Oh putain on y est. Fake Lover. Le prime. Moi. MOI. A Fake Lover. C’est juste le pied total. Je n’en reviens toujours pas. Déjà quand on m’a demandé de me pointer à Dublin pour les pré-sélections, je n’y croyais déjà pas. Et là maintenant… Je suis sur la liste finale. Dans quelques heures, on peut appeler mon prénom, pour me lancer dans le grand bain. Même si je ne suis pas pris, rien que tout ça, c’est énorme. Pour un américain comme moi, j’ai déjà pu me rendre en Irlande, et maintenant la France… J’en aurais parcouru du pays. Tout frais payés en plus. La classe à Dallas. Je suis remonté telle une pile électrique. J’ai envahi la twitosphère, Facebook, mes potes, pour leur dire tout ce qui se passe. Mes potes ont trop la haine, ils aimeraient être à ma place. Et non bitches, c’est moi l’élu. Je les ai bien nargué je peux vous dire. Le must du must, ça serait quand même que je sois sélectionné. Je ne sais pas ce que je ferais si ça arrive. Me pisser dessus, je sais pas. Pour l’occasion, on m’a looké comme un pingouin. Je pensais qu’on pouvait se fringuer comme on le voulait, mais non. La dictature de la mode. Du coup, les stylistes m’ont forcé à porcer ce costume. Je n’en mets jamais moi. Genre jamais jamais jamais. Faut dire que je n’en ai pas l’occasion, aussi. Mais là je me regarde dans la glace, et p’tain. « C’est vrai que je suis canon en fait. » Comment je suis trop beau là dedans. Je devrais en porter plus souvent. Bon je ne saurais pas refaire le nœud de la cravate, mais peut importe. Je me croirais un men in black. Me manque plus que les lunettes. Bon faudrait peut être que j’arrête de m’admirer dans le miroir. De toute façon, c’est l’heure. On m’appelle. Enfin. Je pénètre sur le plateau, et là, c’est l’effusion. « Aaaaaaagh ! Bj’r, bj’r, bj’r » Je tapote dans les mains du public. Comment j’ai trop l’impression d’être célèbre. Je crois que certains doivent me prendre pour un fou, ne sachant même pas qui je suis. T’sais, le type du public qui se prend pour une star. Bon. Mais peut être me connaitront ils dans quelques semaines. Je l’espère. Je vais vers les potentiels candidats. « Bah faut pas t’habiller comme une pute aussi chérie » Que je dis à la demoiselle (Kinga). Chez pas non ? Bon. « Oh bordel, j’espère que tu ne seras pas prit toi, t’es trop canon, tu vas me faire de l’ombre. » Que je m’exclame en parlant de Zoran. Non mais ça va je rigole. Mais c'est vrai là, l'est trop beau quand même.

Le jour J était enfin arrivé. Ma valise était prête depuis au moins deux jours, et je ne pouvais pas m’empêcher de la regarder dix fois dans la même journée pour vérifiée qu’il ne me manquait rien. J’étais stressée, oui, mais impatiente d’y être. Ce soir, c’était le prime que j’avais attendu pendant un mois entier. J’avais hâte de retrouver les têtes que j’avais déjà aperçues, ou bien à qui j’avais parlé comme Antwon. Oui, il me tardait d’y être. « Meryl, ton taxi est devant la maison ! » Seule dans ma chambre, j’entendais la voix d’Antonio qui m’appelait. Il fallait que j’y aille. Je me regardais une dernière fois dans le miroir et allait dans le salon, où mon époux m’attendait en tenant ma valise à la main. Il m’accompagna jusqu’au taxi, mis la valise dans la voiture et me prit par la taille. Il m’embrasse et colle son front contre le mien. « Fais bien attention à toi ! » Je passe mes mains dernière sa nuque et l’embrasse à mon tour. « Oui, je ferais attention. A bientôt ! » Je l’embrasse encore une fois et monte dans le taxi. Ca y est, j’étais partie pour une nouvelle aventure.

