Bon. Je crois que si j’avais l’intention de changer d’idée, il est un peu trop tard. Et je change toujours d’idée. Genre là, maintenant, en ce moment même, ça me fait super chier d’être ici. Je ne me comprend pas, mais ça, c’est l’histoire de ma vie. Et puis si j’ai fait les démarches pour faire cette émission débile, faudrait peut-être que je l’assume. Je soupire, fort, très fort, pour que l’autre connasse qui me tend une robe rouge dégueulasse m’entende. Je suis en sous-vêtements de dentelle, les bras croisés contre ma poitrine à fixer intensément la robe qu’elle me présente. C’est une blague, ça doit être une blague. « Si tu penses que je vais mettre mon cul là-dedans, c’est que t’es une pauvre conne. » Je ne mâche pas mes mots, je ne vois pas pourquoi je le ferais de toute façon. Cette robe est beaucoup trop moulante, je n’ai certainement pas envie de ressembler à une prostituée dès le premier soir. « Comme tu sembles complètement incompétente… je vais choisir moi-même ma tenue. Merci. » Je souris, mon dieu, mon sourire est horriblement faux, elle-même doit s’en rendre compte. Je m’avance et la pousse légèrement. Légèrement j’ai dit, je ne lui ai pas foutu un coup de poing dans le ventre, je ne suis pas aussi horrible. Je regarde les robes qu’elle a à disposition, mouais, bof, je m’arrête finalement sur une jolie robe noire et blanche qui fera largement l’affaire. Je l’enfile, me regarde dans le miroir un moment. Je m’analyse, encore et encore, pas le temps d’être satisfaite puisque quelqu’un me traîne déjà à l’extérieur. Je me ronge les ongles, essayant de focaliser mon énergie. Parce que de un, j’ai un peu peur de rencontrer mon partenaire, et de deux, j’ai surtout peur d’entrer dans le nid d’amour et de ne plus pouvoir en ressortir. Et si, finalement, je n’aime pas ça ? « Est-ce qu’il est trop tard pour foutre le camps ? » Je demande à un technicien, alors que je connais déjà la réponse. Évidemment qu’il est trop tard. Meeeeeeeerde.

Une grande respiration plus tard, on me pousse vers le plateau en mentionnant mon prénom. Ouais, Harlow, c’est bien moi, pas besoin d’avoir l’état de panique général dans les yeux comme si une bombe nucléaire venait de tomber sur la tête des américains merde. Les lumières m’aveuglent, ça me stresse ça aussi. Pas le temps de réagir que je marche déjà en direction du sas, où mon cher partenaire m’attend. Je le fixe, sans aucune gêne alors qu’il se lance dans un monologue. Déjà, j’ai enfreint la seconde loi, puisque je le dévisage, et j’en ai parfaitement rien à foutre. Non, mais il est qui lui, un extraterrestre « Euh… » Ouais en fait, je répond quoi à ça ? Et il enchaîne en me mentionnant son prénom maintenant. Géniale, je vais devoir dormir aux côtés de la souris de Walt Disney. Je le fixe encore, en fronçant un peu plus les sourcils. « C’est parfait pour moi… vieux. » En disant cela, je lui donne une bonne tape sur l’épaule droite. Oups. Règle numéro trois… je viens de te défier à nouveau. Je lui souris de façon angélique avant d’entrer à mon tour dans le nid d’amour, écoutant mon nouveau partenaire s’exprimer face au petit groupe devant nous. Je soupire et appose un sourire faux mais totalement excessif sur mes lèvres. « Bonsoir… » Je parle assez fort pour que les gens remarque ma présence. C’est ça le but, se démarquer de tout le monde, j’imagine. « Monsieur veut du gin, apportez lui du gin, et toute suite !!! » Trop d’enthousiasme ? Oui, surement. Je regarde l’ensemble de la pièce, les candidats présents. Certains attirent plus mon attention que d’autre. « C'est une maison de retraite ici, ou quoi ? » La moyenne d'âge doit bien être de quarante ans... Seigneur.

