Le décalage horaire a au moins le mérite d'être bénéfique. Je suis épuisée donc légèrement moins stressée. Je me demande encore ce qui a bien pu me pousser à accepter cette inscription. Honnêtement je n'en sais rien mais je suis là. Dans un pays étranger à des milliers de miles de chez moi. Seule. Bon ça j'ai l'habitude mais là moins. Et je n'ai pas d'autres choix que d'aller jusqu'au bout. Je suis déjà dans les locaux et je n'ai même pas eu le temps de dire ouf qu'une jeune femme m'a piqué mon téléphone et m'a enfermée dans une salle vide et austère. Bon d'accord, je n'aurais même pas l'occasion d'envoyer un dernier texto à ma sœur. Elle me fait asseoir et me parle en anglais mais je sens bien que ce n'est pas tellement sa langue natale. Je reste silencieuse, j'essaye de me sourire, elle me propose tout un tas de chose, verre d'eau, magazines mais je refuse tout en bloc. J'aurais simplement besoin d'un Ipod avec de la musique. Ma musique, pour me calmer un peu. J'ai the end de Kings of Leon qui me reste dans la tête et je ne sais pas si je dois le voir comme une prophétie ou non.  Quoi qu'il en soit je crois qu'il est temps de m'habiller. Un portant arrive et ma nervosité commence à faire son apparition. La styliste me propose tout un tas de robes. Aussi étranges et courtes les unes que les autres. Certainement pas mon style. Je me demande si c'est fait exprès ou non. Sans doute en y pensant. Je secoue la tête. Et puis elle insiste avec une robe blanche. Courte, trop courte et avec un décolleté qui ne me ressemble pas. J'ai l'impression d'être nue. Je ne me sens pas de la rembarrer encore alors je fini par céder. Une maquilleuse arrive. « Un maquillage léger... s'il vous plait.   » Que je réponds dans un français parfait. Elle a l'allure d'une française rien qu'à sa démarche. Elle me fusille du regard, je ne dis plus rien. Je la laisse faire, je ne suis pas convaincue pour la proposition de la coiffure. « Vous ... Vous êtes sûre ?   » Et vu son expression j'en conclus que oui. Bon d'accord, après plusieurs heures qui me semblent interminables, je suis prête. Le résultat me laisse vaguement perplexe, mais c'est trop tard, on me conduit sur le plateau. Je prends soin de m'installer le plus loin possible des caméras, près de la sortie. Légèrement à l'écart à vrai dire. Le présentateur prend la parole et Cupidon, et voilà que ma photo apparaît. Quoi ? Moi ? Je suis vraiment sélectionnée ? Donc ma présentation ne les a pas fait fuir. Je n'ai pas le temps de réaliser qu'on vient me chercher, je suis près de la sortie c'est plus simple. On m'équipe, on me briefe et on m'emmène dans un couloir sombre, je manque de tomber à plusieurs reprises tellement on me presse de me dépêcher. Là, un homme ne tarde pas à me rejoindre. Assez séduisant et visiblement plus en confiance que je ne le serais jamais. Je crois qu'il est plus jeune que moi. Je ne sais pas trop. Je souris assez timidement j'essaie de cacher ma nervosité un maximum mais je crois qu'à ce stade c'est peine perdue. « Je m'appelle India.   » Je ne me rappelle pas l'avoir croisé lors des castings, ou peut être si mais je ne crois pas que je puisse me souvenir d'autre chose que de mon prénom dans l'immédiat. Je crois qu'on doit y aller. C'est impressionnant d'être les premiers. Je suis tellement stressée qu'il m'est impossible de marcher correctement sur ces cailloux. « Est-ce que ça t'ennuie si je... » m'accroche désespérément à ton bras pour éviter de m'étaler de tout mon long sur le sol et me payer la honte de la vie. Enfin ça je le garde pour moi mais vu que je désigne son bras je présume qu'il a compris. On avance en tout cas et la porte s'ouvre, c'est impressionnant. « Whaou, c'est euhh... Etrange, chargé, et hum... vide.   » Logique puisqu'on est les premiers, j'suis vraiment idiote par moment.