J’étais arrivée dans la bâtisse. Et là, tout s’enchainait, très vite. D’abord, je passais dans un bureau validée ma candidature et prévenir de ma présence. Ensuite, c’était partie pour un rendez-vous avec les stylistes. J’étais dans les premiers à me présenter. Une jeune femme blonde me tend alors la tenue qu’ils m’avaient préparée. Je la prends et rentre l’enfiler en cabine d’essayage. Un long pantalon noir droit, des escarpins noirs, un débardeur blanc décolleté juste comme il le fallait, le tout agrémenté d’une jolie veste noire qui me tombait parfaitement sur les épaules. Je n’étais pas habituée à ce genre de tenue, mais j’aimais beaucoup. J’allais plaire ce soir, j’espérais. Ensuite, passage express à la coiffure. Je n’aimais trop m’attacher les cheveux, ce que j’avais d’ailleurs signalé à la coiffeuse. Elle m’avait donc simplement bouclé les cheveux, joliment et simplement. Enfin, dernière étape, le maquillage. Je m’étais présentée et un jeune homme m’avait pris tout de suite. Il avait fait quelque chose de très simple, qui mettait mes yeux clairs en valeur. J’étais fin prête. Je me regardais une fois dans le miroir, et j’avoue que je me plaisais.

L’heure du prime était enfin arrivée. Nous avions reçu l’indication de nous diriger vers le plateau avant le début de l’émission et du tournage. Il y avait de nombreux tabourets et certaines personnes étaient déjà assises. Je m’assis donc attendant avec impatience le début de l’émission. On était tous là, attendant avec impatience le résultat de savoir si nous allions ou pas intégrer l’aventure. J’étais morte de trouille et ne parlais à personne. « Wow... »

La journée est passée à une vitesse inattendue. Le matin même, je suis sorti du lit par le klaxon d'une voiture et le chauffeur m'a fait comprendre sur un ton assez agressif que j'étais en retard et que ce n'était vraiment pas un comportement approprié. J'étais tout à fait d'accord avec lui, sauf que comme d'habitude, j'avais cette sale manie de tout oublié. Enfilant donc rapidement un t-shirt, un pantalon ainsi que ma paire de mocassin favorite, je sors de chez moi avec deux grosses valises à ma suite sans être coiffé et avec une tête à faire peur. Ça promettait déjà. Une fois arrivé dans les studios, une technicienne m'apprend que l'aventure va se dérouler en France, moi qui m'attendait à voyager, c'est raté. On ne me laisse pas le temps de prendre un café, je suis jeté directement entre les mains d'une femme qui semble assez excentrique. Tout du moins c'est sa couleur de cheveux rose qui me fait dire ça et je ne me trompe pas, car je l'entends marmonner beaucoup de chose au sujet de ma masse de cheveux qu'elle semble prendre un malin plaisir à tirer dans tout les sens. Elle se permets même de les lisser, chose que je n'ai jamais fait, habitué à mes petites bouclettes naturelles. Je ne montre cependant aucune réticence, puisque cette jeune femme a eu l'amabilité de m'offrir un thé. Enfin, c'est surtout parce que je me suis endormi pendant qu'elle me lavait les cheveux, mais ce n'est qu'un détail. Avant même d'avoir le temps de voir ma tête avec les cheveux en arrière, je suis déshabillé à une vitesse irréel et on me fait enfiler un costume Ralph Lauren. « C'est marrant, j'ai le même à la maison. » Le regard de la styliste qui semble un peu moins excentrique que la première fait que je décide de me taire. Je suis réinstallé sur un siège où l'on me maquille d'une légère couche de fond de teint, mais lorsqu'elle s'approche de mon visage avec ses crayons noirs, je repousse son bras un peu trop violemment. « Je suis désolé de vous arrêter ainsi, mais je suis allergique à tout ses produits. » Je suis vraiment désolé, sachant que ça ressemble vachement au métier de peintre et je sais que je détesterais être interrompu dans mon œuvre pour un détail aussi futile, mais j'aimerais éviter d'être rouge avant même mon entrée sur le prime. On me laisse finalement souffler le temps que les autres se font maltraiter de la même manière que moi, j'en profite donc pour me payer de nouveau un thé à la menthe, fixant à plusieurs reprises ma montre qui ne quitte jamais mon poignet et qui vaut surement plus chère que le costume que je porte. L'heure fatidique arrive enfin et un technicien me demande de le suivre, ce que je fais silencieusement, regardant un peu partout autour de moi n'étant pas habitué au monde de la télé. Je n'aurais jamais imaginé qu'on ait besoin d'autant de personne pour tourner une telle émission. Je m'installe non loin d'une blonde qui me fait me pincer les lèvres. Moi qui déteste les grossièretés, j'ai été servi sur ce coup là. J'espère vraiment qu'ils ne soient pas tous comme ça.

