Je ne réponds pas à Nora, j'attends juste ces foutus résultats pour me barrer ensuite. Je veux juste qu'Hamad reste, et après, je m'en fous. Sive reste, tant mieux pour elle, London part. Prévisible j'ai envie de dire. Hamad part, et là .. c'est la merde quoi. Je le regarde, ça me fait bizarre, je ne pourrais plus voir sa tête, étrange. Je me sens mal, je le considerai comme l'un de mes potes ici, c'était plutôt cool d'être avec lui, au moins, je me prenais pas trop la tête. C'est pour ça qu'il ne faut pas s'attacher en fait, j'aurai du continuer de rester distante avec les gens, c'est ce que je me dis. Je vais lui dire au revoir, solidarité juive quoi, puis Swann est éliminée, je crois qu'on s'attendait tous à ce résultat au fond, quand même. Je ne peux rien dire, sachant qu'on ne s'est parlée qu'une fois, dans l'église en plus, enfin la chapelle, c'est la même quoi. Puis je vois Loxias qui tente de se lever, moi, bizarrement, je tiens sur mes jambes, c'est déjà ça. Nora se propose. « Et moi je te passe mon bras. » Je lui annonce. « On y va ? » Je leur demande, je n'ai qu'une envie, me barrer d'ici.

Je ne connaissais pas bien London -tiens, j’en parle déjà au passé- pourtant je ne souhaitais pas la voir partir... Hamad encore moins, tellement moins... Et Swann, n’en parlons même pas. C’est trop, c’est beaucoup trop pour un seul soir, j’suis pas sûr de pouvoir gérer ça. Pourtant, j’ai beaucoup géré dans ma courte vie, des situations autrement plus dramatique qu’une élimination dans un jeu, mais là... J’ai perdu toute notion de réalité, j’ai plus d’ancrage niveau contrôle des émotions. J’suis sous lexomil, pourtant, ça devrait m’anesthésier complètement, mais non, y a cette vague de panique qui parvient à se déverser par-dessus les autres émotions endormies. J’ai la gerbe en plus. Faut dire que j’ai la gerbe depuis deux jours, donc c’est pas un phénomène isolé. Je tente de me lever, mais trop vite, du coup, mon corps fatigué me lâche, et je retombe comme une merde dans le canapé. J’implore à voix haute ce que je ne peux plus taire, et soudain c’est l’invasion de femelles. Nora me propose de l’aide, AJ me propose de l’aide, et aussi improbable que ça puisse paraître, Sive se matérialise devant moi. Elle semble m’indiquer la sortie d’un signe de tête. Et au milieu du tumulte de battement cardiaque, je sais qu’elle représente la meilleure solution. « Merci. » je souffle en me tournant tour à tour vers Nora et AJ. « Mais j’pense qu’il faut que je règle certaines choses avec ma partenaire. » Oui, entre autre. Je tente à nouveau de me lever, en prenant mon temps, cette fois, et j’y parviens. Autour de moi j’ai l’impression que le temps prend plaisir à pousser des pointes de vitesse, avant de ralentir brusquement, puis de redémarrer en trombe. Ça fait mal au crâne. J’accroche le bras de Sive, et me fais l’effet d’un octogénaire en manque d’équilibre. Je lance un dernier « Merci... Vraiment... » aux filles, avant d’emboiter le pas à Sive. Elle sait très bien ce qui lui reste à faire, maintenant.

J'fais ce que j'peux pour ne pas écouter la conversation de Sive et Loxias puisqu'elle ne me concerne pas, par contre je l'entends, et pour cause, j'suis au milieu ou presque. Bon, c'est bien, si j'avais des doutes au sujet de la manière dont Loxias me perçoit, maintenant, j'peux plus l'ignorer. Pas que ça me préoccupe tant que ça. Mais au moins, ça répond à de nombreuses interrogations. Cool. J'suis qu'un baiseur compulsif. Bah s'il peut pas enlever ses œillères, moi j'y peux rien. Ça m'agace parce que je l'aimais bien mine de rien, alors forcément ça saoule, mais pour autant j'reste silencieux, ce n'est pas mon combat. J'sais où se situe ma relation avec Sive, alors bon. J'ose espérer qu'Adie le sait aussi, je suppose oui, sinon, on ne serait pas là où on se trouve actuellement, mais quand même. J'peux pas m'empêcher d'être inquiet tout de même. Sive justement me tire de mes pensées, m'ajoutant qu'elle est désolée pour London. Hein ? Ah oui. Je lui souris, ça me fait plaisir qu'elle s'en inquiète pas que bizarrement, j'ai l'impression d'être l'un des seuls que son départ va peiné. J'ai beau chercher, elle n'est pas là, elle m'emmerde, elle m'emmerde grandement, alors je lève les yeux et soupire. Marcus reste ce qui signifie que Swann part, quel esprit de déduction Slavin, tu fais fort. Alors instantanément je regarde les deux jeunes femmes à mes côtés. Et leur souris timidement. Au moins si elle était malade, elle pourrait recevoir les meilleurs soins. Bref, aussitôt le prime terminé Adie nous signale qu'elle va se coucher. « J'arrive bientôt. » Sive quitte sa place, et moi j'suis encore là, assis comme un con, sans doute que j'attends un miracle qui n'arrivera sûrement pas. J'en sais rien, mais en tout cas je n'arrive pas à quitter ce plateau. Parce que j'peux pas partir sans lui dire au revoir.

