux animaux en peluche.. enfin un lion en peluche c'est pas très crédible tout de même.. mais faut pas croire, je ne pense pas qu'on sera entourés de cages dans le parc avec des vrais chevaux, des vrais lions ou encore des vrais éléphants. Les peluches feraient l'affaire ce soir. Enfin, pas le temps de réfléchir à ça qu'Elise comment par descendre une première marche. Mon dieu, mais dans quelle affaire j'avais encore été mise? Sérieusement j'avais le don d'être toujours très bien servie. (ironie.) «Tu sais descendre des escaliers à reculons, toi ?» bonne question. Je crois que je ne l'avais jamais fait. Mais bon, j'avais comme un airbag.. Elise. C'était le moment de tester. «Je crois toute manière qu'on a pas vraiment le choix.» il n'y avait pas d'ascenseur, ni même de tobogan. Je m'accroche donc à la rampe, depuis toute petite, je suis plutôt de nature sportive et très peu peureuse, mais là, la situation était différente, et je n'étais pas entièrement rassurée. Bon si on y allait doucement, ça irait surement? «de mon côté c'est bon.» l'informais-je rapidement au milieu de l'escalier. Bizarrement nous avions un sens de coordination innée t'sais. «merde, on a oublié nos chapeaux.» je m'en doutais, ça aurait été trop beau pour être vrai. Franchement, si j'avais pas mon chapeau ce soir ça n'étais pas un drame.. surtout quand tu vois le temps que ça prend pour descendre dix marches. À ce rythme-là on allait louper la soirée. Bon.. dans l'fond est-ce si grave que ça?

Être un clown, c'était plutôt amusant. Ou disons que ça aurait pu être pire. Okay, il est vrai que ça n'était pas le costume le plus glamour qui puisse exister, mais tout de même, Tweedy estimait avoir une certaine classe dans cette tenue improbable et aux couleurs qui l'étaient tout autant. N'était-elle pas tout simplement à croquer ? Ouais, en même temps, on s'en foutait très légèrement, non ? Ouais, clairement. A peine arrivée dans la pièce, Tweedy n'avait pas tardé à repérer un autre clown. De ce qu'elle pouvait voir, il s'agissait d'ANDREAS. Oui, après vérification, c'était bien lui. Naturellement, la jeune femme s'était approchée du jeune homme et avait alors entamé une discussion avec ce dernier. Bien entendu, ce fut pour elle l'occasion de tenter un peu d'humour. Mais bon, l'humour de Tweedy était ce qu'il était, à savoir, assez médiocre. Mais elle assumait, hein, soyez en sûrs. Ainsi donc, la jeune femme se permit une sorte de petite blague qui, naturellement, n'était pas aussi drôle qu'elle avait semblé l'être dans son esprit. C'est ballot. Évidemment, ça ne fit pas rire Andreas. Pas tellement étonnant, en même temps, vu qu'il semblait rire quand il se brûlait, ce clown. « Je sais, drôle est d'ailleurs mon deuxième prénom. » Mais bien sûr, on y croit tous, évidemment. Mais voilà que le jeune homme tenta à son tour un trait d'humour qui, étrangement, parvint à amuser la jeune femme. « Non, mais tu me tentes bien, tu sais » fit-elle, se léchant bêtement les babines. Mouhaha. Mouha ... Mou ... Bref. Finalement, Andreas désigna HAMAD et EVADNE, qui se tenaient un peu plus loin. « J'espère qu'ils auront la bonne idée d'approcher, histoire qu'on puisse mettre l'ambiance. » Bah ouais, lâcher quatre clowns et vous obtenez forcément un truc de folie. Non, attendez, un truc de fo-lie ! Ouais. Quelques instants plus tard, l'une de leurs camarades, visiblement LONDON, débarqua et s'adressa à Tweedy. Cette dernière ne manqua pas de s'en amuser, d'ailleurs. « Non, pour le moment ça va, il est supportable. J'espère qu'il va le rester. » Sinon, elle ferait effectivement appel à London pour le faire disparaitre, c'était certain. Andreas commenta alors la tenue de la jolie blonde. Roh. « Arrête, elle est très jolie dans cette tenue. Non, d'ailleurs, elle est très jolie dans n'importe quelle tenue. » Tweedy, ou l'art de se rattraper, hm.