T’as quitté le plateau, et tu pars en direction du nid. Ca y est quoi. T’y es. C’est bon. Tu vas passer plusieurs semaines dans ce nid, sous les caméras. T’es déjà motivé à bloc, t’es pas du tout stressé, t’as hâte que ça commence. T’as hâte qu’on te donne des missions. T’as hâte de partir à la chasse au secret. Et putain, aussi, t’as hâte de découvrir ta partenaire. T’as rapidement vu sa photo sur l’écran avant qu’on te presse pour quitter le plateau. On t’équipe d’un micro, on te fait une dernière retouche maquillage, et tu remets en place ton nœud papillon. T’es tellement pas à l’aise dans cette tenue, t’as chaud en plus avec ce t-shirt à manches longues. Tant pis, tu le vireras plus tard, te connaissant. Te voilà dans un long couloir, et t’avances, voyant au loin ta partenaire. Et plus tu t’approches, plus tes yeux la détaillent. Plus tu la trouves canon. Ca va, t’es bien tombé, même si elle a l’air un peu plus âgée que toi. Au pire, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Ca, faut pas lui dire, elle risquerait de prendre mal le fait que tu la compares à une vieille. T’arrives donc avec un grand sourire, et elle se présente. Tu lui fais alors la bise – à la montpelliéraine, soit trois – et prends la parole. « Enchanté, moi c’est Antwon. » Ton sourire reste planté sur ton visage et à sa demande, tu lui tends ton bras. Faut bien se la jouer gentleman. Vous vous dirigez enfin vers la grande porte, et pénétrez dans le hall. Wow. C’est immense, c’est canon, c’est décoré. Oh, à manger et à boire. Tes yeux parcourent la grande pièce. « C’est canoooon ! » Tu continues de marcher, détaillant les moindres recoins. « Bon, puisqu’on est les premiers arrivés, j’pense qu’on peut dire que c’est notre nid à nous. Genre, on est un peu les maitres des lieux tu vois ! » Tu l’amènes jusqu’à la grande table, et récupères deux flutes de champagne, lui en donnant une. Vos verres tintent en se touchant. « A cette aventure. » Tu bois une gorgée de ton verre, avant de commencer à faire la discussion. Après tout, vous allez être ensemble un moment – surement. « Alors, tu viens d’où ? »

Oh il me fait la bise. D'accord. Bon, du calme. Je déteste qu'on me touche mais bon on va dire que ça va. Il est français lui c'est sûr. Je fais comme si tout allait bien alors que non. « Enchanté, moi c’est Antwon. » Antwon c'est noté. « Français ? Enfin c'est noté oui. Antwon.  » C'est un défaut professionnel ça si on veut. Il me regarde un peu trop je trouve mais encore je ne fais pas de commentaire, je vais éviter de devenir aussi rouge que le rouge à lèvre de la présentatrice à la poitrine énorme aussi ce serait pas mal. Il me tend son bras c'est déjà bien, il aurait pu totalement m'envoyer sur les roses mais non, c'est un bon début. Surtout si on doit partager le même lit. Non mais pourquoi je me mets à penser à ça. C'est déjà suffisamment stressant comme ça. On arrive sur les lieux et il s'exclame. Il parle énormément pour un mec. Je le suis sans réagir au début, super docile comme fille. Mais je le suis de toute évidence. J'attrape la coupe de champagne et rit à sa blague, la parfaite petite femme. « Tu penses que Cupidon nous ferait cet honneur ? Je ne crois pas moi. Et je ne suis pas sûr d'avoir l’étoffe d'une maîtresse des lieux non plus.   » Ouais bon il va me prendre pour une coincée je le sens. Je le suis un peu, enfin non mais je reste un peu sur la réserve en tout cas. On trinque et même si je ne raffole pas tellement du champagne je ne dis rien. « A nous !   » Je bois, il n'est pas mauvais, meilleure que celui que je buvais, de toute façon ce n'était pas vraiment du champagne donc c'est plutôt compréhensif. D'où je viens ? Hum. « D'une ville de Californie dont tu ne voudrais même pas entendre parler.   » Je lance dans un sourire, un sourire assez timide néanmoins. « Et toi alors ?  » Pas de Californie c'est certain. Ou alors il s'est expatrié. Il n'a pas du tout un accent américain. Mais après tout je n'ai pas d'accent quand je parle français donc.

