Le grand moment. On n'vous dit jamais réellement quand il est temps de changer de vie, ou quand le moment d'avancer est venu, non, ce que l'on vous dit c'est d'attendre de voir comment tout se passe. Beaucoup n'osent pas s'aventurer trop loin, par peur ou par faiblesse de faire un pas en avant. Moi, ce soir, j'venais de le faire ce pas. J'venais de montrer ma face au grand public, aussi niais soit-il ce qui en soit, relever d'un exploit me connaissant. Je n'avais jamais été très attiré par les caméras, non, cependant je pouvais volontiers vous avouer aimer être désiré. Et j'allais l'être, à coup sûr, dans cette émission. Peut-être même allais-je désirer certains autres choses, mais là encore, ce point soulignait un léger doute. Je ne voulais que peu de chose autre que mon pour mon propre bien, alors comprenez. Et... Rah cette maquilleuse n'arrête pas de se dandiner devant mon nez, si elle a envie d'baiser qu'elle aille voir ma partenaire, sait-on jamais qu'elle penche de l'autre côté de la balance -ce qui en soit serait bien dommage. « Tu m'bouches la vue avec ton imposant postérieur. J'suis beau au naturel, va faire joujou avec tes pinceaux ailleurs. » Oh pardon, la politesse « Merci ? » Oui Jamie, c'est bien mieux ainsi. Passant une main dans mes cheveux que je préférais rebelles, je regardais la coiffeuse qui m'adressait une mine dépitée, ce dont je soulignais par un flamboyant sourire. Finalement, je prenais mon élan et avançais jusqu'à l'entrée où ma partenaire m'attendait. Lui adressant un sourire en coin, j'ouvrais mon bras pour qu'elle y passe le sien, tel le gentleman que j'aspirais à devenir. « Jamie » dis-je d'une voix grave et mélodieuse, marquant un léger blanc avant de reprendre « Enfin... mon nom c'est Jamie. Mais t'avais compris n'est ce pas ? On entre ? » un léger sourire se dessinait sur mes lèvres alors que je poussais la porte « Après toi. » et tout deux avancions dans le grand hall où se tenait une magnifique réception. Erk, ça m'rappelait les dîners familiaux et hypocrites que j'avais l'habitude d'observer plus jeune. « C'est moche tu trouves pas ? J'trouve ça juste hideux... trop... Non y'a vraiment pas d'mot. » bonsoir, moi c'est Jamie et j'suis super négatif comme gars.

Chers habitants du nid,

Si Cupidon interrompt cette merveilleuse soirée c'est qu'il souhaite s'entretenir individuellement avec l'un d'entre vous. Laoïse, tu dois te rendre immédiatement dans la Cabane en Bois où Cupidon a une chose importante à t'annoncer.

Et ba ça commençait bien dis donc. A peine la soirée avait-elle commencé, que Kon se retrouvait déjà sur le banc des nominés. Il n’avait définitivement pas de pot. Qu’allait-il lui arriver après ça? Une de ces anciennes briques d’on ne sait pas combien d’année allait lui tomber sur la tête? Il allait s’étouffer avec son champagne? Peut être qu’un candidat a pour secret d’être un psychopathe sanguinaire et qu’il va choisir Kon comme cible? Qui sait, avec sa chance.

__Ca, c'est tout moi, lança le trentenaire en regardant les alentours, comme s'il cherchait les responsables de cette nomination. Me retrouver sur la sellette d'entrée de jeu. Pas grave, j'aime les risques.

En effet, quand bien même il n'avait pas de bol, il aimait cette excitation. Le jeu commençait réellement pour lui, il était venu pour ça. Donc il était nominé aux côtés de qui déjà? Malo, Elise? Malo il ne voyait pas qui s'était mais par déduction, il put aisément deviner qui était Elise. C'est à dire la jeune demoiselle n'ayant pas eu un seul contact avec les joueurs. Il fit une courbette à Sami pour le saluer le remercier du verre, et s'avança vers elle. Elle était en compagnie d'une autre demoiselle inconnue qui venait de la rejoindre (AJ).

__Mademoiselle, il semblerait que vous soyez en danger à mes côtés. On peut dire que je suis votre lot de consolation alors? tenta Kon sur un ton taquin.

Il lui fit un clin d'oeil, en lui souriant malicieusement. Il salua aussi son accompagnatrice, qui ne méritait pas de se faire ignorer.

Je viens tout juste d’arriver que le bouffon qui est censé être mon partenaire l’ouvre. Super constat alors, je ne savais pas que j’allais devoir me coltiner ce clown, jusqu'à ce que monsieur l’ouvre et me le rappelle. Suis-je censé répondre à sa fécalité dans ce cas ? Alors là, pas vraiment. Je vais le laisser filer, je n’ai pas trop envie de le voir une nouvelle fois devant moi, car sinon je vais faire quelque de mal avec ces putains de ballons qu’ils ont franchement maladroitement placé devant mes yeux… C'est-à-dire les lui mettre dans son cul en brochette avant qu’ils n’explosent. Je me tourne pour pouvoir voir ou on m’a réellement parachuté. C’est un château que mes yeux ne peuvent pas encore englober. Pourquoi c'est grand enfaîte ? En ce moment, je rêve et je songe que je devrais retourner chez moi car ce lieu n'est pas exactement fait pour moi. Je suis toujours seul là et c'est loin de me déplaire ! Puis y’a une annonce. D’accord. Y’a des nominés. J’ai capté trois noms qui ne me sont pas très familiers. J’ignore ainsi l’annonce de Cupidon et m’avance vers les verres dans lesquelles on voyait nager je ne sais quel fruit dans je ne sais quel liquide fumant et sale. J’attrape l’un d'eux en finesse et me tourne vers ses nouvelles têtes qui débarquent… Non mais je veux dormir moi …

