Je la vois rougir dès que mes mots ont franchi la limite de mes lèvres. Mon désir n’était vraiment pas de la gêner, loin de là. Je ne faisais que la complimenter, tout simplement, car j’adore ce qu’elle porte, et jusqu’à un certain point, j’aimerais avoir le courage de revêtir moi-même ce genre de tenue. Ce qui n’arrivera surement jamais, soyons clairs. « Merci. » qu’elle me lâche finalement, le tout accompagné d’un sourire que je lui rends. « À la base, je comptais porter seulement la robe noire courte, mais bizarrement je me sens bien plus à l'aise avec... euh ce truc en dentelles. Comme si mon degré de confort était proportionnel à ma surface de peau couverte. » J’acquiesce à ses propos, je comprends tout à ce qu’elle me raconte. « Je fais pareil, t’inquiète… y’a que mes jambes que j’accepte de montrer… et encore, ça dépend toujours de la longueur de la robe. » J’ai toujours eu une préférence pour les pantalons, de toute façon, je suis plus à l’aise ainsi. « Ta robe est vachement sympa aussi ! Très classe et élégante. » J’acquiesce un léger sourire. « Rien d’aussi extravagant que toi, par contre… » Non, vraiment, nos deux tenues étaient à des antipodes évidents. Mon partenaire fait enfin fit de présence sur le plateau et il s’installe à mes côtés, sans un mot. Je tourne la tête vers lui, cherche un moment son regard, et lorsque je le croisse, je lui souris gentiment. « Ça va? » Je m’inquiète pour lui, c’est normal. Il ne semble pas très bien. Peut-être n’est-ce pas la place pour en parler, mais j’espère qu’il sait que je suis là pour lui. Je vais même jusqu’à lui tapoter doucement l’épaule. Sur l’entrefaite, voilà que Jared se joint à nous. Il se poste sur le même canapé que nous, et je le salue d’un petit signe de la main. « Je sens que je vais souvent poser cette question mais… Qu’est-ce que Cupidon nous a préparés ce soir? » Arrivé en retard, je ne suis pas étonné de cette question. Et pour le bienfait de mes deux voisins, je m'apprête à leur faire un rapide topo, mais Arès me devance. Pas grave. Il résume très bien la chose. Cupidon fait une annonce. Un nouveau candidat fera son entrée dans le jeu. C’est une bonne nouvelle, je trouve. Je le pense d’autant plus lorsque je découvre de qui il s’agit…

A peine installé, plus ou moins confortablement, j’ai tout le loisir d’observer Blondie perchée sur Louboutin, s’avancer vers... hum... Le troubadour, pour lui offrir un petit truc que je n’identifie pas tout de suite, mais à voir l’air qu’affiche Louis, ça ne doit pas lui convenir. J’hausse les épaules, avant de détourner mon attention. Y a un truc qui sonne, là, et comme au concert, j’ai presque le réflexe de hurler sur l’importun qui a oublié d’éteindre son portable, avant de me rappeler qu’on n’en avait pas. Personne. Je comprends l’origine de la nuisance lorsqu’un type ce jette littéralement sur un téléphone rose. Oui, d’accord, mais encore ? Je suis sur le point de poser la question à Ismay lorsque, en tournant la tête vers elle, je découvre Elliot et Raphael nous saluant. Enfin, surtout Elliot, parce que Raphael m’a l’air un peu bloqué. Je leur offre un sourire et un mouvement de tête à tous les deux, pendant que ma partenaire ce charge de parler à ma place. Oui, c’est comme ça que ça marche. J’ai pas le temps de demander à Raphael s’il a pu lire l’un des livres que je lui avais conseiller, que mon ombre se pointe pour me faire de l’ombre. Pile devant un projecteur, elle me cache le soleil, et c’est presque salutaire pour mes yeux clairs. Elle m’informe qu’elle est habillée. Cool. Et puis elle salue Ismay. Super cool. Heu... Elle attend quoi, là ? Une hola peut être ? Je fouille dans ma poche, pour l’occasion, en tirant un bonbon dans sa papillote. « C’est bien, je suis très fier de toi. » je l’informe de ma voix dénuée de tout signe d’excitation, avant de lui tendre le bonbec. « Tiens, un bonbon. Je le gardais pour toi, Ismay. » j’annonce à ma partenaire en me tournant vers elle. « Mais tu comprends, elle s’est habillée, quoi. » Je surjoue à peine, pas besoin. Et puis, comme cette dernière viens de l’inviter à s’asseoir, je lui désigne la place libre à côté de moi. « Quelqu’un m’explique pourquoi un téléphone sonne en continue ? » je demande enfin. Mais je ne suis pas certain qu’on puisse m’offrir une réponse, parce qu’entre temps, une rubrique est annoncée dans laquelle Ismay parle de chats et de réincarnations, et comme si ça ne suffisait pas, on nous annonce un nouveau candidat. « Ok, je suis définitivement perdu, là. »