Elle a l’air toute timide. Toute fragile. Toute gênée. Son regard est un peu fuyant aussi. Tu vois ses pommettes rosir, et tu souris. Ca, c’est un peu ta spécialité, sourire. Ca a toujours été ton atout séduction, alors que des fois, c’est pas voulu. T’es quelqu’un d’avenant, et t’as réellement tendance à sourire à tout le monde. En vrai, tu la trouves tellement mignonne. Et pour être franc, c’est totalement ton style de fille. Depuis quand t’as un style toi ? « Ouais, j’suis né en France. », lui réponds-tu chaleureusement. Vous continuez ensuite votre ascension dans le hall, et arrivez jusqu’à la table pour prendre à boire. Au passage, t’attrapes un petit truc à grignoter, ni vu ni connu. Après tout, c’est fait pour ça, non ? Tes yeux font l’aller retour entre ta partenaire et la grande salle, que tu continues à détailler. Des grandes statues, de la décoration bien rose à l’effigie de Cupidon et du romantisme. De quoi te mettre directement dans le contexte du jeu. « C’est pas un souci ! En cas, j’fais le maitre de maison et t’auras qu’à me suivre, j’m’occupe du blabla. », dis-tu en riant. Ouais, t’es un grand bavard, c’est pas nouveau. T’aimes avoir des discussions avec les gens qui t’entourent. Pour apprendre à les connaitre. Pour te taper un bon délire. Ou tout simplement, pour avoir une conversation intelligente sur un sujet donné. Si tu passes pour le rigolo de service qui est toujours au taquet, tu sais te calmer, te poser et discuter avec sérieux, et être à l’écoute des gens. « J’suis né à Montpellier, dans le Sud de la France. Mais ça fait un an que j’habite Bristol en Angleterre. J’ai bougé pour un taf de prof assistant dans un lycée. », lui réponds-tu, donnant toujours un peu plus de détails sur ta vie. Puis, c’est ta partenaire, et t’es bien obligé d’apprendre un peu sur elle, sur sa vie. Et quoi de mieux que de parler de la tienne, histoire qu’elle se décoince un peu et qu’elle te raconte quelques petites anecdotes.

C'était le grand soir. Jusqu'ici, Harry avait abordé l'ensemble du processus avec un détachement remarquable, contrairement à un certain nombre de candidats potentiels qui prenaient les choses très à cœur. Pour le jeune homme, même le passage par la case habillement et maquillage ne fut pas une épreuve. De toute façon, contrairement à d'autres, pour lui, pas besoin de ravalement de façade. Non, ce ne fut qu'au moment de rentrer sur le plateau du prime que les choses devinrent réellement Il y avait déjà quelques candidats présents, le métis en avait déjà vu la plupart dans les coulisses des castings. Avec cette attente interminable, il fallait bien faire connaissance. Le prime passait très vite, mais finalement, son prénom fut annoncé, afin ! Les cris, les gens tout autour de lui, Harry avait l'impression d'être dans un grand flou artistique. Un large sourire aux lèvres, il faisait des signes de la main tout en se dirigeant dans la direction indiquée par la production. Puis, le calme. Il était séparé de la foule, c'était une impression étrange. Il s'élança, conquérant, vers la grande porte qui devait être l'entrée du nid. Il se tourna vers les bruits de pas non loin de lui. Sa partenaire. Il s'agissait d'une grande blonde aux jambes interminables. Elle était vraiment très séduisante, et semblait en être consciente. Après, il fallait voir ce qu'il en serait le matin, dans un t-shirt trop large et sans maquillage. Ce serait un problème à évaluer plus tard. Souriant, Harry s'avança un peu vers elle tout en restant face à la porte d'entrée du nid, histoire de ne pas éveiller le courroux des molosses de la production.

- Ravissante. Harry.

Ils n'avaient pas vraiment le temps de faire la conversation. La production semblait avoir un rythme à respecter, et mieux valait ne pas se mettre les grands Manitous à dos dès le début du jeu. A deux, ils arrivèrent enfin dans le nid d'amour. C'était comme à la télévision, la production avait mis le paquet. Des ballons partout, du rose, du rose, et encore du rose. Mieux valait ne pas avoir eu des traumatismes d'enfance sur le thème de Barbie, sinon, la soirée serait longue. Il n'y avait pas encore trop de monde, en fait, ils faisaient partie des premiers arrivés. Tant mieux, ils avaient le temps de se familiariser avec les lieux avant que les autres concurrents n'arrivent. Le candidat lança un regard circulaire en direction de ses nouveaux camarades. Décidant d'être sociable le premier soir et de faire bonne impression – du moins, autant que possible – il choisit une formule simple. On ne se trompe jamais en choisissant les classiques.

- Salut. Moi, c'est Harry.

