La production s'était apparemment débrouillé pour occuper notre journée. Peut-être que tout ça faisait parti des tests sans qu'on le sache. Qu'importe, je trouvais ça sympathique. Alors j'attendais tranquillement, mains dans les poches, en attendant qu'un des animateurs nous annonce la seconde animation. Une animatrice, pour le coup. Ils n'avaient clairement pas choisi les plus moches, c'était certain. C'était donc un portrait chinois, et on devait maintenant dire à tour de rôle quel hero ou héroïne de dessin animé on serait. Je réfléchis un instant, tentant de trouver quel personnage me ressemblait le plus. Et à vrai dire, la réponse vient assez rapidement et naturellement : « Aladdin, moi je serai Aladdin. » je dis alors dans un beau sourire. Oui, j'étais Aladdin, sans hésiter. Mais je n'avais pas besoin d'expliquer le pourquoi du comment à tout le monde. Je préférais garder certaines choses pour moi tout seul, et je n'étais apparemment pas le seul. Je pose alors mon regard sur le blondinet à côté de moi (andreja) , celui qui disait être un garçon perdu. Je n'aurais jamais pensé à un de ces personnages s'il n'en avait pas parlé. On les oubliait facilement. A l'inverse, tout le monde parlait de personnages comme Mulan, Shéhérazade, Megara, ceux dont on se souvenait tout simplement. Mais pas des personnages secondaires comme les enfants perdus. Je trouvais ça intéressant, et plutôt intriguant, il fallait l'avouer. « J'espère que tu n'es pas aussi sauvage qu'eux. » je lui dis de mon accent espagnol, en riant légèrement. Ces enfants perdus, restés justement enfants, étaient plutôt incontrôlables d'après les souvenirs que j'en avais.

Les gens s'expriment à sa suite, comme s'il avait ouvert les écluses qui contenaient le flux de paroles de tout le groupe. Ghika y voit là un signe montrant que tout le monde est dans la même position que lui, que chacun redoute probablement un peu le moment de prendre la parole et qu'attendre qu'un autre commence le ballet est une idée correcte afin de voir si l'on ne va pas se rendre ridicule. L'humiliation en public n'est jamais très agréable et encore moins lorsqu'elle a lieu pendant un moment où l'on est jugé sur sa personnalité. La pression retombe petit à petit et lui permet de voir plus clairement ce qu'il se passe. Tour à tour des gens qu'il a déjà rencontrées, Icare, Alyssa ou encore Paloma, émettent leur choix, faisant preuve ou non d'originalité. On leur a demandé d'être honnête pas d'être le plus atypique possible. Bien que Ghika se doute qu'un peu d'originalité ne peut pas faire de mal, afin de ne pas être noyé dans la masse des autres réponses, il préfère respecter le premier conseil que de s'embarquer dans un délire mégalomane cherchant à tirer la couverture à lui. Quand une jeune femme se lance dans une tirade à propos de Mégara, il tique. « Merci pour la spoiler alert. » plaisante-t-il tout bas, de sorte à ne pas perturber l'assemblée. Lui qui n'avait pas vu le film en connaît maintenant les rouages et probablement la fin. Quoi que celle-ci n'aurait pas été difficile à prédire, c'est un film Disney après tout. Un grand barbu lance son choix, Mickey Mouse, ce qui le fait sourire. Avec une telle pilosité faciale, il lui trouve plus des airs de pirate que de souris, mais ne connaissant rien de son caractère, il en déduit qu'il doit aimer le fromage et les baguettes magiques. Fantasia reste qu'on le veuille ou non un chef d'oeuvre. C'est d'un roux que vient la première réponse vraiment originale, un garçon perdu, c'est une idée. Avec son accent et sa difficulté à trouver ses mots qui est indéniablement attendrissante, Ghika se dit que ce type est réellement un garçon perdu. Mais ce sont parfois les underdogs, ceux dont on ne se méfie pas qui sont les plus redoutables.

Une seconde activité est lancée par les animateurs de l'émission et je suis comme une folle à l'idée d'y participer. Je suis ravie de savoir que ce genre de jeu est mit en place pour nous divertir, je pense qu'on s'embêterait beaucoup sinon. L'animatrice nous propose dans un premier temps de réfléchir à un personnage de dessin animé que l'on aimerait être et j'écoute les réponses de chaque personne qui se trouvent dans cette pièce. Pour le coup, je ne me reconnais pas vraiment dans les héros proposés et je préfère opter pour quelqu'un d'autre. «Jack Frost.» J'aime Jack Frost parce qu'il est amusant. J'aime sa façon de chercher son but sur terre, sa véritable mission et j'aime également le fait que ça soit, le plus simplement du monde, de faire rire et d'amuser les enfants. Oui, il me ressemble un peu le Jack Frost. Je ne sais pas vraiment si je dois en expliquer plus aux autres et je n'en ai pas vraiment le temps puisqu'un deuxième animateur prend la parole pour nous demander quel lieu de vacances nous serions. Plus compliqué comme question et je prends le temps de réfléchir à cela. «Le Machu Picchu au Pérou. » Oui, ce lieu me semble bien. «Bizarrement, je n'y ai jamais été.» Parce que je suppose que les autres candidats choisissent pour la plupart un lieu qu'ils connaissent bien. Ce qui n'est pas mon cas. «Mais c'est l'un de mes rêves. J'aimerai beaucoup y aller et découvrir la culture péruvienne. »

L'activité continuait son cours, les réponses des candidats toutes plus originales et intéressantes les unes que les autres, étonnamment, me passionnaient. Alors que je m'apprêtais à réagir, un second animateur fit son entrée, charmant, le teint bronzé, il me fit une remarque concernant ma réponse à laquelle je réagissais presque immédiatement :

Tu peux venir vérifier par toi même pour voir...

