Ce soir j’étais un peu nostalgique, il faut dire que lors du dernier prime il s’était une nouvelle fois passé pas mal de trucs. Tout d’abord les nombreux coups du téléphone rose, puis le départ de Milan que je ne connaissais pas plus que ça et enfin… Le pire pour moi, après avoir été sauvé je me retrouvais en quelque sorte orphelin. Madeleine avait été éliminée et j’étais très triste, elle laissait un immense vide ici, j’étais heureux d’avoir partagé quatre semaines avec elle, mais j’en voulais un peu plus. Du coup je n’avais pas été très sympathique avec ma nouvelle coéquipière, Melissa si mes souvenirs étaient bons, ce n’était pas de sa faute mais elle avait été là au mauvais endroit et au mauvais moment. Aujourd’hui je n’avais pas fait grand-chose, j’étais mort de fatigue et j’avais vraiment envie d’aller me coucher. J’étais juste mal à l’aise à l’idée de rejoindre Melissa, elle m’en voudrait surement et je n’étais pas d’humeur à me justifier, déjà en temps normal ce n’était pas mon truc mais lorsque j’étais énervé c’était encore pire. La seule idée qui me venait à l’esprit me plaisait et me redonnait immédiatement le sourire. Il y avait un ou deux lits qui étaient laissés à l’abandon suite au départ des dix premiers éliminés, il était donc aisément simple de s’en trouver un. Je me dirigeais vers Lukas qui était couché sur le ventre, discutant avec un autre candidat à qui je faisais signe de nous laisser deux trois minutes. Je m’allongeais vers lui, sur le dos. « Hey… Dis, ça te dirais de passer la nuit avec moi ? Enfin… J’veux dire… Dormir avec moi ? »

Allongé sur le ventre et sur mon lit, je discutais avec ma partenaire qui n'était finalement pas parti la semaine passée et avec qui je retrouvais enfin l'intimité d'une nuit à ses côtés. Je sentis alors la jeune femme partir. J'avais dit une connerie que je la faisais fuir ? Un poids s'allongea alors sur ma gauche. Je me tournais dans cette direction. « Hey… Dis, ça te dirais de passer la nuit avec moi ? Enfin… J’veux dire… Dormir avec moi ? » Baptiste. Je lui souris. Sa proposition me surprenait mais je n'étais pas contre. Il n'y avait aucun mal à dormir avec lui. J'avais bien dormi avec Oona et Syssoï depuis le début de l'aventure. « Heu, d'accord, si tu veux. C'est lequel ton lit ? » Lui demandais-je. Je ne me repérais pas dans les chambres. Je ne savais pas qui dormait où et je crois ne jamais y parvenir.

Je n’étais pas là, à demander au jeune homme de passer la nuit avec moi dans le but de le violer. C’était une idée qui ne me déplairait pas… Bien au contraire, mais je n’étais bizarrement pas plus intéressé par l’aspect sexuel de notre relation que ça. J’aimais ce côté chaste, je voulais y aller lentement avec lui et puis… Je me voyais mal lui ôter la chose qui était la plus importante à mes yeux, sa virginité comme si ce n’était qu’un détail. Sa première fois allait être importante et lui permettre de se faire un premier avis sur le sexe. Non, si je lui proposais cette action c’était surtout pour passer une bonne nuit dans ses bras, avec lui j’oublierais pendant un moment la tristesse et le vide que Madeleine avait laissé depuis le prime. « Heu, d'accord, si tu veux. C'est lequel ton lit ? » Je n’étais pas persuadé que l’idée l’emballait, mais je m’en moquais. Je souriais, lui prenant la main pour qu’il me suive. Je me doutais que savoir sur quel lit je passais toute mes nuits devait être difficile, surtout avec la vue en moins. Je m’arrêtais juste à côté de mon lit, celui-ci était vide, nous passerions la nuit ici. « On va se mettre sur celui-là… Melissa dort dans le mien. » Je reculais un instant pour prendre deux oreillers, j’avais envie de l’embêter un peu comme dans la piscine. Patientant quelques minutes je lui jetais l’un des oreillers en pleine figure ajoutant avec une petite voix innocente. « Désolé… C’était trop tentant. »

