Deirdre ne partirait pas. Malgré tout ce qu’elle pouvait dire, Leone avait confiance. Aucun des candidats ne pouvaient se vanter de lui ressembler. L'agent marketing regarda attentivement les portraits des trois nouvelles potentielles dressés par Cupidon. Il réfléchit en silence pendant que l’animatrice questionnait Rafael.

« Perso je vote Jaze. » Répondit-il naturellement à Matthew.

Le jeune homme ne comptait pas se cacher derrière un vote anonyme, il était libre comme chacun de ses colocataires de donner son avis.

Les candidats arrivaient petit à petit dans la pièce commune consacrée au prime de ce soir. Certains d'entre eux avaient l'air particulièrement tendus, notamment les nominés. Le jeune homme ne pouvait même pas imaginer l'état dans lequel ils pouvaient être. On ne pouvait pas dire qu'il connaissait particulièrement certains d'entre eux. De toute façon, leur attention fut vite détournée par une annonce détonante. Ils allaient devoir choisir une candidate. Alors que les portraits passaient les uns après les autres, le jeune homme se rendait compte à quel point sa position était enviable, il était serein quant à la suite des évènements. A tort, sans doute. D'ailleurs, Matthew formula tout haut les interrogations du jeune homme. Les tensions commençaient à se faire plus vives au sein du Nid, et la nouvelle candidate allait avoir fort à faire pour s'intégrer dans l'aventure. Un brin inquiet, Robbie décida de ne pas se mêler de la dispute qui se déroulait non loin de lui. Son cher camarade Leone était d'accord avec lui, hochant la tête, le jeune homme répondit.

- Pour moi, c'est Jaze aussi. Bon, son prénom est pas terrible. Mais elle a l'air cool. Enfin, la fille qui va venir va ramer quand elle va arriver, c'est sur.

Tout le petit monde commençait à affluer dans la pièce. Je fis un bref détour du côté d'Austin, candidat que je soutenais le plus malgré les évènements de la semaine, et fut alors surpris du geste d'Alice. Hein? Je ne fis néanmoins aucun commentaire à la hâte, ma réflexion brisée par l'entrée plutôt remarquée de Deirdre. Candidate anti-conformiste par excellence, je n'avais pas eut l'occasion de lui parler de toute la semaine, surement par intimidation. Néanmoins, elle me paraissait être un élément intéressant du jeu, et je ne souhaitais pas la voir partir au fond, de peur de manquer une personnalité unique. Elle s'installa non loin de moi, ses yeux lunaires dans la vague. Je vais partir. Je roulai des yeux vers le plafond, consterné. Mais non tu ne partiras pas. Je ne souris pas, espérant qu'elle puisse capter le soutient que je lui offrais sans pour autant nécessiter une marque avenante telle qu'une rictus. Je rougis alors à la remarque de Roselynn, lui lançant un léger clin d'oeil malgré le fait que ce ne soit pas de elle à qui je faisais spécialement allusion plus tôt, m'enfonçant dans mon canapé aux côtés d'Alisk alors que Rafael répondait à son interview. Je me tournai vers ma soeur, arquant un sourcil.

Eh bien ça promet..

Matthew nous demanda alors laquelle nous voulions choisir, je les regardais, toutes les trois, je ne savais pas réellement, je n'avais pas envie de me cacher, je réfléchissais juste, dans un souffle je sortis « Chanel, elle est belle .. » Bah oui, Alice n'avait pas besoin de se cacher, après une semaine, tout le monde savait qu'elle était attiré par l'être humain .. Non? Pourtant, elle se demandait « J'aime pourtant la personnalité de Jaze » Je soupirais, c'était dur de choisir, dans un mot je terminais « Je voterais pour Ashley sans aucun doute » Contradictoire? Oui, je l'étais, nous ne prenions pas les gens par nos affinités après tout, n'est ce pas?

