Bon allez, il n'est jamais trop tôt pour faire du rangement. C'est en tout cas ce que se répétait sans cesse Tweedy. C'est bien simple, sans un minimum de motivation, la jeune femme était bien incapable de faire quoi que ce soit. Ainsi donc, elle tâchait de se persuader de tout faire sur l'instant, sans rien reporter à plus tard. Cela demandait naturellement quelques concessions, quelques aménagements au niveau de son emploi du temps, mais généralement cette méthode s'avérait efficace disons. Ainsi donc, en cette douce matinée, la petite brune s'était rendue dans le dressing, où elle constata bien vite qu'un peu de rangement était à effectuer. Son étagère était plutôt bien ordonnée, mais tout autour, un certain chaos semblait régner. Mais pas de panique, à défaut d'être Monsieur Propre, Tweedy était l'as du rangement. Elle ne supportait pas le désordre, ou très difficilement, alors elle mettait généralement tout en œuvre pour qu'il trépasse. Aujourd'hui, c'est munie d'une grande volonté qu'elle s'était donc attaquée aux rangements du dressing. Mais voilà que soudain, quelqu'un crut bon d'entrer. Niveau timing, ça ne l'arrangeait pas du tout à vrai dire. « Non, pitié, pas maintenant. Je suis en plein rangement, je me motive coûte que coûte pour ne pas aller m'affaler sur mon lit, alors s'il vous plait, repassez plus tard. Ayez pitié de moi. » Voilà, avec ça, tout intrus devrait quitter les lieux dans la seconde. Enfin, tout dépendait encore de celui auquel elle avait à faire ici, bien sûr.

Putain de chiotte. C'était trop demander à mon chocolat chaud de rester dans sa tasse, hm ? Ouais, je buvais du chocolat chaud à plus de quinze heures, et c'était quoi le soucis ? Bah je vais vous le dire, moi : le soucis, c'est que je venais de me tâcher comme un gros dégoûtant. Une très belle tâche de chocolat sur une chemise claire, ça ne pardonnait pas. Ainsi donc j'abandonnais mon chocolat chaud sur la table du salon pour me rendre à l'étage, jusqu'au dressing. Mais à peine avais-je posé un pied à l'intérieur de celui-ci que déjà la douce voix de la Tweedy - reconnaissable entre milles - se faisait entendre. « Non, pitié, pas maintenant. Je suis en plein rangement, je me motive coûte que coûte pour ne pas aller m'affaler sur mon lit, alors s'il vous plait, repassez plus tard. Ayez pitié de moi. » Alors déjà, je pouvais en placer une ou bien ? Non parce qu'elle nous sortait un monologue tout fait, mais moi en attendant j'aurais bien aimé la couper histoire de lui faire comprendre que ça n'était que moi et que, par conséquent, elle ne pouvait que se réjouir de ma venue dans ce dressing. Bah oui, forcément, dès que je me pointais quelque part, je redonnais le sourire à quiconque se trouvant sur ma route. Si ses paroles étaient censées me faire rebrousser chemin, il n'en fût rien. Au contraire, je m'approchai de la petite Tweedy, jusqu'à me placer sur le côté, près d'elle. « En effet c'est le bordel. Mais t'as qu'à pas être si bordélique. Donc j'ai pas pitié de toi. » Et je ne m'en excuserais pas, soyez-en surs ! Elle avait qu'à mettre de l'ordre bien plus tôt dans son armoire. Moi la mienne était impeccablement bien rangée, mais tout le monde s'y attendait un peu me connaissant. « Je venais changer de chemise. J'me suis dégueulassé comme un porc, y'a de ça trois minutes je dirais. Hm. Tu crois que pour l'audimat ce s'rait mieux que je me trimballe torse nu ? » Quelle question, bien sur que oui ! Ouais, je sais, je l'emmerdais alors qu'elle se faisait violence pour ne pas laisser cette histoire de rangement en plan. Oui mais voilà, je m'en foutais moi. Et puis je ne pensais qu'à ma jolie petite gueule, c'était pas nouveau ça. Et ranger n'avait jamais empêché personne de répondre quand on lui parlait. Qu'on se le dise.

