Ce petit jeu commençait à sérieusement devenir drôle. Enfin, plus pour moi que pour elle quand même. Je n'avais pas de mauvaises intentions, surtout pas envers Gabrielle. Je voulais juste mettre à profit le temps libre que j'avais pour m'occuper de causes tout à fait sérieuses, comme la très supposée relation naissante entre Jacko le blond et Gabi la rouquine. Ces deux-là nous cachaient bien des choses, si vous voulez mon avis. Et si vous n'en voulez pas je vous le donne quand même. « Mais pourquoi moi sérieux ? » Gabrielle se plaignait, allons bon. Pourquoi elle plutôt que, heu, Jackson par exemple ? Et bien selon moi elle était une cible bien plus atteignable que le grand blond. Celui-ci n'aurait pas cru une seconde à l'histoire du petit mot, même si celui-ci avait été écrit de ma main et signé Gabrielle. Il n'était dupe de rien, le Jacko. Gabrielle était loin d'être idiote, bien au contraire, seulement comme je m'en doutais elle ne s'était absolument pas méfiée en trouvant le mot. Je préférais encore ne pas répondre, des fois qu'elle soit tentée de me gifler ou de m'arracher les sourcils.« En plus je suis toujours sympa avec toi Ruben, tu pourrais m'épargner quand même. S'il te plait. » Tout ce dramatique autour de cette histoire. Je ne lui voulais rien à cette petite, il fallait qu'elle se rassure un peu. « Oh tout de suite, "t'épargner". Je suis pas sur le point de te zigouiller non plus, tranquillises-toi. » Mais oui, on aurait dit que je maintenais un couteau sous sa gorge alors qu'il n'en était rien. J'allais bientôt passer pour un cinglé, si ça n'était pas déjà fait bien sur. Je tentais de faire un peu d'humour, ce qui ne semblait pas franchement ravir la belle rousse. « Je trouverai de la glu pour les recoller. » Nous étions sauvés alors, mon cœur serait entre de bonnes mains. Après tout si Jackson lui avait confié le sien, je ne me sentais pas trop en danger. J'avais signifié à Gabrielle que je ne lui voulais aucun mal, et que mes soit-disant menaces avaient été débitées en l'air. « Je sais, t'es un nounours. Mais si je te dis rien, tu me laisseras sortir, quand même ? » Un nounours séquestreur, pour être plus précis. « Le nounours que je suis n'ouvrira la porte que s'il entend ce qu'il a envie d'entendre, c'est à dire la vé-ri-té. » Car pour le moment, la vérité n'était selon moi pas encore sortie de la bouche de la rouquine. Et non, on ne me la faisait pas à moi. « Je ne mens jamais Ruben, sache-le. » C'te blague. Et que faisait-elle, là, à l'instant ? Et bien elle mentait, tout simplement. Elle mentait en prétendant ne jamais mentir. Il y a une première fois à tout, on pouvait quand même le lui pardonner. Et puis dans le genre menteur, je me posais là moi aussi. « Ah ! Tu viens de le faire. » Si Gabrielle paraissait sincère, elle ne disait selon moi pas toute la vérité bien qu'il semblait que demeurait dans ses paroles une part de vrai. Mais je ne pouvais pas en être certain. « J'ai rien à me reprocher, mais j'ai pas franchement envie d'en parler. On a discuté, il m'a dit qu'il m'appréciait beaucoup, et je lui ai dis que c'était la même chose pour moi, qu'il compte pour moi, voilà, en gros. » Ralala, quelle fantastique comédienne elle faisait alors. On y aurait presque cru ! Presque. Mais non, une fois encore ça ne marchait pas avec moi. Selon moi Jackson et Gabrielle faisaient bien plus que s'apprécier beaucoup mutuellement. Mais ça, je pouvais toujours courir pour que Gabrielle le reconnaisse. « Et l'oscar de la meilleure actrice revient à... Gabrielle ! » Oh oui sa prestation méritait bien un oscar. J'aimais bien le "en gros" qui mettait fin aux paroles de la demoiselle, d'ailleurs. Il était là pour cacher la vérité, ni plus ni moins. "En gros" signifiait qu'elle ne disait pas tout, qu'elle simplifiait les choses et qu'elle cachait ce qu'il s'était réellement passé, dans cette chambre. « Il t'a pas plutôt dit qu'il t'aimait tout court ? Je suis même sur que tu lui as dit la même chose, et qu'il s'est passé quelque chose ensuite. Allez, au point où on en est, tu peux cracher le morceau non ? » Cela faisait plusieurs minutes que nous étions là, en plein interrogatoire. Je n'avais toujours pas obtenu les aveux que j'attendais. Il n'était pas question que Gabrielle me mente et m'avoue quelque chose qu'il ne se serait pas passé juste pour me faire plaisir, non. Je voulais la vérité, et ça n'était pas la vérité ce qu'elle venait de me dire. Clairement pas.

