Ces questions ne finiraient-elles dont jamais ? Non parce qu'en plus de crever de chaud j'avais grand besoin d'aller vider ma vessie dans les règles de l'art et franchement je ne tenais pas à me faire dessus devant tous les potentiels candidats de cette saison. Je n'avais pas besoin qu'on me prenne pour une incontinente, j'en avais déjà fait bien assez. J'allais y répondre à leurs fichus questions et puis je pourrai enfin retrouver ma liberté. Sortir au grand air, me barrer de ce bâtiment et retourner dans le petit hôtel pourri que j'avais loué pour mon séjour en Irlande. La petite brune, future animatrice de cette saison, revenait pour nous poser une énième question. Une fête ? Il y avait tellement de fêtes comment j'étais censée choisir. Un candidat avait osé choisir un enterrement ce qui m'arracha un maigre sourire, ce garçon n'était pas du genre joyeux. « Thanksgiving » Oui, c'était parfait. La nourriture, l'ambiance et les sourires autour de la table. Un moment de convivialité, une parenthèse de bonheur mais de courte durée. A peine le temps de répondre qu'Akela prend la parole pour une seconde question. Je devais bien avouer qu'il était plutôt amusant ou peut être que tout simplement je commençais à me prendre au jeu plutôt que de songer à ma vessie trop pleine. « Les années 60 » dis-je sans hésitation. Audrey Hepburn, Kennedy et Marilyn Monroe autant de noms prestigieux qui témoignaient de la beauté de cette époque, l'Amérique à son apogée. Il fallait maintenant donner un vêtement, une pièce fétiche en somme. « Un jean ». Le jean était mon meilleur ami, une pièce indispensable dans toutes les gardes robes qui ne me quittait jamais. Quelque chose de plutôt simple mais qui donnait tout de suite le ton d'une tenue. J'accordais une importance cruciale à mon style vestimentaire qui se devait de refléter ma personnalité, sinon quel intérêt ? Je n'avais jamais vraiment compris ces gens qui s'habillaient dans le seul but d'être à la mode et d'attirer le plus de compliments possibles sur un style qu'on retrouvait sur n'importe quelle passante dans la rue. La mode tout comme mon corps était un moyen d'expression et je montrais à travers mes vêtements et mes tatouages qui j'étais vraiment. J'étais tellement perdue dans mes pensées que je n'avais pas entendu Sega nous énoncer la question suivante. Et merde. J'écoutais calmement les réponses des autres pour comprendre de quoi il était question. Un animal qui me représentait ? Facile. Même si ma réponse allait dénoter au milieu des loups et autres pumas. « Un kiwi ». Cette petite boule de plume adorable privée de ses ailes par les mystères de l'évolution. Ce petit être piégé sur Terre, incapable de voler.

Sa réponse a de quoi surprendre, mais elle a le mérite d’être honnête. Il ne compte pas jouer un rôle pour être politiquement correct. Un enterrement représente bien sa personnalité, on ne peut pas dire qu’il soit le type le plus heureux d’être en vie sur cette terre, et ses précédentes réponses n’ont pas dénoté avec sa personnalité. L’un des animateurs se permet une petite blague sur sa réponse, Alistair ne relève la tête que pour le fusiller du regard. Jusqu’à preuve du contraire, ils sont libres de répondre ce qu’ils veulent, pourquoi certaines personnes – y compris les animateurs – se permettent des réflexions sur certaines réponses ? On ne leur a jamais appris que ça ne se faisait pas ? Il lâche un léger soupir avant que ledit animateur annonce sa question. « Le XVIème siècle. » Pas pour les découvertes qui avaient été pu faites à cette époque, mais pour celle qui n’avaient pas été encore faites, comme la presse écrite et dans une moindre mesure, la télévision et les ordinateurs, notamment. La vie devait être bien plus agréable à cette époque. « Une cagoule. » Qu’il répond à la dernière question posée. Une cagoule, de quoi se cacher, de quoi ne pas montrer son visage. Oui, ça lui semble être la réponse parfaite, à moins que l’animateur grande gueule ressente le besoin de rajouter quelque chose ? « Un cafard. » Le genre de bestiole qu’on a envie d’écraser dès qu’on l’aperçoit. Techniquement, c’est un insecte, mais ce n’est pas maintenant qu’il faut faire la fine bouche.