Pour être franche je ne sais toujours pas pourquoi mon patron m’a demandé de faire cette émission. D’accord je suis plutôt à l’aise devant les caméras et les appareils photos, mais tout de même je vais devoir laisser mon petit bout de chou tout seul pendant je ne sais combien de temps si jamais je viens à intégrer ce navet télévisuel. Enfin Erick ne sera pas vraiment tout seul puisque c’est ma mère qui va le garder, mais tout de même ça me fait un petit peu mal au cœur de devoir l’abandonner durant quelques semaines. Je souffle. Je ferme les yeux. J’essaye de ne pas trop y penser et je me laisse bichonner par les maquilleuses, les stylistes et toute la clique qui s’active autour de moi. C’est fou, j’ai l’impression d’être dans une fourmilière. J’ai mal à la tête comme jamais tellement ils n’arrêtent pas de piailler, mais bon pour une fois je vais être sympathique et ne pas faire de réflexion. Une nana termine de me peinturlurer les lèvres avec un rouge carmin alors qu’une autre me tire les cheveux pour les attacher en une queue de cheval haute, toute lisse. On me laisse m’observer dans le miroir. J’ai l’air d’une nana un petit peu trop classique, un petit peu trop stricte. Cool, j’ai horreur de ça et je crois bien qu’on le voit à la grimace que je suis en train de tirer. « Désolé poupée, mais c’est comme ça et pas autrement. » Connase. J’ai juste envie de lui foutre mon poing dans la tronche à celle-là, mais je me retiens et je lui retourne un magnifique sourire hypocrite avant de me lever pour rejoindre l’une des stylistes qui hurle mon prénom à travers toute la loge. Là aussi je n’aurais pas mon mot à dire, j’en suis certaine. Bingo. Elle me colle une minijupe en cuir plutôt courte et moulante tout en me tendant une chemise en soie noire à motif fleurie. Super je vais ressembler à la nana de la petite maison dans la prairie croisée avec une prostituée de luxe. Je tire une gueule de trois mètres de longs, mais je prends sur moi et j’enfile le tout. Bon finalement ce n’est pas si moche que ça. Pour parfaire ma tenue on m’escampe une paire d’escarpin que je me dépêche d’enfiler et voilà qu’un gros lourds m’attrape pour le bras pour me traîner jusqu’au plateau. « Héé !! … Lâche moi gros plein d’soupe !! … Tu m’f… fais mal. » Je suis en train de gigoter dans tous les sens, mais il parvient tout de même à me fixer l’cul sur une chaise. « Et maintenant tu bouges plus de là. » qu’il me sort avec sa voix d’homme des cavernes. Lorsqu’il se tourne je lui fais une magnifique grimace digne d’un gamin de cinq ans et je lisse ma jupe tout en marmonnant dans ma barbe. « … sont vraiment pas doux les mecs, tous les mêmes tsei. » Histoire de finaliser le tout, je croise mes jambes l’une par-dessus l’autre.

