Ses mains délestent enfin mon corps, comme si mes mots, véritables électrochocs, étaient parvenue à mettre en évidence l’incohérence de son comportement, la poussant à agir en adéquation avec ses propres dires. Elle voulait que j’arrête, mais ses mains ne faisaient que me rapprocher davantage de son corps, de sa peau, de sa gorge où je laisse trainer mes lèvres comme dans une mauvaise pub pour un eyeliner soit-disant révolutionnaire. Je ne sais pas ce qu’elle cherche à prouver, mais je ne m’arrêterais qu’en sentant une véritable résistance de sa part. Je veux qu’elle atteigne le point de rupture, lorsque raison et rationalité s’apprête à céder la place à peur et panique. Ce qu’elle vient juste de faire avec moi, en somme. Et alors que je m’apprête à baisser les bras, estimant cette fille totalement masochiste voir suicidaire, je sens le fameux point de rupture se pointer. C’est dans ses mots, c’est dans ses gestes. Elle rend les armes en me demandant de la lâcher d’abord. En somme, pas suffisant pour me convaincre, mais lorsque je la sens, plus que je ne la vois, tourner la tête, je comprends qu’elle n’est pas entrain d’élargir mon terrain de jeu dans son cou, mais qu’elle cherche à fuir le spectacle que je lui offre. Elle ne se débat pas, elle ne cherche même pas à me repousser, je pense qu’elle serait capable de me laisser la prendre, là, comme ça, avec soumission et dégoût. Elle me laisserait la salir. Et ça me révolte. Je me recule, suffisamment pour lui attraper le menton et la forcer à me faire face. « Regarde-moi, Gabrielle ! » Je grogne toujours, mais ma férocité s’est quelque peu atténuée. « Tu vois ce que ça fait d’utiliser la faiblesse de l’autre pour parvenir à ses fins ? Tu trouves ça correct comme comportement, tu trouves ça intelligent ? Tu trouves ça plaisant de m’observer paniquer ? Tout ça pourquoi ? Pour que je parle ? T’as vraiment l’impression que je vais pouvoir parler dans cet état ? » Je lâche finalement son menton, et quitte ses jambes pour m’en aller récupérer ce jean qui traîne au sol et qui doit vraiment lui manquer. « Maintenant, rends-moi cette clef. Ne m’oblige pas à te supplier à nouveau. » Dis-je, d’une voix éteinte, tout en déposant le vêtement sur ses jambes nues.

« Regarde-moi, Gabrielle ! » lui dit-il. « J'ai pas envie. » grogne t-elle en articulant chaque mot pour qu'il les imprime dans son esprit, elle résiste un instant, mais la main de Syssoï la force à le regarder. Elle était obligée. « Tu vois ce que ça fait d’utiliser la faiblesse de l’autre pour parvenir à ses fins ? Tu trouves ça correct comme comportement, tu trouves ça intelligent ? Tu trouves ça plaisant de m’observer paniquer ? Tout ça pourquoi ? Pour que je parle ? T’as vraiment l’impression que je vais pouvoir parler dans cet état ? ». « T'es jamais en état de parler. » répond t-elle, directe. Non parce que la dernière fois qu'elle lui avait demandé des explications sur son comportement, ça avait fini d'une façon..étrange comment dire. Il s'écarte enfin d'elle, Gabrielle pousse un soupir de soulagement.
