Manifestement Cupidon trouve que nous ne sommes pas encore assez nombreux puisqu’il fait entrer un autre candidat dans le nid. Un blond. William. Il est canon, franchement, rien à dire. Mais je suis à trente milles pourcent sur qu’il est pas gay, ni bi et ça c’est dommage. Bref, c’est Ares qui me répond, j’en conclus que j’ai pas loupé grand-chose puisqu’il est arrivé à peine un peu avant moi. « Pour le moment, le téléphone, et l'arrivée d'un nouveau candidat. On est gâ-tés. » Fit-il avec un peu d’enthousiasme, bon c’est middle convainquant quand même ce sourire. « Ok. Et sinon t’es avec qui toi dans le jeu ? Avec Tris non ? Ca va la cohabitation se passe bien ? » Je m’emmerde alors je pose des questions. Et avec le sourire en plus, genre je ne fais rien de mal je m’immisce tout simplement. Et Comme Dagga est avec nous je peux aussi lui poser plein de questions si elle veux, c’est pas ça qui manque à l’intérieur de mon crâne.

Arès me confirme qu’il va bien, je ne suis pas totalement rassurée, mais s’il le dit, je veux bien le croire. Et le voilà qu’il me donne un léger bisou sur la joue, et ce geste à tendance à me faire rougir. Moi et les contacts humains, toujours le même problème. Bref, j'ai le téléphone rose bien en main et j’écoute attentivement les instructions du maître des lieux, et lorsqu’il me demande de chanter, ma bouche s’ouvre en ‘O’ tellement je suis surprise de sa requête. Tout comme elle me gêne, aussi. Ce n’est pas tant que je chante mal… mais disons que je préfère encore me taire et me cacher derrière mon violon. « Euh… si vous voulez. » Je passe rapidement en mémoire les quelques chansons que je peux connaître, je sens que je vais prendre une valeur sûre, et au diable le reste. Et que le refrain, ça suffira, j’espère? « And I don’t want the world to see me, cuz’ I don’t think that they’d understand. When everything’s made to be broken, I just want you to know who I am... » Iris, The Goo Goo Dolls, pour ceux qui n'aurait pas reconnu. Je m’arrête après quelques phrases, je ne me sens pas la force d’en faire plus, et puis, j’ai oublié le reste des paroles. C’est pas ma chance.

Merci Tris, Cupidon est suffisamment content de ta prestation pour t'offrir un pourboire. Voilà 50€ pour toi. Ne dépense pas tout en même temps.

Je me suis efforcée de chanter pour son plaisir, et il ne me récompense que d’un maigre 50€… je ne sais pas comment le prendre. En riant, ou en pleurant? « … Merci ? » C’est le seul mot qui sort de ma bouche, avant que je ne raccroche le combiné pour retourner à ma place, partagée entre l’envie de rigoler de ce petit tour que vient de me jouer le chérubin, ou l’envie de chialer sur cette maigre récompense… alors que je ne fais d’ordinaire pas de caprice pour si peu. Peut-être parce que je me sens légèrement humilié de la chose, enfin. Je ne m’y ferrais plus prendre à répondre à ce téléphone, je crois.

