J’étais sur un petit nuage depuis l’annonce de la thématique de la soirée. Cannes, tapis rouge, robes de soirée et costards. Ça faisait rêver la petite fille qui sommeillait en moi. J’espérais sans cesse que les quelques heures nous séparant de cette soirée s’écoulent en un claquement de doigts, tant j’avais hâte d’y être. Bref. C’est inutile de préciser le temps que je passais à me préparer dans la salle de bain avec les autres. Ceci dit, même si mes cheveux étaient frisés à la perfection et mon maquillage à point, ce n’est qu’au dernier moment que j’allais enfiler ma tenue. Pour garder le suspense, vous savez. De ce que j’avais vu, les demoiselles étaient vraiment toutes en beauté, et que dire de nos compagnons masculins. Cette soirée serait sous le signe de la classe et de l’élégance. Quand je frôlais les marches tapis de rouge de l’escalier du hall, c’est revêtu d’une magnifique robe bleu que je le fis. Bon, je m’agrippais peut-être un peu trop fort à la rampe, mais l’envie de m’étaler devant tous le monde n’étant vraiment pas dans mes plans. Je parvins à me rendre au salon sans trop de peine, soulagée même. Je scrutais le groupe qui se trouvait devant moi, appréciant la tenue de tous et chacun (enfin, presque). Ça allait être une belle soirée, j'en étais convaincu.

Encore une soirée placée sous le signe de quelque chose. Ah le "cinéma", me dit-on. Je ne raffole pas vraiment de ces soirées, mais disons qu'elles ont tout de même tendance à me mettre de bonne humeur. Il faut dire qu'elles me rappellent étrangement les soirées cabarets. Surtout celle qu'on annonce, à vrai dire. Qui dit donc cinéma, dit festival de Cannes, dit robes de princesses. Je me rends donc dans le cellier avec pour idée de dénicher la robe parfaite. Chose que je fais rapidement, par ailleurs. J'ai un réel coup de cœur pour cette tenue pour le moins sobre. Les mauvaises langues n'auront qu'à jaser, je ne compte pas me changer en cours de soirée. Nous ne sommes pas, ici, au festival de Cannes. Je ne vois donc pas l'utilité de sortir le grand jeu. C'est une fois lavée et coiffée que j'en arrive à enfiler ma tenue. J'ai bien fait de sauter le repas de midi. Vu comme elle est moulante, une simple salade mal digérée aurait pu me porter préjudice. Enfin peu importe. Maquillée et décidée, je me mets doucement à descendre les marches du tapis rouge- tiens, si on m'avait dit un jour que j'allais descendre un tapis rouge..- avant de me faire assommer par un flash. Je cligne des yeux un instant avant de me frayer un chemin jusqu'au salon. Ils sont là, tous beaux et dignes de leur tenue. Parmi la foule, je reconnais quelques candidats, dont ma partenaire que je n'ai que trop peu vu cette semaine. Confiante, je m'avance donc vers AJ. Je l'avais rarement vu si féminine. « La robe te va à merveille. Tu devrais songer à t'habiller comme ça plus souvent. », dis-je sur le ton de la plaisanterie. J'ose espérer pour elle qu'elle ne suivra pas ce conseil.

Ce soir Cupidon avait décidé que la soirée serait placée sous le signe du cinéma et, plus important encore, la soirée était un hommage a la remise des prix la plus connue d’Europe dans le domaine du cinéma : le festival de Cannes. J’avais déjà été à Cannes, en juillet, donc pas pendant le festival et franchement ces marches n’avaient rien d’exceptionnel… Mais soit. Pour cette soirée j’avais enfilé un costume noir, une chemise blanche sous ma veste de costume, bien sur, et un nœud de papillon que j’arrivai d’ailleurs très bien à faire moi-même. Ce genre de soirée était chose fréquente dans mon univers. Et j’étais certain qu’on verrait vite ceux qui avaient l’habitude et ceux qui ne l’avait pas. Je sortis de la chambre un peu avant Tweedy, j’aurais pu l’attendre mais non, je lui râlais carrément dessus jusqu'à ce que la demoiselle se décide à se faire pardonnée. Tant pis pour elle, c’était terriblement enfantin mais ça je n’en avais strictement rien à faire. Je descendis les escaliers avec la classe dont j’émanais habituellement (merci l’éducation aux bonnes manières et au savoir-vivre) et admirai la mise en scène de la production. Photos en bas des marches, champagne qui coulait à flot et mets raffinés. On ne se foutait pas de nous, ici.