Oh non, pas lui. Excusez Tweedy d'avoir ce genre de pensées, mais pour le coup, elle n'avait pas tellement envie de supporter Andreas. Remarquez, cela aurait probablement été la même chose avec n'importe quel autre candidat, mais disons qu'avec lui ça risquait d'autant plus de l'importuner qu'il s'agissait d'un jeune homme quelques peu entreprenant, dans le sens où il aimait qu'on le remarque. Ainsi donc, Tweedy craignait déjà le pire. Pourquoi avait-il fallu qu'Andreas passe la porte du dressing justement quand Tweedy était un tant soit peu motivée pour y faire du rangement, hein ? Vraiment, à force, la jeune femme allait finir par croire que le sort s'acharnait sur elle. Loin de Tweedy l'intention de se victimiser, mais il est vrai que rien n'était facile pour elle en ce moment. Sa relation avec Finnick devenait de plus en plus incompréhensible, tout ce qu'il y avait autour n'était pas mieux, et maintenant qu'elle avait perdu Ezéquiel, alors qu'elle se savait en bonne voie pour lui faire prendre conscience de certaines choses, elle se retrouvait de plus en plus seule. Et franchement, pour quelqu'un qui appréciait la compagnie des autres autant qu'elle appréciait la nature et les animaux, ça n'était pas un constat agréable. Quoi qu'il en soit, Tweedy osait maintenant espérer qu'Andreas ne s'éterniserait pas ici, ou du moins, qu'il lui ferait le plaisir de ne pas la déranger pendant son rangement. Sauf que bien évidemment, s'agissant d'Andreas, c'était peut être beaucoup espérer, hm. Le jeune homme s'approcha alors de Tweedy, lui adressant une remarque qui ne put que la faire soupirer. « Je ne suis pas bordélique. Je n'aime pas le désordre. Par contre, je prends le temps de ranger ce qui ne m'appartient pas, simplement parce que la simple idée que quelqu'un puisse être dérangé par tout cela m'horripile, si tu veux savoir. » Non parce qu'à l'entendre, on jurerait que Tweedy était tout à fait en tort et qu'il était parfaitement normal qu'elle se tue à ranger tout cela. Et bien non. La révélation que lui fit ensuite son camarade la fit tout juste arquer un sourcil. C'était ... tellement intéressant. « Comment est-ce que tu as fait ton compte ? » demanda-t-elle, pourtant sans la moindre curiosité. Puisqu'il était là, autant parler, non ? « Très honnêtement, fais comme bon te semble. Je ne doute pas que certains téléspectateurs raffolent de ce genre de visions. J'aime néanmoins penser que ce n'est pas le cas de la majorité d'entre eux. » Mais ça, ça n'était naturellement que son avis, hm. Et elle pouvait se le garder, c'est ça ? Hum.

Elle allait vite ravaler ses paroles une fois qu'elle se serait rendue compte de ma présence ici. J'avais l'habitude d'éblouir tout mon monde quand je me pointais. C'était pas un super pouvoir, pas non plus une faculté. J'étais fait comme ça, voilà tout. Ainsi donc j'avais fait mon entrée dans ce dressing alors que Tweedy semblait ne vouloir être dérangée par personne. Oui mais puisque c'était moi, je ne la dérangerais pas. Elle pouvait rêver, par contre, pour que j'aie pitié d'elle. Attendez, personne lui avait demandé de se foutre à quatre pattes pour ranger tout ce bordel hein. Et puis elle avait qu'à être mieux ordonnée, voilà tout. « Je ne suis pas bordélique. Je n'aime pas le désordre. Par contre, je prends le temps de ranger ce qui ne m'appartient pas, simplement parce que la simple idée que quelqu'un puisse être dérangé par tout cela m'horripile, si tu veux savoir. » Et donc elle foutait ses petites mains dans les affaires des autres, pour... rendre service, je présume. Encore une fois, personne n'avait été chercher après elle pour qu'elle s'y colle, hein. « Non, je tiens pas forcément à savoir. Tant que tu touches pas à mes affaires, j'y vois rien à redire. » De toute façon elle n'aurait rien à y foutre, vu que tout était impeccablement bien rangé de mon côté. Et puis toute intrusion dans mon espace personnel était passible de terribles sanctions. Elle était prévenue. Mais je venais pas parler ménage avec elle - initialement, je venais me changer. J'avais une putain de tâche sur ma chemise, comme elle pouvait le voir. « Comment est-ce que tu as fait ton compte ? » Mais j'y étais pour rien moi ! La tâche s'y était foutue toute seule. « J'sais pas. Disons que je suis sujet à pas mal de merdes depuis mon arrivée ici. Y'avait un poisseux la saison passée je crois. Cherche pas, ce doit être ça. » Ouais un blond, moins beau, moins grand et plus poilu que moi. Finaliste, même, il me semble. Bref. S'il m'avait communiqué sa poisse, si à cause de lui je virais maudit, raaaah. Mais, entre nous, ne serais-je pas tout simplement mieux torse nu ? Pour l'audimat, ce serait un plus il me semble. « Très honnêtement, fais comme bon te semble. Je ne doute pas que certains téléspectateurs raffolent de ce genre de visions. J'aime néanmoins penser que ce n'est pas le cas de la majorité d'entre eux. » Pas le cas de la majorité d'entre eux ? Mais ma petite Tweedy, tu parlais sans savoir là. « La majorité d'entre eux, ce sont des minettes. Et les minettes, elles veulent voir du beau gosse, du muscle, de la chair. J'vais donc leur faire ce plaisir. » Le contraire n'aurait pas été me montrer digne de moi. J'entrepris alors de retirer ma chemise tâchée, jetant celle-ci au sol et restant torse nu devant la Tweedy. Je ne m'attendais à aucun affolement de sa part - les beaux et grands mecs, c'était pas trop son truc. Fallait voir avec qui elle fricotait, quoi, pour s'en rendre compte.

