C'était n'importe quoi, ça oui, mais c'était amusant aussi. Très amusant, même. Tant qu'elle tirait les ficelles, vous savez, ça lui convenait. Puisque, oui, c'était elle qui avait les cartes en main et personne d'autre. Tout le monde joue selon ses règles, c'est tout. Alors bien sûr, qu'un jour, cette histoire ferait effet boomerang et Myles se prendrait cette petite blague dans la tête, c'était certain. Parce qu'il faisait son malin hein mais attendez un peu qu'Emmeline sorte l'artillerie lourde. Oui, elle prenait cette plaisanterie très à cœur, voyez-vous. Parce qu'elle ne voulait pas perdre. Elle refusait de perdre. Elle avait déjà bien trop perdu durant sa vie alors, c'était fini, maintenant, elle ne faisait que gagner, oui, oui, oui. C'est bon, c'était décidé. Bon. Il lui parlait de confiance. Bah voyons, la bonne excuse. Comme si elle pouvait lui filer sa confiance si facilement. Il était tout de même question de son petit cœur, là, ce n'était pas rien. Son petit cœur qui se serra doucement quand elle repensa à combien il avait été blessé dernièrement, à quel point il souffrait encore. D'accord, principalement par sa faute, mais eh, ça ne changeait rien. Soit. Ce n'était pas vraiment le sujet, ce n'était pas comme si elle était sérieuse, là, dans l'immédiat, concernant ses """"sentiments"""" pour Myles, n'est-ce pas. « La confiance, ça se mérite. » souffla-t-elle alors, poussant le vice jusqu'à s'approcher encore un peu plus de lui. Il n'y avait plus tellement d'eau pour les séparer, au final. Avait-elle déjà dit qu'elle adorait jouer avec le feu ? C'était une occasion en or pour le rappeler, n'est-ce pas. Et quitte à faire des conneries jusqu'au bout, elle alla jusqu'à passer ses bras autour du cou de Myles. Tant qu'à faire hein. Et là, bien sûr, toujours dans cette même idée de jouer à la fille amoureuse qui ne peut garder ses sentiments pour elle hein, elle fixa longuement les lèvres de son camarade, comme si elles lui faisaient envie. Bon, c'est pas que monsieur avait l'air dégueulasse non plus, mais clairement, là, elle en faisait trop. Juste assez pour rester crédible, bien entendu. « Prouve-moi que tu m'aimes. » fit-elle alors en remontant ses yeux jusqu'aux siens. Pas forcément maintenant. Il n'était pas obligé de lui montrer, là, tout de suite. Non, si elle pouvait l'embêter avec cette histoire pendant quelques temps, elle allait bien en profiter. Si la supercherie pouvait durer, c'était encore mieux pour elle, elle aurait de quoi se distraire, et ça, c'était parfait !

Sa confiance était bien dure à mériter. Surtout quand elle était décidée à ne pas la donner facilement. Eh oui. Qu'il ne cherche pas, elle gagnerait forcément. C'était comme ça, c'est tout. Il avait tout intérêt à la laisser remporter la partie. Oui. Pourquoi il devrait gagner, de toute façon ? Il pouvait bien être un véritable gentleman et abandonner, non ? Non ?! Bon. Et puis, elle poussait le vice jusqu'au bout, des fois que cela soit trop pour lui et qu'il décide de lâcher l'affaire. Mais non. Toujours pas. Rien ne l'effrayait, il semblerait. Qu'est-ce qu'elle allait devoir faire pour qu'il recule, hein ? Elle se le demandait. Le contact physique, ça ne le dérangeait pas. Et il prit l'initiative de l'embrasser. D'accord. Bon, pour trouver la petite faiblesse, c'était mal parti hein. Parce que, limite, le baiser, c'était elle que ça pourrait faire perdre ou mettre mal à l'aise. Pas qu'elle avait quelque chose contre ça, juste qu'elle ne pensait pas embrasser quelqu'un, comme ça, juste parce que. Même si elle avait déjà dû partager ses lèvres avec quelques personnes, durant l'un de primes notamment. Peu importe. Essayant tout de même d'être au maximum dans son rôle, elle profita du mieux qu'elle le pouvait de l'initiative plutôt audacieuse de « l'amour de sa vie », hurm. Elle surjouait. Puisque plus le mensonge était gros, plus il semblait crédible. Alors, elle se colla un peu plus à lui, ses mains se perdirent dans sa chevelure, bien sûr, bien sûr. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire, franchement. Tout ça, c'était sa faute. Si, si, c'était à cause de Myles, c'était lui qui avait commencé. Bon. Elle ne tarda pas non plus à séparer leurs lèvres, parce qu'il n'était pas question de lui donner un baiser langoureux, genre baiser de cinéma quoi hein. Ses lèvres s'étirèrent en un léger sourire, comme si elle était totalement conquise et... et... « Pas suffisant. » souffla-t-elle alors. « Je crois qu'on a tous appris, ici, grâce à Cupidon, qu'un baiser ne veut pas toujours dire quelque chose. » Eh bien, oui, il ne faisait que ça de vouloir que les gens s'embrassent. Alors cela ne lui prouvait rien du tout. Non, non, non. Myles allait devoir trouver mieux. Et non, qu'il n'essaye même pas d'aller plus loin qu'un baiser, parce que ça lui prouverait encore moins de choses. Oui, elle savait, elle était terrible.