Sélectionné. Pfou, sans grande surprise franchement. Je n'avais eu aucun doute quant au fait que ma candidature allait être retenue, tout simplement parce que la production ne pouvait commettre l'erreur de ne pas prendre un type comme moi. Il fallait bien relever un peu le niveau, non ? Cette télé-poubelle avait souvent fait office de sélectrice de thons en tous genres - fallait voir celles et ceux qui avaient constitué le casting de la saison passée. Y avait-il ne serait-ce qu'un candidat qui sortait du lot ? Nah, tous des sales tronches de cake aux fruits. Bon, l'heure était venue pour moi d'apparaitre aux yeux de tous comme étant l'homme parfait de cette nouvelle saison. Mais alors que je pensais pouvoir directement prendre le couloir direction le nid ou je-ne-sais-trop quel bled perdu, une petite madame vint me saisir par la manche pour m'entrainer jusque dans une petite salle. Un peu plus et elle froissait mon costume, dites donc. On me pria de m'assoir sur la chaise face au miroir, ce que je fis. Et puis là, catastrophe quoi. « Dirne von Scheiße! » Putain mais elle était sérieuse ou quoi, l'autre catin avec son pinceau là ? Sérieusement, avec mon teint zéro défaut, j'avais vraiment besoin d'un ravalement de façade ? Clairement pas. Cette petite maquilleuse n'allait pas tarder à pointer au chômage, si elle ne se décidait pas à reculer de quelques pas des les prochaines secondes. Qu'on me laisse respirer, bordel de merde. Bon, ce soir j'étais quelque peu de mauvaise humeur mais il fallait savoir que ça n'était pas si étonnant que ça quand on me connaissait. Lors des grandes occasions, je pouvais vite sortir de mes gonds sans raison apparente ; qu'on ne s'y trompe pas, je n'étais vraiment pas stressé. Oh non non non, c'était plutôt la perspective de me retrouver enfermé avec une bande d'ahuries ne sachant pas s'exprimer sans sortir trois conneries à la seconde qui me foutait dans un tel état. J'avais pour habitude de vivre seul, moi monsieur. Ou madame, peu importe. Allez vous imaginer qui j'allais rencontrer ce soir... « Bon ça y est t'as fini ? J'rentre en jeu ce soir moi, cocotte, alors remballe tout ton attirail. » Je me levai subitement de la chaise, et quittai la pièce en trombe. Allez, c'est parti pour la grande aventure ! J'aperçus quelqu'un dans le couloir, et entrepris donc de l'interpeller presque aussitôt. « Hey, du gland ! C'est par où le... "le nid d'amour", bitte ? Du con, j't'insulte pas, ç'veut dire "s'il te plaît" en Allemand. Inculte. C'est par là ?... merci du con. » J'avais donc à emprunter un autre petit couloir, et prendre la porte au bout de celui-ci. Après quelques instants de marche, un peu désarçonné, je tombai finalement sur une demoiselle. Ma partenaire, je présume. J'a-dore ! J'avais explicitement demandé à la prod' de me caser avec quelqu'un de potable, et je me retrouvais justement avec quelqu'un de pas mal. Donc bon, j'étais assez persuasif au final. « Je suis Anabel. » Je regardai alors la jeune femme de haut en bas, avant de lâcher quelques mots. « Bonsoir, j'suis parfait et Allemand, j'ai vingt-cinq ans. Bref. Tu sais tout, on peut y aller. » Elle pouvait rester là, j'en avais rien à foutre, en tout cas moi j'avançais. Bon bah finalement elle s'aggripait à moi.

Et voilà, enfin nous allions passer la porte du fameux nid d'amour. Nous étions loin d'être les premiers arrivés, la demoiselle et moi. Pas intimidé pour un sou et toujours très avenant, je m'exclamai alors « Guten Tag ! Oh putain, vous avez tous de ces gueules... on est bien dans 'Fake Lover', là, au moins ? J'veux dire, j'ai pas été casté pour l'élection de 'miss & mister camping' rassurez-moi ? Osef. J'suis là, alors la fête peut commencer. » Il y avait quand même de sacrées têtes de cons dans ce hall ; je devais presque faire tâche avec mon un mètre quatre-vingt-seize, ma belle petite gueule et ma carrure d'athlète. Tous des maquereaux, quoi. Y'avait à boire, cool. Je me saisis d'une coupe, la première me tombant sous la main. Je supposais enfin que d'autres candidats n'allaient pas tarder à se pointer. Quand même, si ils ressemblaient tous à ça - c'est-à-dire à clairement rien de bien fameux - j'allais m'emmerder moi. Mon attention fut finalement reportée sur Anabel, ma partenaire, 'fallait pas l'oublier celle-là. « Bon alors, heu, Anabel... lâche mon bras, merci, - ce qu'elle fit aussitôt - Et moi c'est Andreas, pour l'anecdote. » Ça ne m'intéressait pas franchement de connaitre son nom, son âge, le pourquoi du comment elle se retrouvait ici. Mais voilà, j'étais poli moi. Alors je souriais. N'y voyez en tout cas là aucune forme de sympathie ; je ne savais, ni ne souhaitais, tout simplement pas l'être. Sinon c'était pas mal comme château... pas mal pour un truc irlandais, quoi.