A entendre Bob geindre et se plaindre à tout va, l'on jurerait vraiment qu'il n'avait pas mangé depuis fort longtemps, comme si cette privation de nourriture était susceptible de se compter en jours, en mois, voire en années. Oh oui, voilà, il n'avait probablement rien avalé depuis six ans, si bien qu'il était effectivement légitime qu'il dise avoir aussi faim. Sauf qu'attendez voir, on parlait de Bob là, à savoir du type dont le frigo était un peu le meilleur ami et qui passait justement son temps à bouffer. Donc, de qui se moquait-il, hm ? Et à qui voulait-il faire croire qu'il était plus affamé que d'habitude, vu qu'il était justement toujours affamé ? Une grosse blague, décidément, ce Bob. Et manque de peau pour lui, ses deux camarades ici présentes avaient gentiment tendance à le taquiner, voire à s'acharner un tantinet sur lui, bon, admettons. En tous les cas, Bob exagérait franchement, et c'en était aberrant. Drôle, mais aberrant. Donc oui, il semblait avoir l'âme d'un martyr, et comme disait si bien Enora, c'était bien un homme, en soi. Sauf que Bob, lui, ne semblait pas tellement apprécier que les deux jeunes femmes se liguent ainsi contre lui. Seul contre tous, ce Bob. « Roh c'est bon, on arrête, on arrête ... Excuse-nous, gros chou. » Au fond, il était franchement mignon quand il se posait en victime et déplorait un tel acharnement. C'en était touchant. Donc oui, allez, vu qu'elles n'avaient pas un mauvais fond, elles allaient le laisser tranquille avec sa bouffe. En tous les cas, il n'avait pas le droit de dire qu'elles ronflaient, hein. Non, aucune de ces demoiselles ne ronflait, c'était évident. Lui, par contre, il devait effectivement être du genre à ... s'entendre ronfler. Oui, ça devait être plausible, ça. Elle en était presque certaine, d'ailleurs. Sauf que lui, il insinuait qu'elle avait de sérieux problèmes mentaux. Han, quelle honte ! « Non, c'est faux, je ne te permets pas ! » Parfaitement. Et puis en plus, elle était sûre que ça existait, ce genre de phénomènes. Il en était après tout la preuve vivante, non ? Bien sûr que si. Et en plus, il avait tout d'un chat, c'était certain. Il disait d'ailleurs qu'à compter de maintenant, il allait miauler. A cette pensée, un rictus s'échappa des lèvres de la jeune femme. « Il nous tarde de t'entendre. » Et c'était vrai. En plus, elle pourrait lui renvoyer son "tu as de sérieux problèmes mentaux" en pleine tronche. Eh oui. Les deux malheureux attachés parlèrent ensuite d'une sorte de cure de sommeil. Il est vrai que Bob était du genre gros dormeur, et qu'il se plaignait souvent pour rien. Mado lança alors un regard rempli de compassion à Enora, étant elle même bien placée pour savoir qu'un Bob fatigué était particulièrement pénible ... Lui qui était, justement, tout le temps fatigué. Hm. Mais voilà que la petite réflexion de Mado eut le dont, en plus d'amuser Enora, de vexer quelques peu son partenaire. Alors quoi, c'était un tort d'être honnête ? Visiblement, oui. Car il n'en fallu pas davantage pour qu'elle se prenne des céréales en pleine tronche. Oh bon sang, c'était puérile ça. « Quelle susceptibilité ! Et mes cheveux n'avaient pas faim, mais merci pour eux ... » Oh il avait beau sourire, ça la faisait franchement chier de devoir retirer toutes ces merdes de sa chevelure. Du coup, elle s'y employa, en soupirant, mais ne pouvant pas s'empêcher d'en rire légèrement elle aussi. Parce qu'il fallait bien admettre que c'était drôle, dans un sens. Bob était quand même vache d'insinuer que les câlins d'Enora étaient empoisonnés. Du coup, et parce que Bob était décidément casse-pieds, Mado fit savoir à la jeune femme qu'elle recevrait au final une médaille. Oh oui, elle en mériterait une, c'était certain. Quand à Bob, et bien ... « Dans la mesure où tu n'aurais aucun mérite à supporter quelqu'un de visiblement très conciliant, je ne crois pas non. Elle par contre, elle risque de souffrir avec toi, alors ce serait la moindre des choses que de la récompenser pour la patience dont elle aura fait preuve, tu vois. » Il était quand même chiant, autant le dire. Alors non, lui il n'aurait pas de médaille, c'est tout. « Mais j'y pense, ça doit avoir un coté excitant ces menottes, non ? » Ouais, ça lui venait comme ça, d'un coup. Sans doute parce qu'elle avait l'esprit un peu mal placé par moment, et quoi qu'on puisse penser d'elle. Bon, okay, c'était surtout de l'humour. Enfin, un essai du moins.