Dès que j’ai entendu le terme «magicien», j’ai commencé à me tracer une cicatrice en forme d’éclair sur le front avec enthousiasme -bien que j’eusse hésité un moment entre Ron et Harry-, mais en voyant le costume qui m’était attribué, j’ai vite compris l’erreur. Prestidigitateur. C’est ça, le terme exact, pour définir le personnage de cirque que je suis censé interpréter. Ok, aucun problème, je suis juste absolument médiocre en tour de magie, je ne sais même pas battre correctement des cartes, mais c’est pas grave. On aurait pas pu me refiler le rôle de dresseur de fauve ? Parce que ça, j’connais, je pratique même depuis plusieurs années. Cela dit, se faire passer pour ce qu’on est pas, c’est un peu notre métier à chacun depuis qu’on est entré dans le nid, non ? Je dois bien pouvoir me faire passer pour un prestidigitateur le temps d’une soirée. J’enfile mon costume de lumière, et je descends rejoindre les autres dans le parc. On se croirait dans les coulisses d’un vrai cirque, chacun y allant de sa petite répétition générale, de manière plus ou moins... Aboutie. « Attention, rien que pour vos yeux, et sans aucun trucage, je vais vous faire apparaître un lapin !! » je scande à l’attention générale, avant de sortir un serre-tête “oreille de lapin” de mon dos, pour le coller sur la tête d’Hamad que je désigne de mes bras tendus, drapé dans mon aura de mystère à chier. « LAPIN !!! » et je dégage, aussi vite que je suis apparu, pour aller renifler les verres mis à disposition... Pas de sangria ? J’fais gaffe maintenant.

Si je suis magicienne, je peux faire disparaître tout ce que je veux et n’importe qui, pas vrai. Enfin, si tout cela était vrai. Mais le but de ces soirées est de bien évidemment ce prendre au sérieux et croire en notre personnage et c’est ce que je fais, en ce moment, en proposant à Tweedy de faire disparaître Andreas pour l’en débarrasser.« Non, pour le moment ça va, il est supportable. J'espère qu'il va le rester. » Je laisse échapper un rire léger alors que je croise les bras en les regardant tous les deux. « D’accord, mais si jamais il devient chiant, et on s’entend que cela risque d’arriver, tu sais qui venir voir... » dis-je tout bas, mais assez fort pour que le principal concerné comprenne. Évidemment, monsieur ne peut pas tolérer ma réplique et me fait aussitôt volte-face. « Mmmm, j'ai comme un doute concernant ton costume. Y'a pas de prostituées au cirque, alors tu dois être magicienne. J'ai bon ? » Je souris encore un peu plus. Il pense me blesser en disant ça ? Surement pas non. J’ai même l’impression que c’est de l’humour. « Pute de cirque alias la magicienne, pour te servir, oui. Faut bien une pute pour assouvir les désirs des clowns qui sont incapable de s’envoyer en l’air autrement... » dis-je en passant ma main sur son bras, comme si je faisais preuve de compassion. Est-ce que je suis entrain de confondre la réalité avec la mise en scène de cette soirée. Il se pourrait bien, oui. « Arrête, elle est très jolie dans cette tenue. Non, d'ailleurs, elle est très jolie dans n'importe quelle tenue. » Je me retourne vers la demoiselle, me demandant si ça réplique est sarcastique ou non. Enfin, pour ce que ça change, je vais prendre le compliment, si s’en est un. « Y’a encore des personne gentille sur cette terre. » Et je n’en faisais pas partie, me dis-je mentalement.

Une contorsionniste, sérieusement ? La production a fait exprès après ma prestation dans la salle de sport, ou bien elle tente simplement de m'éliminer. Il faudra que j'en parle à Adie, encore un signe que l'on veut s'en prendre à moi. J’observe longuement ma tenue avec une certaine perplexité. J’ai l’impression qu'elle ressemble à un glaçon lumineux, mais peu importe, je vais bien trouver comment l’améliorer. Je me glisse donc dans ce justaucorps digne d’une patineuse artistique, un petit short en jean sous la jupette, puis j’enfile un gros blouson matelassé que j’ai déniché dans un placard pour recouvrir le tout. D’ailleurs, je me demande s’il n’appartient pas à un candidat masculin étant donné la marge de manœuvre dont je dispose. Je me rends dans le parc, hésitante, m’apprêtant à me trouver confronter à un cracheur de feu, des colombes, un éléphant, mais rien de tout ça. Simplement quelques peluches, des magiciens de pacotille, et mes collègues qui remontent le niveau. Je m’aventure vers Laoise et Nora, les interpellant. « Moi qui me demandais où étaient les meilleurs costumes. Merci du cadeau ! » Je les taquine en souriant timidement, resserrant mon manteau d’hiver en ne m'apercevant pas que je les interromps en plein spectacle. N’en pêche, le leur est tout de même plus couvrant. Je me demande ce que les autres vont avoir trouvé, parce que sincèrement il ne restait rien d’alléchant. Finalement je m'écarte en comprenant qu'elles sont sur le point d'éblouir la foule, me rapprochant du clown (ANDREAS) de la soirée. « Tu me fais rire ? J'en ai besoin là. » Parce que l'humour de Cupidon, il n'est pas tout à fait à mon goût.