Bon, je n'ai pas affaire à un casse-couille susceptible, tant mieux. Parce que je crois dans l'état dans lequel je me prouve là toute suite j'aurais pu faire un massacre. Peut être que je me serais auto-lapidé d'ailleurs mais bref. Sa remarque me réconforte dans l'idée que mon impression était bonne. « C'est quoi le vice, t'es homo ? Ou peut être que t'es un pervers ? Ou, j'sais pas, mais tu me sembles trop parfait pour être vrai là toute suite. » Je le connais depuis quoi. Trois minutes, et je le complimente sur son état. N'importe quoi. Bref, c'est pas grave. Myles, c'est enregistrée. Je suis stressée et il le sent pas compliqué. De toute façon vu avec la force où j'agrippe son bras. « C'est ridicule, je suis ridicule. Je me produit devant des milliers de personnes et une télé réalité me fait flipper. » Je parle plus pour moi même. Je sens le ta gueule arriver des kilomètres, je m'énerve moi même. J'inspire, on entre. Et la remarque de mon partenaire me fait sourire. D'ailleurs, mon regard se pose sur le premier vieux que je vois. « C'est toujours mieux qu'une gamine qui a besoin de hurler pour s'affirmer. » Mon regard vrille sur la blonde (harlow), je soupire. Bizarrement je suis déjà moins stressée. Peut être que je me rends compte que je n'ai pas vraiment besoin de l'être. « Ca va mieux, je crois. Tu n'auras pas besoin de me dire me faire la fermer, par contre, tu peux m'offrir un verre... » Je sourire légèrement espiègle, et puis je tire sur les pans de ma jupe qui est définitivement trop courte, mais ça va, je pense que je devrais pouvoir supporter.

Ta partenaire, c’est pas une marrante. Pas du tout une marrante, même. T’aurais pu avoir mieux quand même. Comme quelqu’un qui sait sourire, tiens. Ça ne serait pas de refus, un sourire. Mais non. Faut que tu réussisses avant ce soir à la faire sourire –genre un vrai sourire, hein. Challenge accepted. Voici la mission que tu te donnes. Puis tu lui proposes un verre, en la taquinant encore sur son prénom. Tu ne la lâcheras pas avec ça, c’est clair. « Dixit le mec qui lui a piqué sa coiffure. » Tu éclates de rire. « Bien dis, bien dis… » admets-tu. Tout ça te fait rire. En fait, rares sont les choses qui te vexent. Surtout pas ce genre de futilité. Malgré sa petite pique, tu verses un liquide dans deux verres, sans regarder ce que tu prends. Tu prends ensuite les verres dans tes mains et en tend un à Mado. Tu ne vas pas la lâcher, même si elle est visiblement la femme la plus coincée du monde entier. « C’est plus la peine de me le cacher, j’ai vu que t’arrêtais pas de fixer mes cheveux. Ils te fascinent, hein ? Tu peux toucher si tu veux, tu peux même les caresser. Mais pas longtemps hein. » Tu baisses la tête afin de la laisser faire. Autant qu’elle réalise son fantasme, elle oserait jamais le lui demandé toute seule. « Tu sais, à L.A tout le monde rêverai avoir mes cheveux. Je comprends que tu sois jalouse, je vis ça tous les jours. » Tu souris, encore. Puis (EZRA) un brun se poste devant vous deux, avec une blonde (ENORA). Apparemment, ils sont frères et sœurs. Ton regard passe du brun, à ta partenaire. Et ce, plusieurs fois. Aucune ressemblance. « C’est dans sa nature de ne pas être très très gentille ? » demandes-tu à son frère du tac au tac. Oui, tu ne t’es pas présenté, et alors ? T’es quelqu’un qui n’éprouve jamais aucune gêne, en fait. Qui dit toujours ce qu’il pense. Le problème, c’est que tout le monde n’est pas comme ça.

