On me signal que c’est mon tour. Enfin. Je suis de retour, et pour de bon. Je m’avance tranquillement, collant un sourire sur mon visage, bien que se soit pas vraiment difficile, je suis vraiment contente d’être de nouveau dans l’animation des primes. Je replace légèrement ma robe et voilà, je suis lancée. « Bonsoir tout le monde ! Je suis heureuse de retrouver ma place ici, aux côtés de mes fabuleux amis présentateurs ! » Coup d’œil en particulier à Connor auquel je souris un peu plus. « Je reviens avec une toute nouvelle chronique, inspirée de mon court séjour parmi vous de cette semaine. C’était agréable, soit dit en passant, mais être dans une télé-réalité, ce n’est plus pour moi. » Et puis, mon lit n’était vraiment pas confortable. Des excuses, toujours des excuses. Mais là n’est pas le point. « Je me suis donc convertie en petite espionne, j’ai écouté aux portes, fais ma petite enquête, pour découvrir tous les potins du nid. Bon, je dois avouer, j’ai été un peu déçue, je n’ai pas eu grand chose de croustillant à me mettre sous la dent. Sauf peut-être la partie de jambe en l’air de Candace et Callan, mais bon, ils sont mariés… C’est normal vous me direz. Au moins on a la confirmation que lorsqu’on se marie, on ne perd pas la flamme du désir pour l’autre en nous. » Deuxième coup d’œil à Connor, ça ce n’était pas ma remarque la plus subtile. J’éclate de rire avant de continuer. « Bon, la semaine dernière, on a presque eu droit à un peu plus qu’un échange de salive de la part de Rumer et Jared, mais il semblerait que le tatoué n’était pas prêt à ça, stoppant net dans son action. Agace tout de même. Oh et Rumer, chérie, la prochaine fois, le truc de la frite et du ketchup… sérieusement, ce n’est pas nécessaire. Réfléchie un peu avant de parler. » Je lève les yeux au ciel alors que des images défilent sur l’écran à mes côtés. « Bon, vu que tout le monde semble prude et personne ne se la joue Andreas-qui-saute-tout-ce-qui-bouge, je vais plutôt me pencher les peut-être, on ne sait jamais, futur couple qui pourrait se former durant les semaines à venir. Il y a donc ce cher Raphaël, qui semble avoir développé un grand attachement pour un autre tatoué du nid, Lulu. Personnellement, je trouve qu’ils sont réellement mignons. Raphaël qui demande à Lulu de lui apprendre à embrasser il est grand temps qu’il se dégourdisse et qu’il fonce le petit ! Faut pas être timide, en plus, dans ce cas, cela semble réciproque de la part de Lulu. Je vous ai à l’œil les petits, je ne veux pas être déçue, alors laissez vous aller !! » Je suis peut-être trop enthousiasme, surtout que j’imagine que cela va gêner encore plus Raphaël. Mais j’ai été gentille, j’ai dit qu’ils étaient adorables ! « Passons maintenant à un autre duo, ou plutôt trio ou plutôt… en fait, je ne sais pas trop comment qualifié cette relation. Tout d’abord, y’a Otello et Ismay. En tant que partenaire, ils semblent vraiment bien s’entendre. On peut dire que notre ange de Cupidon a bien fait son boulot pour une fois ! Mais je me demande… est-ce qu’il y a plus dans cette relation que de simple partenaire de jeu ? Parce que… Cette semaine, moi j’ai bien détecté un truc. Viens que je te fasse un câlin, et l’autre qui demande des confidences et des questions gênantes. Non mais arrêtez de tourner autour du pot et embrassez vous ! » dis-je en levant les bras en l’air avec un peu trop d’enthousiasme. « Bon, d’accord, on est qu’à la deuxième semaine. Mais je n’y peux rien moi si j’ai besoin d’un peu d’action. Oh et puis, en parlant d’action et en restant sur le cas d’Otello, parce qu’il est beau le petit. » Mes joues deviennent légèrement rosées. Oups. « Oui bon, Otello, faudrait que tu nous explique se qui se passe avec Janka aussi. Ou que Janka nous explique se qui se passe avec elle. Malgré que ça à l’air assez confus dans sa tête à elle. Ou c’est moi qui est confuse en ce moment ? Breeeeef, je comprends rien à votre relation. Et j’imagine que les téléspectateurs non plus. Mais y’a aussi quelque chose qui se passe. Alors si vous pouviez être un peu plus explicite, pour les blondes comme moi, ça serait gentil. » Je soupire en posant mes yeux sur les principaux concernés. « Bon et finalement, dans nos nominés, y’a aussi des petits papillons qui sont entrain de se créer. Enfin, d’un côté seulement. Oui, je parle de Fantine et Louis. Bon, ils semblent que cette semaine, c’était pas la joie entre ces deux là, mais ils se sont enfin parlé. Enfin, Louis a parlé, Fantine se contente de ne pas dire grand chose. Elle est pas très bavarde la petite. On perçoit clairement que Louis a un faible pour elle. Le problème… Il semblerait que la belle ait un petit ami à l’extérieur. Oups… Mais bon, ça veut rien dire. Accroches toi Louis, t’as peut-être tes chances !! » Je lui fais un clin d’œil avant de sourire à la caméra. « Et voilà, c’est tout pour moi cette semaine. En espérant que ma chronique va aider à mettre un peu d’action dans le nid, mais pas qu’elle ne crée la troisième guerre mondiale ! Faites l’amour, pas la guerre, les enfants !! »