Enfin. Enfin une soirée digne de ce nom ou il est ni question de boire des cocktails médiocres fabriqués par des candidats aux goûts douteux, ni de se déguiser en princesse version trash pour adulte. Je peux me comporter comme la dame que je suis. Tel un poisson dans l'eau, je descends les escaliers avec grâce, les manches en voile de ma robe flottant d'une manière céleste autour de moi. Je bénie dûment mon côté vaniteux qui a toujours mis un point d'honneur à me faire porter des chaussures à talons tout au long des deux dernières semaines. Mon pas, par habitude, se fait sûr de lui et je franchis les marches avec une certaine dignité, tête agrémentée d'un chignon blond élégant, un Marvel sur son trente-et-un au bras. Arrivé à la fin du tapis rouge, j'adresse un sourire, dont je sais qu'il me mettra parfaitement en valeur, à l'appareil photo, avant de laisser en plan mon partenaire pour me fondre dans les groupes de candidats déjà présents. Je passe près d'un garçon habillé d'une manière extravagante qui devient absolument craquante avec sa bouille encore jeune. Daphnis je crois. « Qui sait, tu vas peut-être enfin perdre ta virginité à ta sortie de l'émission » je lui glisse un brin moqueuse, avant de continuer à avancer. C'est un compliment, mais je me voyais très mal argumenter tout un discours pour lui expliquer que je le trouve absolument mignon dans sa tenue, je n'ai plus qu'à espérer qu'il ait un tant soit peu de sens de l'humour. Arrivée au niveau du buffet, je me saisis d'une coupe de champagne, avant de me planter en face d'un écran de télévision, observant les images qui défilent avec intérêt.

- Bellissima. Elle lui sourit, creusant ses joue en des fossettes tout bonnement adorable. Il ne se rend pas compte à quel point entendre de l'italien pour elle.. est quelque chose de rassurant et de tout à fait agréable. Elle est si loin de son pays depuis maintenant bien trop longtemps. Et il faut dire qu'en entrant dans le jeu elle n'espérait pas une seule seconde avoir l'occasion de converser en cette langue avec plusieurs candidats. - Merci. Et vous ma chère Valentina, vous êtes tout simplement splendide. Lui dit-il d'une manière toujours aussi distingué. Ses joues se rosirent légèrement alors qu'elle évite puis décide finalement de soutenir son regard. « Grazie. » dit-elle de sa douceur habituelle. Un léger sourire se dessine sur son visage. - Valentina. Voulez-vous un peu de champagne ? Du champagne ? Elle ne boit pas vraiment.. Mais.. pourquoi pas ? « Je-je veux bien. » dit-elle hésitante comme d'habitude. En attendant le retour de Malo elle regarde un peu tout le monde. Ariana très élégante elle aussi, Ennio lui beaucoup moins élégant mais ça n'enlève rien à son charme, et puis y avait Anabel dans cette robe fabuleuse d'un bleu qui ne pouvait pas passer inaperçu. Elle eut le temps de lui faire un coucou de la main et un sourire avant que Malo n'arrive deux coupe en main. Elle les regarde de son regard clair hésitant un instant mais finit par se saisir d'une coupe sourire aux lèvres. « Merci. » Ils trinquent. Elle porte la coupe à ses lèvres qu'elle trempe tout juste ingurgitant une mini gorgée. « Vous savez gardé en secret j'en suis sûre.. » dit-elle d'une manière volontairement très mystérieuse. Elle s'approche de lui et le met dans la confidence. « Je porte des – elle soulève sa robe jusqu'au chevilles – baskets. » Elle sourit, puis rit de bon coeur. Non, non je vous interdit de la trouver nunuche.

Sochanna à mon bras, je descends les escaliers d'un pas lent et mesuré, observant le tapis rouge dressé sous mes pieds et qui termine sa chute aux bas des marches. Mes pompes italiennes viennent rapidement fouler le sol du hall, je tâche de me déplacer avec attitude et classe, nullement mal à l'aise à l'idée de porter un smoking. Et pour cause puisque j'en porte relativement souvent du fait du boulot que j'exerce. Ou plutôt que j'exerçais, les restaurants de Shangaï et Rio me paraissent bien loin désormais que je suis au chômage. Bref. Toujours est-il que je porte un smoking. La veste est cintrée et sied parfaitement à ma taille, le pantalon est coupé dans la finesse du détail, habille mes jambes sans trop les déformer, moulant mais pas handicapant. Et je dois avouer que je n'ai jamais trouvé mon derrière particulièrement attrayant avant ce soir. Non, vraiment, cette tenue est parfaite, parmi les plus confortables qu'il m'ait été donné de porter. Et pourtant, dieu sait que j'en ai porté. Je jette parfois quelques regards vers ma partenaire, tout aussi élégante ce soir, et nous pénétrons tous les deux dans le salon où se tient la soirée. Tout le monde est sur son 31. Du moins, c'est le cas des candidats déjà présent, à l'exception d'Ennio qui ne manque pas d'affirmer sa personnalité à chaque évènement. Il me fait rire, aussi je lui souris en désignant sa tenue du regard. « Claasse! » Je dis d'un air railleur tout en m'approchant des autres habitants. Mes yeux s'écarquillent à la vue des basket de Valentina, j'éclate de rire, salue tout le monde et m'éloigne vers le buffet pour me saisir d'un verre et ainsi m'abreuver. Je croise le regard d'Anouck, vers qui j'ose un signe de la main, la moue timide. Elle est superbe.