Elle vit bien les regards, elle, la subtile incomprise du système, mais Deirdre ne s'y attarda pas. Elle ne comprenait pas cet intérêt fugace, elle ne le comprenait jamais. Et comme toutes ces choses qui semblaient n'avoir aucune importance, elle balaya l'idée pour se concentrer sur le propos de l'instant. Et ce fût Rafael qui l'incarna. Rafael. Un homme terne. Sans mélodie, ni poésie. Deirdre ne l'avait jamais remarqué auparavant. Pour de fondées raisons, puisqu'elle parut trouver son visage bien vulgaire, presque trivial. Et ce fût ce sur quoi elle restait concentrée alors même qu'il prononçait des mots sans trop de sens. Lui non plus ne comprenait pas. Mieux valait. Et puis que Saoirse, la belle et redoutable Saoirse, sembla prendre sur elle de lui rétorquer, Deirdre s'attarda sur la question de Matthew. « La pire des salopes, répéta-t-elle encore. » Jaze lui plaisait bien. Non pas comme une femme plait à une autre, mais comme quelqu'un plaisait à Deirdre, et c'était là une savante différence. Et puis peut-être qu'elle partirait, ça ne lui faisait rien et, d'ailleurs, elle n'avait pas besoin d'être rassurée. Il n'y avait aucune inquiétude chez cette poupée d'argile... seulement une altérée perception du monde où, semble-t-il, elle devait quotidiennement apprendre les codes d'un monde auquel elle n'appartiendrait jamais.

J'étais malade. Pour un premier prime, c'était la haine. Sérieux, j'aurais pas dû aller dehors seulement ave un gilet. Voila mainenant. Ne me sentant pas assez forte, j'étais restée dans mn lit et puis, finalement, je ne pouvais pas râter ça ! Me levant, je passais vite fait par la salle de bain: de toute façon, quand on est malade, on est jamaiss au top, donc ça ne servait à rien. Doucement, je me traînais vers le salon, descendis les marches et vêtue d'un gros pull en laine blanc, d'un jean délavé et de grosses chausettes de sky, je me faufilais discrètement vers un canapé où je m'installais là où il y avait une place. Collant mes genoux contre ma poitrine, j'étais légèrement à côté de la plaque (les médicaments, certainement) et n'écoutais pas vraiment ce qu'il se passait. Je n'avais même pas remarqué la présentatrice. C'est pour dire !

Surpris d’entendre son prénom dit par la présentatrice sans son numéro à côté, Rafael tourna alors son regard vers elle . Il n’aimait d’ailleurs pas les surprises et se faire interviewer ne le rendait pas particulièrement jovial. Il répondit néanmoins sans trop attendre :

« J’aurais préféré ne pas être nominé. J’ai pas eu le temps de faire mes preuves et en même temps, aucun d’eux ne me connait vraiment, je n’ai donc pas à en être vexé. D’ailleurs, je ne doute pas de mes qualités, le public fera un choix, c’est tout. Enfin, si je dois partir, ce sont les candidats qui y perdront au change, assurément. Concernant la seconde question, aucun candidat n’a vraiment attiré mon attention, en bien ou en mal d’ailleurs, je les trouve fade. »

Rafael observa ensuite une demoiselle qui lui parlait. « Tu es qui, toi ? » Le pire, c'est qu'il ne savait vraiment pas qui elle était. En tout cas, il la trouvait déjà ridicule et après tout, elle allait assez bien avec Deirdre.

Et voilà, le prime, ce jour tant attendu et tant redouté, où tout peut basculer en une fraction de seconde. Avais-je peur ? Certainement pas, à vrai dire je n'avais que très peu conscience de ce que cet instant pouvait jouer sur moi, ou plutôt, sur mon aventure. J'avais enfilé une magnifique robe bleue moulante, lâchant mes cheveux pour me donner l'image d'une femme fatale... Femme fatale, un terme qui ne m'allait certainement pas. Pour finir j'avais mis de beaux escarpins noirs et m'en était rendu dans a pièce réservée pour cet évènement. Tout le monde, ou presque, était là, je m'asseyais donc un peu hasard près de Deirdre, nominée ce soir. Écoutant ce que nous devions faire, je grimaçais, choisir, j'en avais jusque là, été incapable.

« Olaaaa, on est pas chez bachibousouk là ! Pourquoi on devrait choisir ? » réaction stupide, certes.

Néanmoins j'en étais contrainte à faire un choix, bien que cela n'allait certainement pas influencer en quoi que ce sois mon aventure.