Passer la nuit avec Baptiste ne me dérangeait pas. Dormir avec des inconnus ou presque inconnus, je l'avais déjà fais. Mais avec ce jeune homme, c'était tout de même légèrement différent par rapport à Oona et Syssoï. Il y avait cette attraction en plus, ces baisers échangés. Ainsi, cette demande n'était certainement pas anodine et cela m'effrayait légèrement. Le candidat me prit alors la main, m'emmenant avec lui jusqu'à son lit. « On va se mettre sur celui-là… Melissa dort dans le mien. » Je me posais alors sur lui, ne sentant pas le coup venir. Et sans prévenir, un oreiller me sortit de cette rêverie dans laquelle j'étais. Je secouais la tête. Il avait osé ! « Désolé… C’était trop tentant. » Je me redressais, gardant l'oreiller conte moi. « T'as osé... » Lui dis-je d'une voix douce. « Et je peux même pas répliquer. Viens te battre si t'es un homme ! » Lui dis-je alors, par pur provocation et aussi pour qu'il me rejoigne sur le lit.

Cette nuit s’annonçait bien meilleure que la dernière. Oui parce que j’avais passé une sale nuit la veille, je m’étais beaucoup trop ennuyé à réfléchir, encore et encore à propos du départ de Madeleine, j’espérais vraiment qu’on allait se revoir à la sortie. Je l’espérais en tout cas et je ferais cet effort, à voir si elle allait y répondre ou pas. Bref, passer la nuit avait Lukas allait me changer les idées et même si nous ne dormions pas des masses au moins je serais auprès de quelqu’un qui m’importait énormément. Il acceptait pour mon plus grand plaisir, je le dirigeais sur le lit en question lui lançant un gros oreiller en pleine poire. J’étais toujours le premier à me porter volontaire pour rigoler, il le savait maintenant. « T'as osé... » Je souriais, un petit air innocent dans la voix. « Qui ça moi ? Euhmm… Je crois oui ! » Je me mettais à rire, un gloussement communicatif comme d’habitude. Il faut dire que j’avais un rire très singulier, on pouvait le reconnaitre parmi mille. « Et je peux même pas répliquer. Viens te battre si t'es un homme ! » Oh, il était d’humeur taquine le petit Lukas. Je m’approchais lentement, arrivant à sa taille, je le poussais donc lui faisant volontairement perdre l’équilibre et tomber sur le lit, je venais m’asseoir à califourchon sur lui pour pas qu’il parvienne à se relever. « J’aurais peur de te faire mal voyons… Et puis… On me surnomme Hulk alors… »

Oui, il avait osé. Baptiste s'en était pris à moi, le pauvre aveugle qui n'avait pu voir son attaque sournoise lui arrivait en pleine figure. Il riait, moi aussi et je lui sommais de venir se battre dans un duel ou je pourrais peut-être avoir la main sur lui. Ce n'était qu'une supposition mais j'y croyais. Je le sentais alors s'approcher. Je savais qu'il n'était pas loin mais encore une fois, je ne vis pas le coup venir et je tombais sur le dos. Il m'avait fait perdre l'équilibre pour ensuite me coincer entre ses jambes. « J’aurais peur de te faire mal voyons… Et puis… On me surnomme Hulk alors… » « C'est pas juste ! » Je tentais de me décoincer, de sortir de cette prison humaine. Je me redressais tentant une dernière action. Je n'y parvins pas. Hulk, il disait ? Oui, je pouvais confirmais. « J'abandonne... » Lui dis-je en me laissant retomber.