Il allait quand même falloir qu'on m'explique, quel était l'imbécile qui avait décrété que nous n'étions pas capable de nous habiller tous seuls. Enfin soyons sérieux un instant, j'avais tout de même l'âge de me fringuer tout seul, on n'était pas au jardin d'enfants ... mais non, y'avait pas moyen, on ne m'avait même pas laissé choisir mes vêtements moi-même. J'étais déjà agacé, parce que j'étais ce genre de personnes qui refusaient presque systématiquement que laisser quelqu'un d'autre faire quelque chose à leur place, et là on atteignait quand même un sérieux niveau ... mais ce n'était rien comparé à mon sentiment lorsque j'avais enfin eu le droit de me regarder dans un miroir. Et la styliste qui osait me demander si cela me plaisait, elle était aveugle ou bien ? « C'est ... merveilleux. Ouais, vraiment. J'ai l'air d'une boule disco, c'est parfait. » que j'avais finalement lâché avec ironie, un air volontairement sinistre sur le visage. Ma veste était orange. ORANGE quoi, est-ce qu'un jour cette couleur avait été acceptable ? Même à Hawaï on ne se baladait pas avec un blouson orange. Surtout orange brillant comme c'était le cas sur moi. Bon, ceci étant dit le reste de ma tenue n'avait rien de trop redoutable. Je n'étais pas aussi à l'aise dans ces chaussures vernies que je l'étais dans mes tongs, mais j'y survivrais, et j'avais même eu le droit de nouer ma cravate tout seul comme un grand. En fait je n'avais pas laissé le choix, mais c'était un détail. Je pensais enfin être tranquille, ce qui ne serait pas forcément une bonne chose étant donné que sans mon téléphone et seul dans une pièce j'aurais probablement déjà recommencé à me ronger les ongles, mais de toute façon la question ne s'était pas posée ... « Même pas en rêve. » avais-je prévenu en voyant une autre bonne femme arriver avec un crayon à maquillage à la main. Non mais, je voulais bien garder la veste - du moins jusqu'à ce que plus personne ne soit sur mon dos pour m'empêcher de la retirer - mais fallait pas non plus abuser, quoi. J'avais atteint les limites de ce que je pouvais supporter, et je n'avais encore menacé les ancêtres de personne, c'était carrément un exploit ... c'était bien la preuve que je savais me tenir, parfois. Bref, je n'avais jamais été aussi soulagé qu'au moment où j'avais enfin quitté la loge maquillage dans laquelle j'avais l'impression d'étouffer comme au fond d'un sous-marin. J'avais docilement suivi le technicien, ou le machiniste, ou l'assistant, bref j'avais suivi le type devant moi en me disant qu'il me mènerait bien quelque part de toute façon ... enfin j'espérais. « Mahalo. » que je lui avais adressé du bout des lèvres lorsqu'il m'avait enfin laissé à l'entrée du plateau ... et hm, fallait que je fasse quoi là, que je rentre ? Ah bah, oui, à en juger par le type qui était limite venu me pousser parce que je n'allais pas assez vite à son goût « Ça va oh y'a pas le feu mec ! » Y'avait pas le feu non, mais un bruit assourdissant, et une chaleur telle que je maudissais encore plus la styliste pour m'avoir choisi cette veste immonde. J'aurais aimé me rappeler ce que je foutais là, mais mon cerveau s'était momentanément mis sur OFF. C'était bien ma vaine.

On t’a donné des instructions, tout ça. Et toi comme d’habitude, tu obéis au doigt et à l’œil. T’as quitté Londres la veille pour te rendre dans un hôtel, le nouvelle saison n’allait pas tarder à commencer. T’es stressé, il faut dire. Tu as peur qu’on soit déçu de toi en Angleterre si ta candidature n’est pas acceptée, tu paniques à l’idée d’entrer dans le nid également. Tu ne sais pas ce qui t’attends, et la nervosité prend le dessus. Surtout quand cette voiture beaucoup trop noire vient te chercher à l’hôtel. Sur place on te met entre les mains de stylistes, et de personnes plus étranges les unes que les autres. On te maquille, on essaie de dompter tes cheveux bouclés, et finalement on te force à porter un costume. Tu as l’impression d’étouffer à l’intérieur, avec ce nœud papillon, mais tu ne dis rien du tout. Tout simplement parce qu’on ne contredit par les gens qui décident. Tu étais beaucoup trop docile pour ça. Tu n’ouvres pas la bouche une seule fois, tu te contentes d’observer et de ronger nerveusement tes ongles. C’est affreux tout ce monde, tout ce bruit, cette agitation. Tu stresses encore plus, et ça doit se voir sur ton visage. Et puis, bien trop tôt, on t’abandonne devant cette porte. L’accès au plateau. « Je t’avais dit que c’était une mauvaise idée cette inscription. » que tu dis en faisant tes premiers pas sur le plateau. Tu parles tout seul. Enfin, non, tu ne parles pas tout seul mais comme il n’y a personne en face ou à côté de toi, les gens pourraient croire que tu parles tout seul. Toi, tu sais que ce n’est pas le cas. Il y a beaucoup de personne, t'es mal à l'aise, c'est fou.