Le fait qu’Ennio se prenne une douche de champagne aurait dû me faire réagir bien plus que mon simple petit oh de surprise. Seulement… seulement, j’entends la voix de Laoise réussi à couvrir tout ce brouhaha qui se déroule autour de nous, et me laisse entendre son commentaire, qui n’est pas sans me blesser. « T'as une façon bien à toi de le montrer. » Ma tête se tourne vers elle, je tente de la scruter du regard, mais au final, j’abandonne, ça ne sert à rien. C’est… prêché à une convaincue, j’en envie de dire. Et au fond, ça me désole, car avec cette attitude, ce comportement qui découle d’un seul évènement anodin à mes yeux, notre belle relation, cette amitié que nous partagions en début d’aventure, tend à disparaître. À s’effacer. Et semble-t-il que je ne puisse rien y faire. Je m’enfonce dans mon siège, posant mes deux mains sur mes cuisses, puis décide de rester silencieuse jusqu’à la fin de ce prime. Qui à intérêt à se terminer bientôt… que je puisse m’éclipser. Sive, Irène, puis finalement Marcus sont sauvés par le public. Maintenant que leur sort en ait jeté, plus rien ne me retient en ces lieux. Je fais une légère bise à Finnick, puis à Ennio, en guise de bonne nuit, et je quitte le plateau, jetant un coup d’œil vers Laoise avant de détourner le regard dès que j’atteins la sortie.

C’est la fin. La production vient de me l’annoncer. Et pourquoi je n’ai pas passé la soirée sur le plateau du prime ? Pour aucune bonne raison. Simplement, je le savais, je ne suis pas idiote. Je le savais bien que ce soir était mon dernier soir à l’intérieur de ce château. J’ai eu beaucoup de chance dans le passé, mais je ne pouvais plus y échapper. Je me rend simplement compte que je n’étais pas fait pour ce genre d’émission. Je ne suis pas sociable, je n’aime pas les gens en général et je ne fais rien pour que les gens m’aime. Si le jeu était ce qui m’avait attiré ici avant tout, je dois avouer que pour moi, ce n’était pas le genre d’aventure qui me plaisait. Je ne m’étais pas vraiment amusé, sauf peut-être les fois où je me suis envoyée en l’air, je dois l’avouer. Bref, c’est la fin. Je ne vais certainement pas pleurer, les grosses connes qui chialent pour un rien, ça m’énerve. Mes valises sont fait, je dois m’éclipser avant que les autre ne reviennent au château. J’ai pas vraiment envie de dire aurevoir à tout le monde, puisque de toute façon, tout le monde s’en fout justement que je quitte l’aventure. Sauf peut-être deux personnes. Et je dois avouer que sans aucunes attentes, ces deux personnes vont me manquer. Slavin et Marcus. Et sans savoir pourquoi je me décide à me rendre sur le plateau. Y’a vraiment quelque chose qui cloche chez moi, parce que même si je débarque dans la pièce, je ne sais même pas ce que je vais bien pouvoir leur dire. Et de toute façon, ils ne seront peut-être plus là. Ah non, Slavin est là. Merde. Pourquoi il est là, à attendre comme ça. Ça m’énerve grandement, j’aurais vraiment préféré retrouver un plateau vide pour me confondre à l’idée que personne ne tenait à moi ici. Je m’avance finalement vers lui, aucune expression sur le visage, comme à mon habitude. Pourtant, mon coeur bas légèrement plus vite, ce qui indique que je ne suis pas aussi indifférente à cette élimination que j’aimerais me le faire croire. « Qu’est-ce que tu fous encore ici ? » Toujours aussi aimable, y’a pas moyen de me changer. Alors que je me retrouve face à lui, je me décide finalement à plonger mon regard dans le sien pour une dernière fois. Et c’est troublant, mais j’y reste accrochée, parce que j’imagine que nous ne nous reverrons plus jamais, après ce soir. « Bon... et bien... En fait, je ne sais pas trop quoi dire. Adieu ? Aurevoir... ? » Je l’interroge, parce que finalement, je me rend compte que j’aimerais pouvoir le revoir à l’extérieur. Ce qui ne relève que d’une mauvaise idée, surement. « Tu vas me manquer Slavin. » Mon dieu, deux fois en une semaine, c’est un peu trop pour moi. Pourtant, il peut bien le lire dans mon regard, que je suis sincère en lui lançant ces paroles. « Peut-être que si on se revoit... Je pourrai t’expliquer certaines choses sur moi. Peut-être. » Ouais parce que ce n’est pas gagné, je ne suis pas plus sociable à l’extérieur du nid, alors me tirer des informations restent toujours quelque chose d’aussi impossible. Mais on sait jamais. Puis, je ne sais pas trop ce qui me pousse à agir de la sorte, mais je me glisse dans ses bras, alors que mon visage est toujours aussi stoïque, démunit d’une quelconque émotion. Puis je me recule lentement, mes lèvres effleurant les siennes dans un mouvement parfaitement contrôler avant de mettre définitivement de la distance entre nos deux corps. Je risque un sourire, le regardant toujours aussi intensément. « Oh et s’il-te-plait, dis à Marcus de pas faire le con. Je compte sur vous deux pour vous rendre en finale. » dis-je en baissant les yeux. Bon, c’est le temps, je dois partir.

