Laoise. Son prénom résonnait dans ma tête avec une exquise sonorité. J'aimais bien. Elle m'indiqua le bouquet, puis l'accompagnant ma canne à la main. J'espérais que mon handicap ne se verrait pas, donc j'essayais de prendre une démarche assurée tout en ne quittant pas des yeux le dos de ma partenaire. Nous arrivâmes près du buffet, là où quelques candidats s'étaient attroupés. Je saluai les candidats d'un signe de têtes, j'entendis une candidate trinquer à notre santé. L'atmosphère du début s'était allégé. Ma nervosité m'avait quitté. Ma partenaire se prit un verre, je fis de même. Un candidat s'approcha de nous, un certain Sami (si j'ai bien compris). Il parla de sa fille, chose qui m'avait un peu décontenancé. Mais sa maladresse en était touchante. Les têtes défilaient : les nouveaux sélectionnés défilaient auprès de leur partenaire respectif. Je tendais une oreille furtive à toutes les conversations. J'essayais de retenir le plus de noms possibles. En tout cas, la soirée avait bien débuté jusqu'à ce que j'entendis Cupidon prononcer pour les nominations. L'annonce ne me fit aucun effet apparent. Laoise me fixait, inquiète. Je lui souris pour lui montrer que j'allais bien. Soudain, Cupidon l'appela pour aller au confessionnal. Je la vis filer, je me retrouvai seul avec mon verre. Je me dirigeai vers les autres nominés, en claudiquant. Kon et Elise. Je m'avançai vers eux et je lâchai : - La soirée commence plutôt bien, on dirait.

Chers habitants du nid,

Si Cupidon interrompt cette merveilleuse soirée c'est qu'il souhaite s'entretenir individuellement avec l'un d'entre vous. Andreas, tu dois te rendre immédiatement dans la Cabane en Bois où Cupidon a une chose importante à t'annoncer.

Apparemment, on m'avait coltiné avec un muet, super. Je sentais que ça allait être l'éclate avec ce type. Il partit de son côté, moi du mien. De toute façon j'aurais tout le temps d'apprendre à le connaître plus tard. Ou pas d'ailleurs, parce que ce n'était pas franchement l'envie que j'avais. Je détestais ce genre de réunions, ou tout le monde débarquait, personne ne se connaît. On s'ose pas s'approcher, on s'observe en œil de faïences... Vivement que le prime se termine, pour qu'on se disperse tous. En attendant, on eu le droit à la première annonce de la soirée, et pas des moindres. Trois nominés. Tant que je ne faisais pas parti de la liste, perso, je m'en fichais. Je décidai de me mettre en retrait du groupe, tout ce monde...Je n'avais plus l'habitude. Je marchai alors pour visiter un peu le hall, ma coupe de champagne en main. Tous ces ballons et pétales de rose, c'était vraiment culcul la praline. J'aperçus alors, une jeune femme, Katell, assise toute seule. Je la rejoignis.  « Ça te pose un problème si je viens te tenir compagnie ? J'ai pas envie de commettre un meurtre d'entrée, alors je préfère m'éloigner de toute cette agitation. »

« Oui, oui, j'avais très bien compris Jamie ! Et moi c'est Sasha. Je suis vraiment super contente de te connaitre ! Entrons, oui ! J'ai tellement hâte de découvrir les autres, la maison et tout ça ! » tornade blonde ? Oui c'est le mot. « Mais non, ne dis pas ça !! Je trouve ça très beau moi ! J'espère juste qu'ils ne gâcheront pas les restes... Allez, viens, on va se prendre un truc à boire. » mon sourcil droit s'arqua, elle n’espérait pas que j'allais entrer dans son monde tout rose tout parfait n'est ce pas ? Sur le coup je restais un peu perplexe, les mains dans les poches, l'air blasé. « J'suppose que m’assommer à coup de tequila ne pourra m'être que bénéfique en ta présence ? » un sourire malicieux se dessina sur mes lèvres « Tu ne chercherais pas à me saouler n'est ce pas ? » non, avec un peu de chance je la voyais déjà se servir un jus de fruit ultra bio pour ne pas prendre des hanches. Parie réussi jusque là. Hop je remontais mon regard de son fessier à sa crinière comme si de rien n'était. « T'as vu on a l'droit à des départs dès ce soir, à croire qu'ils veulent nous faire gagner avant l'heure. » sur l'écran trois candidats apparaissaient, les nominés très certainement. Les pauvres, j'les plaignais presque. Presque. D'ailleurs j'en venais à en croiser un, le plus blond des trois « Salut mec, t'es Malo c'est ça ? Prêt à partir ? Ou alors tu penses avoir ta chance contre le vieux et la gamine ? » lui donnant un tape dans la main je reprenais la parole « J'te présente Sasha, elle est bavarde mais canon donc ça passe. » plus que canon même, doux Jésus j'allais dormir avec ça. Enfin, j'avais l'habitude. « Moi c'est Jamie. T'es stressé ? Pas que ça m'interesse mais faut meubler un peu la soirée, tu vois. » histoire d'se faire des potes. Oops, les autres nominés se tenaient juste à côté de lui. C'est... bête ? Pour eux oui.