Naturellement, Tweedy ne pouvait concevoir de laisser un tel désordre en l'état. Il serait même particulièrement gonflé de sa part qu'elle ait remarqué ce bazar sans avoir l'intention d'y remédier. Ignorer ce genre de choses et laisser les autres se démerder avec, ça ne faisait clairement pas partie de ses valeurs, vous savez bien. Ainsi donc, pas tellement étonnant que la jeune femme ait commencé à mettre un peu d'ordre dans tout ce qui d'après elle n'était pas à sa place. Parce qu'excusez-la mais que faisaient donc ces drôles de chaussettes sur le sol ? Et pourquoi cette chemise d'homme se trouvait au milieu d'une pile de vêtements de femme, hein ? Vraiment, beaucoup de choses clochaient par-ci, par-là et Tweedy comptait bien agir. Mais bien entendu, maintenant que ce cher Andreas était à ses cotés, ce serait bien moins aisé d'opérer tranquillement. Pour autant, elle ne comptait pas laisser la présence de son camarade nuire à sa grande motivation. Ah ça non. Lui parler, elle pouvait très bien le faire en même temps que de ranger, après tout. Multifonction la Tweedy, tout simplement. Andreas semblait en tout cas s'inquiéter du fait que Tweedy puisse être tentée de toucher à ses affaires. « Ah, c'est drôle que tu en parles, parce que justement, je viens de jeter une douzaine de chemises un peu douteuses, que je soupçonnais d'avoir été conçues dans d'étranges conditions ... Elles ont donc rejoint les nombreux blousons que j'avais déjà mis à la poubelle, bien sûr. » Bien entendu, et il serait dingue que quiconque la prenne au sérieux à cet instant précis, Tweedy faisait marcher Andreas. Comme si elle était capable de malmener les affaires d'autrui, hein ... Bon et sinon, comment Andreas avait-il fait son compte pour tâcher sa pauvre chemise, hein ? Bonne question, hm. « Mon pauvre chéri. Hm, un poisseux lors de la saison passée tu dis ? Je ne vois pas trop de qui tu veux parler, mais je te crois. Quoi qu'il en soit, ne t'estime pas malheureux, d'autres dans ce monde le sont bien plus que toi. » Parce qu'il avait renversé une saloperie sur sa chemise, le sort s'acharnait sur lui, c'est bien ça ? Qu'il était drôle quand même. Mais voilà qu'il songeait à retirer sa chemise. Roh, il pouvait bien faire ce qu'il veut, du moment qu'il n'en profitait pas pour faire un numéro de charme à trois francs six sous à Tweedy. « Et elles te sont probablement très reconnaissantes. Dis-moi, pourquoi n'irais-tu pas exposer ton splendide torse devant les caméras d'une autre pièce, hm ? » Juste histoire de la laisser terminer son rangement sans avoir à faire la conversation à un torse musclé, euh ... à un grand blond prétentieux. Vite, qu'il parte.

