J'avais tenté de m'asseoir le plus à l'écart possible, malgré tout cela n'avait pas suffit puisque toutes les places autour de moi semblaient peu à peu se remplir. Une petite brune venait d'ailleurs de prendre place à mes côtés, sans pour autant oser ouvrir les lèvres. Ça n'était pas plus mal, je crois bien que je n'aurais pas su quoi lui dire, oui, parfois un simple silence pouvait en dire bien long. L'homme en face de nous poursuivait son monologue interminable alors que je tentais tant bien que mal de suivre le cours du prime, bien trop dérangé par toute cette agitation autour de moi pour capter le moindre mot. Tant pis, quelqu'un me ferait bien le résumé. Enfin, tenté qu'ils ne me prennent pas de haut lorsque je leur demanderai. Je ne savais pas encore à qui j'avais affaire après tout, et peut-être que la plupart d'entre eux étaient de ceux qui prenaient les autres de haut. Ça n'était pas mon cas. Quelques instants après c'est la robe de la candidate venant se placer à mes côtés qui attira mon attention, si bien que, distrait, je ne fis attention que quelques secondes plus tard qu'elle venait de me parler, heureusement pour moi, j'avais réussi à saisir ce qu'elle venait de dire, ou du moins assez pour éviter de passer pour l'abruti de service. « C'est votre robe qui est sublime. » Ou peut-être était-ce elle, tout simplement. Je n'étais pourtant pas un garçon matériel, non, à vrai dire je me fichais du beau ou du laid, du moment que ça portait chaud et que c'était confortable. Du moment que c'était vivable. Mes prunelles rebondissaient sur le présentateur avant de revenir vers la jolie rousse à mes côtés. « Vous avez saisi ce qu'il a dit ? Avec toute cette agitation, j'ai un peu de mal à suivre. » Et c'est peu de le dire, je n'avais strictement rien compris et ce depuis le début. Peut-être même avaient-ils annoncé mon nom ? Aucune idée. C'était vraiment mal parti. L'autre jeune femme à mes côtés ne semblait pas bien bavarde, malheureusement pour elle, je n'étais pas réputé pour mettre les autres à l'aise, il allait ainsi falloir faire quelques efforts.

Putain c’que je suis beau. Y’a pas à dire, tout me va à merveille, mais là ce costume me rend parfait. Encore plus parfait, ouais, c’est possible. Elles vont toutes être à mes pieds, les nanas. J’en suis certain. Comme d’habitude, quoi. Mon sourire espiègle habituel accroché aux lèvres, mes yeux bleus détaillent les alentours. Ça bouge dans tous les sens, ça parle, ça crie, ça panique, ça s’habille, et je ne fais qu’observer, parfaitement calme, n’adressant la parole à personne. Je ne veux pas parler, pas maintenant en tout cas. M’admirer dans le miroir est bien plus intéressant pour le moment. Et voilà que c’est le moment d’entrer sur le plateau en attendant de voir si on n’est accepté, ou non. De toute façon, j’vais être pris, c’est évident. Personne ne peut se passer de moi. Non mais vous m’avez vu ? Je fais mon entré, fier comme un coq, mon sourire gigantesque dévoilant mes dents mal alignées. « Ah la s-salope, elle s’est p-pas foutue de ma gueule ! » je m’exclame tout seul alors que mon regard bleu électrique parcourt les alentours. Ça change de chez moi, c’est clair. Toujours aussi souriant, je me dirige vers une femme qui apparemment ne sait pas choisir entre le chocolat noir et le chocolat blanc (IMMA). « Eh, ma j-jolie, t’as de la glace à la v-vanille autour de la bouche. » Et voilà que j’ricane grossièrement. C’que j’suis con, mais c’que je suis drôle putain.

Inspire. Expire. Inspire. Expire. Oui, comme ça Liv, c'est pas trop mal. Je me rends compte seulement que mes mâchoires sont serrées comme si elles étaient vissées entre elles. Je m'applique à les relâcher, prenant conscience de la pression que j'exerçais et de la douleur que cela me provoquait. "Vous allez bien ? Vous avez l'air ailleurs ?" Je sursaute. Oui, c'est bien à moi que l'on s'adresse. Non. Par pitié, non. Respire Liv. Je ne sais plus où j'en étais dans la chanson, et je crois que je ne saurais même pas dire ce que je chantais il y a à peine quelques secondes. Mais pourquoi me parle-t-il à moi? Hein? Pourquoi? Je regarde autour de moi. Autour de nous. Oui, les autres ont l'air occupés. Ca doit être pour cela qu'il m'a choisie pour mener une conversation, c'est certain. Ca va, juste un peu éblouie... Je me surprends à réussir à articuler ces quelques mots sans que ma voix ne me fasse défaut ou que ma gorge ne se serre. Mon volume sonore est très bas, bien sur, mais c'est déjà mieux que rien.
Mes mains et mes doigts courent le long de la partie dévoilée de mes cuisses, au dessus de mes genoux. Je fixe l'écran où Cupidon est apparu pour ne pas avoir à penser à autre chose, mais c'est sans compter sur mon voisin (@Diego) qui semble vouloir continuer à discuter. Par pitié, trouve quelqu'un d'autre. Juste pour ce soir. Un autre jour je ferai un effort, promis. Liv... Enfin, erm, Olivia. Olivia Elisabeth Banks je t'interdis de ... Mais rien n'y fait. Ma gorge se noue, mon coeur bat la chamade et mon regard s'embue. Je parviens à rattraper mes larmes juste au bord de mes yeux, avant qu'elles n'aient eu le temps de couler, mais je ne suis pas certaine d'avoir été assez rapide pour passer inaperçue.