La cinquième prime allait commencer et cette fois-ci je ne comptais pas y arriver en retard comme les autres fois. Je m’y prenais toujours trop tard en fait constatant à la dernière minute que prendre une douche se révélait être difficile avec une dizaine de candidats qui le faisait déjà. Soit. J’étais prêt, je portais une tenue simple, décontractée, comme d’habitude et allai ensuite sur le plateau où quelques candidats avaient déjà pris place. Je m’installai a coté de ma partenaire, comme d’habitude (faut dire que l’ours en peluche est de bonne compagnie). « Bonsoir. » je fis avec un petit sourire. « Bon, quelles surprises cupidon va-t-il encore nous faire ? Suspeeeeeense… » je fis avec un petit sourire amusé, bon au pire si l’un des candidats ne se faisaient pas éliminé je considérais qu’on serait chanceux. Et je ne parle pas des nominés bien sur, en ce qui les concerne, c’est le jeu…

Spoiler:

C'était le cinquième prime, j'crois. Ouais ça devait être ça. Je venais de quitter Sami après lui avoir annoncé pour Elise et Andreas, ce n'était pas quelque chose qui m'avait particulièrement enchanté, d'ailleurs, mais que j'me devais de réaliser. J'étais donc fin prêt et ce depuis plus d'une heure, habillé d'une façon plutôt décontractée avec un pull certes étrange pour quelqu'un comme moi, mais que j'affectionnais tout particulièrement. J'l'avais acheté d'ailleurs juste avant d'entrer dans le nid, me disant qu'il me fallait de nouvelles fringues, bien que je n'en manquais pas chez moi. Pantalon classique noir dans lequel étaient fourrées mes mains, comme à mon habitude. Si cette nouvelle soirée me faisait peur ? Ouais, légèrement, sauf qu'à la différence de la semaine passée, je n'étais pas nominé, c'était donc une bonne chose, il me semblait non ? Allez, avec un peu de chance, tout se passerait bien, ouais. Dans cette optique, j'arrivais donc sur le plateau et m'asseyais à une place légèrement au hasard, adressant un léger sourire à mes camarades. Un mois que j'étais ici, un mois.

Étonnant, avec la semaine que je venais de passer, de voir que j’avais la pèche ce soir. Enfin, il faut dire qu’en deux jours, j’avais réussi à rattraper tout ce sommeil qui me manquait en abusant grave de la grasse matinée, et donc, ce soir, j’étais relativement en forme. Et j’avais retrouvé un semblant d’humeur. Même si, intérieurement, je m’étais préparée au pire, ce soir. Pour diverses raisons qu’il ne vaut pas la peine que j’énumère. L’heure du prime approchait, et j’allais, comme tous les dimanches, me préparer à la salle de bain, appliquant un maquillage naturel, et coiffant mes cheveux avec simplicité, les laissant libre de tomber sur mes épaules. Ma tenue aussi n’était pas tellement élaborée : qu’un pantalon skinny noir et un haut-kimono à imprimé fleuri, une fine ceinture noire me ceignant la taille. Ravi du résultat, je quittais en direction du plateau, y trouvant déjà sur place certains candidats. J’évitais bien évidement de m’installer près de mon partenaire, privilégiant une place un peu à l’écart, ou je m’installais en silence, me contentant de sourire à ceux que je croissais sur ma route.

Nouveau prime. Ce n'était pas vraiment ce que je préférais dans ce jeu. Je les trouvais toujours trop long, trop de tension... Et puis nous n'étions pas à l’abri d'une mauvaise surprise. Ce soir, beaucoup de nominés, dont mon partenaire. S'il venait à partir, ça ne serait pas une grande perte. A vrai dire, j'espérais bien qu'il allait dégager. Il ne méritait pas sa place ici. Quel exemple donnait il pour la jeunesse ? Et quelle leçon allait on tirer ? Qu'on pouvait utiliser la violence physique et morale, en toute impunité ? Sans avoir en subir les conséquences ? Non, il devait partir. Pour le bien de tous. Bref, pour l'heure, comme tout le monde, je devais me préparer. Plutôt dans le classique (voir). Je traversais donc le parc pour me rendre au plateau. Comme d'habitude, l'ambiance était électrique, le public étant au rendez vous. Je décidai d'aller m’asseoir aux côtés de Tweedy  « Hm, c'est quoi cette veste ? » demandais je un sourire aux lèvres.