Ridicule. Oui, à y repenser elle trouvait cette mascarade ridicule, sans doute parce qu'il y assistait au lieu d'y participer. Aucun ne se connaissait et pourtant tous jouaient à la petite drague enfantine, ce qui avait le don d'agacer Marthie qui se trouvait sous l'emprise de la solitude et de l'ennui. Un long soupire s'échappa de ses lèvres. Elle avait beau faire son ciné personne ne la remarquait et ça pour une drama queen c'était synonyme de grand échec. Prête à visiter le nid seule et à éventuellement être la guest star pour tester son matelas avant tous les autres, un grand brun sembla s'approcher d'elle. L'ayant remarqué, Blondie baissa son regard jusqu'à ce que de grands pieds ne rentrent dans son champs de vision. « J'imagine qu'on est les premiers délaissés du jeu, envie de fêter ça en bonne et due forme ? » Ses yeux bleus longeant le corps de l'homme, s'arrêtant vite fait sur la bosse d'entrejambe afin d'établir une brève évaluation -dans la vie il faut faire vite-, Sexy Marthie glissa un léger sourire esquissé avec mal au grand brun caverneux. « Oui je... mon partenaire m'a dit être déçu alors... merci de venir vers moi... » "Oh mais quelle pute" ? Oui, tout à fait. Tripotant un bout de sa robe, son regard qui avait doucement dévié une nouvelle fois vers le sol revint avec peine se confronter aux grandes prunelles qui l'observait. « Et... comment tu t'appelles ? »

"Ithaque ?"

Du coin de l'oeil j'ai vu la porte de la loge s'ouvrir, j'ai vu la styliste se glisser dans l'entrebâillement avec une délicatesse féline, je l'ai entendue murmurer mon prénom avec douceur comme on entre dans une chambre avec l'intention de vérifier si son occupant dors encore sans pourtant le réveiller si c'est le cas. Et je ne lève pas tout de suite la tête pour autant. Le dos rond, les bras appuyés sur mes cuisses et les mains croisées presque en signe de prière, mes yeux fixent le sol et j'autorise mes pensées à suivre leur cours quelques instants malgré cette intrusion et le signal très clair que je dois les interrompre dès que je serais près à le faire, tout de suite, dans un idéal que je ne rencontrerais jamais.

Le contenu des dîtes pensées ? Je bade principalement sur les percussions quasiment tribales de mon rythme cardiaque qui me bat les tempes d’une migraine qu’aucune médecine ne saurait soigner, et puisqu’il bat en rythme je l’imagine telle que je la connait a savoir grande, le teint doré, brune aux cheveux longs tressés, le regard profond souligné de kôhl encore humide: Roxane, dans sa danse macabre. Je pense déjà à ma partenaire, c'est la seule chose qui m'importe dans l'immédiat.

Sans bouger, seul mes yeux se lèvent vers la jeune styliste qui maintenant qu'elle à toute mon attention, enfin, me présente un cintre sur lequel repose une veste qu'elle souhaite me voir porter le soir du premier prime. D'un signe presque imperceptible de la tête vers le bas, je valide avec indifférence le bout de tissu aussitôt suivi par d'autres qui s'engouffrent à la suite apporté par une armée d'assistants de production trainant des racks de vêtements et de chaussures, des coffres de maquillage, et des listes de tâches. On s'approche de moi et on me force à ôter mon t-shirt au taureau rouge qui fini roulé en boule et jeté dans la poubelle dans un mouvement de basketteur habile mais proche de l'irrespect et je vois la maquilleuse folle, un homme, se pencher dangereusement pour coller ses prunelles à un centimètre de mon bassin tout en appuyant sur mes abdos du bout du doigt comme on teste sur un coussin chez casto pour vérifier s'il est assez moelleux. Son doigt manucuré s'enfonce autant que s'il appuyait sur une planche en bois et de toute façon, ce n'est pas la qualité de ma ceinture abdominale qu'il est en train de tester, mais ma patience.

"On est sencé maquiller la balafre de ce mec pour la faire disparaitre ou -"

D'un revers sec de l'avant bras j'éloigne la main de cette princesse qui se tient maintenant le poignet comme s'il avait la douleur de sa vie et qui me regarde avec des yeux de chat potté qui s'étouffe du scandale qu'il rêve de taper sur place et de la plainte pour agression qu'il fantasme déjà de remplir au comissariat le plus proche. Sauf que je le fixe du regard de mes deux têtes plus hautes que la sienne. Je n'accompagnerais pas les gestes à la parole, mais même sans la version audio il n'insiste pas et le plus important: il ne recommencera plus jamais.

Affublé de leur délire stylistique je me regarde dans le miroir, PARFAAAIT ! J'ai été choisi pour représenter l'austérité à la télévision ou vous m'avez rien trouvé de mieux pour caricaturer ma personnalité les gars ? Merci infiniment, c'est Roxane qui vas être folle de joie en découvrant qu'on lui à collé Dark Vador en binôme.