Ainsi Tweedy fouillait dans les affaires des autres pour, soi-disant, ranger le tout. Autant dire qu'il était juste hors de question qu'elle touche aux miennes, d'affaires. Et je n'avais pas manqué d'être catégorique sur le sujet. Très sérieusement, s'il y avait bien quelque chose qui m'horripilait, moi, c'était bien ça. « Ah, c'est drôle que tu en parles, parce que justement, je viens de jeter une douzaine de chemises un peu douteuses, que je soupçonnais d'avoir été conçues dans d'étranges conditions ... Elles ont donc rejoint les nombreux blousons que j'avais déjà mis à la poubelle, bien sûr. » Mais bien sur, on te croit tous Tweedy. J'étais doté d'un sixième sens - si elle avait touché à mes affaires, je l'aurais su, et croyez bien qu'elle ne serait actuellement plus de ce monde. Non, je rigolais vraiment pas avec ça. Parce que j'avais peut-être des choses à cacher, hein, allez savoir. En tout moi vivant, personne en ce lieux ne serait jamais autorisé à foutre son nez dans mon armoire. Point. Je me contentai d'esquisser un sourire - c'est bon hein, j'avais de suite pigé qu'elle bluffait la demoiselle. En parlant de chemises, justement, la mienne se voulait tâchée et je n'avais d'autre choix que d'en changer. Ça n'était pas le premier incident de ce genre qu'il m'arrivait ici. De là à ce que je sois victime d'une malédiction à cause du grand blond de la saison passée... « Mon pauvre chéri. Hm, un poisseux lors de la saison passée tu dis ? Je ne vois pas trop de qui tu veux parler, mais je te crois. Quoi qu'il en soit, ne t'estime pas malheureux, d'autres dans ce monde le sont bien plus que toi. » Et allez, Mère Thérésa était de retour ! Ah dites donc, ça faisait longtemps. Voilà que Tweedy nous ressortait ses grands discours. « Ouais heu, entre nous, je me fous de la misère des autres. Ce qui m'importe le plus, à l'heure actuelle, c'est de savoir comment éliminer cette tâche de chocolat sans bousiller le tissu avec. » Okay, y'en avait certainement qui crevaient la dalle quelque part sur cette planète, mais qu'est ce que ça pouvait bien me faire ? Le mieux à faire, finalement, c'était peut-être de rester torse nu. Pour toutes les minettes devant leur télévision, notamment. Ainsi donc j'entrepris de retirer ma chemise - la vue que j'offrais maintenant à Tweedy devrait la faire s'évanouir, plutôt que d'avoir à me reprendre à chaque fois pour imposer sa vision des choses. « Et elles te sont probablement très reconnaissantes. Dis-moi, pourquoi n'irais-tu pas exposer ton splendide torse devant les caméras d'une autre pièce, hm ? » Ah mais si je la faisais chier, elle n'avait qu'à me le dire, hein. Vraiment, je me sentais toléré dans cette pièce, un truc de fou. « Pourquoi le faire dans une autre pièce quand je peux le faire dans celle-ci ? » Réponse de choc, non ? En clair, j'avais pas de raison de partir d'ici pour aller me trimballer comme ça ailleurs. « Pourquoi tu dis pas tout simplement que la vue d'un si beau torse te chamboule et que tu ne parviens pas à faire ton rangement correctement du coup ? » Mais oui, qu'elle l'avoue bordel. Elle ne serait que libérée d'un sacré poids.

Okay, Tweedy était une sale petite menteuse. Mais comprenez bien que là, c'était tout à fait justifié. Parfaitement. Si la jeune femme venait de prétendre avoir fichu à la poubelle quelques affaires appartenant à Andreas, c'était uniquement pour lui faire peur et euh ... ouais bon, il est vrai que c'était uniquement pour lui faire peur, mais tout de même, c'était tout à fait nécessaire. Ne cherchez pas à comprendre, hm. De toute manière, le grand blond ne sembla pas croire qu'elle ait pu faire une telle chose, et ne prit même pas la peine de mimer un quelconque effroi. Roh, il aurait pu la laisser espérer qu'elle était crédible au moins. Le saligaud. Par la suite, son camarade lui fit alors savoir qu'il se pensait poisseux parce qu'il avait eu le malheur de tâcher sa chemise. Non mais, rendez vous compte un peu de l'enfer dans lequel vivait ce jeune homme. Le pauvre, vraiment, ça ne devait pas être simple tous les jours. Et le pire, c'est qu'en plus de faire dans l’exagération - domaine où Tweedy était de toute manière la meilleure, haha - voilà qu'Andreas se la jouait sale petite égoïste. Dommage pour lui, Tweedy méprisait tout ce qui avait trait à l’égoïsme. C'était même une chose qui l'horripilait ni plus ni moins. « Dans ce cas, j'espère que les autres se foutent tout autant de toi et de tes horribles problèmes de chemise tâchée ... » Oh et ça, ça venait du cœur, au cas où vous en douteriez. « Et puis, très franchement, que le tissu soit bousillé ou pas, ça ne la rendra pas plus portable, ta chemise ... » Bah quoi ? Andreas ne brillait pas toujours par son sens de l'élégance, la preuve avec cette chemise pas tellement au goût de Tweedy. Bon, il est vrai que cette dernière n'avait aucun conseil à donner d’un point de vue vestimentaire, mais qu'importe. La prochaine réplique de son camarade la fit alors rire de bon cœur, ou disons, rire tout court. « Parce que ce n'est pas vrai. Quand il y a trop de muscles, c'est généralement qu'il manque quelque chose plus haut ... » Attention, elle ne le traitait pas d'idiot. C'était simplement sa manière de lui faire savoir qu'il n'était pas du tout son genre, voilà tout.