Il lui rend enfin son jean, et lui redemande cette clef. Elle attrappe son jean, se décale, et descend du sèche linge, en un saut souple et s'écarte ainsi de Syssoï. Elle remet son jean, le remontant sur ses cuisses, et boutonne le tout, bref, elle était enfin habillée. La rousse passe une main dans sa chevelure, avant de se diriger vers une étagère, une étagère bien précise. Là où elle avait posé la clef, evidemment qu'elle n'avait pas gardé la clef sur elle, si elle n'était pas dans ses poches, elle ne pouvait pas être sure la jeune française, qui n'était pas du genre à cacher un objet dans son décolté ou dans ses ballerines. Non, elle ne préférait pas s'encombrer, et puis la fouille minutieuse qu'elle venait de subir, il l'aurait déjà trouvé. Elle se met sur la pointe de pied, sa main parcourt l'étagère, et cherche derrière une boîte de conserve. Elle trouve ce que désire Syssoï depuis une bonne dizaine de minutes, et s'en empare. Gabrielle s'approche de la porte, glisse la clef dans la serrure et la tourne, dans le bon sens si possible, elle entend un bruit tout à fait satisfaisait, et la porte s'ouvre. La belle ouvre la porte, en grand, et fait enfin face à Syssoï -car jusque là elle ne lui offrait que la vue de son dos-. « Tu es libre. » lâche t-elle tout simplement.

Je ne suis jamais en état de parler... C’est ce qu’elle prétend, et elle n’a pas tort. Ce n’est pas ce que j’entendais ici, puisque mon cerveau étant accaparé par ce besoin de fuite et de contrôle de ma panique, rien d’autres n’est apte à être réfléchit ou raisonné, je suis mono-tâche, sortir, sortir, sortir. Mais dans le fond, elle n’a pas tort. Je n’aime pas parler, ce n’est un secret pour personne, elle a même été la première à le savoir. Les premiers mots que je lui ai offert n’étaient-il pas « j’aime pas parler. » justement ? Je ne l’ai pas trompé sur la marchandise, je suis resté fidèle à moi-même et à mon incapacité à m’en ouvrir aux autres. Je lui rends son jean après lui avoir arraché la promesse de me libérer. Elle est froide comme la glace, je crois bien ne l’avoir jamais vu aussi en colère, aussi distante. C’est ce que je voulais, n’est-ce pas ? Alors c’est quoi cette douleur, là, derrière ma cage thoracique ? Je l’ignore, je nie son existence, et m’adosse à un de ces murs qui semblent s’être immobilisé depuis que j’ai la certitude que ma libération est proche, afin d’observer Gabrielle tant qu’elle me tourne le dos. Là, comme ça, j’ai pas besoin de faire semblant, je peux, je m’autorise à détailler sa silhouette à la caresser du regard. J’embrasse ses formes, embrase les miennes, puis la contemplation cède la place à la perplexité lorsque, enfin couverte, elle s’étire de tout son long pour récupérer quelque chose derrière les bocaux de la dernière étagère. Quoi ? C’est là qu’elle avait plaquée la clef ? J’aurais pu la fouiller longtemps, en effet. Elle fini par se retourner, et moi je me détourne, gardant tout de même l’oreille tendue vers ses déambulations. Je l’entends s’approcher de la porte, et tourner la clef dans la serrure. Chaque tour me libère un peu plus, et je sens l'oppression effectuée sur mes poumons se relâcher un peu, comme un étau qui se desserre. La brume épaisse de mon cerveau s'effiloche, laissant place à autre chose que ‘sortir, sortir, sortir’... La porte claque lorsqu’elle l’ouvre en grand, et j’imagine les expressions de surprise qui doivent tordre les traits des candidats présents dans la cuisine. « Tu es libre. » Mon corps le sait, je respire à nouveau à plein poumons, mais mon esprit, pinailleur, sait bien que je ne serais jamais libre, ni au sens propre, ni au sens figuré du terme. « Merci... » C’est tout ce que je parviens à souffler, avant de m’effondrer sur le sol, visage tourné vers la porte et le courant d’air frais que j’imagine probablement sur mon visage. Je sais qu’elle va franchir la porte, je sais qu’elle va quitter cette pièce et avec elle sa détermination à me faire changer d’avis, je sais qu’après ça, elle ne sera jamais plus pareille, pas avec moi, qu’elle respectera cette distance que je lui ai imposé, qu’elle ne sera jamais plus que ma partenaire de jeu. Juste ce que je souhaite, n’est-ce pas ? Alors pourquoi mon bras se tend et ma main s’enroule autour de son poignet juste au moment où elle va franchir cette foutue porte ? Je sais pas.