« Brynquoi ? » Ça commence bien, j’adore. « Brynja. B-R-Y-N-J-A. Mais t’as tout ton temps pour l’apprendre, je n’ai pas l’intention de partir d’ici bientôt, et comme on est partenaire, je suppose que ça s’applique à toi aussi, non? » Non, mais il est clair que malgré tout ce que ça implique, j’ai la ferme intention de conduire mon couple bien loin dans cette aventure, peut importe ce qu’il m’en coutera. « Susceptible donc ? Non, mais ça va, je te crois, je ne voudrais pas te vexer… Désolé. » Je ne m’excuse pas à mon tour, même si mon attitude – et ma réaction, du coup - pourrait paraître complètement déplacée. Du revers de la main, je rejette tout ça bien loin, on s’en fiche, du moment qu’il ne commet pas la même erreur deux fois, ça ira. « Demande à n’importe quelle femme, je suis certaine qu’elle n’appréciera pas qu’on la prenne pour une gamine. Ne le prends pas personnel. » Si ça peut lui permettre de ne pas trop culpabiliser, ça irait mieux. Parce que sinon, je sens qu’il va me saouler à la longue. Mais je crois que le message est passé, on ne revient pas sur le sujet, tant mieux. J’ai d’autres priorités du coup. Comme faire mon entrée dans ce jeu. C’est légitime de me demander dans quel foutoir je me suis embarqué, là, tout de suite? Le regard de mon partenaire m’épie. « Un problème ? » Je soupir, un peu agacé, non pas par lui, mais pas le lieu en lui-même. « On dirait un mauvais remake des Z’amours. » D’où je connais cette émission, ne poser pas la question, je n’y répondrai pas. Jamais.

Le silence ne s’installa guère longtemps entre les deux nouveaux partenaires. En effet, Emmeline –puisque c’est ainsi qu’elle se prénommait– semblait avoir cette envie d’évacuer ce surplus d’excitation. Il a le regardait de ses yeux azurés, cillant par moment. « Je suis Emmeline, enchantée ! Tu veux connaître les détails chiants sur moi maintenant ou on commence par profiter de la soirée ? Ouais, t'as raison, je suis bête, on aura tout le temps pour parler donc on profite et on verra ensuite pour le reste, c'est toujours mieux. Après tout, on rentre dans une telle émission qu'une fois, il faut que la soirée soit mémorable ! En tout cas, t'as une bonne tête, j'aime bien ! Tu veux boire quelque chose ? Manger quelque chose ? Danser ? Chanter ? Je suis cool, tu peux tout faire, je peux tout accepter. Ou presque. Tu t'appelles Emilien, c'est ça ? ». Bavarde. Très bavarde, fut les premiers mots qu’Emilien avait pour décrire Emmeline. Lui, le petit gars pas très bavard, se retrouvant avec une pie bavarde. Joli binôme. A ce flot de paroles continues, il hocha naïvement la tête, avant de finir par hausser les épaules. Il eut, pendant ces nombreuses secondes qui s’écoulèrent, le temps d’observer les traits joviales et chaleureuses de cette dénommée Emmeline. Il esquissa un charmant sourire qu’il lui adressa. « Je ne dirais pas non un p’tit rafraichissement ! ». Sourire aux lèvres, il s’approcha un peu plus de la grande tablée et se saisit de deux coupes de champagne. Instinctivement, il en brandit une à Emmeline et lui dit un naïf « Champagne ?! Trinquons pour notre première soirée… ensemble !». Il ne savait pas vraiment à quoi aller ressembler cette première soirée, cette grande soirée. Sûrement allait-elle finir en débauche, tout le monde avec la pense remplie de gâteaux et de petits fours, et d’une ou deux coupes de champagnes. Dans l’esprit d’Emilien, ça se passerait sûrement comme ça, mais il savait bien qu’ici, tout était parmi. Tout de chez tout. Alors certainement, mettra-t-il de côté sa bonne éducation de bon petit gars. Le petit Suisse pianota nerveusement contre sa cuisse. Il se pinça les lèvres après avoir bu une gorgée –ou peut-être deux. « Une p’tite danse avec ton super partenaire ? ». N’en fait pas trop non plus, Emilien. Il arbora un large sourire qui découvrit ses larges dents blanches, et lui fit les yeux doux. Avec ça, elle ne pouvait pas dire non. A moins de ne pas être charmée par les airs innocents d’Emilien.