Dernière clope avant le grand saut dans l'immense chaos qu'est Fake Lover, puisque déjà, un gorille m'attend avec cet air qui les qualifie tant : prêt à te bondir dessus comme si leur vie en dépendait. Je soupire mais j'fini par abdiquer qui sait ce qui pourrait se produire si jamais je décide de braver le danger en refusant de me plier à sa volonté. « Ça va Robert, j'arrive, relax mec, t'es tout pâle ça va, tu vas pas me clamser entre les doigts j'espère ? » Et pour un africain être tout pâle c'est clairement pas bon signe. Il grogne le Robbie, ça non plus c'est pas bon signe. Et puis y'a Janine, sa pote styliste qui m'arrive dessus en gueulant, me pointant du doigt comme si j'avais commis un crime. Incontestablement un crime de mode à ses yeux, et puis y'a Sabrina, sa pote sexy qui se pointe avec ses ciseaux. « Oh non non, t'es mignonne chérie, mais tu vas gentiment t'écarter de là avec tes ciseaux ... » Ou sinon c'est moi qui m'occupe de ta tignasse et tu ne vas pas être déçue. Ouais c'est ce que j'aurais pu continuer, sauf qu'elle recule immédiatement. Docile la Sabrina. Je souris et m'installe sur son fauteuil et s'en suis tout un tas de suggestions immonde de fringues que je refuse une à une. Et puis finalement, j'arrive à dénicher un truc potable qui me plaît. J'essaye de négocier avec Robert pour sortir cloper sauf que monsieur le Saint-Bernard est ferme là dessus, aucune sortie n'est autorisé afin d'éviter les fuites. Et le pire c'est qu'il le répétera toutes dix minutes jusqu'à ce qu'un type totalement stressé vient me conduire jusqu'à ma nouvelle partenaire. Partenaire que je n'hésite pas à détailler d'un oeil expert. Hum, pas trop mal. Elle est brune, j'aurais dû m'en douter. « J'avais bien précisé que j'voulais une blonde, vous avez chié les mecs... » Je siffle et regarde en direction du plafond comme si Cupidon pouvait m'entendre de là où j'suis. Bref, je m'approche de la dite jeune femme, en espérant qu'elle ne soit pas totalement dépourvue d'humour. « Salut, j'suis Slavin, on y va ? » Je le présente mon bras, tout en souriant, et finalement on entre dans la cours du château. Ah oui quand même. « Oh putain, on emménage chez Mickey ! » J'sais pas si c'est cool en réalité, mais a-t-on le choix ? Pas réellement. Le pont-levis passé, on arriver dans le hall d'entrée, très versaillais. Mon dieu quelle horreur. Y'a les autres qui semblent déjà faire connaissance, si bien que je me présente vers le petit groupe. « Bonsoir ! » J'sais pas ce qu'il se passe ici, mais certains tirent une de ces tronches, y'a déjà un mort ou quoi ?

Et allez, même pas le temps de terminer ma coupe de champagne que j'étais déjà convoqué dans une cabane en bois. UNE CABANE EN BOIS ?! Gné ? Un ange voulait me voir dans une cabane en bois, mais j'étais tombé où exactement ? Bon, et bien je sortis donc du hall pour prendre la direction de cette fameuse cabane en bois, en gardant bien sur ma coupe de champagne à la main. Pas un mot à l'égard de mes camarades, ni pour ma partenaire ; je comptais revenir vite. En gros, le petit ange n'avait pas intérêt à me les briser et à me garder bien longtemps. La cabane n'était pas bien loin, parait-il. J'espérais juste ne pas me perdre dans ce foutu château. Et, surtout, je voulais être revenu avant que tous les petits fours ne soient engloutis.

« Si t'as un truc à me proposer, AJ. » me dit t-elle avant de préciser qu'elle a besoin d'un remontant maintenant, je m'en doute. Etre la première nominée, comment dire ... ça craint, tout simplement. Je lui tends un verre de vodka, enfin, j'imagine, et je le lui tends, avec un regard qui en dit long. Du style 'ça te déchireras peut-être la gueule, mais t'oublieras pendant genre trois secondes ta nomination', quand à moi, je me sers un verre au hasard, je m'en fiche, je tiens assez bien l'alcool. On est vite rejoint par un brun, il est nominé lui aussi, et commence à s'adresser à Elise, enfin, je crois que c'est son prénom, j'en sais rien, mais vu qu'elle s'est pas présentée, on va dire que c'est ça. Il lui parle de lot de consolation, ou de je ne sais quoi, je ne suis pas trop concentrée, et n'écoute que d'une oreille son baratin, je me contente de laisser dévier mon regard sur les candidats, pour essayer d'imprimer leur image dans ma mémoire. « Malo ou Kon ? ». Je dévisage intensement le brun, de la tête au pied, je me rends pas compte que ce que je fais est peut-être mal poli, mais bon, peu importe. « Kon. » je tranche assez rapidement, un peu au hasard en fait. Enfin par vraiment au hasard puisse que j'ai vu sa face sur l'écran faut dire. « Et lui, Malo donc. » je continue en désignant du menton le blond qui s'approche de mes compagnons d'infortunes, et de moi par conséquent.