« Merci... » Elle s'en fiche, elle ne veut pas de son merci. Gabrielle est entrée dans sa phase de colère froide, ce n'est pas de l'énervement loin de là, elle est comme distante, et ça ne lui ressemble pas. Mais Syssoï avait eu ce qu'il voulait, c'est lui qui gagnait à la fin, il avait reussi à obtenir l'effet qu'il recherchait depuis quelques semaines. Il devait être satisfait maintenant, au moins un des deux l'était, c'était déjà cela. Ouai, elle espérait qu'il était satisfait parce que c'était lui qui avait provoqué tout cela, il l'avait cherché, il l'avait trouvé. Cette entrevue avait viré au cauchemar, et là façon dont Syssoï avait essayé de la pousser à bout, elle aussi, lui donnait des frissons. Cela partait du bas de son dos, pour remonter jusqu'à la base de son cou. C'était insupportable, elle essayait de ne plus y penser, d'effacer ce qu'elle venait de vivre ces dix dernières minutes. Elle veut que sa mémoire redevienne un cd vierge, que ça recommence. Comme ça elle serait pas entrain de se remémorer la scène à chaque fois qu'elle poserait les yeux sur Syssoï. Parce oui, c'est ce qui lui viendra naturellement en tête.
Elle le regarde qui s'effondre sur le sol, en direction de la porte qu'elle a ouvert. Un peu trop brusquement d'ailleurs puisse qu'elle claque en un bruit sourd, Gabrielle apperçoit même des candidats qui sortent la tête à travers l'encadrement de la porte, et la regardent. Elle reste impassible. Ils repartent, ils n'avaient apparement rien de croustillant à se mettre sous la dent. Elle regarde une dernière fois Syssoï, toujours aussi froide et calme, elle se décide, elle a déjà bien trop trainé, oui, elle va faire comme il était prévu, garder une certaine distance. Cette decison l'affecte tellement qu'elle a envie de lui dire qu'elle ne veut plus dormir avec lui, autant bien le faire, mais ses mots ne passent pas la barrière de ses lèvres, et heureusement d'ailleurs, parce qu'elle sait qu'elle sera la première à retourner se blottir dans le lit. Oui, Gabrielle a peu de volonté, c'est sa faiblesse, et elle le sait. Elle s'apprête à franchir la porte, lorsqu'elle sent la main de Syssoï sur son poignet qui l'empêche d'avancer. Elle se raidit trois secondes avant de se détendre. « Qu'est ce que tu fais ? » lui demande t-elle d'une voix monocorde. Bon c'était évident, mais pourquoi ? Pourquoi ne la laissait-il pas partir ? « Qu'est ce que tu veux ? » ajoute t-elle d'une voix légèrement plus douce en baissant ses yeux sur Syssoï, toujours à terre.