Je crois que j'ai eu de la chance, j'aurais pu tomber sur un horrible type vulgaire et qui n'aurait pas perdu de temps pour se moquer. Je ne garantis pas d'être super à l'aise dans l'immédiat mais ce sera plus simple avec quelqu'un comme Antwon puisque c'est son prénom. Son sourire est plutôt communicatif en plus. Il est donc français alors. Bon d'accord, on rentre à l'intérieur et je dois dire que la décoration me laisse un peu perplexe c'est beaucoup trop, je pense que c'est fait exprès mais bon c'est quand même trop. Le champagne est bon et tout, tant mieux. « C’est pas un souci ! En cas, j’fais le maitre de maison et t’auras qu’à me suivre, j’m’occupe du blabla. » Mouais. Enfin j'sais pas, faut voir. « Oui je sais pas, t'inquiète pas si tes plans de colonisation du nid me semblent trop abracadabrantesque je te le dirais.    » Oui, je suis plutôt franche malgré ma réserve. Je ne suis pas une grande gueule mais je ne me laisse pas démonter pour autant. Si mon partenaire pioche dans le buffet je suis incapable de me servir. J'ai l'estomac noué, plus tard peut être. Ouais sans doute. Il est beaucoup plus dans le détail sur sa vie. D'accord, ça fait un peu beaucoup d'information là non ? « Oh c'est sympa, j'aurais dû être professeur de français, ça nous fait un point commun.   » Ouais mais je suis traductrice à la place. Ouais bon on parle tous les deux, deux langues. Ouais bon, un jeune et sa partenaire nous rejoignent, si le candidat à l'air sympathique sa partenaire pas vraiment avenante. Il se prénomme Harry. D'accord. « India.  » Je réponds doucement. Et là, catastrophe. « En tout cas, je salue la profondeur du décolleté, j'ai eu peur d'avoir l'air d'une pute mais il y a pire que moi, tu me rassures, merci. » C'est à moi qu'elle parle ? Oui évidemment, il n'y a personne d'autre. Bon d'accord pourquoi pas. « Je t'en prie, et encore tu n'as pas vu ma  tenue de demain.   » C'est un mensonge mais bon, mon ton se veut calme et posé. Je ne me laisse pas marcher sur les pieds j'ai dit, mais je n'en suis pas pour autant agressive. En vrai je suis à deux doigts de me liquéfier sur place mais ça elle ne peut pas le voir, j'excelle dans l'art de la dissimulation. Une autre jeune femme arrive mais je ne réponds rien, je suis pas tellement une bout entrain de toute façon.

« Ouais, hésite pas à me mettre des limites quand j’en fais un peu trop. », dis-tu en riant, connaissant ton caractère. T’es tranquillement en train de parler avec ta partenaire de jeu, quand de nouvelles personnes rentrent dans le hall. Ca t’fait bizarre en fait, tu te dis que tu serais bien resté plus longtemps seul à seul avec India pour discuter. Mais le jeu, c’est le jeu, et tu adresses un grand sourire aux arrivants, récupérant des coupes de champagne pour leur offrir. Le mec qui est là, faut avouer, il est plutôt beau gosse. T’es un peu deg que ça soit pas une fille du même style en fait, vu que tu kiffes les métisses aux yeux clairs.  Il est pas très bavard, et se contente de vous saluer et de se présenter. « Moi, c’est Antwon, enchanté ! », rétorques-tu de manière enjoué avec ton sourire plaqué sur ton visage. Et là, c’est la nana qui fait son arrivée. Rien qu’à sa démarche, tu te dis déjà que tu vas pas la kiffer. Et ton pressentiment se confirme quand elle ouvre la bouche pour s’adresser à vous, plein d’ironie. Premier réflexe : rouler des yeux, jusqu’à ce qu’elle s’attaque à India. Vous êtes là à deux, après tout, et tu peux bien la défendre. Tu regardes la nouvelle de haut en bas. « J’m’attendais à ce qu’une nana frustrée, qui pète plus haut que son cul et qui se donne un genre de nana hautaine pour exister, rentre dans le nid, mais j’m’attendais pas à ce que ça soit aussi tôt. » Tu lui rends son petit sourire ironique. Ca y est, les hostilités démarrent. En même temps, tu sais pas te contenir. Et voilà deux nouveaux arrivants, dont une fille qui semble vouloir faire bouger les choses. Enfin quelqu’un avec qui tu vas t’entendre. « Mais y a pas moyen d’avoir un peu de musique là, Cupidon ? », dis-tu en regardant en l’air, comme si tu parlais à Dieu. Parce que t’es chaud pour foutre le bordel ici !