Rumer – celle dont j'avais envisagé le premier de dévorer la force capillaire – balance ce qui a tout l'air d'un tampax au travers la pièce, immédiatement suivi des hurlements de Nicole, dont je me tiens heureusement loin, et... la panique générale s'ensuit. Certains candidats applaudissent le coup de maitre – je vois que Sven prend son pied – d'autres poussent des cris indignés, bref, c'est un peu comme si on venait d'assassiner quelqu'un, de violer la première des règles de la vie en communauté. J'apprécie ce moment, j'adore constater qu'un tampon usagé qui traverse la pièce a le don de les ulcérer quand des rumeurs malsaines, des chroniques assassines et des ragots ont, à l'effet inverse, le don de les rassasier. Je me tourne vers William, perplexe, et ça se comprend. Je secoue la tête, résigné également. « Et ce n'est que le premier de beaucoup de plats », j'annonce avec un sourire. Si William est fin observateur, il se rendra rapidement compte que les tares de Rumer sont pâlottes comparées à d'autres. Bienvenue dans la ferme des animaux mon cher William, c'est ça, la télé réalité, quand on signe, on signe pour tout, pour soi, pour les autres, pour leurs insultes, leur mépris, leurs... tampax usagés.

Il m'annonce alors que je viens d'offrir deux mille euro à Mads. Je souris. « Merci, j'avais plus de place dans mes poches. » je lui dis avant de raccrocher le téléphone. Non sans blague c'est tout ? Je pensais frissonner, je pensais offrir à la belle une autre forme de souffrance que celle qu'elle arrive à surmonter. Ouais je suis déçut. Je regarde Mads un brin mystérieuse. « Je t'ai viré 2 000 euro sur ton compte. » je lui confie dans un sourire, dans un sourire vide de toute émotion. Je retourne asseoir mon derrière près de l'italien. Y a trop de bimbo dans la production, j'ai du mal à me concentrer sur ce que la nouvelle, ancienne, de retour raconte, ça m’effleure sans pour autant m'intéresser.

ASMAA
NIVEAU I

Ça faisait maintenant plus de quelques dizaines de minutes que j'hésitais devant le miroir. Non en fait, ça faisait déjà plus de deux heures. Non pas à cause d'un choix au niveau de ma tenue, mais pour ma présence totale au prime. Je n'étais pas malade. Je n'étais pas blessé. J'avais juste obéie à la règle qu'Otello m'avait soumise : aucune drogue pour ce prime. Sauf que, sans même être sur le plateau, je ne me sentais déjà pas bien. Je fermais les yeux un instant, prenant ma respiration. Je sais que je pouvais y arriver. Ce n'était pas sorcier après tout. Comment font-ils tous hm, sans drogue ? Ou ceux qui arrêtent ? Ou... Je paniquais déjà un peu, alors qu'est-ce que ce sera quand j'arriverais sur le plateau. Ou tout le monde s'y trouve déjà. Après avoir marché, baskets aux pieds, je pris une pause devant le plateau. Fallait pas que je m'arrête en si bon chemin. Non, vraiment pas. Alors j'entrais discrètement sur le plateau, mes mains jointes, essayant de ne pas attirer tout les regard sur moi. Je me faisais toute petite. Je n'étais franchement pas à l'aise. Tout ça devait en plus se voir sur mon visage. Je restais à côté d'un chandelier, quelques minutes, avant de m'asseoir, toujours aussi discrètement sur un canapé. Au plus profond de moi, j'espérais que personne ne viennent me voir. Au plus profond du plus profond, j'espérais vivement que quelqu'un remarque ma présence et ne me laisse pas toute seule. Là où j'serais arrivée en criant, sautant sur la première chose qui bouge. Peut-être même sur le public et bien, je n'allais même pas vers ceux que je côtoyais régulièrement. Parce qu'évidemment, tout le monde était déjà là et que j'étais hyper en retard et que j'avais peut-être tout manqué...

Ma remarque n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde, puisque je remarque le sourcil dela belle qui s’est relevée. « Austères et ennuyantes ? Si tu le penses vraiment, c'est dommage de continuer à t'habiller de cette manière. C'est pas inenvisageable de conjuguer confort et... goût pour, hum, la mode. Ce que je veux dire, c'est que tu peux trouver des vêtements dans lesquels tu te sentiras à l'aise et qui te plairont aussi. » Je me suis peut-être mal exprimé, dans mes propos. Ce n’est pas tant que je n’aime pas mes vêtements, mais je rentre de le même moule depuis tellement longue que c’est une habitude que j’aurai surement beaucoup de mal à perdre. « En fait, c’est que… comme je le disais à… » Attendez, j’ai oublié son prénom. Ah, c’est bon, ça me revient. « À Candace, je passe la majorité de mon temps au travail, ou je dois porter ce genre de tenue. Je ne sors que très rarement, et chez moi, je me contente de vieux jogging et d’un t-shirt, tu sais. Mais en public, en dehors d’un contexte, comment dire, professionnel, je ne sais jamais comment me vêtir. » J’hausse les épaules. « Je pourrais surement trouver un juste milieu... Je n’ose seulement pas, c’est tout. » La voilà, la strict vérité. Devant nous se déroule un spectacle plus que déroutant. La jeune fille à la chevelure rosé semble avoir balancé quelque chose sur l’asiatique, et ce n’est que lorsque cette dernière s’attaque à la première que je remarque de quoi il s’agit. « Ew, c’est dégoutant. » ne puis-je m’empêcher de faire la remarque à mes voisins en grimaçant de dégout. Heureusement, Cupidon intervient et expulse les deux demoiselles. Grand bien leur fasse.