Il y avait des moments où la vie prenait des tournants vraiment inattendus. Au fond, quand j'étais petite, jamais il ne me serait venu à l'idée de fuir pour l'étranger et s'il y a quelques mois une personne avait osé me parler de mon aventure, je l'aurais prise pour une folle. Pourtant tous cela c'étaient révélés exact et voilà qu'en ce froid dimanche de décembre, je patientais, dans les coulisses d'un studio parisien, attendant d'entrée sur le plateau de la finale de Fake Lover. Pour l'occasion, les stylistes m'avaient vêtu d'une très jolie robe ainsi que d'une très légère touche de maquillage, avant de me faire patienter comme tous les autres. Enfin retentirent les premières notes de musique du générique, puis la voix si reconnaissable de Connor. Enfin, on m'autorisa à avancer et à aller m'installer, dans un coin, loin de la lumière des projecteurs, avec les autres éliminés. Ce soir, nous n'étions là que pour soutenir moralement nos amis, qui était pour moi sur le banc des finalistes au nombre de deux. Akela et Camille, deux des plus belles rencontres que j'avais pu faire dans cette aventure. En silence, je prenais donc place, jetant des coups d'œil autour de moi, guettant l'arrivée des héros d'un jour, mais aussi de mes autres camarades, des personnes avec qui j'espérais passer une agréable soirée.

Voilà. C’est là fin. Plus de jeu. Plus de prime. Cupidon va parler pour la dernière fois de la saison. Eibhlin ne reverra plus ces têtes de cons (et ça, c’est pas plus mal…). Elle va revenir à son quotidien – ou pas- enfin elle sait qu’elle ne reviendrait peut-être plus de si tôt en France. Qu’elle va retourner véritablement auprès de ses sales parents et ça la déprime largement. Retour aux études également ; le pire. Pour l’occasion, elle a enfilée une robe. Ce qu’elle ne fait quasiment pas. Elle est plutôt habituée au smoking dans les grandes occasions. Surtout pour faire enrager ses proches qui ne la trouve pas assez féminine. Alors pour le coup, elle s’est faite toute belle. Une petite robe noire, couverte d’une robe rouge, longue, emplie de petites fleurs, transparente. Une tresse sur le côté. Un maquillage léger, mais perçant. On ne peut pas dire que c’est tout le temps une petite conne irrespectueuse. Elle a troqué ses patins pour des talons. Elle s’est promis à elle-même de se tenir à carreau. Pas de coup de gueule et pas d’irrespect. D’ailleurs, elle pense se mettre dans un coin, en bout de rangée, pour ne pas être dérangée. Parce que ce sont les autres qui la dérange évidement… Alors elle arrive sur le plateau. Pour tout dire, elle ne soutient personne parce que, si elle n’avait pas été contrainte d’abandonner, elle aurait été forcément dans les finalistes et elle aurait gagné assurément. Pourtant elle a fait quand même le déplacement la semaine passée et elle est restée au nid. Une façon de dire adieu à cette partie de vie. Elle est bien plus nostalgique que ce qu’elle aurait cru. Ca la fait chier de l’avouer surtout. Elle pince ses lèvres, en s’asseyant à une place. Finalement pas dans un coin, mais bien au milieu. Et puis à l’orée du public, face aux finalistes. À son côté, Mai-Lan. À qui elle lance un bref "Salut". Elle a dans sa ligne de mire plutôt Lewis et Pavel. Si l’un des deux ne gagne pas, ça serait vraiment tragique. Au moins oui. Quoique si Camille gagne, elle aurait eu raison depuis les awards. Si l’un des deux derniers gagne, là, ça serait dramatique. Elle arriverait à ne plus aimer Cupidon… Non, bon, il ne faut pas abuser. Cupidon, il restera au plus profond de son cœur. C’est juste qu’elle appellerait à boycotter le jeu… Maintenant elle attend les finalistes. La soirée. Et les lumières et tout le tralala qui s’éteint. La fin de la fin quoi.