Et là, c’est le drame. Gros chou. Gros chou ? Sérieusement ? Non, tu devais avoir mal entendu. Forcément, ça ne pouvait être que ça. Elle n’aurait pas osé. Jamais. Si ? Bon… Il fallait croire que si. Mais.. Mais tu n’étais pas gros. Enfin, tu ne te considérais pas comme telle. Après, peut-être que les autres te voyaient différemment. Oh mon dieu. Tu étais en train de devenir gros ? Il fallait peut-être que tu fasses plus souvent du sport. Bon, tu en faisais déjà quasiment deux heures par jour. Apparemment, tu allais devoir en faire plus. « Excuses acceptées…Et je ne suis pas gros. Oh. » fais-tu remarquer. Au cas où elle n’aurait pas remarqué. Non, non, tu n’avais pas du tout tendance à te focaliser sur un sordide détail. Hum. Tu lances ensuite un regard noir à Enora. Que venais-t-elle de dire ? « Ne m’appelle pas comme ça, sinon tu te retrouveras avec des chewing-gums dans les cheveux. Attention. » Tu te voulais menaçant et autoritaire. Pourtant, tu ne pouvais pas t’empêcher de sourire en prononçant ses paroles. Oh, tu ne pouvais pas faire de mal à une mouche. Tu étais tout gentil, petit Bob. Tu déclares donc ensuite que ta chère partenaire était une attardée mentale. Chose vraie, dans un sens. Non ? Si, bien sûr que si. « Si, je me permets. J’en ai tous les droits. » répliques-tu, assez amusé. Et bien oui, vous faisiez quoi de la liberté d’expression, hm ? Bon, tu exagérais peut-être légèrement en déclarant qu’elle avait des problèmes mentaux, mais tu ne le pensais pas. Et elle le savait bien. Oh, Mado voulait t’entendre miauler ? Très bien, très bien. « Miaouuuuuuuuuu » Bon. Ce qui était sûr désormais, c’est que dans une autre vie, tu n’étais pas un chat. Oui, t’en étais même sûr et certain vu la manière dont tu imitais ces pauvres bêtes poilues. Et moches. Enora annonce donc ensuite que c’est toi qui a des problèmes mentaux. Tu arques les sourcils. Impossible. Tu secoues donc la tête de droite à gauche. « J’appelle ça de l’intelligence pour mon cas. Mais merci quand même. » dis-tu le plus naturellement du monde. Tu n’hésites pas à lancer des céréales sur la tronche de ta partenaire par la suite. Tout simplement parce que t’en avais envie, et que c’était horriblement drôle. T’étais même tenté de recommencer, mais t’avais bien trop peur qu’elle te morde. Oh oui, t’étais certaine qu’elle pouvait se comporter en chien enragé une fois qu’elle était énervée. Alors il valait mieux ne pas la chercher. Tu te contentes donc de rire. Bah quoi ? Elle ne trouvait pas ça drôle ? « Je suis sûr qu’ils crevaient la dalle ! » Oui, oui. Ses cheveux avaient faim, c’était tellement logique. Ou pas, en fait. Et puis Mado et Enora parlent de patience, et blah blah blah. Toi, tu méritais beaucoup plus une médaille que la blonde. T’en étais certain, oui. Déjà, parce que tu étais un homme. Et qu’elle, elle était une femme. Et les femmes, c’était chiant. Personne ne pourrait dire le contraire. Donc oui, cette médaille, tu y avais droit. En imaginant qu’Enora était encore en vie d’ici dimanche soir. Hum. Mado ajoute ensuite quelque chose dont tu n’attendais pas, et qui ne manque pas de t’amuser. Des menottes, excitant ? Pas dans ce cas-là, non. Tu n’as pourtant même pas le temps de répondre que la musique de Cupidon résonne dans la cuisine. Sérieusement ? Là, maintenant, tout de suite ? Dans la cuisine, le matin ? Bon, très bien. Tu commençais sérieusement à croire que Cupidon avait quelque chose contre toi et Mado. Car à chaque fois qu’elle avait retentit pour toi, cette musique, Mado était dans la même pièce. Bon. Tu soupires légèrement. Tu ne comptes pas perdre de l’argent, oh que non. « Désolé mais je tiens à ma cagnotte » annonces-tu avant de te pencher sur Enora pour poser tes lèvres contre les siennes. Tu l’embrasses rapidement, bien que ce soit assez long pour qu’on qualifie ça d’un baiser. Tu te lèves ensuite, entraînant forcément Enora avec toi, et tu te diriges vers ta partenaire. Enième baiser pour elle et toi. Tu relèves sa tête à l’aide de ton index que tu as glissé sous son menton. Et tu déposes