La façon dont il s'interessait à leur pseudo cas était dérangerante, enfin c'est ce que pensait la rouquine, et elle était sur que Jackson partageait entièrement son avis pour le coup. C'est comme si Gabrielle se mettait à se méler du cas Ruben et Moore, c'est complétement déplacé, elle n'oserait jamais faire une telle chose, car de un, cela ne la régardait en aucun cas, de deux, c'était leur histoire, de trois, c'était une prise de tête assurée avec eux deux. Elle aimerait que Ruben en fasse autaut pour elle. Mais bon, s'il n'avait pas cette maturité d'esprit suffisante qui normalement devait lui faire prendre conscience que ce qu'il faisait éait déplacé, elle ne pouvait plus rien pour lui, elle jetait l'éponge. « Oh tout de suite, "t'épargner". Je suis pas sur le point de te zigouiller non plus, tranquillises-toi. » Elle soupire bruyament en regardant Ruben d'un air mauvais, parce que elle, là, maintenant, elle voulait le zigouiller. En plus il essayait de faire de l'humour, elle n'est pas sortie de l'auberge, ça, c'est sûr. « Le nounours que je suis n'ouvrira la porte que s'il entend ce qu'il a envie d'entendre, c'est à dire la vé-ri-té. » hm hm, il n'y avait rien à en tirer, tiens, et si le nounours allait se prendre, là, tout de suite. « Pourquoi ça t'interésse tant ? » lui demande t-elle en croisant les bras sur sa poitrine, fatiguée de ce combat qui commençait à durer. « Ah ! Tu viens de le faire. » Elle se marre, non, elle ne se moquait pas de lui, mais il ne pouvait absolument pas comprendre, elle lui en veut pas, c'est pas grave. « Cela m'étonnerait. » répond t-elle en lui servant une moue désolée. Apparamment il ne croyait pas un mot de ce qu'il disait, pourtant, ce n'était que la vérité....Mais que voulait-il qu'elle lui dise à la fin ? Ruben a vraiment un problème, il faut qu'il pense à se faire soigner là. « Et l'oscar de la meilleure actrice revient à... Gabrielle ! » Elle fait une pseudo réfévérence avant de soupirer. «Arrête d'insister, ça devient lourd Ruben. » réplique t-elle calmement, pitié, qu'il arrête. Par pitié. « Il t'a pas plutôt dit qu'il t'aimait tout court ? Je suis même sur que tu lui as dit la même chose, et qu'il s'est passé quelque chose ensuite. Allez, au point où on en est, tu peux cracher le morceau non ? » Il est ni dans le vrai, ni dans le faux, entre les deux. « Je ne lui ai pas dis que je l'aimais. » annonce t-elle brusquement, oui, c'était vrai ça. Et s'il ne la croyait pas, alors tant pis, c'est qu'il ne comprend rien à rien.

