Tweedy aurait pu insister davantage. Oui, elle aurait pu. Avec toute la détermination dont elle pouvait parfois faire preuve, elle aurait même pu insister jusqu'à la tombée de la nuit, ou jusqu'au lendemain matin même. Mais elle n'en fit rien. A la place, elle renonça, elle abandonna ni plus ni moins l'idée de savoir ce qui mettait Laoise dans un état pareil. Car la crainte d'être définitivement froissée avec celle-ci à force de s'acharner devint probablement plus forte que son désir de connaitre la vérité. Pour autant, il est évident qu'elle n'abandonnait pas définitivement, ah non. Elle saurait tôt ou tard de quoi il retourne, c'est sûr. Simplement, dans l'immédiat, et parce que sa camarade semblait véritablement réticente à en discuter avec elle, Tweedy préféra laisser son inquiétude de coté. Nul doute toutefois que celle-ci nous ferait bientôt un joyeux come-back. Plutôt que d'évoquer un sujet fâcheux, pourquoi ne pas cuisiner ? Un bon gratin de pommes de terre, ça pourrait faire l'affaire non ? C'était une recette basique, que Tweedy avait appris à préparer avec sa mère, et la petite brune supposa que Laoise était tout aussi capable de la réaliser qu'elle l'était elle même. Et justement, celle-ci la rassura en lui faisant savoir que c'était le cas. Parfait. Un sourire gagna alors les lèvres de Tweedy - qui s'efforçait de ne plus se faire trop de soucis pour sa camarade - tandis qu'elle vit Laoise quitter la pièce. Elle l'attendit sagement, et en un rien de temps, celle-ci réapparut, les bras chargés d'un kilo de pommes de terre. Dites donc, elle était réactive cette Laoise. Bien plus que Tweedy en tout cas, qui passait pour une feignasse en comparaison, hm. La petite brune attrapa tout de même l'économe que lui tendit sa camarade. En effet, c'était sans doute l'heure d'éplucher les patates. Cependant, Laoise eu le bon réflexe de laver les dites patates, un geste qui ne put que ravir Tweedy. Vous savez bien qu'elle ne mangeait pas n'importe quoi, et qu'elle appréciait que les légumes soient lavés. « Bien. Maintenant, on peut véritablement les éplucher, et sans se faire mal si possible. » Ainsi donc, les jeunes femmes débutèrent l'épluchage des pommes de terre, chose peu délicate pour elles, puisqu'elles semblaient l'une comme l'autre habituée à cette tâche. Sauf que Laoise posa une drôle de question à Tweedy, qui releva subitement la tête. Oh non, elle lui parlait de Finnick. Pourquoi tant de haine, voyons ? « Je ... je ne suis pas certaine d'avoir envie d'en parler. C'est vraiment une histoire compliquée, une histoire qui me fait du mal, et je ... j'essaye de ne plus y penser, alors en parler ... » Autrement dit, ça n'était pas gagné pour que Tweedy évoque le sujet. Imaginez un peu qu'elle se mette à pleurer subitement, hein. Vu l'amabilité de Laoise, il ne faudrait pas qu'elle soit tentée de lui mettre une claque, quand même.

Allez, autant ne pas repenser au fait que l'inquiétude de Tweedy avait toutes les raisons du monde d'être toujours aussi conséquente, vu que Laoise n'avait pas souhaité lui confier ce qui n'allait pas. L'idéal à cet instant précis, c'était assurément de se concentrer sur la recette du gratin de pommes de terre. Si cela pouvait lui éviter de repenser à ce qui la tracassait, c'était probablement une excellente chose, hm. Étant maintenant à la phase de l'épluchage de patates, Tweedy ne put retenir un petit rire lorsque Laoise fit référence à un fâcheux évènement survenu quelques semaines plus tôt dans la salle de bain. Mais oui, souvenez-vous, le jour où Tweedy s'était amusée à s'ouvrir la main avec un bout de verre, hm. Mémorable. Ainsi donc, il était assurément préférable de faire bien attention cette fois. « Je ne voudrais pas risquer la mort une fois de plus » déclara-t-elle alors, sur un ton quelques peu amusé. Oui parce qu'il est évident que Tweedy avait failli y passer ce fameux jour. Carrément, même. Quelle chance donc qu'elle ait eu à sa disposition une talentueuse infirmière, qui lui avait ainsi évité de se vider de son sang. Mais voilà que Laoise la croyait si maladroite - ou si inconsciente, à voir - qu'elle lui fit savoir qu'il serait préférable qu'elle repose ni plus ni moins l'économe qu'elle avait dans les mains. « Voyons, tu ne crois quand même pas que je pourrais ... » Outch, voilà qu'elle venait de se piquer quelques peu le doigt, ce qui ne faisait clairement pas du bien. « Hum d'accord, je crois que je vais le poser, effectivement. » C'est donc ce qu'elle fit, reposant l'économe sur le comptoir. Là au moins, elle ne risquait plus de mal finir. A moins qu'elle finisse par se trancher la gorge, désespérée d'avoir une nouvelle fois à faire à cette histoire fort compliquée avec Finnick. C'est bien simple, tout cela finirait par la rendre chèvre, elle en était persuadée. Ainsi donc, elle n'était pas trop sûre de vouloir en parler avec Laoise. Non, ça n'était pas parce que cette dernière avait refusé de se confier à elle plus tôt, mais bien que parce que Tweedy souffrait grandement de cette situation intenable. « Ne t'excuse pas, c'est juste que ... tout ça, j'en ai vraiment assez. Si j'avais su que ça tournerait de cette manière, j'aurais à tout prix éviter de m'attacher autant à lui ... » Et c'était bien vrai. Aujourd'hui, la voilà amoureuse d'un type avec qui elle ne pouvait même plus être une simple amie. Quelle réjouissance, hein.