Je n’ai pas calculé mon geste, pas plus que je ne suis parvenu à le retenir. Après avoir glisser contre le mur pour atterrir au sol, j’ai presque, naturellement noué mes doigts autour du poignet de la rousse, l’entravant de manière à ce qu’elle ne prenne pas la fuite. Elle est allée jusqu’à m’enfermer dans le cellier dans le vain espoir de discuter, et voilà que maintenant elle se dérobe et prend la fuite ? C’est quoi son putain de problème ? Elle me contemple avec dédain et austérité, et j’ai juste une violente envie de la frapper pour la forcer à refaire surface, à redevenir elle-même plutôt que cette conne cruelle et pédante. Qu’elle soit en colère et frustrée du fait que j’ai du mal à parler, c’est une chose, mais qu’elle ne soit pas en mesure de comprendre une phobie et m’en veuille pour un truc sur lequel je n’ai aucun contrôle, c’en est une autre. Elle m’a laissé par terre. Je ne le lui reproche pas, j’aime mieux ça, mais je ne peux m’empêcher de me demander où est passée cette Gabrielle, l’originale, l’originelle, celle qui ne vivait que pour porter secours aux autres ? Son nouveau elle ne lui correspond pas, il est trop criard pour sa peau blanche, trop insolent pour ses yeux naïfs, elle est en total incohérence avec elle-même. Vas-y, sors de là la connasse abjecte, rend-nous la vraie détentrice de ce corps. « Tu n’obtiendras rien de moi avec pareil comportement. » Je tranche, en relâchant son poignet. « Il me semble t’avoir simplement demandé d’ouvrir cette porte, rien d’autre. Mais si tu préfères faire une sortie théâtrale et te complaire dans ta connerie, vas-y, je t’en prie, la porte est grande ouverte... » D’un ample mouvement de bras, je lui désigne la fameuse porte, avant de récupérer ma tête entre mes mains, position qui m’aide à reprendre mes esprits et calmer les battements tarés de mon coeur. « Ton comportement est tellement puéril... Tu enfermes un claustrophobe, tu exiges une conversation alors qu’il est en pleine crise, il te répond qu’il ne peut pas parler dans cet état, te supplie de lui ouvrir, tu t’obstines à refuser comme si tu prenais ton pied à le voir souffrir, il se retrouve obligé de te menacer physiquement pour que tu finisses par lui ouvrir, et lorsque c’est fait, tu décides de te barrer sans même lui prêter attention ? C’est quoi ton problème Gabrielle ? Et ne me réponds pas qu’il s’agit de mon refus de parler parce que je t’ai déjà expliqué tout ce qu’il y avait à dire, et qu’il ne me semble pas avoir refusé le dialogue aujourd’hui, il suffisait d’ouvrir la porte pour ça. » Je finis par relever la tête, perdant mon regard dans le sien, à la recherche de celle que j’ai connu... En vain. « Je ne sais pas qui tu es, je ne te reconnais pas. Mais je sais une chose, cette fille, là, en face de moi, j’ai ni envie de lui parler, ni envie de la connaître. » Mon regard glisse sur sa silhouette, à la recherche de quelque chose de familier, et en vérité tout l’est, sauf ses yeux et ses expressions. « T’es pas Gaby. » Je délivre ma conclusion, avant de retourner me cacher dans mes mains. Qu’elle parte, maintenant.

Il la lâche, elle regrette presque immédiatement ce contact. « Tu n’obtiendras rien de moi avec pareil comportement. » Le pire c'est qu'il a raison. Elle ne se reconnait même pas. Depuis quand elle agissait comme cela, si froide, ça ne lui ressemble pas. Gabrielle est pas définition, par essence, une fille douce et pétillante, et avec une détermination sans fin. Et là, elle ressemblait à quoi, en ce moment même ? A une princesse des glaces capricieuses et puérile, idiote, et sans logique ni raisonnement. Une fille capable de mettre son propre partenaire dans une position inconfortable, face à ses plus grandes peur -ou presque- l'enferment, et au départ, elle était restée de marbre face à sa panique. Ce comportement n'était absolument pas le sien. Elle n'écoute que la moitié des propos de Syssoï, parce qu'elle sait qu'il a raison. Elle pense, elle réflechit, elle se questionne sur soi-même, en ce demandant si elle n'avait pas perdu une partie de son cerveau sur le chemin du céllier. Gabrielle se fait violence pour ne pas parler à voix haute, il faut qu'elle fasse quelquechose contre cela putain, qu'elle apprenne enfin à intérioriser ses pensées, parce que ça devient vraiment encombrant maintenant. Et pour remédier à tout cela, elle pince ses lèvres au maximum et serre sa mâchoire, c'est la seule solution efficasse. Peut-être que si elle se mordait la langue, ça résoudrait définitivement son problème. Elle observe Syssoï, qui est toujours à terre. Elle passe une main dans ses cheveux, puis lisse sur son front le pli qui est formé depuis quelques minutes, depuis qu'elle fronce les sourcils comme une malade. Ouais, elle est comme ça. Gabrielle se demande pourquoi elle avait fait ça, elle aurait pu tout simplement lui parler lorsqu'il venait dormir à côté d'elle, ah non, puisse qu'il attendait qu'elle dorme pour se pointer. Ou tout simplement dans la maison, ah non, puisse qu'il l'évitait. « T’es pas Gaby. » Elle ne cille même pas, elle encaisse en silence parce qu'il est dans le vrai, parce qu'elle n'aurait jamais du se comporter ainsi face à lui. « T'as raison. » dit-elle simplement d'une voix basse. La rousse se glisse lnetement à côté de lui. « Excuse-moi.. » articule t-elle doucement, la tête baissée, elle fixait longuement le sol, ses longues boucles rousses cachaient une partie de son visage. Elle envisage de lui donner une explication, mais elle n'en n'avait pas, elle ne comprenait pas elle-même le comportement qu'elle venait d'avoir. Elle avait agit c'est tout, et maintenant elle le regrettait amèrement, et le mot était bien trop faible. « Excuse-moi. » repéte t-elle une nouvelle fois.