J'avais bien pris conscience que je me mêlais clairement de choses qui ne me regardaient absolument pas. Mais ça ne m'empêchait pas de vouloir connaitre les vilains petits secrets que Gabrielle essayait tant de me dissimuler. Car il semblait évident qu'elle ne me disait pas tout. Je n'étais aucunement en train d'insinuer qu'elle n'était qu'une menteuse, loin de là ; je disais juste qu'elle était loin de tout me dire, nuance. Cependant mon comportement semblait très sérieusement exaspérer la grande rousse. Cela pouvait se comprendre, moi même je doute que j'aurais apprécié que l'on s'intéresse à ce point à mes histoires de cœur, avec insistance et des tonnes de questions. Pourquoi est-ce que je le faisais alors ? Je sais ce que vous vous dites : "ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas que l'on te fasse". Que croyez-vous, j'avais quand même des remords d'en venir à séquestrer Gabrielle pour ça. Mais ma curiosité prenait le dessus, comme souvent, et contre elle je ne pouvais lutter. « Pourquoi ça t'intéresse tant ? » Je me doutais que tôt ou tard Gabrielle finirait par me poser cette question. Ma foi je n'avais aucune gêne à y répondre, bien que je me doutais que la réponse ne lui ferait pas forcément plaisir et, surtout, ne la satisferait sans doute pas. « Je sais pas. Vas savoir... Votre histoire m'interpelle. » C'était vrai, et moi je n'avais aucune raison de mentir en prétendant cela. Après c'était quand même difficile de répondre à une telle question sans paraitre pour un gros lourd s'intéressant aux histoires des autres, histoires qui ne le concernaient absolument pas. J'acceptais que l'on pense de moi que je n'étais qu'un gros lourd ; je pensais l'être. J'avais signifié à Gabrielle qu'elle venait de me mentir, à l'instant, en prétendant justement ne jamais mentir à personne. « Cela m'étonnerait. » Si elle ne mentait pas, alors elle n'était pas du tout crédible. Non vraiment, selon moi elle méritait vraiment un oscar ou un truc dans le genre car elle y mettait vraiment tout son cœur à tenter de faire diversion, en dissimulant la vérité comme elle le faisait ici avec moi. « Si je te le dis. » La vérité sort toujours de la bouche de Ruben, c'est bien connu. On le connaissait tous, ce dicton. Je ne cessais d'en remettre une couche, encore et toujours, depuis une bonne dizaine de minutes maintenant. Le but était de faire craquer Gabrielle, je ne vous le cache pas. «Arrête d'insister, ça devient lourd Ruben. » Elle ne m'apprenait rien en disant ça. Je le reconnaissais moi-même. J'étais en tout cas ravi de voir que mon petit jeu était loin de rendre Gabrielle indifférente. Elle me semblait même à deux doigts de tout m'avouer. Elle ne pourrait plus jouer aux résistantes bien longtemps encore. « Tu sais quoi dire pour que j'arrête d'insister, poupée. » J'avais plus que jamais confiance en moi, et cela s'expliquait par le fait que je détenais dans ma main l'objet qui mettrait fin aux souffrances de Gabrielle : la clé de la cabane. Seulement pour que celle-ci se retrouve dans la serrure, j'attendais encore un petit effort de sa part. « Je ne lui ai pas dis que je l'aimais. » Et bien voilà, on y arrivait progressivement. On avançait doucement mais surement, il y avait du progrès. « Ah. Et lui, il t'as dit qu'il t'aimait ? » J'attendais sa réponse avec impatience. Il ne fallait pas oublier que j'avais cuisiné Jackson comme pas possible l'autre jour pour obtenir des aveux qu'il n'avait au final jamais sorti. Si il s'avérait que Jackson avait véritablement avoué son amour à Gabrielle dans la chambre, alors cela confirmerait ce que je pensais de lui depuis un moment : Jackson portait un masque et Gabrielle était la seule personne ici qui était capable de le lui faire enlever.