La misère des autres... mais je m'en foutais juste royalement moi. Sur l'instant, y'avait que cette foutue tâche de chocolat sur ma chemise qui m'interpellait. Le reste, je le foutais aux chiottes et je tirais la chasse, normal quoi. Hey, ça n'était quand même pas aujourd'hui que j'allais commencer à me préoccuper de mon prochain ou, en tout cas, des plus malheureux sur cette terre. « Dans ce cas, j'espère que les autres se foutent tout autant de toi et de tes horribles problèmes de chemise tâchée ... » Bam, première tacle. Les gens pouvaient bien se foutre de mes problèmes comme je me foutais des leurs. Au moins nous avions là la preuve que tout ceci était réciproque. Là elle me traitait d’égoïste, au cas où vous ne l'auriez pas compris. Je levai les yeux au ciel, préférant laisser courir. « Et puis, très franchement, que le tissu soit bousillé ou pas, ça ne la rendra pas plus portable, ta chemise ... » Re-bam, seconde tacle de la part de Tweedy. Comment ça, c'était ma fête et j'étais même pas mis au courant ? Mais c'était quoi ce pays de couillons ? Et, de vous à moi, je ne voyais vraiment pas ce que la demoiselle reprochait à ma chemise. Bon évidemment, elle était déjà moins portable depuis qu'elle se retrouvait tâchée, en boule et par terre. Mais c'était de la critique gratuite et infondée, à mon sens. Je lâchai un soupire d'agacement. « Oh oui, pardon Tweedy, c'est vrai que t'es une vraie bête de mode toi ! » Non mais regardez-là, on aurait dit une fillette. La demoiselle vivait dans un monde enchanté, à l'image de Michael Jackson et son Neverland. Allo, on était pas dans un Disney. Tout ça pour, au final, ne même pas reconnaitre tout l'effet que je lui faisais. On aura beau dire, elle se trouvait toute chamboulée par mon torse musclé. Qu'elle nous fasse pas un malaise, surtout. Pourquoi ne pas l'avouer, simplement ? « Parce que ce n'est pas vrai. Quand il y a trop de muscles, c'est généralement qu'il manque quelque chose plus haut ... » Youhou ! Troisième et ultime tacle ! Fallait comprendre quoi là, que j'étais parfaitement con, ou que je ne lui plaisais pas du tout ? L'un comme l'autre, ça n'avait rien de bien flatteur. Mais je prenais ça avec le sourire. « L'homme idéal dont tu disais naïvement rêver la semaine dernière n'est autre qu'un gringalet ? Bah dis-moi, ça vend du rêve ça, hein. » Petit clin d’œil pour insister sur l'ironie de mes paroles, en prime. Elle portait plus d'intérêt à l'intelligence qu'au physique, visiblement. Encore une qui n'avait vraiment rien compris.

