J'étais pas préparé pour ça. Je ne savais pas s'ils se rendaient vraiment compte de ce qu'ils me demandaient de faire, fallait que je parle, mais genre pour de bon, avec des vraies phrases qui avaient du sens. Alors que j'étais à peine capable d'aligner trois mots clairement depuis le début de la soirée, surtout maintenant que j'avais l'impression de sentir le regard de Ben en permanence sur moi, même quand j'essayais de ne pas regarder … D'ailleurs, à chaque fois que je tournais la tête dans sa direction il était en train de me regarder, alors ce n'était sans doute pas qu'une impression. Où est-ce que j'en étais déjà ? Ah oui, fallait que je m'exprime, la bonne blague. D'ailleurs on m'avait mis un micro dans les mains et pour le coup je savais à peine quoi en faire, gloups. « Heuu … » Bah, ça commençait super bien dites moi. M'éclaircissant la gorge, j'avais tenté de retrouver un peu de dignité tout en tirant machinalement sur ma cravate, celle-là même qui me donnait l'impression de se resserrer toute seule autour de mon cou depuis le début du prime. « Je me souviens, le jour où j'ai passé les castings j'y suis tellement allé en mode touriste que j'étais en tongs, avec mon jean. En plein Dublin, oui je sais. » Regard entendu vers Camille. Les tongs et moi, toute une histoire, ahah. « Enfin tout ça pour dire que la fille qui m'a reçu avait sans doute besoin de vacances, du coup elle a vu mes tongs et pouf, ça lui a donné envie de poser ma candidature sur la bonne pile, celle qui ne finirait pas à la poubelle en fin de journée. Peut-être même qu'après ça elle est rentrée chez elle et a réservé un billet pour les Bahamas, ou les Caraïbes, ou je ne sais où … Hm. » Oui, tout le monde s'en fou, je sais, mais c'était pas faute d'avoir prévenu que c'était une mauvaise idée, de me demander de m'exprimer. « Et voilà, si ça se trouve si je suis ici ce soir c'est grâce à une histoire de tongs et à l'envie de vacances d'une nana de la production, comme quoi ça tient à pas grand-chose, hein ? Enfin, pas grand-chose, je ne sais pas si c'est l'expression qui convient, parce qu'on parle quand même de douze semaines. Alors que quand j'ai fait ma valise, j'ai dit au jeune homme qui est juste là … » et disant cela j'avais désigné Benjamin en souriant avant de reprendre « … j'avais dit quelque chose comme 'non mais t'inquiète, dans trois ou quatre semaines au pire des cas, je suis rentré'. Je crois que j'ai un gros mensonge à me faire pardonner du coup, pas vrai ? » Un mensonge de huit semaines supplémentaires, quoi. Mais j'allais bien trouver comment me faire pardonner, je ne me faisais pas trop de souci là-dessus … Du moins j'essayais, quoi. « Mais malgré tout je regrette pas ces douze semaines passées ici. Non, faudrait être fou pour regretter d'avoir eu l'occasion de vivre une telle expérience, et d'avoir rencontré tellement de personnes ici que j'aurai jamais eu la chance de rencontrer si j'étais resté caché sur le gros caillou au milieu du pacifique qui me sert de maison. Je vais pas les citer, je pense qu'ils et elles se reconnaîtront, non je crois que c'est pas la peine que je cite Camille, Danaé, Jenni, Henley, Celse, Amery, Betty, Lewis et touuuus les autres, hein, huhu. » Est-ce que c'était vraiment ça au final, une liste de prénoms ? Non, c'était pas seulement ça, mais ça faisait partie de ces trucs que je ne savais pas comment exprimer avec des mots, ça faisait partie de ces souvenirs qui étaient marqués de manière indélébile dans mon esprit mais que je ne saurais jamais raconter de manière assez précise pour que ceux qui n'y étaient pas réalisent l'ampleur de ce à quoi je faisais référence. « C'est avant tout grâce à eux que Fake Lover restera une aventure inoubliable, une parenthèse à laquelle je repenserais en souriant et que je me ferais un grand plaisir de raconter à mes petits-enfants quand je serais devenu vieux et un peu sénile. » Enfin, ça j'avais pas trop hâte d'y être non plus, hein, j'étais encore trop jeune pour penser à ce que je serais quand mes cheveux seraient blancs et mes muscles en bien moins bon état. « Ce que je leur dirai en premier en tout cas, et trouvez ça cliché si ça vous chante, c'est que grâce à toutes ces personnes que j'ai rencontré ici, j'avais déjà l'impression d'avoir gagné là, en vous endormant avec mon discours ridicule. Peu importe l'issue de cette finale je vais repartir gagnant, et pour cette raison j'adresse un grand, un immeeense merci aux autres candidats, à ceux qui ont voté pour moi au cours de ces semaines, et à ceux qui ont voté pour les gens qui étaient mes points de repère ici. Et heuu … Non bah voilà, j'ai fini. » Amen, enfin. J'avais rendu le mirco à la première personne qui était à ma portée, bien content de m'en débarrasser. Ma cravate ne m'avait toujours pas étranglé, je considérais ça comme une victoire, hm.

