Je sortais de la salle de bain, mes cheveux dégoulinait d’eau et mouillait le sol du château et par la même occasion, ils rendaient le dos de ma robe claire transparent. J’évoluais pieds nus à travers les couloirs, longeant parfois ceux-ci, pour finir par descendre d’un étage plus bas. J’espérais en mon for intérieur trouver Baptiste dans la salle de musique, pour continuer nos leçons de piano. Il avait ses propres méthodes, comme il me l’avait dit et j’étais bien incapable de refaire un morceau, mais c’était tout simplement un prétexte pour passer un peu de temps avec le français. Je venais de guetter le salon et la salle à manger, où il figurait parmi les absents. Je m’éclipsais vers le sous sol, mes pieds toujours nus et mes cheveux que j’avais fini par mettre sur l’une de mes épaules, pour éviter d’avoir le dos tout trempé. L’habituel calme religieux régnait dans le couloir, donnant sur les trois portes qui m’étaient plus que familière à présent. Je pressais une oreille contre la porte, sachant très bien que la pièce était insonorisée, pourtant j’essayais tout de même d’entendre le probable bruit du piano. Mais rien. J’entrais dans la salle de musique, qui était totalement vide à l’image du couloir. Déçues, je ne faisais pourtant pas demi-tour ; il viendrait peut-être à l’improviste et nous pourrions continuer. Je m’avançais près de l’instrument, touchant les noirs et les blanches du bout des doigts. Mon regard se posa sur le reste de la pièce, puis j’avançais le banc de pianiste, plaçant bien ma robe pour m’asseoir convenablement, mon dos bien droit. En attendant un mouvement, une porte qui s’ouvre, mes doigts finirent par appuyer sur une touche, puis une autre, mettant en musique mon ennui. Cinq, dix, quinze minutes. J’avais fais plusieurs fois le tour de la pièce, touché un peu et j’étais revenu à mon point de départ. C’est quand je me levai du banc que la porte s’ouvrit enfin. « Je savais que t’allais venir jou… » Je n’avais pas le temps de finir ma phrase, qu’Artie se dévoila derrière la porte. « Sir ! » Je ne m’attendais pas à lui et la surprise se lu peut être sur mon visage. « T’es musicien ? » Ajoutais-je avec un léger sourire, le regardant dans les yeux.

Depuis qu’il avait mit les pieds dans le nid, le Sir avait toujours laissé ses talents musicaux à jours aux moyens de la pratique. Chaque semaine, ou bien chaque matin pour être plus précis, il passait par la salle de musique ou il prenait du plaisir à réveiller ses talents d’artiste. Ses mains travaillaient quotidiennement, que ça soit dans la bibliothèque, dans la cuisine, dans le jardin ou bien encore dans cette même salle, elles travaillaient toujours, sans arrêt. Sans vous dire que notre jeune londonien était quelqu’un qui aimait la musique, et pas n’importe laquelle, la musique de qualité. Il arrivait, avec une aisance presque déconcertante à reformuler les plus grands chefs-d’œuvre et les autres candidats n’étaient pas conscients qu’ils avaient parmi eux un mini Mozart. C’est ainsi, qu’Artie, après avoir préparé son café habituel, décide de se diriger vers son piano préféré pour jouer un morceau, alimenter ses sens auditif et dégourdir ses mains. Par contre, ce soir, il a été un peu en retard, ces séances étaient normalement situé le matin, directement après le petit déjeuner, toujours, ça faisait partie de son planning, mais ce jours là, il avait beaucoup de choses à faire, donc reporter sa séance n’allait pas lui faire du mal, tant qu’il ne la négligeait pas, sa petite séance musicale bien aimée. Il pousse la porte de la pièce et entre subitement, carrément arrêté par une voix qu’il connaissait à présent par cœur… Oona… « Je savais que t’allais venir jou… » Elle avait l’idée de rencontrer une autre personne, elle était surprise, elle se rattrapa. « T’es musicien ? » Question rhétorique non ? Il s’abstient de répondre, il revient en accentuant sur ses précédentes paroles, prenant le temps de s’assoir dans un tabouret et de poser son café brulant sur la table. « Tu t’attendais à voir quelqu’un d’autre ? » Si oui, il devait quand même avoir le droit de savoir, il était bien placé pour ne connaître qu’un minimum sur elle, il poursuivit, toujours le regard sur le clavier et non pas sur la jeune femme, il tenait à se concentrer. « Si tu attends quelqu’un, laisse moi juste le temps de finir ma pratique quotidienne, et je te laisse… » Rien de bien cinglant, il se contente de redresser son dos et de se préparer à sa pratique. Il fallait dire qu’il n’avait pas envie de l’encombrer une nouvelle fois par sa présence si elle voulait rester seule avec quelqu'un de prédestiné.