Cela ne ressemblait absolument pas à Tweedy d'adopter un ton aussi médisant, soyez en sûrs. Mais Andreas, aussi charmant puisse-t-il être à ses heures perdues, avait parfois le don de l'agacer. Ainsi donc, pas étonnant que la petite brune se sente obligée de riposter, de lui adresser quelques paroles peu sympathiques. Elle ne lui en voulait pas nécessairement d'être comme il était, simplement, s'il parvenait à lui faire dire ce genre de choses, c'est peut être qu'il devrait songer à changer d'attitude. Sinon, qu'il ne s'étonne pas d'avoir à faire à une Tweedy de moins en moins sympathique, hm. Quoi qu'il en soit, il est certain que la jeune femme y était allée un peu fort en se permettant de critiquer la tenue de son camarade, et plus généralement son sens de la mode. En fait, elle était très clairement mal placée pour en parler, vu qu'on la soupçonnait souvent de piquer les fringues de sa mère. Donc bon, l’hôpital se fichait peut être doucement de la charité, mais là encore, elle estimait ne pas y aller trop fort non plus. « Je n'ai jamais prétendu ça » fit-elle doucement, dans un haussement d'épaules suite à la remarque de son camarade. Non, elle ne pouvait pas prétendre être une "bête de mode" quand elle se permettait de porter une TENUE comme celui-ci, c'est évident. Ainsi donc, qu'il ne lui fasse pas dire ce qu'elle n'avait pas dit, et ce serait parfait. Par la suite, la jeune femme se permit de faire savoir à Andreas qu'elle n'affectionnait pas nécessairement les hommes trop musclés. Aucun doute que cela plaisait à de nombreuses jeunes femmes, mais elle, ça n'était pas tellement son cas, sachez-le. Ainsi donc, Andreas pouvait toujours courir pour lui faire de l'effet. « Un gringalet, non. Je pense simplement qu'en trouvant un parfait équilibre, on peut obtenir un corps tout à fait plaisant, à savoir ni trop menu, ni trop musclé ... » Voilà, c'était ce genre d'hommes qui lui plaisaient, ceux qui étaient musclés, mais juste comme il faut, et certainement pas quasi bodybuildés comme Andreas ici présent. « Ne prends pas mes paroles pour des critiques, tu sais bien que ça n'est pas foncièrement méchant ... » Parce que son but n'était pas de se le mettre à dos, soyons clairs. Mais ça, il le savait très probablement.

Ma chemise n'était aucunement portable, vraiment ? Et qui se donnait le droit de prétendre une telle chose, s'il vous plait ? Tweedy, vraiment ? Madame je-m'habille-comme-un-sac-et-certainement-aux-puces osait me faire une telle réflexion ? Elle semblait omettre le fait qu'elle n'avait rien, mais alors rien d'une bête de mode la demoiselle. « Je n'ai jamais prétendu ça » Encore heureux, hein. Si ça avait été le cas, laissez-moi vous dire que j'aurais été le premier à me foutre de sa gueule car se trimballer dans une tenue pareille, quand même, fallait oser. Je savais pas qu'un filet de pêche pouvait occasionnellement faire office de haut. On en apprenait tous les jours, vraiment. Ainsi donc les mecs musclés, ça n'était pas trop son truc ? Bah, d'un autre côté ça ne m'étonnait pas vraiment venant d'elle. On voyait direct que ce qui lui plaisait, à elle, c'était les gringalets. Beh, elle n'avait pas fricoté avec Finnick pour rien, j'ai envie de dire. « Un gringalet, non. Je pense simplement qu'en trouvant un parfait équilibre, on peut obtenir un corps tout à fait plaisant, à savoir ni trop menu, ni trop musclé ... » Et donc mon corps à moi n'était pas plaisant ? Du tout ? En fait elle avait juste de la merde dans les yeux, je voyais que ça. Elle était bien la seule à ne pas baver devant un tel dieu ici. « Mince alors, dire que je n'ai pas trouvé mon parfait équilibre. Quelle déception, je sais pas si je vais m'en remettre. » lui signifiais-je, tout en arborant une moue boudeuse totalement fausse. « Ne prends pas mes paroles pour des critiques, tu sais bien que ça n'est pas foncièrement méchant ... » Bah bien sur que je le savais, et je n'étais pas le seul d'ailleurs. On s'en était tous rendus compte lors du prime de dimanche. « Mais oui je le sais, et les autres aussi d'ailleurs. T'es pas au top de la popularité pour rien ma petite Tweedy. Félicitations d'ailleurs. » rétorquais-je en souriant, sincèrement cette fois. Moi je ne pouvais clairement pas en dire autant et me vanter de la place qui était la mienne, mais d'un autre côté je m'en foutais tellement de cette histoire de popularité à la noix. Ils mettaient qui ils voulaient où ils voulaient et puis voilà. Mais quelque part la place de Tweedy, à savoir la number one, n'était carrément pas volée. La petite choupette était douce comme un agneau. « On parle, on parle... et ton rangement ? » Il n'allait certainement pas se faire tout seul. Ouh je voyais déjà son regard. Nan, oublie de suite petite Tweedy, pas question que je t'aide à ranger tout ce bordel. Qu'elle ne nous fasse pas croire qu'une telle idée ne lui avait pas une seconde traversé l'esprit.