Je fonctionne en totale autonomie la plupart du temps, mais lorsqu’on m’a projeté dans ce jeu, on a exigé de moi une certaine dépendance vis-à-vis des autres, à commencé par ma partenaire imposée, Gabrielle. Alors elle est devenue une sorte de batterie de secours, le pack de vie qui apparaît lorsque la barre au-dessus de ma tête passe du vert à l’écarlate. Elle est un pilier, le premier pilier que j’ai eu ici, un repère, quelque chose qui se doit d’être là et de ne pas en bouger. Aussi, lorsqu’elle se métamorphose sous mes yeux au point que je suis tout bonnement incapable de reconnaître celle à qui je tiens, mon level de panique est bien au-dessus du seuil atteint pendant ma crise de claustrophobie. Je me demande si je suis responsable de ce changement, si c’est moi la cause de tout ça, et si oui, quelle est la prochaine étape, est-ce qu’elle sera semblable à ce que j’ai déjà vécu ? Elle s’excuse à plusieurs reprise, sa voix trahissant l’ahurissement et la gêne face à la prise de conscience, et elle finit pas s’échouer à côté de moi. Je sens la pointe de ses cheveux jouer sur mes avants-bras, j’ai conscience de son parfum emplissant mes narines qui m’informe de sa proximité. Je relève la tête. C’est de nouveau elle, l'originelle, la version pure sans altération. Je ne peux pas feindre l’indifférence, alors que le soulagement se diffuse à une vitesse vertigineuse dans mes veines propulsé par ce coeur qui tabasse ma cage thoracique. « C’est de ma faute ? » Je finis par demander, doucement, de peur qu’on puisse m’entendre depuis la cuisine, tout en ramenant une mèche rousse derrière son oreille pour qu’elle cesse de s’en servir comme rideau chatoyant censé l’extraire à ma vue. « Gaby... Explique-moi ce qu’il se passe, je ne te suis plus... Qu’est-ce que tu veux ? » Autant de questions que je n’ai pas l’habitude de poser, puisqu’en temps normal je suis apte à anticiper ses besoins et ses envies avant même qu’elle n’ait conscience de les avoir. Mais là, je suis paumé. Je pensais avoir agit au mieux, mais j’ai l’impression de n’être parvenu qu’à la déboussoler. Je ne veux pas ça. Je dépose ma bouche contre sa tempe offerte, et après avoir laissé trainer mes lèvres sur tout le haut de son corps à la manière d’un obsédé du sexe, ce simple geste chaste prend des allures de rédemption, de pardon.

