C'était finalement sorti. Enfin. Je me sentis d'un coup comme libéré d'un poids, alors que je n'avais jamais cité qu'un écrivain et poète français célèbre pour camoufler les deux mots que je peinais tant à lui dire : je t'aime. Mais il lui était juste impossible de ne pas comprendre - car j'avais bien insisté sur ceux-ci - qu'il était plus que jamais question d'amour. Pour le moment c'était tout ce dont j'étais capable, mais j’espérais pouvoir les lui redire très vite sans user d'artifices, de façon plus explicite encore. Le baiser que je lui offris ensuite avait pour but de concrétiser mes sentiments. Quant à Irène, et bien, j'ignorais si elle se sentait désormais prête à franchir le pas. J'eus à nouveau droit à un silence, court néanmoins, avant que la belle blonde ne se décide à son tour à reprendre la parole. « Moi aussi… Mon Dieu j’ai horreur de ce mot, mais… je… je t’aime. » J'en eus les yeux pétillants, sans déconner. C'était pas tous les jours qu'il m'était donné d'entre ça alors je savourais, vraiment. Les choses étaient dites désormais : nous nous aimions, simplement. Un amour réciproque, nouveau et dont ne nous connaissions pas grand chose si ce n'est même rien. Mais j'étais prêt à m'aventurer sur ce terrain-là avec elle, quitte à en découvrir les déceptions, les désillusions causées par celui-ci. J'étais aussi prêt à faire en sorte que notre première histoire d'amour ne retentisse pas au final comme un cuisant échec. Je voulais y croire moi, et j’espérais qu'elle aussi. Je me sentais déjà moins ridicule, puisqu'elle en était venue à m'avouer son amour à son tour. Ça va, je faisais déjà moins pitié d'un coup. De toute façon nous étions pleinement conscients du fait que nous frisions le ridicule avec nos histoires. Oui bon un peu de tolérance, je vous pries, nous l'amour on n'y connaissait rien. Forcément qu'on passerait pour ridicules aux yeux de nombreux d'entre vous, puisque personne ne s'attendait à ce que deux individus comme Irène et moi puissent tomber amoureux et connaitre l'amour dans une telle émission. On avait beaucoup fait parler de nous pour nos coucheries aux quatre coins du château, nos coups de gueule à répétition et nos querelles avec nos petits camarades,... et voilà maintenant qu'il était question de sentiments. De quoi en perturber plus d'un, nous les premiers. Elle disait donc détester le terme "je t'aime". « Je tâcherai de faire en sorte qu'à l'avenir tu n'en aies plus horreur. » Elle finirait pas s'y habituer, et j'étais prêt à me faire violence et à le lui répéter matin, midi et soir juste pour qu'elle en fasse son ami. Car oui, les mots étaient nos amis, ne l'oublions tout de même pas. L'instant d'après je bougeai et me plaçai à ses côtés, avant de passer mon bras par dessus son épaule, la conviant ainsi à se rapprocher de moi et à se lover dans mes bras. Je voulais la sentir près de moi, au lieu d'envisager une éventuelle partie de jambes en l'air, comme nous l'aurions assurément fait quelques semaines auparavant. Aujourd'hui il n'était pas - plus - seulement question de sexe entre nous deux - un lien bien plus fort que celui-ci nous unissait à présent. Le lien du cœur.

