C'est sans chercher la confrontation, sans même la vouloir que le jeune américain répond au candidat qui l'a interpellé quelques secondes auparavant. « La curiosité est plutôt une qualité à mes yeux, surtout dans un jeu comme Fake Lover. » Si Ghika veut bien entendre que l'impatience n'est pas son seul défaut, c'est celui auquel il s'identifie le plus. Une impatience face à la bêtise humaine, aux enfantillages. Quant à sa curiosité... même si elle pouvait être qualifiée de maladive parfois, elle n'est pas une caractéristique que Ghika voit de façon négative. Agaçante sûrement, mais toujours fondée sur une envie de savoir qu'il ne peut condamner totalement. La prochaine question viendra de Siomha qui a presque l'air de bonne humeur, ce qui plutôt rare. C'est que ce doit être une question bizarre, dont les réponses probables lui procurent déjà une certaine forme d'excitation. Psychopathes elle dit ? Voilà qui donne le ton de ce qui est à venir. Une arme ? Voilà qui devient très intéressant ! C'est peut-être la première question vraiment stimulante qu'on leur ait posé. Ghika en pleurerait presque, ils se dégonflent et se débinent tous. « Oh non moi je déteste les armes, bouh la violence c'est le mal. » Le bouclier, c'est une arme, les fumigènes sont des armes. Ghika bouillonne de voir autant de lâcheté et de facilité saisie dès la première occasion. La timidité et la paranoïa ? Non mais laissez-le rire, la paresse et la lâcheté seraient deux défauts qui les qualifieraient beaucoup mieux. Quelle arme pourrait-il être ? Dans la liste des lames qu'il connaît -parce qu'il était forcément une arme blanche n'ayant pas peur du conflit, du contact et de l'honnêteté- une seule ressort. « Un couteau à éviscérer. » Si Siomha veut des détails, elle peut les lui demander. Ghika lui dira que sa franchise ne mérite rien de moins qu'une arme blanche. Il lui expliquera que c'est une arme intéressante, qui peut servir à frapper dans le dos -parce qu'il doit admettre que parler dans le dos des gens n'est pas étranger à sa personnalité- comme dans le ventre et qui, si on en remue la lame dans la chair -et Ghika aime particulièrement remuer- entraîne des dégâts internes irréversibles.

Les questions se suivent et ne se ressemblent pas, même si certaine m'ont l'air un peu bizarre. Tout comme certaines réponses en fait, mais moi je me garde bien de les critiquer tout haut, principalement parce que je n'ai pas envie qu'on parle des miennes. Je dis ce que je veux, ce qui me représente le mieux, ou du moins j'essaye, et si ça ne plait pas et bien, il est vrai que je préfère qu'on me le dise, mais gentiment, pas sur un ton méprisant. En tout cas, la nouvelle question porte sur l'arme qu'on voudrait être. C'est une question piège à tous les coups. Non mais je ne me la suis jamais posé de ma vie. Je vais donc avoir besoin d'y réfléchir un peu plus avant de répondre quoi que ce soit. Je ne voudrais pas dire quelque chose qui pourrait me faire passer pour une folle furieuse, une psychopathe qui compte tous les découper avec son couteau. Tiens, un couteau "à éviscéré" comme le dit un gars. Celui-là, j'avoue qu'il me fait une drôle d'impression depuis qu'il a répondu ça. Oui, je l'imagine presque en train de me découper pendant mon sommeil. Je secoue légèrement la tête pour me défaire de cette horrible idée. Je remets une mèche qui s'est séparée du reste de ma chevelure brillante avant d'attraper mon sac et de le poser sur mes genoux pour fouiller dedans. « Je crois que j'ai une bombe au poivre dans mon sac. Ça compte comme arme ? » Je ne sais pas vraiment. C'est pour se défendre d'une agression donc ça doit passer, non ? Mais peu importe maintenant que je l'ai dit, on dira que c'est bon. Et d'ailleurs je viens de la trouver, comme ça si le type au couteau, ou n'importe quel autre déséquilibré, veut s'en prendre à moi, il sait à quoi s'en tenir à présent.

Perdu à écouter les autres candidats, je n'avais pas entendu que le garçon bronzé du groupe avait posé une question suivit de très près par la blonde aux atouts fort proéminents. Un vilain petit défaut et une arme donc... Bizarrement je trouvais ces questions assez facile :

Pour ce qui est du vilain petit défaut, je dirai le perfectionnisme.

Je laissais passer quelque instants avant de répondre à l'autre :

Du côté de l'arme, un poison : le cyanure.

Voilà, c'était fait. Je ne voyais pas quoi ajouter d'autres. Ah si, je me permettais juste de réagir face à la réponse de certains candidats (Mallaury et Gaëtane) :

Vous savez il y a des armes qui nécessite aucune violence pour être utilisées... Il faut juste un peu de stratégie.