En réalité, je n’attendais pas Baptiste. J’espérais simplement le voir débarquer et le prendre par surprise, ainsi il ne pourrait pas refuser de m’apprendre encore quelques trucs au piano. Malheureusement, je ne suis pas encore doté du don de la communication par pensés et je restais dans la salle, comme une conne, bien seule. Les techniciens, derrière la caméra, devaient bien se marrer en me voyant essayer tous les instruments se mettant sur mon chemin et ils devaient aussi compatir pour le pauvre piano, qui subissait fausse note sur fausse note. Ayant marre de cette attente interminable, j’allais m’en aller. Bien qu’il ne s’agisse pas du français, j’étais contente de voir quelqu’un entrer, pour me tenir compagnie, qui plus est Artie. « Tu t’attendais à voir quelqu’un d’autre ? » J’avais été rapide et cru immédiatement voir l’autre jeune homme, quand bien même il n’était pas le seul musicien dans le château. « Ouai » Avouais-je, un sourire au bout des lèvres, s’effaçant pour une petite moue. J’avais bien l’air bête, devant le piano, pieds nus et mes cheveux mouillés et pas coiffés. « Si tu attends quelqu’un, laisse moi juste le temps de finir ma pratique quotidienne, et je te laisse… » Je posais délicatement mon regard sur les touches du piano, puis je reportais mon attention sur lui, comprenant qu’à cet instant, c’était moi qui le gênait bien plus que le contraire. Je secouais légèrement ma tête, pinçant mes lèvres, en supplément de ma réponse. « Reste. J’veux dire, j’attends personne… le piano est à toi. » Je me reculais, lui laissant le champ libre pour ‘sa pratique quotidienne’. « Je pensais juste que c’était Baptiste ». Je me posais sur un des fauteuils fluorescents qui faisait face au l’imposant instrument, frottant mes pieds avant de les poser sur celui-ci. Dans mon coin, me faisant toute petite comme une souris, je regardais le Sir s’installer. « Je peux te regarder jouer… ça ne te dérange pas ? » Je lui demandais ça, avec une moue, face à laquelle on ne peut rien refuser…

Il n’attend pas sa réponse, il commence à survoler les touches du piano une par une afin de tester chacune d’elle. Il réfléchit à ce qu’il va interpréter pour ce soir, en compagnie de sa chère Oona. Il veut faire quelque chose de triste, oui de triste, pas trop quand même mais qui suffira à bercer la jeune irlandaise. Il se tourne vers elle pour réceptionner sa réponse courte « Ouai » Elle ne signifie rien, il attend toujours une réponse plus concluante. « Reste. J’veux dire, j’attends personne… le piano est à toi. » Voilà une réponse complète, il arbore un sourire, se tournant vers le piano, oubliant partiellement Oona qui allait être chanceuse d’assister à l’une de ses pratiques majestueuses. « Je pensais juste que c’était Baptiste » Petit rire, la jeune femme attendait donc Baptiste, fallait le dire depuis le début… Elle se lève et pose ses petites fesses bien rondes une nouvelle fois sur un canapé, en face même de l’instrument. « Je peux te regarder jouer… ça ne te dérange pas ? » Il n'allait pas lui répondre, elle allait surement comprendre qu'Artie serai ravie qu'elle semble vouloir être intéressé par ce qu’il allait lui proposer, autre prétexte pour qu’il s’applique au maximum et ressorte une belle création. Il sent ses doigts légers sur le clavier, et touche par touche, ils deviennent lourds, pesant sur les bords, la pression était à peine descriptible, un doux touché parcourait ses mains lorsque les premières notes se firent sentir, une sensation étrange qu’il n’arriverait jamais à recréer. Ses mains se