Je concluais cela d'un regard en coin qui en disais long. Ces castings révélait en moi un caractère de joueur que je ne me soupçonnais pas. Plus le temps passait, plus l'envie d'en savoir toujours plus, de me faire remarquer afin d'être sélectionné grandissait en moi. Alors que je me perdais dans mes rêveries, je l'étendis poser la deuxième question du jeu. Si on était une destination de vacances. Facile, des images, une envie m'envahirent la tête. Ce lieu c'était pour mi un rêve inaccessible que j'atteindrais peut-être un jour, grâce l'argent remporté dans le jeu par exemple :

L'outback Australien, c'est comme moi, sec, dure, isolé, mais aussi très mystérieux et attractif. Rare sont ceux qui ose s'y aventurer, mais ceux qui franchissent le pas ne reviennent pas déçu du voyage.

Je ne trouvais pas le besoin d'en dire plus. Ma réponse était clair, concise, ne laissait pas de place à l'approximation. Je me recalais donc dans mon coin, attendant la suite avec une impatience grandissante.

Seconde activité organisée par la production. Compte tenu de la joie que lui a procurée la première, il n’est pas certain que participer à la seconde soit une bonne idée. Mais puisqu’il est sur place, et surtout compte tenu de sa promesse envers Peter, il se force à rejoindre le coin détente. Cela ne veut pas dire qu’il compte participer activement au petit jeu qu’ont préparé les animateurs, il n’hésitera pas à rebrousser chemin s’il s’avère que l’activité ne lui plait pas. Ou alors, peut-être qu’il se contentera de rester au fond de la salle, sans participer, mais au moins pour avoir la fierté de dire qu’il a supporté la présence d’autres personnes sans prendre ses jambes à son cou. Ou peut-être qu’il sera à fond dans le jeu et sera le premier à s’en réjouir. Non, en fait, ça relève plutôt du domaine du rêve cette dernière option. Quoi qu’il en soit, après avoir fumé une demi-douzaine de cigarette, il se décide enfin à rejoindre la pièce où se déroule l’activité, un peu moins nerveux que lors de la première activité. Il se place à nouveau au fond de la salle, espérant que sa présence ne se fasse pas remarquer, et attend sagement que l’activité soit lancée. C’est une des animatrices qui s’en charge, une animatrice plutôt jolie d’ailleurs, il regrette un peu moins d’être venu ici. Enfin, jusqu’à ce qu’elle ouvre la bouche et explique le principe de l’activité, qui lui tire un léger soupir. Un portrait chinois, vraiment ? Bon, ça n’a jamais tué personne, il peut bien essayer de répondre aux quelques questions qu’ils vont poser. Sauf que ça commence déjà mal, quand il faut citer le nom d’un héros de dessin animé qu’on aurait voulu être. Il laisse les gens répondre les uns après les autres, bien trop pressés de paraître des plus originaux avec leur choix piqué, pour la plupart, chez des Disney. Entre deux réponses, il souffle la sienne. « Personne. » Rabat joie peut-être, honnête surtout. Il n’aime pas les dessins animés et bien qu’il en ait vu des montagnes quand il était gosse et qu’il les ait appréciés à cette époque-là, ce n’est plus le cas aujourd’hui. La jolie animatrice laisse la place à un collègue bien moins agréable à la vue mais dont la question est déjà plus appréciée d’Alistair. « Une île déserte. » Qu’il répond simplement. Il n’a pas de noms précis à donner ; il n’en connait pas. Mais assurément, une île déserte est la meilleure réponse qu’il puisse donner.

Quand Ohana est au courant de la nouvelle activité et qu'elle débarque dans la salle avec si peu de discrétions, les gens sont déjà en train de parler. Bon elle dit rien parce que, oula, c'est pas poli de parler en même temps que les autres. Alors elle se contente de plisser ses yeux bruns en se demandant ce qu'ils pouvaient bien dire, sur qui, sur quoi, si elle va pouvoir se foutre de la gueule de quelqu'un. Enfin, comme elle est curieuse, elle se rapproche. Elle reconnaît la tête d'un des types, celui qui parle, parce qu'il a gagné une saison qu'elle regardait comme ça. Si elle était une destination de vacances? C'est parce qu'elle lui manque quand même qu'elle pense directement à son fenua. Faut pas rêver, c'est la plus belle du monde et leur réponse font franchement pitié à côté. L'île d'Oléron quoi, rien que le nom fait pitié. Si elle veut savoir ce qu'est une île, qu'elle aille directement à Tahiti elle verra. Peu de temps après, c'est un mec qui se met à parler. Elle grimace en regardant le mec cadavre, qui se croit bien de se comparer au je-sais-pas-quoi australien. Qu'il en parle bien d'accord, mais pas qu'il en profite pour faire genre. Qu'il fasse comme tout le monde: une réponse et c'est tout. "Genre d'où t'es attractif. Faut pas croire, c'est pas parce que t'es pleins de tatouages que t'attires les gens. T'as juste compris que t'étais dégueulasse sans" Elle parle calmement et c'est ça le pire. Bon d'accord, elle est franchement méchante et gratuitement, mais elle est honnête. C'est ce qu'elle pense. Elle ne le trouve pas attractif comme il aime le dire. "Et puis franchement, t'es dur? On veut pas l'savoir si tu bandes, garde le pour toi..." Même si ok, il a raison, la sexitude de la pièce est quand même pas mal élevée. "Y'a que Tahiti qui vaut l'coup!" Qu'elle finit par répondre sourire aux lèvres.