« C'est un désastre. Qui vous a recruter ? » Carmen, dans toute sa splendeur. Perchée sur des talons haut lui permettant d'atteindre une demie tête de plus que la coiffeuse ayant osé relever ses cheveux blond en un chignon ressemblant d'avantage à une bouse qu'à un nœud à la Lady Gaga. La mâchoire serrée, ses billes bleues la jugeant un long moment, la jeune italienne finit par marmonner quelques insultes incompréhensibles dans son jargon maternel avant de prendre les choses en mains. L'aventure commençait bien, décidément, pensa-t-elle pour elle-même tandis que ses mains expertes (elle ne supportait de toute façon pas que quelqu'un autre que sa mère ou elle-même ne touche à sa tignasse) enlevaient une à une les pinces de ce chignon complètement raté. Un ébouriffent plus tard, un coup de laque maîtrisé et la jeune femme s'inspecta bien plus satisfaite dans le miroir qui lui faisait face. Elle était prête et avait attendu ce moment des semaines durant. Arrivée quelques jours plus tôt en Irlande, on l'avait fait dormir dans un hôtel coquet mais affreusement cliché, lui intimant de ne pas sortir ni même mettre le nez dehors, sur le balcon. Si cet ordre n'était pas de la provocation.. Lui permettre d'avoir un balcon sans pouvoir en profiter. Quoiqu'il en soit, le temps ne le permettait pas et Carmen avait attendu sagement l'heure du prime, trépignant d'impatience à l'image d'une enfant de cinq ans trois heures avant le matin de Noël, incapable de dormir, incapable de se concentrer et même incapable de penser. Aussi, les dernières secondes qui la séparèrent du moment où un homme tout de noir vêtu viendrait la chercher afin de faire son entrée sur le plateau confortablement assise dans une voiture aux vitres tintées les yeux bandés furent les plus longues de toute sa vie. A savoir que l'italienne avait un avis très subjectif de la longueur des seconde, tant elle se retrouvait affublée d'une impatience chronique. Ayant choisis elle-même son accoutrement- une robe rouge délicieusement chic et sexy – c'est avec fierté que Carmen attrapa la main du dit homme afin de faire son entrée sur ce qui rythmerait sa vie durant les semaines à venir. En haleine, pleine d'appréhension sans que jamais ces sentiments ne se ressentent sur son joli minois, elle afficha plutôt un visage assuré, maîtrisé, neutre, hautain. Amusée par la situation, l'italienne se laisse prendre au piège. Un sourire laconique naît sur son visage de poupée tandis qu'on la pousse sur le plateau, accompagnée d'un homme. « Carmen. » ronronna-t-elle simplement, lui tendant la main par simple tradition. En Italie, pas de bisous, seulement une poignée de main chaleureuse. Ses pupilles océan se baladent sur ce qu'on appelle sans modestie aucune le nid d'amour et saute de candidat en candidat, amusée, pressée mais toujours très distante. Carmen, dans toute sa splendeur, encore une fois. « Ton visage me dit quelque chose.. » sans qu'elle ne sache réellement pourquoi, sans qu'elle ne sache d'où, ni comment. Peut-être pourra-t-il l'éclairer...