baladèrent avec une précision hors norme, son dos bien droit, son regard perçant, affirmé, il était impliqué à fond dans ce morceau. Le son était mélodieux et tablait parfaitement avec l’ambiance, il espérait d’ailleurs qu’Oona puisse aimer, il cherchait vraiment à lui faire sentir ses chefs-d'œuvres, peut être différentes, mais qui demeuraient avec une signature très personnel. Il avait séduit Moore, puis Ruben, alors pourquoi pas Oona. Il se tourna par moment vers elle, la regardant comment elle sentait cette musique qui lui était adressé principalement. Il s’arrêta, il était fier de ce qu’il avait pondu en ces instants. Une équanimité rayonnante l’attrapa et c’est avec grâce qu’il clôtura sa petite pratique personnelle. Il se tourna complètement vers elle, les fesses sur le tabouret, il rajouta avec serenité « Alors ? » Verdict final ? était-il meilleure que Baptiste, reste à voir...

Depuis que je fais de la danse, c'est-à-dire depuis dix-huit ans que je pratique, j’avais pris l’habitude d’être toujours accompagné d’un piano. Au début, cela m’étais un peu égal ; j’étais très jeune et pour moi, tant que ça produisait une bonne musique, ça m’allait. Cependant, au fil du temps, j’ai appris à apprécier le doux son du piano et pas que seulement pendant les heures d’entraînement. Je n’ai pas beaucoup assisté à des représentations, mais depuis l’aventure Fake Lover, j’avais eu la chance de voir quelques musiciens s’exécuter devant moi. Cette fois-ci, c’était au tour d’Artie de faire ses preuves, devant mes yeux ébahis. Depuis deux semaines ça n’avait pas changé, j’étais toujours aussi admirative devant les musiciens. Que ce soit au piano, à la guitare, au violon… Je sais que j’ai eu le patiente d’apprendre la danse, mais je ne l’aurai pas eu pour la musique. Presque recroquevillée sur moi, sur un des canapés posé là pour les spectateurs, je regardais les doigts d’Artie se poser un à un ou simultanément sur les touches. Il parcourait le clavier ; il ne semblait absolument réfléchir à ce qu’il faisait, la mélodie lui arrivant au bout de ses doigts. L’espace d’un instant, je fermais carrément mes yeux, laissant la musique m’imprégner au plus profond de mon corps, pour atteindre mon cœur. Ca fonctionnait drôlement bien. La tristesse de ce morceau, autant que la certaine puissance qu’il m’était à le jouer, me donna un petit vague à l’âme, pour une raison qui m’était inconnue. Je restais toujours mes yeux clos, ma tête posée contre mes bras pliés sur mes genoux. « Alors ? » J’ouvrais les yeux, un sourire paisible sur mes lèvres. « C’était magnifique » Lâchais-je. J’étais dans l’incapacité de dire s’il jouait mieux que Baptiste, ou moins bien ; à mes yeux, c’était tout simplement fantastique de savoir en jouer. Après avoir déplié mes jambes, je le rejoignais au bout du piano, posant une main sur celui-ci, mon autre s’occupant de poser mes cheveux sur mon autre épaule. « J’aime beaucoup la musique d’un film français… j’sais pas si tu la connais » Ne retrouvant pas le titre, je commençais à fredonner l’air et tapant légèrement la mesure sur le piano. Le moulin de Yann Tiersen aurait du m’apparaître dans mon esprit. Découvrant qu’Artie connaissait cette mélodie, j’esquissais un sourire. « C’est bien celle là » Je trouvais cette mélodie tellement belle, toute aussi belle que celle qui avait interprété plus tôt. D’ailleurs, elle m’inspirait toujours et me donnait envie de bouger. Instinctivement, mes pieds exécutèrent des ronds de jambe, mes pieds frottant délicatement le sol. Mes bras se levèrent au dessus de ma tête, puis ils s’abaissèrent, au rythme de la douce mélodie. Je tournais et tournoyais, complètement dans mon monde, mélangeant danse classique et mouvements plus contemporain. Mes cheveux balayé l’air et ma robe se soulevait parfois, mais je n’en avais que faire. Je vivais la musique, comme sur l’une des scènes que j’avais pratiquée. J’oubliais les caméras, faisant d’Artie, le seul public de cette sorte d’improvisation. Une fois le morceau terminé, je me retournais vers lui, pour lui adresser une révérence classique.