Une surprise ? C'est vrai que je préfère largement ce genre de surprise que devoir supporter la surprise de son départ, mais bon. Elle, la chieuse à mes côtés aurait sans doute préféré le contraire. « Je ne sais si c'est la réaction à laquelle tu t'attendais, mais bon. » Je souris. Rapidement Gaspard à qui j'adresse un signe de tête en retard me fait comprendre qu'il n'y a pas de malaise. J'sens suis ravi. Je daigne prendre des nouvelles de ma femme sauf qu'elle ne l'entends pas de cette manière. Je ne sais que j'ai récolté ce que j'ai semé, alors je ne fais aucune remarque. Elle joue je la laisse jouer. Qu'elle s'amuse. Je crois que je l'ai piqué dans son orgueil. Alors je ne réplique pas. Je reste silencieux. Je ne lève pas les yeux au ciel, je n'en ai pas besoin. Elle s'adresse à Daphne, elle semble sincère, même si c'est pour m'enfoncer, au moins, aucune coupe de champagne ne risque de lui arriver sur la tête, et par extension, sur ma chemise Armani qui a fini à la poubelle. Enfin j'espère. Elle m'embrasse, je lui souris. Je ne l'ignore pas puisque je réponds à son baiser. Et puis finalement, je me tourne à nouveau vers Gaspard. « C'est toi qu'il faut remercier ? » Je finis par demander, ma main dans celle de Candy. Un nouveau candidat fait son entrée. Un mec. Je le connais. Enfin, je l'ai déjà vu. A la télé sans doute. Un futur tombeur. Daphne répond à Candace. Je l'écoute avec attention, c'est bizarre comme situation. Mais ça va. Je crois. Je ris face à sa remarque. « C'est bien, je sais à quoi m'attendre. » Je lance, pas froissé pour un sou, peu importe si elle plaisante ou non.

Bon alors c’est vrai ? Ils m’ont laissé enfermer durant des semaines pour finalement me faire entrer dans ce précieux nid d’amour ? Non parce que je n’y croyais plus moi, rendu là. Je pensais qu’on m’avait oublié, ou que je faisais partie d’une expérience pseudo-scientifique sur les êtres humains pris en captivité dans une pièce pas plus grosse que ma main. Bref, on m’a fait sortir de là et on m’a fait comprendre que je serais le nouveau du nid. Bon, ils vont tous me détester parce que j’arrive deux semaines en retard et que je prends la place d’un de leurs précieux amis. Merde. J’aurais préféré faire mon entré comme tout le monde, quoi. J’imagine qu’il est un peu tard pour ça, de toute façon. Et puis je suis ici, c’est déjà ça. C’est ce que je voulais après tout. Être ici, à Fake Lover. Je soupire, alors qu’on me donne un costume bien beau, bien chic que je dois enfiler pour mon premier prime. J’aurais pu y aller en jeans et t-shirt, ça aurait fait l’affaire aussi. Mais bon, j’imagine qu’on veut me coller cette image de beau garçon qui débarque tout droit d’Hollywood. Soit. Je me regarde dans le miroir, le costume me faisant à la perfection, les stylistes sont douées tout de même. Je lance un sourire à l’une d’elle, alors que j’ai l’impression qu’elle va perdre connaissance. Calme toi petite, tu veux bien. Elle m’a demandé un autographe un peu plus tôt. C’est franchement con. Pas le temps de faire quoi que se soit d’autre qu’on m’entraîne déjà en direction du plateau. C’est maintenant ou jamais. Si je veux virer les talons et retourner dans le confort de ma vie d’avant, je peux le faire maintenant. Après, il sera évidemment trop tard. Mais ma décision est déjà prise. Et comme un habitué des plateaux de télévision, je fonce droit devant, près à m’exposer devant mes nouveaux partenaires de jeu. Sourire forcé, qui semble totalement naturel, je me présente devant eux, sur de moi. « Bonsoir. William, enchanté. » Je ne m’adresse à personne en particulier, je le lance à tous. Bon et si je m’installais dans un coin sombre, maintenant que je me suis présenté de manière fendante, avec beaucoup trop d’assurance. Mon attitude m’énerve, mais en même temps, c’est un peu l’image que j’ai envie de projeter ce soir. Je prend donc place aux côtés de… je ne sais qui (qui veut bien) lui offrant un sourire léger par la même occasion. Y’a une fille au cheveux roses qui crie que je suis baisable. Ah c’est pas la première fois qu’on me la sort celle-là, mais c’est la première fois qu’on me le dis avec autant d’enthousiasme… Je vais m'abstenir de tout commentaire.

Je pensais clairement ne pas avoir ma place dans ce genre de rubrique, mais semble-t-il que la prénommée Neve n’est pas de cette avis. Elle me qualifie d’ennuyante, je reste légèrement stoïque face à ses propos. Ce n’est tant blessant car je suis consciente de ne pas être de ces filles qui s’amuse et qui rigole constamment, je suis trop sérieuse comme ça. N’empêche que sa remarque ne passe pas dans l’oreille d’une sourde. Je retiens. Fort malheureusement. Dagga me décroche un regard compatissant, et je lui souris, comme pour la rassurée que tout allait bien. « J'aime bien l'extravagance. Ça me rassure, bizarrement. » me fait-elle d’ailleurs la remarque. « Ça te va bien, contrairement à moi. Je préfère mes tenues austères et ennuyantes… ce n’est pas sexy, mais au moins, j’y suis à l’aise. » Et je m’interromps car le téléphone se fait entendre. J’ai tout juste le temps de me lever pour y répondre. « Allo ? » J’ai fais une bonne ou une mauvaise chose, là? Je l’apprendrai bien assez vite.