Elle le laisse descendre, elle pert de la hauteur, et attérit déclicatement sur ses genoux. « C’est de ma faute ? » Qu'est-ce que cela changeait ? Rien. La jolie rousse n'a qu'une envie, lui dire que non, parce que Syssoï lui semble déjà mal en point, pas la peine de l'accabler avec un point.Néamoins, elle s'est jurée d'être sincère, avec tout le monde, et Syssoï n'échappait pas à la règle. « Je.. » commence t-elle, en cherchant ses mots, elle soupire délicatement, avant de s'arrêter rien que deux secondes. « Je crois que oui. » murmure t-elle ddans un souffle, le regard toujours attiré par la seul, ça lui évitait de lui faire face, d'une certaine façon. Parce que le sentiment de honte était encore présence dans chaque parcelle de son âme. Ce sentiment de la quittait plus, surtout après ce que venait de lui dire le candidat. Qu'elle n'avait pas été elle-même, que son corportement était puéril et cruel. Cela faisait beacoup à surporter d'un seul coup, la vérité était dure à supporter en général, et le regard de Syssoï allait trop être pesant pour elle. Alors Gabrielle s'y soustrait, comme elle peut. Syssoï dégage son visage, la rousse finit par lever la tête, de quelques milimètres seulement et l'observe en silence. « Gaby... Explique-moi ce qu’il se passe, je ne te suis plus... Qu’est-ce que tu veux ? » Juste la même chose qu'elle voulait depuis une semaine, qu'il supprime la distance qu'il avait installé entre eux, depuis un certain même. « C'est simple » articule t-elle lentement. « Je veux juste que tu arrêtes, d'agir comme cela, d'être distant avec moi. Je veux que cela se stoppe. » finit t-elle d'une voix douce. Syssoï se rapproche d'elle, déposant un léger baiser sur sa tempe. La rouquine se retoune vers le français, et colle délicatement son front contre le sien, et reste là, sans bouger.

Je suis donc la cause de tout ceci. Si j’avais encore un espoir d’être extérieur à sa transformation, sa sincérité vient de le faire exploser et voler en éclat. Je suis responsable, je suis l’épicentre de son malaise, alors que j’ai absolument tout tenté pour qu’elle parvienne à dissocier son ressenti à mon image. Je ne suis que son partenaire, elle doit cesser de me chercher du regard chaque fois qu’elle entre dans une pièce, ou attendre que je vienne me coucher pour s’endormir... Ça lui gâche l’aventure, ça l’isole des autres. Je ne suis pas suffisamment con pour ne pas remarquer que son humeur est intimement lié à moi, au nombre de mots que je vais lui lâcher dans la journée, au nombre de regard auquel elle aura droit... Je m’en doutais, c’est un fait, mais ça s’avère toujours étrange d’en obtenir la confirmation. Elle ne l’affirme pas avec certitude, mais ça me suffit pour m’auto-flageller mentalement. Je veux qu’elle aille mieux, je veux qu’elle redevienne définitivement celle qu’elle était avant de me rencontrer, même si quelque chose me dit que c’est impossible. C’est pour ça que je lui demande de me parler, de m’expliquer ce qu’il se passe, de m’exposer ce qu’elle veut. Sa réponse est aussi claire que ma question. Elle veut que les choses redeviennent comme avant. Mais avant il s’agissait d’une relation bâtarde, où personne ne savait vraiment ce qu’il faisait ni où il allait, sauf moi peut être, à savoir : droit dans le mur. Pour elle, comme pour moi. Elle colle son front au mien et je ferme les yeux, sans bouger. « Et qu’est-ce qui se passera ensuite ? Est-ce que tu seras moins faible, est-ce que je serais moins lâche qu’il y a deux ou trois semaines ? Peux-tu me promettre que je ne te ferais aucun mal, que tu ne souffriras pas à cause de moi ? » Je demande d’une voix fatiguée, avant de décoller mon front du sien pour l’attirer, elle, toute entière, contre moi, sa tête contre mon épaule. « Qu’est-ce que tu attends de moi ? » J’ai besoin de savoir afin de constater l’étendue des dégâts et envisager une solution annexe. Il est hors de question qu’elle souffre davantage. Jamais.