J'éponge les quelques gouttes de vin qui persistent sur mon visage et ça me laisse un goût amer dans la bouche. J'ai envie de l'insulter. De crier au monde entier à quel point elle m'est insupportable. Et je suis certain qu'en faisant ça, j'en libérerais plus d'un. Je ne fais que dire ce que les trois quarts de l'assemblée pense, au fond. Et tant pis si ça dérange. Je préfère être franc plutôt que passer pour un hypocrite. Blondiebitch ne pourra pas dire que je ne fais que commenter derrière un ordinateur. Je soutiens le regard d'Elliot qui se fait noir et me touche en plein coeur. Il se sert, le con. Alors que je ne lui ai rien demandé. J'ai pas envie qu'elle me touche. J'ai pas envie que, savoir que je l'ai déçue me fait mal au coeur. J'ai pas envie d'être dépendant d'elle. Je ne veux être dépendant de personne. Et pourtant, cette nana me fait un effet fou. Et son coup de poing, son regard, ses soupires et sa remarque me vexent, vraiment. J'ai envie de m'excuser mais il sort tout autre chose de ma bouche. Et puis, la pression de sa main me radoucit. J'ai envie de passer une bonne soirée en sa compagnie. Et depuis que Daphne a quitté l'assemblée, j'ai l'impression que tout va beaucoup mieux. - Allons danser. « A tes risques et périls. » je réponds taquin en l'entraînant sur la piste, tandis que Marcel entame de nouvelles note. Je l'attire contre moi, nos corps s'entre-choquent. J'enroule mes bras autour de ses hanches. Je ne sais danser que collé, serré, moi. Mon visage se niche tout près du sien. Je plonge mes pupilles dans les siennes, un long moment. Et je souris, je suis bien. Et puis, je vais le nicher dans le creux de son cou. Je laisse les notes nous envahir, doucement.

Elle a beau prendre part à ma plaisanterie au final d'un goût très douteux, je sais que l'envie n'y est pas. Je ne sais pas s'il s'agit là du simple fait que le thème de la soirée ne lui plaise, ou si c'est quelque chose de bien plus profond: dans tous les cas de figure, je reste dans l'ignorance la plus totale, et c'est bien qui me frustre au plus haut moins. En tant que mec expansif au possible, j'ai pour habitude de ne rien garder pour moi; en somme, l'opposé total de la jolie Fantine. Impossible de savoir ce qu'elle pense ou ressent, seule son bon vouloir vous en fera part. Déboussolé et probablement atteint par sa déprime contagieuse, je l'écoute possément, me contentant de quelques brefs sourires en coin en guise de réponses. Doucement, presque imperceptiblement, je l'attire vers moi, serre un peu plus sa taille, tente de sonder son regard: je n'y vois rien, rien du tout. Dépité, je baisse les yeux, me concentrant sur les pavés soudainement devenus fort intéressants. Quelques minutes d'une danse monotone s'écoulent, je décide finalement d'arrêter notre mouvement, une déception non feinte sur le visage. "Ecoute, c'est pas grave si t'es pas d'humeur... J'ai l'impression d'te forcer, c'est juste terrible," lui dis-je dans un petit rire gêné. Le regard toujours sur le sol, je lâche ma partenaire, m'attardant peut-être un peu trop sur sa main, mon pouce en carressant son dos. J'ose enfin lever les yeux vers elle. "Tu veux p't'être que j'te ramène à la chambre? J'te laisse tranquille après ça, t'as ma parole."

Asmaa s’est éloignée. Je soupçonne Gina et sa courtoisie exacerbée d’en être responsable. Ce qui ne m’empêche pas de lui lancer un regard de reproche. Je ne vais pas réussir à rencontrer beaucoup de monde si chaque fois les présentation achevées, un autre ou une autre est responsable de leur fuite. Si encore il s’agissait de moi. Mon regard ne dure qu’un instant, puis se reporte sur la blonde hurlante qui, d’après les dires de la harpiste, n’est autre que cette même blonde à qui j’ai tenté d’ouvrir les yeux il y a quelques nuits de cela. J’en avais oublié jusqu’à l’existence, ce qui est normal, puisqu’une fois ma BA effectuée, j’ai tendance à passer rapidement à autre chose, quelque chose de plus intéressant et digne d’intérêt. Je ne suis jamais retourné sur son blog, mais d’après ce que je comprends des diverses altercations, je n’ai pas été le seul à me sentir invité à parler. « L’indifférence » hum ? Je tourne la tête et remarque que c’est la jeune rousse qui formule cette réponse pour moi. Oui, en effet, l’indifférence c’est plutôt ma marque de fabrique, habituellement, mais si l’une de ses demoiselles m’invitait à les débarrasser de la nuisance sonore, c’est sans mauvaise grâce que j’accomplirais ma tâche. Mais la musicienne ne semble pas me demander une telle chose, et Gina ne répond plus, alors j’abandonne l’idée, et m’en vais chercher deux verres de rosé. Un verre pour Gina et un pour moi-même, que je goûte du bout des lèvres en observant les couples danser, ou les hommes se débattre pour les faire danser, à l’image de ce blond qui semble avoir toutes les peines du monde. Ce même blond qui était au préalable avec la harpiste qui se trouve désormais... seule. C’est ce que je constate après l’avoir cherché du regard et trouvé contre un mur, à un mètre à peine de moi. J’avale une gorgée de vin que je trouve bien trop sec, puis me débarrasse de mon verre sur une table attenante, avant d’offrir ma main ouverte en direction de la musicienne. Je n’ai pas besoin d’émettre le moindre son, n’est-ce pas ? J’attrape ses doigts, et la précède jusqu’à la piste de danse où les couples tentent de faire revivre une époque révolue. Une paume sur sa taille glisse jusqu’à ses reins tandis que je la rapproche de moi, tentant de placer mes pas sur le tempo. J’aime danser, ce n’est pas un problème, ce sont plutôt les autres couples le problème, on risque à tout moment de se prendre un bras ou autre en pleine tête. Il me va falloir être vigilant. « Au fait, est-ce que je vais enfin avoir droit à ton prénom ? » je chuchote à son oreille à proximité. Je ne vais pas pouvoir la nommer “la harpiste” indéfiniment.