« Ah, t'es un marrant, toi. Mais oui, elle est bien de moi, que veux-tu, elle a une mère canon. » Gnagnagna. « J’aimerais pouvoir te contredire. » Malheureusement je ne peux pas, ça serait mentir. Si Henley n’a pas l’air toute mignonne, angélique et tout ça, par contre, c’est sur qu’elle est canon. Bon je pourrais dire qu’elle est moche, juste parce qu’elle me me balance à longueur de journée, m’enfin, ma maman m’a apprit à ne jamais mentir, alors. Je suis pas comme elle. Oui parce que bon même si je suis pas un bg, la blonde exagère toujours concernant mon physique. En tout cas j’aime à le croire. Je suis pas si pire que ça. Les gens ne s’enfuient pas en courant en voyant ma gueule, c’est déjà ça non ? Bref, je lui montre ma famille. « Ah oui, t'as raison, ta famille ne te ressemble pas. » Je prends ça comme un compliment. Ça veut dire qu’elle ne les trouve pas moche. On se contente des petites victoires qu’on a hein. « Tu vois. » Je lui avais dis. Puis Amery fait un message de soutien pour Henley. A sa manière. C’est pas le truc le plus émouvant qui soit, mais au moins c’est un message de soutien, c’est déjà pas mal. Elle a de la chance de l’avoir. Puis c’est à mon tour. C’est India qui fait mon petit discours. Pour quelqu’un qui n’est pas très à l’aise devant un public, elle parle beaucoup. C’est qu’elle en a des choses à dire. Que des choses gentilles. Non mais je crois que personne n’a jamais été aussi adorable à mon égard. A l’écouter je suis merveilleux. Je ne me connaitrais pas, j’aurais limite envie de m’épouser là. On voit qu’elle n’est pas très objective. En tout cas ça me fait vraiment chaud au cœur tout ce qu’elle dit. Elle pense vraiment tout ça de moi ? Wouah. J’attrape son baiser au vol, et lui en renvoie un. Cela me fait limite oublier l’absence d’Aliénor. Presque. « Si je ne la connaissais pas, je croirais qu’elle est amoureuse de moi. » Que je blague. Puis Akela me parle. « Lewis, si t'es toujours d'humeur à jouer à chat avec monsieur muscles, je te suis. Si on court pas dans la même direction il pourra pas nous attraper tous les deux, huuu ... » Ah cette fois il est réceptif à ma petite boutade de tout à l’heure. « Euh ouais, mais qui se sacrifie ? Tu sais si je me mets à courir pour faire diversion, je risque de me fracasser au sol tout ça… » Genre le mec il tente de mettre sa malchance en avant, pour que ça soit à Akela de se sacrifier, et que ça soit moi qui retrouve ma famille. De toute façon comme si on allait réellement le faire. Puis là Cupidon parle. Han c’est vraiment la fin. Je serais une fille sensible, j’en verserais surement une larme. Mais bon c’est pas le cas. « C’est Eihblin qui doit avoir le cœur brisé. » Oui Cupidon s’éteint. On ne l’entendra plus. La pauvre. Je jette un coup d’œil dans sa direction. Bon évidemment je ne suis pas vraiment peiné pour elle. Tant ça me semble toujours une grosse farce cette histoire. Place à Akela qui est le premier à prendre la parole parmi les finalistes.