Sinon quelqu'un peut me dire pourquoi j'suis encore là alors que tous les candidats quittent le plateau un à un ? Ah bah pour elle, oui London, qui arrive après la bataille. Je me lève brusquement surpris de sa présence, parce que même si c'est elle que j'attendais, je ne pensais pas la voir en réalité. Oh ça non, et puis avec son air habituel, elle me demande ce que j'fous ici. Quoi ça ne se voit pas ? « J'attendais Robert l'homme de ménage, c'est mon pote alors j'voulais l'aider à nettoyer, tout ça quoi. » Ouais bien sûr, pourtant, j'suis tellement sérieux qu'on y croirait presque. Nos regards s'accrochent et ne semblent plus vouloir se détacher comme à chaque fois. Elle semble hésiter sur le terme à utiliser pour qualifier ce moment, celui où elle est censé partir, et me laisser là. Donc, ça sous entend qu'elle n'est pas fermé à la possibilité de me revoir ? Good news, du coup j'souris, un mini sourire qu'on ne distingue que lorsqu'on s'y penche sérieusement. « A bientôt ça suffira. » Elle me dit ensuite qu'elle va me manquer, quoi ? Encore ? Deux fois dans la même semaine. Mon sourire s'agrandit légèrement. « Mais qu'avez-vous fait de ma London ? » Je la taquine, même si je sais qu'elle est totalement sérieuse là toute suite. « Tu vas me manquer aussi. » Ca aussi, j'imagine qu'elle le sait. Elle me dit ensuite qu'elle pourra m'expliquer des choses, elle me dit ça, sans que je ne lui demande quoi que ce soit, qu'est-ce qu'il se passe ? Vraiment, j'suis touché parce que même si je sais que ce n'est pas gagné, ça lui demande beaucoup d'efforts. Et j'en suis conscient, c'est pour ça que je me contente de la regarder. De toute façon elle ne me laisse pas trop le temps de répliquer que déjà, elle se sert contre moi. Je resserre l'étreinte, mais elle ne dure pas puisque déjà je la sens se dérober. Enfin non avant ça ses lèvres effleurent les miennes, je lève les yeux au ciel. Elle n'est pas croyable, mais je m'abstiens de tout commentaire, à quoi bon. Elle me sourit enfin avant de prononcer une dernière phrase. « Je lui dirais. » Et là je sens que c'est la fin. « Attends. » Et là, je pars en direction du bar, j'attrape une serviette et regarde aux alentours, oh y'a Alix dans un coin, je l'interpelle et lui choure son stylo préféré, mais vu qu'il n'est pas trop con, il me le prête, ça va, relaxe mec, j'vais pas te le bouffer. Je griffonne quelques mots sur ma serviette et retourne vers London et lui tend la serviette. « Mes coordonnées, sers t'en si tu es sur Paris un jour, où peu importe l'endroit où tu te trouves. » Y'avait tout là dessus, mon nom, adresse, numéros de téléphone. Bon maintenant il est temps, y'a un assistant qui rapplique, j'sens bien qu'il va nous faire chier lui alors, faudrait mieux l'écouter... Je l'observe quitter les lieux. Putain, ça y est j'ai le cafard.