J'ai l'impression que l'humeur de Louis est en train de dégringoler, de se dégrader, je pense que c'est à mon contact que cela se fait. Sans que je m'en rends compte, je me retrouve plus près du blond tandis que ses pupilles me sondent, je me demande ce qu'il cherche. Il finit par baisser la tête, observant ses chaussures ou le sol, peu importe. Je resserre ma prise sur sa main avant de commencer à parler. « Pourquoi tu fais cette tête ? » Je lui demande. Il a l'air déçu, dépité, ou je ne sais quoi. Je me demande si c'est à cause de moi tout ça. Je n'en sais rien, je mordille ma lèvre inférieure avant d'ouvrir grand mes oreilles lorsqu'il prend la parole. Il finit par me lâcher avant d'enfin arrêté de contempler ses pieds, il me propose de me raccompagner avant d'ajouter qu'il me laissera tranquille. Comme s'il me dérangeait ... J'arque un sourcil. « Ah non, maintenant que je suis là .. » Je reprends, sous-entendu je reste maintenant que je me suis bougée et que je suis ici. C'est hors-de-question que je parte. Je passe mes mains dans son dos, mes deux mains se joignent. On ne danse plus, on se contente juste de se balancer en rythme de droite à gauche. Je vois qu'il y a deux autres couples sur la pistes de danse, j'hésite donc de trop bouger pour éviter que l'on se percute.

Alors prénom et aussi celui d'une princesse de jeu vidéo ? Ouaiii, 'fin, je joue jamais aux jeu vidéo. J'suis du genre, déjà, à me pencher quand j'essaye de faire un jeu de course automobile. C'pas gagné. Puis, elle me lâcha qu'en réalité, son vrai prénom, c'est Dagmar. Je la regardais, ébahie. Ouai parce que Dagmar quoi, c'pas courant, mais j'trouve ça beau. Sans mentir, c'est vrai ! Certes, c'est compliqué à dire et à retenir, sûrement, mais je ne trouve pas ça moche du tout. Elle à l'air de penser. Alors, comme j'avais lâché sa main, je vins la coller sur son épaule. « J'vais t’appeler Dagmar, moi, tu va voir ! » Lui disais-je, avec toujours ce même large sourire. Ouai, comme Arès m’appelait bouclette et bien, j'allais l’appeler parce son vrai prénom, qui finalement, sera son surnom pour moi. Compliqué, hm ? En tout cas ce n'était pas une menace, rien, non, j'avais juste envie de l'appeler comme ça, la petite rouquine. Alors moi même, je me dévoilait à elle, enfin, mon prénom. « C’est drôlement joli… Même si le coup du double a va me perturber… » Je lâchais un rire. C'est que, j'y tenais à mes deux 'a'. Ouai parce que si y'en avait qu'un, ça ferait Asma et c'est pas beau, alors qu'Asmaa, c'est magnifique. Ma modestie me perdra peut-être. « Je sais, ça fait bizarre sur le coup, mais on s'y fait. » Avouais-je, en rigolant, une nouvelle fois. Nan mais, y'a pas de quoi être perturbé, comme je n'avais pas vraiment besoin de la complimenter sur sa mémoire, mais étant donné que la mienne me faisait souvent défaut. « Je fais ce que je peux. » Elle aussi, belle modestie. Mon sourire s'adoucissait, mais pour peu de temps. « Et dis-moi alors, tu te plais pour l’instant dans l’aventure ? » Comme nous n'étions là que depuis peu de temps, je ne pouvais pas être franchement objective. C'est vrai, le mal allait peut-être arriver bientôt. On pouvait, néanmoins dire, que je me plaisait bien dans ce petit village, bien loin de ceux que j'avais connu. « Ouai carrément. C'est génial non ? Même si ce n'est, peut-être que pour une s'maine, on passe à la télé quoi ! » Bon je dis ça, mais mon but n'était pas de devenir célèbres. « J'veux dire, ouai, voilà quoi ! » Ouai, voilà quoi. « Et toi ? C'est qui ton partenaire ? T'ai plutôt du genre, hétéro ou.... » Nan mais, quand je dis que j'pose des questions complètement-out- des fois !