Alors comme ça, Laoise était restée traumatisée à cause de l'épisode dans la salle de bain, survenu quelques semaines plus tôt, et durant lequel Tweedy avait ni plus ni moins failli clamser à cause d'une coupure à la main ? Mais il n'y avait pourtant pas de quoi faire une fixette là dessus. Bon d'accord, ça avait pu lui faire bizarre sur le coup, mais Tweedy avait par la suite supposé que sa camarade s'en remettrait comme elle même s'en était remise. Mais non, visiblement, cela restait un bon vieux traumatisme. Voilà pourquoi Laoise avait sans doute tenu à ce que Tweedy évite cette fois-ci de faire la moindre bêtise avec l'économe qu'elle avait dans les bains. Roh, la confiance règne hein. Comme si elle était du genre maladroite la Tweedy, ou pire encore, tarée. Ni l'un ni l'autre, voyons. Okay, elle trouva le moyen de se piquer quelques peu avec le dit économe, mais puisqu'elle eut le bon réflexe d'abandonner définitivement l'idée de le garder en main, l'on pouvait supposer qu'elle était tout à fait censée comme fille, non ? Pour en revenir aux cours de secourisme, voilà une idée qui ne serait absolument pas pour déplaire à la jeune femme, si vous voulez savoir. « Oh tu sais, ça me rassurerait beaucoup de savoir que tu serais capable de me venir en aide si besoin » insinua-t-elle alors, l'air de rien. Bon mais de toute manière, elle venait de lâcher ce malheureux économe, avant d'être amenée à faire la moindre bêtise. C'est qu'un drame était bien vite arrivé, et oui. Elle n'allait tout de même pas tenter le diable, elle gardait cela pour l'extérieur. Laoise la remercia alors d'avoir joué la carte de la raison. Oh mais de rien ma petite dame, qu'elle aurait été tentée de lui dire. Oui mais non, ça ne l'aurait pas trop fait disons. « Il n'y a pas de quoi, si ça peut te permettre d'être rassurée » articula-t-elle plutôt, dans un petit sourire amusé. Bon, Laoise n'était peut être pas tellement d'humeur à rire en ce jour, mais Tweedy pouvait amplement rire pour deux, vous savez. Après tout, elle était bien prête à aimer pour deux ... Bah oui, étant amoureuse d'un type qui ne la voyait encore et toujours que comme une bonne amie, elle avait un peu d'expérience disons. D'ailleurs, c'est de sa relation avec Finnick dont il était maintenant question. Tweedy ne se sentait pas tellement capable d'en discuter, pour autant, elle eut la force de signifier à sa camarade que tout cela la faisait beaucoup souffrir. Et c'était bien vrai. Elle sentit alors la tête de la jolie jeune femme se poser sur son épaule, ce qui la fit doucement sourire. Voilà un geste qui avait tendance à lui remonter un peu le moral. Oui parce que derrière cette mine enjouée se cachait évidemment beaucoup de tristesse. « Oui, ça craint, comme tu dis. Si tu savais ce que je serais capable de donner pour avoir droit à son amour ... » Tout, probablement. Oh mais attendez, n'était-elle pas supposée s'en tenir à de vagues détails, hm ? « Maudite, je suis » reprit-elle, dans un rire nerveux. Oui bon, l’exagération n'était jamais bien loin avec Tweedy.