Orson ne tarda pas à prendre la parole pour me soutenir, ce qui me fit extrêmement plaisir, d'ailleurs, ça devait probablement se voir puisqu'un immense sourire s'était dessiné sur mes lèvres. J'en étais venu à demander à Akela si son mari se trouvait dans la pièce. Moi, hormis Orson, personne de mon entourage ne semblait être présent. Donia devait avoir une bonne excuse, puisqu'elle n'était pas du genre à manquer ce genre d'événements. A vrai dire, je n'avais qu'eux deux, puisque toute ma famille s'était évaporée.  « Il est ... Oui. Il est là-bas, au bout. Avec Leilani. » dit-il en me montrant un grand blond et une jolie jeune femme. C'était donc eux, ceux qui entouraient Akela au quotidien. Peut-être aurais-je l'occasion de leur parler ? Tout ce nouvel environnement était particulièrement stressant pour quelqu'un comme moi qui n'avait pas l'habitude des changements. Et autant vous dire que ce plateau là n'avait plus rien à voir avec le petit plateau de télé du nid. Enfin "petit", parce que ce n'était jamais réellement petit, un plateau. Peut-être celui de la Star Academy, à la limite. Mais il fallait être suicidaire pour se diriger dans une telle émission. Akela venait donc de terminer son discours, et c'était ainsi à mon tour. Pour être tout à fait franc, je n'avais aucune idée de ce dans quoi je m'embarquais, parce que même si j'étais plutôt doué pour raconter ma vie à travers des détails sans intérêts, il était certain que ce genre de monologue avait le don de me rendre d'autant plus nerveux. Le présentateur m'indiqua donc que c'était à mon tour, alors que je le regardais comme si le monde était entrain de s'écouler autour de moi. Si j'avais été observé constamment lors de ces trois mois, la pression n'en était qu'infime comparée à celle que je pouvais ressentir en cet instant présent. « Donc hm... je me suis inscrit dans cette émission avec les deux personnes qui comptent le plus à mes yeux, Orson et Donia. A vrai dire, j'ai vu la publicité à la télévision, et je nous ai inscrit, avant même de réfléchir... ou de leur en parler, d'ailleurs. Oui, c'est probablement, l'une des choses les plus spontanées que je n'ai jamais fait. » un léger rire s'échappa de mes lèvres, et après avoir toussoté pour tenter de reprendre mon sérieux -et parce que personne ne riait, alors c'était super embarrassant- j'avais fini par reprendre « Le truc, c'est que je ne regrette absolument pas mon coup de tête... regardez où je suis aujourd'hui. Il y a probablement plus de personnes entrain de me regarder que lors du dernier discours de notre président français... » je lèvre la main un peu gêné, pour m'excuser, parce que je ne voudrais pas non plus l'offenser. Ceci dit, il doit avoir des trucs plus importants à gérer, comme des guerres nucléaires ou des fermetures d'usines. C'est la mode, en ce moment. « Tout ça pour dire que lorsque je suis arrivé ici, et je crois que Pavel peut en témoigner, j'étais probablement la personne la plus nerveuse de tous ceux qui ont pu auditionner. A vrai dire, je n'ai probablement jamais autant transpiré de ma vie, ahem. Maintenant, j'arrive à parler devant des milliers de personnes, et je n'ai même pas de tâche sous les bras... enfin, je sais pas si je suis censé parler de ce genre de choses à la télé, cela dit. » oui, et puis j'avais promis de pas faire trop long. Enfin, non, j'avais rien promis du tout, mais disons que je n'avais jamais pensé pouvoir parler autant. « Enfin bref, tout ça pour dire que cette aventure a été absolument extraordinaire. Quoi qu'il se passe, je ne pourrai qu'être heureux. Et je remercie spécialement Celse, Pavel, Zoey, Freddie, Tonya, Ivan, Kinga, Jenni, Mai-Lan, Judith et tous ceux qui ont contribué à cette aventure. Evidemment, je remercie Orson et Donia de m'y avoir accompagné, mais surtout, merci à Akela d'avoir toujours été là lorsque j'en avais besoin, je n'aurais pu rêver d'un meilleur partenaire. Voilà... Et euh... je vais m'arrêter là maintenant, parce que ça devient embarrassant... » et puis je suis tout rouge maintenant, bravo.