Les candidats arrivaient, les uns après les autres, élégants au plus haut point. Parmi tous ces protagonistes, il y eut ma chère et tendre partenaire, avec qui les rapports étaient particulièrement houleux et tendus depuis quelques jours. C'est bien simple : on ne se parlait plus, on se regardait à peine. La seule fois où nous étions réellement amenés à rester ensemble, c'était dans notre chambre, au moment de dormir et de nous lever. Mis à part le fait que nous partagions le même lit, Anabel et moi nous ignorions totalement et cela commençait à être particulièrement pesant. Pas qu'elle me manquait - non, aucun risque -, seulement j'en avais marre de ses caprices. Car c'était tout de même à cause d'elle si nous en étions arrivés à un point de non-retour. Ce fameux coup de pied dans mes bijoux de famille avait été la cause de tout ce bordel. Elle s'était bien foutue de ma gueule, et j'en gardais encore et toujours un goût amer. Que voulez-vous, elle avait été trop loin. Toutefois, j'étais disposé à tenter une approche et à briser la glace, ce soir. Voilà pourquoi j'entrepris de me diriger vers Anabel, une coupe de champagne dans chaque main, avant de ne me placer en face d'elle et de le lui en tendre une. « Champagne ? » Je me gardais bien de lui dire que je la trouvais époustouflante dans cette robe turquoise. On pouvait déjà saluer l'effort que je venais de faire - je n'étais pas le plus en tord et pourtant, je tentais d'arranger les choses. Mais je n'allais pas insister si elle se décidait une fois encore à m'ignorer. Non, mon temps était précieux et je ne désirais pas non plus le perdre.

Malo était comme dans son élément. Sa bonne humeur augmentait au fur à mesure que la salle se remplissait. On pouvait lire de l'émerveillement dans son regard azuré. Le Festival de Cannes. Une de ses premières avait été portée par une actrice anglaise montante. Le jeune homme venait tout juste d'ouvrir sa boutique qu'il reçut une semaine plus tard un coup de fil de l'agent de l'actrice en question. Il voulait commander une robe. Le styliste anglais le dessina et le créa de ses propres mains. Quand il vit sa robe apparaître à l'écran, il était heureux. Dans ce salon, tout était élégance. Un univers qu'il ne connaissait que trop bien. Valentina et Malo trinquèrent. Il but une gorgée de champagne. - Vous savez gardé en secret j'en suis sûre. Il hocha la tête, intrigué par son ton soudain mystérieux. Elle releva sa robe. Il fut surpris de voir des baskets à ses pieds. Ils rirent en chœur. - Vous êtes plein de ressources, jeune fille. Je dois avouer que c'est très astucieux. Au moins, vous aurez moins mal aux pieds ainsi. Il vit sa partenaire entrer dans le salon dans une superbe robe rouge. Il la salua de la main et l'invita à venir les rejoindre.

La thématique de la soirée me laissa perplexe, parce qu'on se le dise Cannes c'était sympa c'était même carrément grandiose. J'avais eu la chance d'y assister l'année dernière, et la précédente aussi mais j'suis pas sûr. Bref, c'est sympa, y'a du monde, des célébrités à la pelle et par conséquent, des clichés sublimes à faire néanmoins, me mettre à la place des dites stars me branchait nettement moins. Etre sous les feux de la rampe non très peu pour moi, les paparazzi qui vous suivent, qui vous harcèlent et qui sont prêt à inventer la plus grotesque des histoires pour faire de l'argent sur votre dos. Histoire qui blessera vos proches à coup sûr par la même occasion. Alors non, les strass, la célébrité et les paillettes, ça ne me fait pas envie du tout. Mais évidemment ce n'était pas ce Cannes-ci qui était mis à l'honneur si bien que je me prête au jeu en enfilant une tenue de circonstance. Et j'descends les escaliers, et j'prends la pose, le tout dans l'exagération la plus totale, mais quitte à devoir se plier à l'exercice autant faire son possible pour ne pas hériter d'un sourire coincé sur le visage. Et j'rentre dans la salle tout en me demandant ce dont on va bien pouvoir discuter pendant des heures, parce que bon il ne s'agissait ni plus ni moins que d'un cocktail. Je scrute la pièce un instant, mon regard se pose sur Anabel et sa robe splendide. « T'es sublime. » Je lui souffle discrètement lorsque je passe à côté d'elle avant de finalement la laisser aux griffes d'Andreas même si à bien y réfléchir j'suis pas sûr que ce soit une si bonne idée. Je manque de me prendre les pieds dans une robe blanche puisqu'avec les lunettes de soleil c'est dire que je n'y vois rien du tout. Mais tout est dans le style, bref. Je relève la tête pour vérifier qui a décidé de se déguiser en bonbonnière géante. Super. Evadne, bon. j'fais un écart sur le côté parce que j'ai pas envie qu'elle ne m'agresse à nouveau, et puis j'attrape une coupe tout en observant l'écran géant un instant.