La bonne blague, ils sont marrants eux, « une pièce de votre maison ou de votre appartement », Ghika ne doute pas que les gars comme celui qui veut aller à Santorin pour éviter la plèbe dot déjà énumérer les douze chambres que le manoir familial possède et les six salles à manger. C'est une question vraiment pas très sympa pour ceux qui comme lui ont un peu moins de chance. Mais qu'importe, il doit jouer le jeu, comme pour toutes les autres questions avant ça. « J'vis dans un studio, alors je dirais la salle à manger qui me sert de salon dont le canapé convertible me sert de lit. » Bah quoi ? Il allait pas dire la salle de bain-chiottes non plus. Et puis c'est très bien cette pièce trois en un, c'est encore mieux comme réponse quand il y réfléchit. Aucune personne n'a qu'une facette à sa personnalité, sauf les personnes vraiment très chiantes peut-être, alors une pièce multifonction c'est une façon de souligner que lui aussi il a plusieurs aspect et qu'il n'est pas monocorde. Evidemment il aurait préféré dire que sa pièce préférée était le boudoir ou le dressing, ça aurait annoncé des conditions de vie moins sommaires et aurait signifié un habitat plus cossu, mais il vit dans trente mètres carrés, c'est tout ce qu'il peut se permettre de louer et au fond ça lui convient bien. C'est pas comme si beaucoup d'étudiants, autonomes et indépendants, avec un petit boulot six soirs par semaine pouvaient se payer le luxe d'expérimenter la vie de château. Un jour peut-être quand il aurait trouvé un métier qui lui convient et qui paiera autre chose que le loyer et les factures, ou quand il aura embauché une somme coquette de Fake Lover... au choix.

Mes ongles sont parfaits, mes cheveux aussi, mais peut-être plus pour longtemps si je continue de les toucher tout le temps. J'arrête d'enrouler la même mèche autour de mon doigt pour la énième fois et je n'ai plus d'autre choix que d'écouter les réponses des autres. Certaines m'étonnent un peu, et m'intéressent du coup, quand d'autres m'ont l'air assez banales, mais ce n'est pas plus mal. Je hausse légèrement les épaules à cette pensée, quand une fille me tacle deux de mes réponses. Deux, l'une après l'autre, identiques aux miennes. Ma bouche s'entrouvre pour laisser échapper une quelconque remarque ou protestation, mais aucun son ne sort, rien ne me vient. Je ne sais pas si je peux lui dire quoi que ce soit. Après tout, on dit bien ce qu'on veut, qu'un autre l'ait déjà énoncé ou pas, mais là ça fait quand même trois fois qu'on me fait le coup. Oui, trois fois de suite, mais par deux personnes différentes, heureusement, ou pas, en fait, je n'en sais rien. En tout cas, on m'a déjà piqué les seventies, le soutien-gorge et le chat. Il est vrai que je m'attends encore à ce que ce dernier ressorte quelque fois, mais pas forcément les deux autres. Enfin, si tout le monde répond les mêmes choses que moi c'est, déjà qu'ils n'écoutent rien de ce que disent les autres et ne font aucun effort d'imagination pour trouver autre chose à dire au lieu qu'on se répète, mais surtout que je suis peut-être aussi banale et ennuyeuse que les pierres. Je cale mon menton dans ma main, écrasant à moitié ma joue pour soutenir ma tête. Je boude les autres, même s'ils n'en ont certainement rien à faire. Et j'attends la prochaine question, qui ne tarde pas à arriver. Une pièce de mon appartement. « Ma salle de bains, parce que j'y passe toujours des heures pour me préparer. » Oui, tout simplement, et j'imagine entendre cette réponse en écho de la part d'autres femmes, là ça n'aura rien d'étonnant ou quoi, ce serait même tout à fait normal. Nous, les femmes, avons toujours besoin de beaucoup de temps pour nous faire belle. La toilette, les soins, le maquillage, ça prend du temps tout ça. Il y a aussi le moment de choisir sa tenue, mais ça se passe plus généralement dans la chambre, ou dans le dressing qui occupe toute une pièce pour les plus chanceuses d'entre nous, soit pas moi. Mais bref, tout ça pour dire que je préfère ma salle de bains à toutes les autres pièces de mon petit chez moi.