Bon, il est vrai qu'avec un économe entre les mains, Tweedy était tout à fait capable de provoquer une catastrophe. Cela pouvait aller d'un doigt en moins à une main manquante toute entière, ou on ne sait quoi d'autre encore. Ainsi donc, c'était assurément une très bonne chose qu'elle ait définitivement renoncé à l'idée de s'occuper de l’épluchage de patates. Comme ça, on n'aurait pas à craindre que du sang accompagne leur gratin de pommes de terre, ce qui aurait été moyennement digeste tout de même. Quant à l'idée de prendre des cours de secourisme, elle ne pouvait naturellement que plaire à Tweedy. Si vraiment Laoise devenait une secouriste hors pair, elle aurait bien moins de soucis à se faire au sujet de sa maladresse légendaire. Rassurée elle serait de savoir que quelqu'un serait apte à lui porter secours si besoin. Laoise lui fit alors savoir qu'elle se renseignerait auprès de Nora, ce qui amusa Tweedy. Sa coach sportive allait sans nul doute pouvoir briefer Laoise, effectivement. En tout cas, Tweedy pouvait présentement compter sur Laoise pour ne pas abandonner cette idée de préparer un gratin de pommes de terre, puisqu'elle se chargeait justement d'éplucher les pommes de terre. Bah oui, à défaut de pouvoir laisser Tweedy s'en charger, autant le faire, c'est sûr. Mais maintenant, l'heure semblait être aux confidences. Dites vous bien qu'il avait suffi d'une petite question de la part de Laoise et au sujet de la relation de Tweedy et Finnick pour que la petite brune soit amenée à en parler d'une manière assez gênée, mais lui faisant pour autant du bien. Il fallait qu'elle dise ces choses, qu'elle reconnaisse que rien n'était simple. Maintenant, elle prenait pleinement conscience de la difficulté de la situation et du mal que tout cela pouvait lui faire. « Tu es gentille, et je peux t'assurer que ta simple présence m'aide à ne pas trop me morfondre » confia alors Tweedy, dans un mince sourire. Laoise était son amie, et la présence de celle-ci - au même titre que celle de Sami quelques jours plus tôt - l'aidait grandement à ne pas sombrer complètement. Tweedy n'était pas maudite, effectivement. Quelles bêtises elle pouvait parfois sortir, tout de même. Mais est-ce que Finnick était pour autant stupide ? Hum ... « Il n'est pas stupide. Il a parfaitement le droit de ne pas m'aimer, ou pas comme moi je peux l'aimer ... Je lui en veux pour certaines choses, mais pas pour ça. Je ne peux forcer personne à ressentir ce genre de choses pour moi, je le sais. » Bien sûr, les paroles de Laoise lui redonnaient le sourire, mais elle ne voulait pas pour autant accabler le jeune homme. Non, clairement pas.

Bon sang, mais quelle situation de merde. Franchement, si Tweedy avait su que tout tournerait de cette manière avec Finnick, qu'elle en viendrait à regretter ni plus ni moins de s'être autant attachée à lui, vous pensez bien qu'elle aurait pris ses distances avec lui depuis belle lurette, hein. Parce que maintenant, elle s'en mordait clairement les doigts. Qui est-ce qui souffrait le plus de cette situation, à cause de fichus sentiments amoureux qu'elle regrettait tout autant d'avoir développés, hein ? Bah Tweedy, pardi. Et donc, maintenant qu'elle ne savait plus du tout quoi faire vis à vis de Finnick qu'elle ignorait s'il y avait un quelconque espoir, un moindre moyen d'arranger la situation, elle était plus paumée que c'était permis. Super, hein. En tout cas, une chose était désormais certaine, si elle ignorait ce qu'il en était du coté de sa relation avec Finnick, Tweedy pouvait se rassurer au sujet d'une chose : sa relation avec Laoise était toujours aussi pure, toujours aussi sincère. Pour preuve, il semblerait que la jeune femme veuille l'aider, la consoler. Bien sûr, Tweedy n'était pas nécessairement d'accord avec elle pour dire que Finnick était stupide, parce qu'après tout il était libre de l'aimer ou non hein, mais elle appréciait grandement que Laoise veuille l'aider à vivre tout cela au mieux. Vraiment, cette fille était un ange. D'ailleurs, lorsqu'elle s'avança vers Tweedy pour prendre celle-ci dans ses bras, la petite brune se laissa faire volontiers, ravie de pouvoir décidément compter sur pas mal de monde ici lorsque ça n'allait pas. Les paroles de Laoise ne manquèrent évidemment pas de faire sourire Tweedy. Oh bon sang, elle espérait tellement qu'elle avait raison, si vous saviez ... « Je l'espère. Tu sais, c'est complètement bête à dire, mais je fais partie de ces personnes qui ont besoin d'amour pour vivre » articula-t-elle alors d'une petite voix. Voilà, c'était ni plus ni moins ce dont elle avait besoin. Ainsi donc, merci à la population de bien vouloir prendre note de ce qui suit : toute personne susceptible de l'aimer malgré ses défauts - sa folie, son inconscience, on en passe et des meilleures - et ceci pour une durée supérieure à quelques jours, est priée de le lui faire savoir au plus vite, merci bien.