robe d'Eibhlin

This is it. La grande finale. Le point culminant du jeu. Dans quelques heures, le grand gagnant de Fake Lover sera révélé. Et l’aventure sera terminée pour tout le monde. Nous serons priés de retourner vivre nos vies. Comme si tout cela n’a juste été qu’une parenthèse, et maintenant on reprend le cours normal. C’est un peu effrayant. J’ai eu toute la journée pour psychoter. On nous a séparés des autres, foutus dans une voiture, puis conduit dans une loge, complètement isolé. Et je poirote là depuis des heures. Des heures qui ne semblent jamais vouloir se finir. Je tourne en rond tel un lion en cage. Je mange, je bois, pour m’occuper. Du coca, rassurez vous. Je ne compte pas me saouler pour le prime, franchement ça serait très moyen. Mais j’ai peut être un peu abusé sur la caféine, parce que maintenant je suis un peu trop excité. Je ne tiens plus en place. Je pousse un soupire de soulagement lorsqu’on vient enfin me chercher. Pour l’occasion, je suis bien fringué. Evidemment, c’est la grande soirée. Même si je l’avais voulu, la production ne m’aurait pas laissé venir sur le plateau habillé en mode plouc. J’ai un costume, sobre. Pas de cravate ni de nœud papillon, j’ai l’impression d’étouffer là dedans. (voir). J’ai une petite boule au ventre, à quelques secondes de pénétrer sur le plateau. Il parait qu’il est encore plus grand que l’autre. « On y est les gars, c’est le moment. » Je souffle, avant de finalement avancer, en compagnie des autres finalistes. Et là c’est l’explosion de cris, d’applaudissements, tout ça. Un instant je suis désorienté, et je ne sais pas où on doit aller. Mais un technicien me pointe du droit l’endroit, et je commence à avancer. Je tape dans quelques mains, fais de grands sourires, et m’installe sur l’estrade. C’est un peu impressionnant tout ça quand même. « Han, mais y a notre famille ! » Je viens d’apercevoir la tronche de cake de ma petite sœur. Genre elle est là elle. Mine de rien ça me fait plaisir de la voir. Et y a ma mère aussi. « Vous croyez qu’on peut outrepasser la sécurité, et aller direct les voir ? » Genre si on y va très rapidement, ils n’auront pas le temps de nous rattraper, si ? Mouais bon ça serait surement moyen au milieu du prime.

J'étais en finale. Ça y est. Non mais j'avais encore un peu de mal à y croire. La semaine passée, nous étions encore dix, et aujourd'hui, il n'en restait plus que la moitié. Sur une trentaine de candidats, je faisais parti des cinq qui avaient survécu à toutes ces semaines... Enfin, non, survivre n'est pas trop le verbe à employer, personne n'est mort, du moins, il me semble. Je crois que dire adieu au nid avait cependant été plus compliqué que je ne l'aurais jamais imaginé. Ce lieu idéal dans lequel nous avions évolué, c'était la dernière fois que nous passions un peu de temps au sein de ses murs. Et maintenant que mes bagages étaient faits et que j'avais enfin terminé de rassembler mes affaires, je jetais un dernier coup d'oeil à ma chambre, mon lit, ma table de chevet, comme pour tenter de les garder en mémoire à jamais. Un membre de la production, probablement un technicien, me demanda par la suite de me dépêcher, et bientôt, le nid était derrière moi, alors que je me retrouvais entouré de tout un tas de maquilleurs et de stylistes qui ne tardèrent pas à s'acharner sur moi. Sans un mot, je les laissais donc faire, et je devais plutôt vous avouer que le résultat n'était pas trop mal. Nous étions là, tous les cinq, et alors que je jetais un regard vers mes camarades, on nous fit signe d'avancer. « On y est les gars, c’est le moment. » La lumière m'aveugla un instant, j'avais l'impression d'entrer dans une arène, les cris et la musique embaumant le tout. Passant ma main droite sur mon coude gauche, je me positionnais ainsi au centre du plateau, observant mes anciens camarades qui se tenaient un peu plus loin. Finalement, ma main se glissa dans celle d'Akela, histoire de trouver une dernière fois un peu de soutien de la part de celui qui ne serait bientôt plus mon partenaire. « Han, mais y a notre famille ! Vous croyez qu’on peut outrepasser la sécurité, et aller direct les voir ? » « Je... je suis pas sûr. Enfin, il a l'air plutôt costaux, le bonhomme en noir là bas. » dis-je en désignant l'homme au regard assassin qui se tenait entre nous et la foule. Au moins, il arrivait à dissuader n'importe qui de trop s'avancer, hm.