Un comique. Ouais, Enora était tombée sur un comique. Mais non, pas n'importe lequel, évidemment. Un comique bas de gamme. Ou tout du moins, quelque chose du genre. Le genre, en tout cas, qui tentait de s'en sortir avec des vannes vielles comme le monde. C'était à peu près ça, ouais. Autant dire que, vu ce qu'il proposait, elle ne risquait pas de s'amuser. Peu importe. Sans avoir même le temps de répondre quelque chose, celui-ci venait de se retourner pour balayer la pièce du regard. Enfin, c'est ce qu'elle supposait. Impoli, en plus de cela. Bien oui, d'où se permettait-il de lui tourner le dos ? Voyons. « Viens. » Ainsi, Enora se fit entraîner par le jeune homme. Où voulait-il l'emmener, mystère. Ainsi, quand elle se retrouva devant une autre candidate, elle fronça légèrement les sourcils. Genre, quoi, il la connaissait déjà où.. ? Ah. Et bien oui, apparemment. Enora regarda son, apparemment, partenaire d'un sale œil, durant un instant. L'air de dire 'vas te faire foutre'. Ouais, carrément. Campagnarde. Allô, quoi ? Elle avait l'air d'une campagnarde ? Évidemment que non. Et puis, s'il pensait qu'il était le mieux placé pour parler, il avait bien tord. Surtout avec les fringues qu'il portait ce soir. Limite, Enora se demandait si c'était bien les stylistes de l'émission qui étaient passés dans sa loge. Mais bon, peu importe. Ainsi, elle reporta son regard vers l'autre candidate, qui était donc sa sœur. Un léger blanc s'installa. Avant qu'Ezra ne reprenne la parole. Deuxième regard noir de la soirée. Ça commençait bien, on dirait. « Frère et sœur, donc ? » lança t-elle, finalement. « Genre, vous ne pouvez tellement pas vous passez l'un sans l'autre durant quelques semaines que vous avez été obligés de venir ici, tous les deux ? » Elle les regarda tous les deux, tour à tour, un petit sourire en coin posé sur ses lèvres. Après tout, ouais, jamais il ne serait venu à l'esprit de la jeune femme de venir avec son frère, par exemple. Enfin, peu importe, chacun ses envies.

Spoiler:

Je parlais trop, je le savais. Stressée. Dans ma nature. Ce n'était pas une tare à vrai dire. Si je saoulais, je n'empêcher personne de me zapper comme venait de le faire Israel avec Marthe. Pauvre Marthe. Il me laissait débiter des mots, des phrases, des conneries en tout genre. Comment avais-je fais pour en arriver aux plantes et à l'alcool? Il ne paraissait pas effrayé alors je continuais. « Moi, j'ai toujours pitié des chiens, avec leurs yeux tout larmoyants et leur petit cri » Je fis une petite moue de petite fille attendrie avant de le laisser parler, lui aussi. « Pour en revenir aux chiens, ce sont ces mêmes chiens qui se font passer pour des gentils toutous à caresser, et qui finalement te mordent les doigts. Alors oui j'ai peur de ma partenaire. Et j'espère que je serai le seul, j'aurai plus de place pour dormir sur le canapé. Quoiqu'on aura peut-être des chaises longues, tu ne crois pas ? Et les plantes...à vrai dire, je suis pas sûr que ce soit leur trip, l'alcool. » Mordre? Un chien? Quel genre de chien avait-il côtoyer? Le pauvre, j'avais presque pitié. Le monde des bisounours, il ne connaissait pas? « T'as un mauvais souvenir avec un chien? Tu sais, tu peux m'en parler! Après tout, on est ensemble pour trois mois - je crois - autant déballer ton sac » Et puis, il pensait que ce n'était pas leur trip, aux fleurs, de boire de l'alcool « Tu leur a déjà demandé ? » Sinon, comment pouvait-il savoir? COMMENT POUVAIT-IL AFFIRMER QUE CE N’ÉTAIT PAS LEUR TRIP?? Arquant un sourcil, je jetais un nouveau coup d'oeil vers Marthe « Tu n'as plus à t'en faire, elle a trouvé un mâle » Je souris à nouveau, après tout, c'était la marque du jour, c'était le moment de faire bonne impression, sourire, toujours sourire, quitte à chopper une sorte de crampe de la joue .. « Au fait, si je parle de trop, que t'en a marre, je préfère que tu me balances ta coupe de champagne dans la gueule plutôt que tu me lâches comme elle, j'ai franchement pas envie de ressembler à un chien et de faire pitié ... Après tu te tapes des gens bizarre et t'es obligée de les supporter, sans rien dire » Je regardais tour à tour les candidats qui nous entouraient, non, j'avais franchement pas envie de me retrouver avec l'un d'eux, si je n'avais pas fait ce choix.