On a tendance à dire que, lorsque nous appréhendons quelque chose, un évènement, une date importante, le temps semble bien plus long qu'à l'habitude: grossière erreur, dans mon cas, les jours ont défilé sans même que je ne puisse en profiter, stress extrême des nominations oblige. D'un point de vue désormais extérieur, j'ai l'impression que ma semaine m'est tout bonnement passé sous le nez sans que je ne me rende compte, négligeant ceux que je considère déjà comme mes amis au profit d'une déprime totale, persuadé que je suis de quitter le Jeu dès ce soir. C'est donc sans entrain aucun que j'entame de me préparer, enfilant sans même les regarder les vêtements choisies par la prod'; en fin de compte, cette tenue traduit à merveille mon état d'esprit: bien grisâtre. Contrairement au conseil des cameraman, je ne prends pas la peine de me poudrer le visage; peu importe si ma peau ne rend pas bien à l'écran; me contente d'une main dans les cheveux en guise de coiffure: prêt à me rendre à l'échaffaud, j'arrive finalement sur les lieux des festivités, manifestement très en retard. Néanmoins, bien loin d'être pressé, je prends le temps de m'en griller une avant de faire mon entrée sans la moindre cérémonie, m'asseyant comme toujours aux côtés de Fantine, attrapant sa main et la serrant doucement dans la mienne: une sorte de réconfort édulcoré. Sans que je ne m'y attende le moins du monde, Daphné vient me présenter ses excuses accompagné d'un sac de lavande censé me réjouir: c'est une blague? On l'a payé pour ça? Ne daignant pas ouvrir la bouche, je la regarde s'éloigner puis échange un regard avec ma partenaire: ridicule, c'est le mot.

Je crois que ce prime va être long. Je crois que ce prime va être long. Je crois que ce prime va être long. Je crois que ce prime va être long. Je crois que ce prime va être long. Je crois que ce prime va être long. Je crois que ce prime va être long. Je crois que ce prime va être long. Je crois que ce prime va être long. Je crois que ce prime va être long. Echos. Cette phrase résonnait dans ma tête, se placardant sur tous ses murs. Les candidats entraient un à un, prenant place un peu au hasard. Daphne, Gaspard, Branca, Raphael. Mes yeux suivaient les candidats rejoindre leurs places. Certains semblaient égarés, d'autres trouvaient rapidement leur place dans cette salle. Et ainsi va le monde. C'est d'ailleurs Branca qui prit une des deux places libres à mes côtés. N'osant cependant pas prendre la parole. Alors, comme signe de salutation, je lui annonce un sourire. Puis, le téléphone sonne, mes yeux se plissent à la surprise de son bruit strident. Sven décroche, une moue enfantine aux lèvres avant que son visage ne rayonne. Une bonne nouvelle je suppose. Daphne reste. C'est cool. Putain j'me fais chier. « Putain j'me fais chier. » mes mots dépassent ma pensée, oups. J'adresse un regard à la jolie brune, se tenant à mes côtés. « T'as une idée de ce qu'il va se passer ce soir, toi ? » au fond, on s'imagine tous quelque chose. Tous. Sans exception.

Rumer, en décrochant le téléphone, tu remportes la possibilité d'immuniser le candidat de ton choix aux prochaines nominations. Attention, ce candidat ne peut-être ni toi, ni ton partenaire.

Rumer, qui choisis-tu ?