Henley fait son discours, fidèle à elle-même. Puis c’est à moi de passer, logiquement. Je me lève, et file m’installer au petit pupitre. C’est un peu impressionnant quand même. « Bonjour, moi c’est Lewis, j’ai 23 ans, et ça fait 3 mois que je suis sobre. » Bonjour Lewis. Quoi non c’est pas ça ? Rien avoir ? Non mais c’est chelou quand même. Tout le monde qui me regarde là, attendant de moi un beau discours ou je sais pas trop quoi. « Bon hm…J’ai rien préparé, alors ça va être free-style. Je ne sais même pas trop ce que je suis censé dire ? Merci-les-gens-cela-a-été-une-aventure-trop-cool-je-ne-vous-oublierais-pas ? Je suppose que ça ferait un peu trop court. Il parait qu’on doit parler 100 ans dans ce genre de discours. Mais j’ai pas trop envie de vous assommer, je sens déjà là que j’en ai perdu quelques uns. Alors je vais pas faire le tour de chaque candidat, pour leur expliquer en quoi je suis heureux de les avoir rencontrés, qu’ils sont géniales et que je les adore, tout ça - enfin géniaux ahem. Après tout chacun sait déjà ce que je pense de lui. Non je voudrais juste dire que j’ai passé de très bons moments ici. FL a répondu a mes attentes, et bien plus encore. Je suis venu dans le but de m’amuser, bien délirer, passer à la télé. Et c’est chose faite. Je me suis fais des amis. Une plus ou moins copine. » Ouais je sais pas comment appeler Aliénor, sorry. Future ex ? De toute façon elle n’est pas là. « Et pour courroner le tout, la cerise sur le gateau, je suis en finale ! Chose que je n’aurais jamais cru possible. Je veux dire, moche et avec un QI d’huitre, je partais mal d’entrée. Mais me voilà. Faut croire que le public aime les types un peu fous fous. Ou alors ils veulent juste se moquer de ma gueule un peu plus longtemps, j’sais pas. Mais naaaaan, je préfère me dire que vous m’aimez. Pas vrai ?! » Et là j’harangue la foule pour qu’elle fasse un peu de bruit. Ils réagissent, ça fait plaisir. Bon ce sont peut être juste des moutons qui gueulent quand tu leur demande, m’enfin peut importe. « Bref, résultat des courses, je vais gagner plus de 30 000 balles ! Pour un mec comme moi constamment dans le rouge, je peux vous dire que c’est la fête. Je ne vous parle même pas si je gagne le gros chèque du vainqueur. Mais bon là…Tout ça pour vous dire que ce n’est que du bénef ! Au début je vous avouerais qu’avec ma poisse légendaire, j’avais peur genre de me casser une jambe, me cogner la tête, ou une connerie du genre, et devoir quitter le jeu prématurément. Mais heureusement, je suis toujours en un seul morceau aujourd’hui, je pète la forme ! C’est Cupidon qui a du veiller sur moi. Ma bonne étoile. Bon bah voilà, que dire de plus hm…Merci pour tout. Bisous bisous ? Je vous aime ? Arrivederci ?» Voila voila.

Je n’ai pas vraiment le temps de répondre à India, puisque voilà qu’elle est appelé à faire son discours pour Lewis. Discours auquel je souris, puisque tout ce qu’elle dit est vrai. Puis, c’est mon tour. Je crois que je m’en suis bien sortie. J’ai beaucoup trop parlé, mais il n’y a rien de surprenant à tout ça, puisque c’est ce que je fais toujours. Et donc, je souris à Pavel, au loin, alors qu’il me fixe, qu’il me regarde. Je le répète, mais c’est nul qu’il soit aussi loin. Je tourne finalement la tête vers India. « Bon, on peut relaxer, le discours est passé. » Parce que j’imagine qu’elle devait pas aimer parler en public. Enfin, pour le stresse, c’est pas fini, puisque je vais relaxer une fois les résultats dévoilés. Et bon, je vais tout de même répondre à ce qu’elle m’a posé comme question un peu plus tôt. « Pour ce qui est de ce que tu me demandais un peu plus tôt... Pour Cian. Disons que ce n’est pas le plus certain des futurs... Mais on va essayé de faire fonctionner le tout. » Oui, ça ne sera peut-être pas évident... Mais pas totalement impossible. « J’ai... peut-être une solution... Enfin, on verra. » Je n’aime mieux pas m’avancer trop sur le sujet, puisque si ça ne fonctionne pas, je ne serai que plus déçue à la fin. Je souris, pour me convaincre que tout ira bien. « Avec Ivan... Vous allez rester ensemble j’imagine ? Je veux dire... Vous... Tu... Qui va déménager ? » Oui, c’est plus ça la question. Qui va déménager. Parce que je ne les vois pas l’un sans l’autre, ça c’est sur.