« C’était magnifique » Peut être que le mot magnifique suffit tout simplement à arracher un sourire au jeune brun. Elle semble avoir aimé, carrément car elle avoue le fait qu’il avait un potentiel qu’elle ne pouvait malheureusement pas en jouir. Elle se leva avec ses jambes légères et s’avança vers le Sir. Elle ne tarda pas à se loger prêt de lui, essayant de lui faire connaître, à priori, sa chanson favorite. « J’aime beaucoup la musique d’un film français… j’sais pas si tu la connais » Elle ne connaissait pas le titre, alors comment pouvait il savoir. La seule chose qu’elle précisa était que le fait que c’était une musique d’un film français… Rien de bien précis encore car il existait une infinité de chansons reliées à des films, il ne pouvait pas lire ce que le jeune femme persistait à fredonner sans le savoir, ou bien à lire ce qui se tramait dans sa petite tête rectangulaire. Il suffit, oui, finalement, qu’elle se décide à marquer le rythme avec un fredonnement maladroit, il assimila et la reconnut subitement. C’était le moulin de Yann Tiersen, pas mal comme chanson, il s’exécuta automatiquement avec une adresse quasi-spectaculaire et commença à jouer… Elle le rassura que c’était la bonne et continua de plus belle « C’est bien celle là » Elle recule, elle s’était déplacé de deux pas pour faire une sorte de danse, une danse frénétique qu’il ne connaissait pas vraiment, et au fur et à mesure qu’il jouait, elle accélérait sa danse, dévoilant par moment les pans de sa robe et laissant ses cheveux blonds, virevoltant dans l’air tel des hirondelles cherchant refuge, il s’arrêta progressivement, laissant la jeune femme tirer une révérence classique. Il applaudit, mais pas trop, des applaudissements à peine audibles mais très significatifs. « On forme un beau duo… » Avoua-il, il se pencha vers le piano et poursuivit quelques mélodies, avant de se retourner finalement vers la jeune femme, changeant catégoriquement de sujets « Approche » Plutôt brusque, il lui fit signe de la main pour venir s’asseoir dans ses genoux, oui le tabouret ne laissait place qu’a une seule personne. Oona avait répondu à l’appel et se longea avec aisance sur ses hanches, ses cheveux étaient humides, il les repoussa délicatement vers le bord pour qu’il ne soit nullement gêné et lui souffla à l’oreille « Maintenant, joue… » D’une manière autoritaire, il voulait la voir comment elle allait se débrouiller, il nota aussi la facilité avec laquelle elle n’avait point hésité à le rejoindre, bravo, elle avait carrément fait des efforts « Ne me déçois pas… » Il n’attendait pas vraiment un exploit, juste voir ce qu’elle savait faire, ou pas…

