Bon, voilà. Je suis sélectionnée, ce qui me rassure, ça veut dire qu'ils sont pas aussi cons qu'ils en ont l'air à la prod'. J'avais jeté un coup d'oeil à un gars qui m'avait demandé si je voulais son aide pour enlever ma robe, je lui avais souris et j'avais entendu mon prénom. J'avais même pas eu le temps de dire au revoir à ma danette et j'étais partie. Bon, je lui adressais tout de même un petit signe de la main. J'espère qu'elle sera prise, sérieux, je l'aime bien, et c'est rare que j'apprécie les gens aussi vite. Enfin, on s'en tape pour le moment. Je suis conduite jusqu'au château où on va passer notre saison. La classe. Enfin, ça fait un peu cliché de vieux châteaux quoi, mais bon, j'imagine qu'à l'intérieur c'est plus de notre temps. Voilà, on me fait entrer avec un mec, jusque là tout va bien, tant qu'il bégaie pas, qu'il est pas trop chiant, qu'il est pas trop con, qu'il pue pas de la gueule et qu'il est patiente, parce que qu'avec moi il en faut de la patience, ça ira. Je crois. On entre dans le château en même temps. Il y a déjà une sacrée ambiance. Je cherche Akela, mon hawaïen. Je l'aperçois. Tu m'excuses, heu, machin-chouette, mais je vais squatter avec un autre type là-bas. On se verra plus tard. Que je lui dis pour l'envoyer péter gentiment. Ou pas. Que je marmonne en me dirigeant vers mon poto d'Hawaï. Je prends une coupe de champ' au passage, j'ai chaud et j'ai les seins à moitié à l'air, donc vaut mieux que je me rafraîchisse. Avoue que je t'ai manqué. Je souris de toutes mes dents pas forcément très blanches malgré mon détartrage. Je fais même pas gaffe s'il parle déjà à quelqu'un, je suis sans doute mille fois plus intéressante.

Mai-Lan avait l'air d'être une chouette fille, pas trop rigide, pas désagréable, comme avaient l'air d'être pas mal de candidates autour d'elles... finalement, maintenant, c'était être sympa qui était devenu original, dans ce genre d'émissions !
Elles entrèrent alors dans le jardin alors que d'autres candidats arrivaient petit à petit. Tiens, le grand type que Jenni avait failli inonder en coulisses pendant les entretiens individuels était là aussi.
« Opération je-me-fonds-dans-la-masse lancée ! » fit Jenni à Mai-Lan avec un clin d'oeil et un signe "V" de la main. Elle s'approcha alors du buffet pour observer ce que la production leur avait offert pour le lancement, veillant bien à ne pas laisser traîner un volant dans le saladier de punch rose.
Elle saisit alors un verre pour se servir d'un peu de l'étrange breuvage, hésitant un peu à boire. Elle avait l'âge pour, que ce soit au Japon, en Angleterre ou en France, mais elle n'était pas très friande d'alcool. Reniflant le verre, elle le tendit alors à quelqu'un autour d'elle. « Vous savez si y'a de l'alcool dedans ? Je n'aime pas ça et avec tout ce sucre rose c'est impossible à savoir... » fit-elle à la volée, sans vraiment s'adresser à personne en particulier, « mais c'est mignon en tous cas, ce rose. »
Elle savait très bien que certains candidats allaient la regarder en coin, entre sa tenue extravagante, son tempérament joyeux et extraverti et ses manières de jeune fille parfaite, mais elle avait signé pour. En entrant dans le jeu sous contrat avec son agence, elle était obligée de garder son image. Et une idol dans une émission anglophone, ca n'était jamais inaperçu...
Une fille avait déjà commencé à se chamailler avec un autre type et lui avait jeté de la chose rose à la tête (ZORAN). Jenni s'approcha d'eux d'un air innocent. « Dis, y'a de l'alcool alors dedans ? » fit-elle tout à fait innocemment au candidat désormais trempé et sans doute bien collant.

Un château, donc. T’es toujours tout serré dans ton costume, ta seule envie est de balancer le nœud pas, mais tu n’en fais rien. T’avances avec la fille qui a une bosse sur la tête. Peut-être que c’était inopérable cette chose, t’en sais rien. En tout cas son crâne ressemble à E.T du coup. C’est drôle. Peut-être qu’elle est vraiment E.T. Ou sa sœur, ou sa femme. Enfin bon. Tu lui parles pas, t’es trop nerveux pour ça. Il y a déjà beaucoup de monde, ils se parlent entre eux tout ça. Et la femme au crâne géant, dixit ta partenaire, t’abandonnes déjà pour voir quelqu’un d’autre. Sympathique. T’as même pas le temps de dire quoi que ce soit. Ça ne te rassurait pas trop dans l’idée de ta petite aventure ici. En temps normal t’essaies d’aller au-dessus de ta timidité, mais là t’es trop nerveux, tout ça. Tout t’est défavorable. Tes joues doivent sûrement être rouges désormais, en plus. « Je t’avais dit que c’était une mauvaise idée… » tu parles à toi-même. Enfin, c’est pas à toi que tu parlais, mais techniquement il n’y avait personne à côté de toi. Tu sais pas si ces personnes sont fiables, tout ça. S’ils vont être méchants avec toi, s’ils vont te rejeter et te laisser comme ta partenaire venait de le faire en même pas deux secondes. Bon. Tu regardes tes pieds, c’est bien les pieds.