Cette fois-ci c'était réellement la fin, ce n'était plus simplement une impression c'était une réalité. Et même si après autant de temps passé loin des miens j'avais hâte de retrouver tout ce qui m'avait manqué durant douze semaines, c'est non sans un petit pincement au cœur que j'avais jeté un dernier regard au nid par la fenêtre de la voiture. Mais ouais, c'était le dicton, Toutes les bonnes choses ont une fin et il était temps que je retrouve ma petite vie, mes proches, et l'océan qui m'avait tant manqué. J'étais pas fait pour vivre loin de l'océan, c'était maintenant une certitude. Mais puisque c'était ce qui me détendait le mieux habituellement, c'était à ça que je pensais tandis que l'on m'avait enfermé dans une loge loin de Camille, Henley et les autres. Quelle idée de me foutre tout seul ici jusqu'à l'heure du prime, ils avaient envie que je devienne barge ou bien ? D'ailleurs, au bout d'une demi-heure à peine je tournais déjà en rond comme un lion en cage, et je n'avais pas touché à la barre chocolatée que je ne sais plus qui avait posé dans un coin ... J'avais pas faim, je voulais juste ne plus être tout seul. C'est donc littéralement sur les dents que j'avais accueilli ce qui semblait être la styliste ... que j'avais déjà croisé lors du premier prime. Forcément, j'allais pas oublier facilement sa gueule vu la façon dont elle avait osé m'habiller ce soir-là. Du coup, à peine avait-elle minaudé un bonjour que j'avais aboyé « Le orange, on oublie, ou je fais un massacre. Je plaisante même pas. » Non mais c'est vrai, je m'en étais pas encore remis je crois bien. Et je ne vous dirais jamais ce que j'avais fait de la veste à laquelle je faisais référence, disons simplement qu'elle avait eu la fin qu'elle méritait, paix à son âme. Fort heureusement elle ne semblait pas de taille à renouveler la même connerie que la dernière fois, et avait donc opté pour des fringues telles que je les préférais, c'est à dire relativement sobres. Bon, le noir c'était pas franchement une couleur que j'appréciais, et j'en portais d'ailleurs rarement, mais je suppose qu'on ne pouvait pas tout avoir, hein. Je n'avais en tout cas pas été mécontent de retrouver les autres finalistes lorsque l'heure du prime était enfin arrivée. J'avais les mains moites, et les oreilles qui bourdonnaient un peu, aussi avais-je donc décidé de garder Camille et Henley comme point de repère ; D'ailleurs, je me tenais justement entre l'un et l'autre, et j'avais bien l'intention de ne pas changer de place de toute la soirée. Parmi le bruit, la lumière et le reste j'avais à peine entendu Lewis s'exclamer qu'il apercevait sa famille, mais sans doute parce que c'était inutile que je me fasse du mal j'avais préféré ne pas regarder dans la direction qu'il indiquait ; Benjamin avait peur de l'avion, et il avait besoin d'avaler deux Temesta rien que pour prendre un vol entre l'île et Philadelphie lorsque nous rendions visite à sa famille. Du coup ouais, inutile de me faire du mal, et comme pour m'en persuader j'avais simplement resserrer ma main autour de celle de Camille en la sentant glisser dans la mienne. J'avais un peu de mal à me faire à l'idée que dès demain je ne le verrais plus tous les jours ; J'essayais de ne pas y penser, mais je savais que j'étais surtout en train de me voiler la face. « C'est fou ce que j'étouffe là, ma parole. » avais-je fini par murmurer entre mes dents tout en tirant machinalement sur ma cravate, sans pourtant que cela ne change quoi que ce soit à mon problème.