Oui j’avais osé et je ne regrettais pas d’avoir abusé de son handicap pour le battre. Après tout, il devait être traité comme quelqu’un de normal non ? C’est ce que je faisais ce soir, nous n’allions pas tarder de nous mettre au lit, mais avant j’avais envie de faire le gamin un peu parce que ça faisait le plus grand bien. « C'est pas juste ! » Je souriais, déposant mes doigts sur son torse musclé que je caressais rapidement. « Rien n’est juste mon chou… » Je lui disais ça sur un ton amusé, je n’étais pas en train de faire le mec qui trouvait qu’il avait une vie de merde. Ce n’était pas le cas, loin de là. « J'abandonne... » Une petite moue boudeuse sur le visage j’arrêtais de bouger pendant quelques secondes, restant assis sur lui. « Déjà ? Et qu’est-ce que j’ai gagné ? »

Je n'étais pas doué pour tout ce qui était bataille d'oreiller et combat à main nu. Baptiste avait largement eu le dessus sur moi et au lieu de résister, j'abandonnais car je savais que jamais je n'arriverais à reprendre le dessus. Sans la vue, sans des yeux, je ne pourrais pas me défendre et esquiver. J'étais impuissant. Il y aurait peut-être un peu de chance qui pourrait tourner à mon avantage. Cependant, je préférais m'arrêter là et ne plus me débattre alors que le candidat était assis sur moi. « Déjà ? Et qu’est-ce que j’ai gagné ? » Je souris. « Oui, t'as gagné et tu veux ton cadeau, c'est ça ? » Lui demandais-je alors. « Pour ta victoire, tu pourras me demander une seule chose. A toi maintenant de bien choisir. »

Bon, il est vrai que gagner à ce petit jeu était bien simple, il m’avait suffi de le prendre par surprise en lui lançant un projectile au visage, il était aveugle après tout il ne le verrait pas venir. Du coup je ne savourais pas ma victoire pleinement même si celle-ci me permettait de le taquiner un peu en quémandant une récompense. « Oui, t'as gagné et tu veux ton cadeau, c'est ça ? » Je souris, le laissant en suspense pendant quelques secondes en ne répondant pas à sa question. Je le plaignais un peu, être aveugle privait de tous ces jeux de regards et j’en avais un certain nombre. « C’est tout à fait ça… » Je rigole, passe ma main dans ma chevelure en attendant ma récompense. « Pour ta victoire, tu pourras me demander une seule chose. A toi maintenant de bien choisir. » Je réfléchis une nouvelle minute, zut, c’était trop difficile de choisir quelque chose. En vérité je voulais qu’il fasse un truc qui lui faisait envie. « Okay… Je veux que tu fasses une chose que tu as toujours rêvé de faire avec mon aide bien sûr. » Original, mais s’il voulait faire un truc dingue c’était maintenant… Il pouvait aussi m’embrasser, je n’étais pas du tout contre.

Proposer à Baptiste de faire quelque chose qu'il voulait n'était pas anodin. Je voulais simplement savoir ce qu'il rêverait de faire avec moi, en ma compagnie. Je lui donnais ce pouvoir et j'espérais qu'il en ferait bon usage. J'étais peut-être aveugle mais je pouvais toujours l'aider à avoir ce qu'il voulait. « Okay… Je veux que tu fasses une chose que tu as toujours rêvé de faire avec mon aide bien sûr. » Je restais silencieux. Je ne m'étais pas attendu à ce genre de réponse. « Mais... Je... Enfin, non. Pourquoi demander ça ? J'ai l'impression que c'est moi qui ait gagné. » Il avait gagné ce droit et pourtant c'était à moi qu'il offrait ce que le cadeau que je lui donnais. Je ne savais pas comment le prendre. C'était gentil, mignon mais c'était son cadeau et non le mien. Je ne pouvais pas accepter. « Et j'ai aucune idée. Alors trouves autre chose. Quelque chose que toi tu veux faire avec moi. » Lui dis-je. Je voulais lui faire plaisir alors qu'il choisisse quelque chose dont il avait envie.