Être nominé ne signifiait pas la fin du monde pour Kon. Certes, s’il devait se retrouver à partir alors que le jeu venait à peine de commencer, certes, il serait dégouté mais se réconforterait en se disant qu’il a eu droit à un apero gratuit et une visite dans un château atrocement décoré de ballons en coeur. Et son départ rendrait le séjour de sa partenaire plus agréable selon elle. « Le seul avantage que j’vois avec ton départ est un lit entièrement à ma disposition » Nora était juste à côté de lui, au buffet. Kon ricana et pointa son doigt dans les côtes de la jeune femme pour l’embêter.

__Oh la vilaine !

Il avait lancé ça sur le ton de la plaisanterie. Oui, au moins, elle sera bien hein. Son attention se reporta sur Elise qui lui souriait. C'était une femme exquise, de beaux yeux, des formes discrètes et de longs cheveux châtains. Son sourire apaisait ses traits et elle avait un regard intense. Charmante, pour sûr. « Un lot de consolation ? Intéressant. Je suppose qu'on peut se tutoyer, alors ? » lui dit-elle avec assurance.

__Moi je suis Kon, se présenta le concerné alors que les rejoignait Malo. Et voici Malo je suppose. Ils veulent évincer les meilleurs, je crois, suggera Kon sur le ton de la plaisanterie. BONSOIR !

Ce salut était destiné aux candidats qui venaient d'arriver, surtout un grand mec au crâne rasé qui avait salué tout le monde.



J’ai droit à une étude approfondie de ma petite personne quand on me poste au côté de mon futur partenaire. Je vois son regard se river de bas en haut, comme s’il évaluait une quelconque marchandise. En quoi ce comportement est-il flatteur? C’est nullement le cas. « Bonsoir, j’suis parfait et Allemand, j’ai vingt-cinq ans. Bref. Tu sais tout, on peut y aller. » Hm. Oui, bon d’accord, je crois que ça suffit pour l’instant. Mais quel genre de rapace on m’a foutu comme partenaire, vraiment. J’appréhende déjà les prochaines semaines en sa compagnie. Côté première impression, j’ai déjà vu mieux. Et je n’ai encore rien vu. À peine entrée dans le nid qu’il y va de son grand jeu, alors que je me contente de saluer poliment les gens. « Guten Tag ! Oh putain, vous avez tous de ces gueules… on est bien dans ‘Fake Lover’, là, au moins ? J’veux dire, j’ai pas été casté pour l’élection de ‘miss & mister camping’ rassurez-moi ? Osef. J’suis là, alors la fête peut commencer. » Je lève les yeux au ciel, laissant entendre un léger soupire. Il m’exaspère déjà. À croire que Cupidon est à l’écoute de tous mes désirs, avec ce cher candidat à mes côtés. J’aurai été aussi bien de me taire, lors de cette audition. Limite, tout simplement ne jamais y avoir mis les pieds, ça aurait été une bien meilleure idée. Merci, la cousine. Je sens que monsieur m’accorde un tantinet d’attention, et je tourne la tête vers lui. « Bon alors, heu, Anabel… lâche mon bras, merci. » Ce que je fais, sans aucune hésitation. Je me demande encore même pourquoi je ne l’ai pas fait avant. « Et moi c’est Andreas, pour l’anecdote. » J’esquisse un léger sourire poli. Parce que je suis bien élevée, moi. « Enchanté… hm, Andreas. » ajoutais-je même. Moi, trop gentille? Vaut voir. Je prenais largement sur moi en ce moment. Et je ne sais pas si le petit chérubin avait entendu mes prières, mais il convia mon partenaire à le rejoindre dans la cabane en bois. Oh, bien merci. Je regardais ce dernier s’y diriger, puis partant en direction inverse, direction le buffet pour prendre une coupe de champagne. J’avais la folle envie de la boire d’une traite, mais mon petit doigt me prévint que ce n’était pas l’idée du siècle. Mieux valait pas, en effet. Je me contentais donc d’en boire quelques gorgées, scrutant les alentours au passage, jugeant ces gens qui seraient mes camarades pour les prochaines semaines. Ça promettait d’être… intéressant. Et chaotique.