Ohana trouve cette animation vraiment à chier. Complètement, parce qu'elle se moque complètement de savoir si intel serait une culotte s'il était un vêtement ou Conchita Wurst s'il était un trans. Ca n'apporte rien, que de l'ennuie et une perte de temps qu'elle aurait pu occuper à tout autre chose. Sortir et prendre l'air, acheter des souvenirs d'Irlande. Quelque chose dans le genre. Ou se terrer dans le premier starbucks qui vient. Elle fait tomber ses lunettes de soleil sur ses yeux, laissant seules ses lèvres à la vue de tous et sa moue boudeuse. Elle joue tout de même, pourtant. Si elle était un ancien candidat? Aucun, elle est trop unique pour se comparer à quelqu'un d'autre, elle ne répond pas. Si elle était une fête, certainement quelque chose de parfait, d'absolument fabuleux, sincère, mais un truc commun à plusieurs pays. Pas une fête tahitienne. "La fête des morts. Surtout au Mexique. Día de Muertos. Ils ont tout compris..." La mort n'est pas une chose triste, la toute fin. Seulement la fin d'un chapitre. Fêter la mort joyeusement, c'est elle. Tout s'enchaîne plutôt rapidement, mais elle ne se précipite pas pour répondre. Les réponses des autres ne l'intéresse pas. Si elle était une époque "Les 60's, sexe, drogues, et rock'n'roll. Ou les 70's. Peace and Love" Elle souffle. Cliché, mais c'est peut-être les périodes antérieures qui l'excite plus que ce qu'elle vit en ce moment. Si elle était un vêtement? "Un short déglingé." Pas un soutien-gorge en noix de coco, jupe de paille ou paréo. Quel horreur. Maintenant, si elle était un animal, elle sait très bien ce qu'elle serait. Un animal qui inspire la peur, la crainte, de ne pas savoir quand il attaque... Ce genre d'animal qui peut s'attaquer à des proies trois fois plus grosse que lui... "Un serpent." Pour mieux inspirer la crainte chez les autres. *peut-être même un boa constricteur. Elle aurait pu aussi très bien dire une girafe - pour sa taille - ou un crocodile - pour le surnom qu'on lui donne beaucoup - mais c'est le serpent qui a toutes ses préférences. Si elle était une pièce de la maison? "Aucune. Faut sortir, respirer le bon air pollué, vivre avec son temps..." S'enfermer chez elle, ce n'est pas du tout son truc. Elle a même horreur de ça. Rien ne vaut un bon bol d'air bien empli de la pollution environnante. L'air de Tahiti lui manque assez. Ses grandes étendues bleue lagon également. Pour chacune de ses réponses, Ohana parle d'une voix monocorde, l'ennuie qu'elle éprouve trahi par l'expression de ses yeux, qu'elle vient de découvrir de ses lunettes. "Vive l'échange... Qu'est-ce qu'on s'emmerde..." Elle s'entasse dans son fauteuil, posant sa tête contre sa main. Elle n'aime pas cette animation, qui n'en ai pas une. Aucune interaction entre les cadidats. Les seuls moments d'engueulade fut les seuls moments intéressant. Pathétique.

J'étais intrigué par les réponses des autres candidats au jeu du portrait chinois. Chacune d'entre elle étant fort intéressante et en révélait pas mal sur les gens qui m'entouraient. Le garçon qui parlait d'enterrement semblait renfermé, timide, se croyant nuisible ou facilement éliminable. Ghika et ses réponse farfelu, la jolie brune à l'accent italien et aux réponses de princesses ou encore Jessica fidèle à elle-même. Il y avait vraiment de tous dans ces castings. La question suivante, une pièce de mon loft, je n'eus pas y réfléchir longtemps :

L'atelier d'artistes où j'exerce ma passion pour l'art et où je dessine mes futurs tatouages.

Je ne voyais pas quoi dire d'autre, je reprenais donc ma place, souriant. J'essayais de paraître agréable, de ne pas me faire remarquer plus que nécessaire. Ils auraient de toute manière bien le temps de me connaître si j'étais pris dans le jeu.