Je ne les critiquais pas. Comprenais leur choix et trouvait même que cela allait avec leurs caractères. Cela dit, je reprenais ma place en attendant la suite des évènements. J'étais impatient de découvrir ce que cette activité nous réservais comme autres surprises.

Il jette un coup d’œil à sa montre, en espérant que l’activité ne tardera pas à se terminer. Non pas que celle-ci soit inintéressante – enfin, si un peu – mais il commence à ne plus supporter de se retrouver dans la même pièce qu’autant d’inconnus. Il se sent de moins en moins à l’aise, mais il garde en tête le fait que Peter sera sûrement content de lui, pour ses efforts, et il lui doit bien ça. Mais malgré tout, l’activité aurait très bien pu se faire via un questionnaire, dont les réponses auraient été affichées sur le mur des annonces, il s’en serait très bien contenté. À vrai dire, il s’en fiche un peu des réponses des autres, bien que certaines retiennent son attention, et il n’est ici que pour se donner bonne conscience. La jolie animatrice refait son apparition, mais la question qu’elle pose laisse Alistair perplexe. À vrai dire, il n’a pas besoin de réfléchir trop longtemps pour donner une réponse, sachant qu’il n’a pas réellement de logement à lui, il lui est donc difficile de choisir une pièce qui aurait sa préférence. « Aucune. » Il répond simplement. Il aurait pu faire comme certains de ses camarades et détailler sa vie pour justifier sa réponse, mais il n’en a aucune envie. Il aurait pu rester silencieux, aussi, mais puisqu’il a une voix, autant essayer d’en faire usage. Et puis, même s’il n’a aucune réponse à donner, il a ainsi l’impression de participer à l’activité, ce n’est pas un mal. L’animateur qu’il ne porte déjà pas dans son cœur pose la prochaine question. Pour celle-ci, il n’est pas en mesure de donner une réponse rapide. Ce n’est pas qu’il n’a pas d’idées, ce qu’il en a trop. Des défauts, il en a des dizaines, n’en choisir qu’un relève du défi. « La déception. » Il répond, après quelques instants, et une fois que chacun a fini de donner sa réponse. La question suivante provoque une mini-polémique, puisque certains sont contre la violence et d’autres n’hésitent pas à pointer du doigt ce train de caractère. Alistair, lui, s’en fiche. S’ils sont contre la violence, tant mieux pour eux. C’est pas plus mal, il ne les jugera pas, pas comme le tatoué se permet de le faire avec sa réflexion sur les armes soit disant ‘’non-violentes’’. Une de deux pacifiste se retrouvent à faire ce qui semble être une crise d’angoisse. Vraiment, il faut que cette activité cesse au plus vite, pour le bien de tous. Il la suit du regard tandis qu’elle se fraie un chemin, mais ce n‘est pas pour autant qu’il ressent le besoin de la rassurer et de la calmer, contrairement à une autre demoiselle présente dans la pièce. Il reporte finalement son attention sur l’animatrice, et finit par donner sa réponse. « Un couteau. » Sans raison particulière.

Ma réaction avait eu le mérite de ne laisser personne indifférent et même si j'étais passé pour un fou, voir pire un psychopathe aux yeux des personnes présentes dans la pièce. Je ne reviendrais pas sur ma position. J'écoutais attentivement les dires de la brune à l'accent italien, je comprenais son point de vue, ainsi que sa remarque sur les intentions des deux autres candidats. Un rictus se dessinait sur mon visage et je soufflais :

Oui j'ai déjà vu les effets du cyanure, je connais la souffrance que cela implique pour la victime. Maintenant, je comprends ton point de vue et leurs intentions. Comme tu le disais si bien c'est tout à leurs honneurs. Mais, de nos jours sans violence, même déguisé, il est difficile d'avancer. J'ai souffert, je me suis reconstruit et maintenant je suis là. Je parle par expérience, donne mon point de vue que cela plaise ou non. De tout manière, je ne changerai pas.

Cela dit, je reprenais ma place. Je m'étais assez exposé en spectacle comme ça. Au fond, ce n'était pas mon habitude première, mais je suivais toujours mon instinct et là j'avais ressenti cet immense besoin de m'exprimer. Je me sentais maintenant plus léger et écoutais le dernier animateur, le jeune tatoué nous dévoiler le dernier acte du portrait chinois. Un personnage célèbre... J'avais des noms qui me venais en tête, mais très vite l'un d'entre eux pris le dessus sur les autres :

Tim Burton

Le géniale cinéaste américain, un peu fou. Cette homme au style gothique, teinté d'humour, de noirceur et de mystère qui me fascinait. J'avais vu bon nombre de ces films et à chaque fois j'étais comme hypnotisé. Il faisait, je penses, sur moi, l'effet que je faisais sur les autres. Un mélange d'interrogation, d'intrigue, d'envie de découverte teinté de peur de l'inattendu. Un diamant brut au multiples facettes toutes plus intrigantes les unes que les autres.