tes lèvres sur les siennes, doucement. Peut-être que ce baiser dur légèrement plus longtemps que celui que tu venais d’échanger avec Enora, mais ça restait loin d’être un baiser comme celui que vous aviez pu échanger à la piscine. Tu gardes tes lèvres juste un peu plus longtemps sur les siennes seulement parce qu’avec elle, c’était différent. Pas différent dans le sens où tu étais raide dingue d’elle. Différent dans le sens où ses baisers t’étaient déjà familiers, et forcément beaucoup plus agréable. Sans que ce soit pour autant ambigu, soyons clair. Tu n’allais pas le nier, tu aimais l’embrasser. Tu ne t’étais pas gêner pour lui dire, d’ailleurs. Mais tu n’allais pas lui rouler une pelle, là, tout de suite. Tout simplement parce que ce n’était sûrement pas ce qu’elle voulait, parce que c’était déplacé, parce qu’Enora était là, parce que vous n’en étiez plus là, et aussi parce qu’elle ne s’était sûrement pas encore brosser les dents. Hum. Tu décolles donc tes lèvres des siennes, avec autant de douceur que la manière dont tu les as posées.

Bien sûr que c'était mignon. C'était même adorable, quand on y pense. Gros chou, c'était un peu le surnom que tout le monde voulait avoir, non ? Bien sûr que oui. Donc Bob avait tout intérêt à s'en accommoder, parce que c'était franchement l'un des plus beaux surnoms qu'il pourrait acquérir au cours de sa vie. Oui, absolument. Puisqu'Enora trouvait ça mignon, c'est que ça l'était après tout. Et puis bon, dites-vous bien que Mado ne choisissait pas les surnoms qu'elle attribuait au hasard, hein. Tout résultait toujours d'une longue discussion avec sa personne, ou tout le monde exposait son point de vue et où la plus convaincante entre elle-même et elle-même l'emportait. Hm. Oui, elle avait parfois tendance à virer schizophrène, mais ça arrivait aux meilleurs, parait-il. A noter que Bob retint surtout le "gros" et non le "chou" de ce surnom inédit, hm. Venait-elle de réveiller de vieux complexes ? Allez savoir. « Pas encore, Bob, pas encore ... » Oui, elle aimait bien le taquiner un peu. C'était Bob, alors bon, elle se permettait tout, disons. Et puis, elle savait depuis déjà quelques minutes que, quoi qu'il arrive, Enora était de son coté. Franchement, ça la confortait dans son désir d’accabler son pauvre partenaire. A noter que lorsque Bob se voulait être un tantinet impressionnant à l'égard d'Enora, il n'avait rien de franchement convaincant. Ainsi, un sourire amusé ne put que se dessiner sur les lèvres de sa partenaire. Menacer une femme de lui mettre des chewing-gums dans les cheveux, franchement, c'était petit. Bon par contre, Mado n'avait pas de problèmes mentaux. Non, aucun ! Il disait n'importe quoi, et c'était franchement méchant. Donc non, elle ne lui permettait pas. Aucunement, non. Sauf que lui, visiblement, il se le permettait tout seul. Hm. Trop facile, ça. « Ah non, ça ne marche pas comme ça » répliqua-t-elle, sourcils froncés et poing serré. Juste histoire qu'il se sente un tout petit peu menacé, au cas où il lui reviendrait l'envie d'insinuer qu'il avait à faire à une déséquilibrée mentale. Elle n'en était pas une, voyons. Okay, elle était parfois un peu tarée et avait des problèmes d'ordre nerveux et identitaires, mais ça ne faisait pas d'elle une débile, quand même. Un rire ne put en tout cas que s'échapper des lèvres de la française lorsque Enora laissa entendre que le fait que Bob songe à miauler témoignait de ses problèmes mentaux, bien réels eux. Et justement, il ne fallut pas attendre plus longtemps pour qu'il se mette à ... et bien, miauler justement. Oh bon sang. Là, c'était quand même relativement inquiétant. Parce qu'en plus, le type y mettait du cœur, vous voyez. C'était un peu comme le miaulement de sa vie, en fait. « C'est ... c'est bouleversant. J'ai très envie de te papouiller là, Bob. » Oui parce qu'on aurait dit un vrai chat. Ah non, il est vrai que ce fut particulièrement pourri. Alors hm, disons qu'elle essayait surtout de se foutre gentiment de sa gueule, là. Ouais, voilà, déjà plus. En toute amitié, il va de soi. Donc