Avec le sourire, elle prit mon bras et nous entraîna un peu plus au milieu de la piste. Elle se mit alors à se balancer au rythme de la musique et je me laissais aller moi aussi, au même rythme qu’elle, imitant avec fantaisie tous les gestes qu’elle pouvait faire – même ceux atrocement féminin. Je m’amusais comme un fou, ne prêtant aucun regard autour de nous, me foutant bien de ce qu’ils pouvaient tous penser tant que je m’amusais. Soudainement elle se mit à se la jouer disco et je ne pus m’empêcher de m’y mettre aussi pointant mon doigt vers le ciel puis vers le sol, en alternant au moins une dizaine de fois, accentuant mon ridicule. Je riais à gorge déployée totalement décomplexée. Des soirées comme ça, j’en voudrais tous les jours. Je pris une de ses mains, la faisant tourner sur elle-même, avant de changer totalement de registre et de commencer une danse à deux au rythme un peu plus rock et aux pas s’y approchant. Je n’étais pas bon, mais je m’en foutais. Je me laissais transporter par le moment. Mais même pas au bout de dix minutes, je fus totalement essoufflé. Je m’arrêtais donc, la main au cœur, la suppliant par le regard de s’arrêter trente secondes. « Jeune, mais fragile. » J’attrapai sa main sans lui laisser le choix et l’emmenais avec moi jusqu’au buffet pour lui mettre entre les mains une coupe de champagne. « Un jour, je serais riche, et je ne boirais plus que du champagne. » Je levais ma coupe vers elle, avant d’en boire la moitié d’une seule gorgée. « Attends … Mais j’y pense ! Je ne sais même pas ton prénom, charmante inconnue ? » Sur ce coup-là, je me sentis un peu honteux. Parce que danser avec quelqu’un comme ça sans même connaître son prénom, c’est moyen quand on veut faire le gentleman. « Nan, attends, laisse moi deviner … Je suis sûr que je le sais … Ca commence par A, sûr … Annie ? … Nan. Alice ? … Un indice ? » Je lui fis mon plus adorable visage pour obtenir ce que je voulais.

Alors que j'ondule des hanches sans suivre la moindre règle de gracieuseté chorégraphique, je croise le regard d'Arianna un peu plus loin. Mes doutes sont confirmés, on est loin de passer inaperçu. J'envisage pendant un instant de lui faire signe de venir nous rejoindre, mais comme si elle avait pressentit mon intention, elle se détourne et file en direction d'une autre candidate. Daphnis a l'air ridicule, mais je ne peux pas cesser de rire en le voyant enchaîner des mouvements improbables avec ses bras et ses jambes. Il prend l'initiative de s'essayer à une danse un peu plus rock et je me laisse entraîner par ce nouveau rythme sans aucun problème. Tournoyant, mes pieds nus effleurant le sol et mes manches en voiles virevoltant autour de moi. « Jeune, mais fragile. » m'annonce-t-il, s'arrêtant. Je lui jette un petit coup d'oeil moqueur, bien que mes joues soient également teintées de rouge, tandis que je reprends doucement mon souffle. Je suis Daphnis jusqu'au buffet, une fois avoir récupéré ma paire d'escarpin, délaissée au centre de la pièce. [i]« Un jour, je serais riche, et je ne boirais plus que du champagne. » « Beaux projets... » je souffle dans un léger sourire, attrapant la coupe du liquide doré qu'il me tend. Je me l'enfile pratiquement d'un seul coup, une fois l'avoir également levé à son attention: je suis assoiffée suite à notre quart d'heure mouvementé. « Attends … Mais j’y pense ! Je ne sais même pas ton prénom, charmante inconnue ? » J'hausse les épaules. « C'est bien aussi "charmante inconnue"... » Je m'apprête à lui dévoiler mon nom, lorsqu'il m'interrompt: « Nan, attends, laisse moi deviner … Je suis sûr que je le sais … Ca commence par A, sûr … Annie ? … Nan. Alice ? … Un indice ? » Je lève les yeux au ciel, avant de répondre avec un nouveau sourire railleur: « Ca se termine par "nouk". »