Et bien voilà, c’était pas si pire que ça, de faire son entré dans une émission de télé-réalité. Jamais je n’aurais pensé le faire, mais jamais je n’aurais pensé avoir une aussi grosse carrière non plus. Il ne faut jamais dire jamais, donc. Je me sens un peu lancé dans tout ça, tout de même. Je me sens un peu perdu, bien que cela ne paraisse aucunement. Je suis à l’aise, et détendu, comme si j’avais toujours été là. Tout le monde s’adresse à moi, c’est un peu fou. J’hoche la tête, offre des sourires par-ci, par-là. Y’a de l’enthousiasme, y’a aussi des regards sceptiques. J’accepte tout moi. Je ne suis pas difficile. Y’a une blonde qui se présente à moi. Je lui souris alors qu’elle se lance dans un de ces monologues. Non mais vas-y, je t’écoute. Elle se donne une tonne de surnom, pas super gratifiant. Ok… « Hum, salut Daphné. Heureux de te rencontrer. Je sais bien que ma présence peu paraître injuste, mais je ne suis pas ici pour accroître ma popularité donc… » dis-je en me grattant distraitement le front. « Oh et j’aime bien Barbitch… C’est drôle comme surnom. » Je lui souris un peu plus, charmeur. Si elle me tend la perche, je ne vois pas pourquoi je ne la surnommerais pas ainsi. Un mec à ses côtés me salut, je lui répond d’un signe de tête, tendant la main pour la lui serrer. Faut faire ça de façon officiel j’imagine. Puis j’entends un autre mec parler de moi. Il me reconnaît. Bon, fallait bien que ça arrive. J’aurais préféré que personne ne me reconnaisse et donc connaisse pas ma musique et tout. Le fait que je sois une célébrité n’est pas caché, mais je ne veux pas que cette célébrité soit le centre de l’attention. En attendant, y’a une jolie brune qui répond au téléphone et elle doit chanter. Je sais pas… Mais cette fille, je l’ai déjà vu quelque part. J’en suis certain. « Dis-moi, jolie Barbitch, quel est le nom de la brune qui vient de chanter ? » demandais-je gentiment.

« Rigole mais adolescente j’avais l’habitude de chasser le faisan. Tu n’imagines pas les dégâts que ferait une femme fatale armée d’une arme à feu. Un cerf ne saurait m’effrayer. » Répliqua-t-elle avec humour.

La belle sourit à la remarque de Gaspard. « Je préfère qu’il apprenne ce qu’il y a à savoir sur moi de ma propre bouche plutôt que par les rumeurs qui circulent dans mon dos. Libre à lui de me voir comme il l’entend, je suis persuadée qu’il saura se faire sa propre opinion au fil de l’aventure. » Daphne devait également apprendre à ne plus se laisser affecter par ce que les autres pouvaient penser d’elle. « Tu sais que c’est en partie grâce à toi, et j’insiste, que j’arrive aujourd’hui à rire du surnom que m’ont donnée Connor et Syssoï. Tu dois avoir une bonne influence sur moi. Mais ne prends pas le melon hein. »

Tris poussa ensuite la chansonnette. Par politesse, Daphne l’écouta d’une oreille distraite mais l’applaudit après la prestation. Cupidon la récompensa de 50 euros, somme symbolique. « A vrai dire j’en ai absolument aucune idée, c’est la première fois que je remarque sa présence. » Murmura-t-elle à l’oreille de William, ne prenant pas la peine de feinter un quelconque embarras.

J'observe de loin, le téléphone de loin, me tire de mes pensées, avec sa sonnerie stridente, je regarde avec amusement sans pour autant en faire de même. Corto et Mads passent devant moi, me soutenant à leur façon, je les vois à regret s'éloigner, trop tard pour les retenir. Je cherche mon partenaire des yeux, il met toujours vingt plombes à arriver, il laisse toujours la place aux filles dans la douche, ce gentleman. Je remarque qu'il fait une drole de mine suite aux excuses de Daphné, je ne préfère pas y penser, on s'est trop concentré sur elle cette semaine, il sait à quoi je fais allusion. Je le laisse s'emparer de ma main, nouant mes doigts autour des siens. « Change de tête, vite. » Je lui demande, je le presse, alors avant de lui donner un léger coup d'épaule pour qu'il se ressaisisse. Sven essaie de m'enlever Louis, fais comme si je n'étais pas là hein, il prend Louis, et pour éviter de perdre ma main, bien que je n'ai pas spécialement envie de bouger, je dois suivre mon partenaire, je m'accroche à lui, c'est peut-être notre dernière soirée. On arrive près de Malik qui se présente, pour Louis j'imagine. Je prends place. Pendant ce temps Cupidon nous annonce un nouveau candidat. Mon regard se pose sur Daphné, puis dévie sur Gaspard. Je croise son regard. « Tu apprécies ce qu'elle te donne ? » Je lui demande silencieusement en articulant mes mots, les accentuant pour qu'il comprenne. Je suis curieuse et sérieuse. Je fais abstraction de l'agitation autour.