Je relevais ma tête, avec un sourire joyeux. Ces applaudissements, aussi moindre soient-ils, me faisaient réellement plaisir. J’avoue m’être laissée un peu emporter, mais je ne peux jamais faire autrement quand j’entends les musiques que j’adore. « On forme un beau duo… » J’approuvais d’un mouvement de tête, il était un très bon pianiste, ce n’était pas étonnant. Puisqu’il continua à jouer, j’allais me rasseoir sur l’un des fauteuils et me faire plus petite que jamais, pour le laisser faire sa pratique quotidienne, comme il m’avait demandé. « Approche » Sur le coup, je dû avoir une expression très étonnée et je m’en rendais compte, mais en fin de compte, je m’étais approchée de lui, pour m’asseoir sur ses genoux. Nous étions encore plus proches que l’autre jour dans la chambre ; je ne pouvais pas dire que je me sentais bien, mais je ne sentais absolument pas embarrassée. Plus embarrassée. Plus du tout. Je lui adressais un sourire réjoui, me demandant tout de même pourquoi je me retrouvais subitement sur ses genoux. « Maintenant, joue… » Me souffla t-il à l’un de mes oreilles, qu’il venait de débarrasser de mes cheveux. Après une pause de quelques secondes, je tournais ma tête vers lui, le fixant, troublée. J’en perdis même mes mots, me sentant obligée de me retourner vers le piano. J’agitais mes mains devant le clavier, ne sachant absolument pas quoi faire. « Ne me déçois pas… » Il était marrant, mais j’étais incapable de jouer, même la plus simple des mélodies. Mes doigts caressèrent un instant les notes, avant de réellement les jouer. Enfin, si on peut dire ça comme ça… parce que je me contentais d’appuyer sur les notes au hasard, les faisant ressembler à des mélodies enfantines que tout le monde connait. Constatant rapidement mes dégâts, je m’arrêtais en lâchant un rire. « Je peux pas mieux faire ! Désolé ! » Lui disais-je, avec un rictus. Lui qui me demandait de ne pas le décevoir, je venais de le faire lamentablement, à tout les coups. Je tentais alors de me rattraper. « Quoique, je pourrais avec ton aide… » Je lui soufflais mon idée, à défaut de le mettre à l’exécution. C’était aussi une nouvelle tentative de rapprochement, non avouée, mais que j’espérais vraiment. Je suis bien trop maladroite avec les relations tactiles, bien plus encore qu’avec la parole. Je laissais le soin à Artie de me guider, comme il venait de faire quelques secondes plus tôt.

Oona sur ses hanches, il ne put s’empêcher de sentir son corps collé sur le sien, comme deux pièces de puzzles, liées par un chevauchement très intimes. Il lui demande de lui montrer ce dont elle est capable avec ses mains, car c’était bien jolie ce qu’elle avait théâtralisé avec ses jambes légères et symétriques, mais maintenant, place aux mains… Elle se tourna, apeuré par ce qu’il lui avait ordonné de faire, et ce qu’il lui ordonna tout simplement de faire était de jouer, peu importe comment, simplement jouer. Il se rappela cette mine effaré, la même, quasi-identique que celle de la jeune irlandaise qu’il dut adopter le jour même ou son professeur lui avait demandé pour la première fois de jouer au piano. Ce premier jour était carrément resté dans les anales et il n’était pas prêt à l’oublier. Bien installée, Oona se retourne enfin et se prépare à sortir son rendu, il lui rajoute de la pression, elle n’avait pas le droit de le décevoir, ce n’était pas un droit en fin de compte, plutôt un ordre. Drôle de méthode d’apprentissage non ? C’était la première fois qu’il l’appliquait. Son but n’était pas qu’il lui apprenne à jouer du piano, c’était quasiment impossible, il voulait tout simplement qu’elle essaye par elle-même, devant un jugement extérieur, qui était celui du Lord dans cette situation. Elle s’exécute, clairement dubitative au début, elle se lance finalement dans le bain avec ses doigts fins et froids, elle parcoure le clavier machinalement et crée une vague de bruit carrément atroce, il l’arrête… «Je peux pas mieux faire ! Désolé ! » Elle n’avait pas à être désolé, elle n’était pour rien si elle n’avait pas l’apprentissage requis pour faire sortir de belles choses, chacun son truc « Bravo quand même, tu ne m’a pas vraiment déçu tu sais, c’était tout simplement ce que je recherchais » Effectivement, quand il parlait d’une déception, elle n’était pas reliée au fait qu’elle ressorte une mélodie de grande qualité, non, il parlait du fait qu’elle essaye, devant lui, sans avoir peur d’être jugé, si elle avait lâchement refusé de jouer, sous simple prétexte qu’elle était mauvaise, là il serrait épouvantablement déçu. « Quoique, je pourrais avec ton aide… » La guider, c’était plutôt une très bonne idée, mais elle était vraiment très difficile à mettre en exécution, surtout avec Oona sur ses genoux. Il la repositionne correctement, elle était assez légère pour pouvoir la modeler à sa guise, maintenant, elle était plus de profil, toujours sur se genoux, il avoue « Je ne pourrai pas, je ne serais pas très concentré… » Surtout avec la présence de la jeune ballerine. Il pensait, naturellement à autre chose. Et si elle avait voulu installer une tentative de rapprochement, bah ils l’étaient déjà, même dangereusement là, alors pourquoi se compliquer la tâche encore plus. Il se contente de lui murmurer avec une sérénité déséquilibrante, tout simplement « Joue maintenant… » Le message était clair, si elle voulait jouer, c’était le moment pour ça, pas grave si elle ne savait pas le faire, il notera l’effort quand même... comme avec le piano d'ailleurs…

« Cap d’aller baisser le froc de Sir Artie pour lui mettre une fessée ? » Ah la salope, je n’en reviens pas. Sur le moment je me demande bien comment est-ce que je vais pouvoir faire pour réaliser ce défi sans me mettre en froid avec Artie puis, je me dis qu’il va comprendre et qu’il va passer, lui qui m’a entrainé dans une journée ménage bien singulière. « Attends-moi j’arrive. » Je lui prends son appareil photo des mains et je pars à la recherche de Sir, c’est sûr, lorsque je lui aurais baissé le froc et le calbut pour lui mettre des fessées il ne me verra plus jamais pareil, lui qui est si bien éduqué. Après quelques minutes de recherches intensives je me retrouve dans la salle de musique, Artie est accompagné de Oona l’une des filles les plus géniales dans ce château, je m’approche pour lui faire la bise et un gros câlin pendant que j’y suis. « Mon chou tu vas devoir me filmer okay ? » J’avance vers Artie. « Mon pote… Je suis sincèrement désolé mais c’est pour le bien de l’humanité. » Je fais signe à Oona de commencer à filmer, dès que je vois le rond rouge s’allumer je prends Artie par son pantalon, je lui baisse ce dernier ainsi que son boxer le laissant cul nul, je lui met deux fessées en hurlant. « Méchante fille… T’es une méchante fille. » Je fais signe à Oona de couper. Je suis fier de moi pour avoir réussi mon défi encore une fois, après avoir repris la caméra j’adresse un dernier sourire à mes deux camarades. « A plus tard… »

J’avais beau prétendre être douée à la danse et d’en faire mon métier, il n’en était pas de même avec mes mains et le piano devant moi. Je laissais ça aux professionnels et aux beaucoup plus doués que moi, comme Artie par exemple. « Bravo quand même, tu ne m’a pas vraiment déçu tu sais, c’était tout simplement ce que je recherchais » Mon rictus se transforma en un petit sourire. Je ne comprenais pas vraiment où il voulait en venir – je venais quand même de faire quelque chose d’horrible et de franchement inaudible – mais je ne me posais pas de