hm, il disait appeler ça de l'intelligence, dans son cas, et en référence aux propos d'Enora. Autant pour elles, hein, au pire. « Ah c'est marrant parce que, de l'intelligence, c'est justement ce que tu ne laisses absolument pas transparaitre, à cet instant précis » n'hésita pas à formuler Mado, prenant un air infiniment désolé, avec une moue attristée et un regard rempli de compassion notamment. Clairement, elle était désolée de devoir lui faire affronter la réalité, hein. Il était dérangé mentalement et il fallait qu'il en prenne conscience. « Tu ne peux pas rester dans le dénis, Bob » insista-t-elle, sur le même ton. Bon, elle risquait de s'en prendre une. Quoi que non, s'il la touchait, il savait ce qu'il risquait. Déjà qu'il venait de lui lancer des céréales en pleine tronche, hein ... Moyen, quand même. Puéril, surtout. Autant dire que les cheveux de Mado se seraient bien passés de ce sale coup. « Tu n'en sais rien, je t'interdis de parler pour eux ! » s'enflamma la brune, lorsqu'il laissa entendre que ses cheveux avaient eu la dalle. N'importe quoi. Elle les nourrissait suffisamment pour qu'ils n'aient pas à mendier quelques céréales. Vraiment, s'il avait pu éviter, c'aurait été formidable. Quel boulet, ce Bob. Et c'est bien le cas de le dire, puisque la pauvre Enora devait se le coltiner toute la semaine. Donc oui, sans nul doute, on lui offrirait une médaille pour saluer son courage. Ce ne serait pas un luxe, de supporter une énergumène telle que Bob, clairement. Lui, par contre, n'aurait aucun mérite, alors sa médaille, il pourrait se la mettre où elle avait tendance à penser, hm ... Mais voilà que subitement, une musique retentait. THE musique, s'il vous plait. La musique qui tantôt foutait la merde, tantôt faisait bien chier. Parce que bon, embrasser à tout va, ça allait suffire à un moment, quand même. Bon ici, c'était relativement supportable. Quoi qu'attendez ... Bob ? Encore ? Bon dieu, vive l'originalité. Bon, encore heureux que ce ne soit jamais une plaie de l'embrasser, hein. Mais plus original ce coup-ci, étant à trois, ils devaient probablement s'embrasser les uns, les autres et donc, Mado et Enora seraient forcées de s'embrasser également. Intéressant. Pour le moment, Enora ne semblait pas tellement réagir. Alors quoi, elle ne voulait pas jouer le jeu ? Clairement, Mado ne voulait pas perdre d'argent. Et visiblement, Bob non plus. Alors elle attendit qu'il ait embrassé leur camarade et joua le jeu lorsqu'il s'approcha pour l'embrasser. A noter qu'ils devaient en être à leur ... pfiou, elle avait arrêté de compter les fois où ils avaient été amenés à s'embrasser, en fait. Ça commençait à faire beaucoup, franchement. Le baiser fut assez long, mais pas trop, et tout simple en fait. C'était suffisant, clairement. Le but n'était pas de donner lieu à une galoche, vous voyez. Donc voilà, elle se laissa faire et attendit qu'il se décale pour se lever et approcher d'Enora. Première mondiale pour elle, s'il vous plait. Embrasser une fille, non, elle ne faisait pas ça tous les jours. Mais peut être allait-elle tomber follement amoureuse d'Enora et renoncer aux hommes pour toujours ! Bah ouais, pourquoi pas après tout. Ainsi, elle déposa ses lèvres sur celles de sa camarade, naturellement et sans broncher. Elle voulait jouer le jeu alors elle le jouait jusqu'au bout. L'échange fut plutôt court, mais plutôt agréable également. Perturbant, bon, oui un peu. Mais c'était ça, la nouveauté. C'était perturbant, oui. « Bob, je suis sûre que le spectacle t'a plu » soumit-elle, amusée, en se décalant. On disait souvent que les hommes aimaient voir des femmes s'embrasser, et puis bon, s'agissant de Bob, hein ... Même si bon, ça n'était encore qu'un petit baiser. « Enora embrasse beaucoup mieux que toi, au passage » se permit-elle de glisser, faussement confuse. En fait, c'était surtout pour le faire chier. Il était facilement susceptible, le Bob. Et c'était comme une revanche par rapport à la fois où il avait critiqué sa façon d'embrasser. Ils étaient quittes à ce jour. Oui, parfaitement.