Ca y est. On y arrive. Cinquième prime et peut-être, que dis-je.. sûrement le dernier pour moi. J'ai le coeur qui bat la chamade. Je n'ai absolument pas envie de quitter l'aventure maintenant. D'autant plus que j'ai encore des choses à régler ici. Et par chose à régler, j'entends bien évidemment ma relation avec Sami. C'est donc fraîchement lavée que je rejoins ma chambre où ma robe est déposée sur mon lit. Je ne me maquille que très légèrement, attache mes cheveux en queue de cheval et enfile donc cette tenue pour le moins sobre. Le résultat est plutôt plaisant. Ou tout du moins, je pense que ça devrait faire l'affaire pour le prime de ce soir. Ainsi donc, j'arrive sur le plateau, constatant par la même occasion la présence de plusieurs candidats sur les lieux. C'est moi où ce sont presque toujours les mêmes qui arrivent en premier ? Je m'avance donc vers tout ce petit monde, puis décide finalement de rejoindre ma partenaire (AJ), elle aussi nominée ce soir. « Avec un peu de chance, tu n'auras plus à subir mes coups pour les prochaines nuits à venir. » Je fais évidemment le rapprochement avec mon départ et non le sien. Car même si j'ignore ce qu'il en adviendra de ma place au sein du nid, je suis presque sûre que la rouquine a encore de longs jours dans la maison devant elle.

Cela fait maintenant un mois que le jeu a commencé. C’est énorme et en même temps peu à la fois. J’ai l’impression d’être dans le château depuis une éternité. Peut-être que le fait d’être enfermé y est pour quelque chose. Les minutes sont parfois ici des heures et les heures des semaines. Bref, de quoi en perdre la notion du temps. D’ailleurs, en parlant de temps, je suis un peu prit de court sur mon timing. Je suis toujours entrain de me préparer alors que le cinquième prime commence. Je décide alors de passer à la quatrième vitesse. J’enfile, après être sorti de la douche, un jean propre, une ceinture et un tee-shirt bien échancré. Me voilà prêt pour le prime. Ou presque. Un petit coup de peigne et un peu de parfum et le tour est joué. Une fois sur le plateau, je me place à côté d’Anabel avec qui j’ai fait plus ample connaissance durant la semaine. « ¡ Hola guapa ! ¿ Qué tal ? » Je sais pas du tout si la brune parle espagnol ou a des notions de la langue latine mais qu’importe. Elle comprendra au moins le salut que je lui fais.

Un t-shirt à manches courtes gris sous un blouson de cuir imposant de par la finesse de ses détails et surtout, le prix qu'il a coûté à mon porte-monnaie, j'arrive sur le plateau d'une démarche nonchalante et décontractée, saluant tous les candidats face à moi d'un large sourire, de quelques tapes dans les mains, de deux trois bises. J'ai abandonné derrière moi une valise pleine bouclée depuis une semaine déjà, sur laquelle je n'ai pas souhaité me pencher une dernière fois avant de descendre au rez-de-chaussé. Sochanna au bout de mon bras, entre mes doigts fermement liés aux siens, je me dirige vers un canapé libre sur lequel je m'installe dans un soupir de satisfaction. Je suis serein ce soir. Je ne tiens pas à m'épancher sur mes émotions, sur ce que je ressens à l'idée de partir d'ici. Parce qu'honnêtement, malgré toutes les éventualités considérées cette semaine, la nomination que je traine comme un fardeau ne m'enchante guère. Aussi je tiens à rester souriant ce soir.
Parce qu'il fait trop chaud, j'ôte l'épais blouson qui couvre mes bras, et retrousse en plis les manches de mon t-shirt sur ces derniers. Je touche mon front, légèrement moite. Sur mon bras se dessine un numéro, le 1, au crayon pour les yeux.

Hamad, Andreas, merci de bien vouloir vous rendre au confessionnal.

Encore un prime ? Sans déconner ! Mais y en a toutes les semaines, ou quoi ? J’ai l’impression de sortir d’un prime pour entrer dans un nouveau prime. Et vu que je n’aime pas les primes... Bon, cette fois-ci, j’étais pas à la plage, mais puisque ma tenue de la semaine dernière n’a en rien choqué, je pense qu’aucun effort vestimentaire n’est requis, et que je peux me pointer à la bien, comme je le sens. Un vieux débardeur des Cowboys de Dallas, un jean qui semble avoir vécu plus d’une vie, et mon éternel cordon pendant de ma nuque jusqu’à disparaître sous le tissu du vêtement, et me voilà en route, clope au bec, main dans les poches, regard plissé. Y a déjà du monde, à croire qu’il existe des excités du prime. Moi, j’prends mon temps. On sait quand on rentre, on sait pas quand on sort, donc je contrôle l’instant où je rentre, c’est tout ce qui me reste. Finalement, après avoir entamé le filtre, j’écrase mon truc au sol, avant de faire un pas dans le premier cercle de l’enfer. Je ressemble à rien mais on s’en tape. J’approche de miss vomito, très élégante comme d’habitude, mais simple, contrairement à d’habitude. « Si j’pose mes fesses là, y a moyen que j’écope d’une nouvelle crise, ou ça va aller ?» j’demande, on sait jamais. Et puis, j’ai pas envie de prise de tête.