Je crois qu’à partir de ce soir, nos deux vies allaient changer. Ce n’était pas la première fois pour moi en quelques sortes et Andreas m’avait dit le vouloir. C’était alors parfait. C’était égoïste, mais j’aimais l’idée d’être justement à la base de son changement de vie. J’aimais aussi l’idée d’être portée dans le cœur de quelqu’un et ne plus être simplement perçu ne serait-ce par une seule personne, comme une chaudasse sans cœur. Je venais de lui prouver que j’en avais un, comme il venait de le faire avec le sien. À présent, il nous suffisait de se faire confiance, enfin j’espérais qu’il ne douterait pas de ce que je ressentais pour lui. Je risquais de faire des erreurs, lui aussi, puisque nous étions novice en la matière, mais nous étions partis, je le sentais bien, pour s’impliquer à fond dans notre relation. « Je tâcherai de faire en sorte qu'à l'avenir tu n'en aies plus horreur. » Je lui adressais un large sourire. Alors il pensait déjà à l’avenir, cette chose qui me faisait flipper. Contre toute attente, j’avais l’impression d’y penser aussi et cela ne me dérangeait pas. Je me contentais d’acquiescer d’un mouvement de tête, reconnaissante envers son implication. Par que cela me semblait être une preuve que nous avions sûrement un avenir commun et qu’Andreas ne prenait pas ça à la légère. Quoi répondre à ça ? Je savais que je pourrais lui prouver la même chose et au moment venu. Au bout d’un moment il bougea son corps pour venir le poser à côté de moi, me laissant comme un vide ouai, ça faisait bizarre. Puis je me sentais attirée tout contre lui. Je posais simplement ma tête contre son torse, laissant mes yeux regarder le mur d’en face, en silence. Nous venions de tout dire. Il n’était pas indispensable de continuer à parler, si ce n’était que pour gâcher notre moment. J’étais plus à l’aise que je ne le pensais. Je croyais avoir banni tout rapprochement tendre et pourtant, être posée contre lui ne me donna nullement envie de m’en séparer. Finalement j’enroulais mon bras autour de son torse et je le serrais plus fort que jamais, écrasant complètement ma joue sur son corps. J’aime parler, mais avec lui, je me sentais plus partisane des gestes, alors le serrer si fort était ma manière de lui signifier qu’effectivement, je ne voulais pas qu’il s’en aille à l’issue du prime. Dans ma tête, je voulais carrément aller en finale avec lui. Après tout, nous étions deux gagnants. Je desserrais mon étreinte pour simplement poser ma main sur son torse. Je m’endormirais bien là, avec lui, tout contre lui et même s’il ne devait pas encore être dix-neuf heures. Ouai, j’avais envie soudainement de toujours m’endormir à ses côtés, au diable Sami. Alors je callais simplement ma tête un peu plus dans son cou, pour simplement être au plus près de lui, sans penser pour une fois à la baise. Je lui déposais un simple baiser contre la peau de son cou, en guise de point final à notre petit instant.

Elle m'aimait. Je ne rêvais pas, hein, elle venait bel et bien de me l'avouer comme je lui avais moi-même avoué l'aimer un instant plus tôt, à ma façon ?... Cette situation était vraiment déboussolante, mais je ne voulais pas penser au déroutant voir au farfelu de celle-ci. Non, ce que je voulais sur l'instant, c'était juste me trouver auprès d'elle et la sentir à mes côtés. Rien de plus. Je l'invitai bientôt à se blottir contre moi, tandis que je l'encerclai de mes bras, comme si je redoutais une éventuelle fuite maintenant que je n'étais plus au dessus d'elle et que nous étions face à tout ce que nous avions toujours rejeté, à savoir l'amour. Mais non, au final sa tête retomba sur mon torse, tandis que je ne pensais bientôt plus qu'à une chose : mes sentiments pour elle. Les câlins, tout ça, en général ça n'était pas vraiment voir pas du tout mon truc. Mais n'était-ce pas ce que j'avais prétendu pour l'amour, les sentiments et tout ce qui s'en suit ? Tout était en train de changer et j'étais spectateur de ce grand bouleversement dans ma vie. Pour moi, cela résonnait dans mon esprit comme une évidence : Irène et moi nous étions trouvé car nous étions semblables. Si je n'avais pas fait cette émission, je n'aurais certainement jamais connu l'amour. Je n'allais pas aller jusqu'à affirmer qu'elle était mon âme sœur - j'étais quand même loin d'être naïf -, mais ce qui se passait entre nous actuellement n'était en fin de compte pas dû au hasard. Nous étions destinés à nous rencontrer, destinés à connaitre l'amour, le vrai, ensemble et non avec une tierce autre personne. Irène me serra bientôt fortement, et sa gestuelle parlait pour elle : nous ne pouvions être amenés à nous retrouver séparés dimanche soir. Je ne l'accepterais pas. On ne m'enlèverait pas Irène, car elle était la meilleure chose qui m'était arrivé dans cette aventure. Et je ne voulais pas partir non plus. Maintenant je considérais que nous étions inséparables. Je déposai alors un baiser sur le sommet de son crâne, avant d'entreprendre de fermer les yeux. Mis à part le fait que j'étais épuisé et que la pression engendrée par le jeu n'avait rien arrangé à cela, la situation prêtait vraiment à s'endormir, dans ce lit, avec elle. Sa tête désormais dans le creux de mon cou et après avoir reçu un baiser de sa part contre celui-ci, je finis par tomber dans les bras de Morphée, simplement. Je n'étais pas dans mon lit, mais Salami n'y verrait probablement rien à redire. En tout cas pas s'il tenait à sa barbe.

Sujet terminé pour Andreas.