C’est la finale. Oui. C’est terminé. Fake Lover. Enfin, dans quelques heures seulement ce sera la vraie fin, même si je suis éliminée depuis une semaine déjà. J’étais encore dans le nid, alors ça me donnait l’impression d’être encore dans l’aventure et tout. Alors que là, y’a plus de retour dans le château. On est partit avec nos valises, les portes se sont fermés derrière nous. Une nouvelle aventure nous attend, j’imagine. Pavel est partie de son côté avec les autres finalistes, quand à moi, j’ai passé la journée avec Cian dans les rues de Paris, à errer, passer le temps, boire un café. Ça fait drôle de ne plus être enfermé quand même. C’est différent, après tout ce temps. Puis, y’a les préparatifs d’avant prime, on me fournit une jolie robe, longue, scintillante. Le genre de robe qui attire l’attention, ce qui n’était pas particulièrement mon envie de la soirée, mais ça va, elle est jolie. Je l’enfile, laisse les maquilleuses et coiffeuses faire leur boulot et voilà, je suis prête. Direction le plateau, qui est gigantesque. Ils ont du budget, à Fake Lover. Je regarde Pavel qui est loin. C’est nul d’être séparé ainsi. Je lui souris et lui fait un signe de la main, le saluant de façon pas très discrète. Je m’installe à une place libre, nerveuse de connaître les résultats de cette soirée. Je me croise les doigts... Et les orteils pour Pavel, pour qu’il gagne.

Il était évident que j'allais revenir ce soir, pour Lewis et Pavel parce que je ne pouvais pas ne pas venir. J'étais à Paris en plus, non je ne pouvais pas envisager une seule seconde ne pas venir. Ivan n'est pas là, il a préféré aller se balader dans Paris, c'est vrai que tous les gens et tout ça j'aurais préféré éviter. On se retrouvera après de toute façon ça n'a pas d'importance. Comme promis je me suis appliquée à préparer une grande banderole pour Lewis que j'ai pris avec moi je ne sais pas trop si je vais pouvoir la laisser trop longtemps en l'air parce que le problème c'est qu'elle énorme et qu'elle va gâcher la vue de tout le monde. Peu importe. J'ai mis une très jolie robe pour l'occasion. Pas aussi extravagante que celle que j'ai mise dans le nid parce que je n'ai pas à le faire et que je suis que là pour soutenir mes amis mais elle me plait. Elle est assez recouvrante par contre. Elle est rose et un peu longue si bien que je fais attention pour ne pas trébucher en allant m'asseoir et je trouve une place libre, tout va bien. J'attends avec impatience que les finalistes débarquent et lorsque je capte le regard de Lewis je lui montre la banderole. J'adresse un signe et un sourire à Pavel aussi, ça fait bizarre d'être loin de tout le monde, de ne pas pouvoir aller leur dire bonjour. C'est vraiment la fin et ça fait un peu peur même si j'ai passé une semaine exceptionnelle ne plus voir toutes ces personnes, ça fait un drôle d'effet. Ils vont indéniablement me manquer mais ce n'est pas le moment d'y penser, la soirée ne fait que commencer. Je me déplace de quelques chaises quand je remarque Nicola que je n'avais pas vu avant. « Whaou, tu vas faire de l'ombre aux finalistes, tu brilles de milles feux.  » Je souris légèrement. C'est bizarre parce qu'on ne s'est pas vu depuis une semaine entière. « Ça ne t'a pas fait trop bizarre de te retrouver dehors d'un coup ?  » Après tout on a bien le droit de faire la conversation un peu, on ne dérange personne.