question, me contentant de lui sourire, en haussant les épaules en toute modestie. S’il avait entendu ce qu’il avait cherché, c’était tant mieux pour lui et pour moi aussi du coup. Je n’aurai pas à recommencer se massacre. Quoique, j’aurais bien pu le refaire avec son aide, mais le Sir ne semblait pas enclin à m’aider pour le piano. Je sentis plutôt ses mains se poser sur moi, pour pouvoir me placer mieux sur ses genoux. Je ne cessais pas de le regarder, tout comme il ne cessait pas de le faire. « Je ne pourrai pas, je ne serais pas très concentré… » Je me mordillais la lèvre inférieure, baissant légèrement la tête. Je me rendais enfin compte à quel point nous étions prêt l’un de l’autre. J’étais tout de même sur ses genoux et non plus à côté de lui sur un canapé. Même en m’ayant prit les mains et m’ayant embrassé légèrement la dernière fois, ce n’était rien comparé à cet instant. Nos visages étaient si prêt l’un de l’autre, lorsque je relevais ma tête pour le regarder, mais de nouveau, une expression d’étonnement se lu sur mon visage. « Joue maintenant… » Je venais de jouer, c’était déjà bien suffisant… Après quelques minutes de réflexion, je sentis une source de chaleur monter en moi. Il pensait à la même chose que moi. Oui, je suis très longue à la détente. Ce n’était pas de ma faute, c’était une grande première pour moi. D’être le centre d’attention de quelqu’un et d’attiser peut-être son « envie ». C’était tout nouveau, alors que pour lui, ça ne devait pas l’être… J’avais rudement envie de l’embrasser ; de poser mes lèvres contre les siennes, pour un instant magique, sauf que je ne sais pas comment m’y prendre. J’ai bien trop peur d’être maladroite, d’où mon hésitation. Tant pis, il me reprendrait s’il le fallait. J’avançais mon visage, à la recherche de ses lèvres, mais la porte s’ouvrit subitement. J’en sursautais, me levant immédiatement des genoux du Sir. Mon regard se détourna de lui pour se poser sur l’intrus, Baptiste. Baptiste ! Je lui lançais un drôle de regard, tandis qu’il vint s’approcher de moi pour m’embrasser. Je me laissais faire, profitant de son câlin. Oui, avec lui, tout semblait beaucoup facile qu’avec le Sir, mais nos relations ne sont pas pareilles non plus. « Mon chou tu vas devoir me filmer okay ? » « Euh, ok ! » Il me refourgue un appareil photo, tandis que je lui lançais un regard d’incompréhension. Il s’en fichait ; il alla près du Sir. « Mon pote… Je suis sincèrement désolé mais c’est pour le bien de l’humanité. » Artie semblait tout aussi perdu que moi, ça me rassurait dans un sens, puis, comme il me demanda de filmer, je m’exécutais, sans trop me poser de questions. Quoique j’aurai peut-être dû, puisque rapidement, Artie se retrouve le cul nul devant l’appareil photo que je tenais, se faisant fesser par un Baptiste pour le moins hilarant. Je regardais immédiatement ailleurs, pour ne plus voir cette scène humiliante pour le Sir, bien que je ne pu pas retenir un rire. « A plus tard… » Baptiste m’avait reprit la caméra des mains et s’était barré, nous laissant en plan. J’étais dans l’incapacité de dire ce qu’il venait de se passer, tous s’étant passé rapidement. Je baissais la tête, laissant échapper un autre rire, me passant la main sur le visage. Je n’en revenais pas, Baptiste nous avait tout de même coupés à un moment décisif et maintenant, nous étions éloignés l’un de l’autre, le Sir rhabillé, mais avec sa crédibilité perdue. « T’as fais quelque chose mal, pour mériter ça ? » Lui demandais-je, un regard jovial avec le sourire qui allait avec, mes mains dans mon dos.