Bon, elle avait peut-être une bonne tête mais en tout cas elle avait beaucoup moins d'humour que la pote de Keona. Ouais, j'avais toujours pas retrouvé son nom, à la brunette pleine de tatouages, et d'ailleurs ça m'agaçait assez parce que si elle ne rentrait pas ici ce soir j'allais passer les prochaines semaines à me torturer le cerveau pour essayer de me rappeler son prénom. J'en avais déjà la migraine par avance. Bref, de toute façon là j'étais face à une nana d'un genre totalement différent, et qui de toute évidence se demandait juste totalement ce qu'elle foutait là. Je la comprenais un peu, mais j'allais pas non plus la plaindre, que je sache on avait forcé personne à être ici. Enfin du moins j'espérais, ça serait quand même super bizarre, de retenir quelqu'un en otage ici contre sa volonté. « Et tu en es sûre parce que ... ? Non parce que je te connais pas, tu me connais pas, on pourrait au moins s'accorder le bénéfice du doute, tu penses pas ? » Tandis qu'elle portait son propre verre à ses lèvres j'en avais fait autant ; Non mais sérieux je savais pas ce qu'ils avaient mis là-dedans, mais j'espérais bien en avoir tous les soirs. De toute façon j'avais pas envie de rester seul dans mon coin, et y'avait personne d'autre qui me donnait envie d'aller me mêler de ses histoires, là tout de suite, alors à moins qu'elle ne me vire à coups de pieds - qu'elle essaye du moins ... - elle allait devoir me supporter un moment. « Tu devrais goûter, ça te dériderait un peu. » que je lui lance donc finalement en faisant référence à mon propre verre. « Ça me rappelle un peu une boisson typique de chez moi. Deux tiers d'alcool de riz, un tiers de sang de vipère du Cap' et bam, après ça tu ne dors plus pendant trois jours. » Si avec ça elle n'avait pas envie de goûter mon verre, c'était à n'y rien comprendre, hm. De toute façon j'étais bien sûr que ça devait exister quelque part, un cocktail comme ça, le sang de vipère avait tout un tas de vertus alors pourquoi pas celle d'agrémenter une boisson. J'avais pas eu le temps de me pencher plus longtemps sur cette question cela dit, parce qu'un navet à peine sortit de l'adolescence était venu m'aborder. Bon, déjà le gars m'avait dit bonjour, il partait donc avec un meilleur à priori de ma part que le crétin qui avait embarqué mon binôme. Ah bah, et maintenant il me demande de me désaper, non mais ils se sentent plus les enfants ce soir. « C'est la veste, c'est ça ? » que je leur demande à lui et à la rouquine qui l'accompagne, d'un air faussement sérieux « Mec je sais qu'elle est affreuse, je l'ai même dit à la nana qui me l'a refourgué, mais elle a rien voulu savoir. Mais y'avait d'autres façons un peu plus subtiles de me demander de la retirer, quoi. » Terminant d'une seule traite mon verre de jenesaispasquoi j'avais scruté un instant le petiot, qui essayait semble-t-il de me persuader de ne je sais quoi en me regardant fixement ; Il essayait de m'hypnotiser ? Parce que y'avait encore du boulot, visiblement. « Mais si la demoiselle te l'a demandé à toi, c'est sans doute que c'est toi qui l'intéresse ... pas vrai que j'ai raison ? » je pose la question à je ne sais pas qui, la rouquine je suppose, ou la blonde à l'air pincée qui est toujours là, accrochée à son verre de soda. « J'ai raison. T'es pas très futé avec les nanas toi, j'me trompe ? » que je demande finalement au petit avec un ton amusé. Ça m'allait bien à moi de dire ça, d'ailleurs. En parlant de femme, la voilà de retour, ma tatouée du début. Est-ce que je lui ai manqué ? Plus que n'importe quel autre énergumène ici, c'était pas beaucoup, mais c'était déjà ça « La question ne se pose même pas. » puis désignant les autres du menton j'avais continué « Je te présente hm ... bah, en fait je sais pas, c'est quoi vos noms, d'ailleurs ? »