Je tripote un bouton de manchette en attendant les ordres. Car si je suis bien conscient d'une chose malgré mon attitude envers le maquilleur, et envers le coiffeur que je menace à par télépathie, c'est qu’à partir de maintenant mes faits et gestes ne m'appartiennent plus tout à fait. A vrai dire ce n'est plus le cas depuis ce matin il y a quelques jours, quand j'ai reçu un appel auquel je ne m'attendais pas. "Bonjour Itak (ouai, non mais...tant pis) c'est la production de FAKE LOVER, comme tu le sais chaque saisons deux candidats sont annoncés quelques jours avant le premier prime et j'ai la plaisir de t'annoncer dans un premier temps, que tu as été sélectionné pour participer à l'aventure, félicitation. Dans un deuxième temps il est de mon devoir aussi de t'annoncer que ta vie change à partir de tout de suite. Dans quelques heures ton portrait et ton nom seront affichés en avant première sur le blog de la production nous te conseillons donc de rester tranquillement chez toi à l'abris des regards et des paparazzis qui essayeraient d'entrer en contact avec toi avant le jour J histoire de glaner quelques informations..."

"non on laisse la cicatrice je pense pas que ce soit de si tôt qu'on la voit à l'écran et même si c'était le cas on la laisse telle quelle ca fait un peu BAM, marque de fabrique !" elle commence à plisser les yeux comme pour apercevoir un panneau publicitaire lointain et à s'exister en parlant avec les mains comme une visionnaire allumée qui façonne ses pensées en même temps qu'elles lui arrive en brassant de l'air dans tout les sens du terme " ça apporte de la personnalité, du mystère, un petit coté dramatique pour combler le vide de...du...."

Elle se met à balbutier en se souvenant que je suis dans la pièce, et comme elle apprend vite et qu'elle n'a pas envie de tester ma réactivité elle aussi, elle préfère se taire au ralenti et remonter ses binocles sur l'arrête de son nez avant de se replonger dans sa liste comme si sa vie en dépendait. Je souri. Attention, Ithaque se fend d’un signe de satisfaction malsaine. Oh ! je ne suis peut être pas aussi inexpressif que... le drap de lit tendu à sécher entre les deux baraques en ruines d'une favela pourrie après tout ?! Aller...entre nous, j'ai une gueule à jouer aux petits chevaux ? Tu fais plus ou moins partie de la production, tu te doutes que si j'ai été sélectionné c'est pas pour faire office de fond d'écran pendant le jingle de la coupure publicitaire.

Un silence s'est installé et je hoche la tête, lève les yeux au ciel et soupire. Tout ça mentalement, parce-que je m'exprime majoritairement à l'intention de moi-même. Ca évite les conflits inutiles avec des personnes extérieures à celui qui à dors et déjà lieu dans ma tête ravagée par des années de pensées mises à feu et à sang au point que la région des lobes temporaux de mon cerveau soit renommés la "République arabe syrienne".

"Il est temps, en voiture Simone !"

Une expression détournée d'un autre jeu télévisé, tentative échouée de faire de l'humour et de détendre l'atmosphère peut être. L'humour je connais pas. Je suis pas quelqu'un drôle. Et puis avec ce que j'ai compris du casting de cette année, l'arène de FAKE LOVER aura une tout autre gueule que celle des candidats d'Interville face à leur vachettes élevées à la farine de viande.

Je fait mentalement le nettoyage par le vide autour de moi. Je fait abstraction du maniaque qui regarde avec frénésie le chrono qu’il porte autour du cou, dernière image que j'aurais de l'extérieur avant mon entrée dans le nid, et de l'assistante qui me bande les yeux. Quand à l’adrénaline qui devrait pulser dans mes veines, si proche du moment de faire apparition sur une multitude d’écrans de télévisions, elle est inexistante. Pour n’importe qui, mon attitude n’a pas oscillé d’un millimètre depuis que je suis arrivé. Mais pour qui me connait la montée en puissance, rumeur grondissante secondes après secondes qui nous rapprochent du live, est palpable et d’une justesse réglée comme les percussions d’un HYMNE A LA CHARGE. Y’a des moments comme ça dont on ne se lasserais jamais de profiter encore et encore. Faites péter les tambours de Gaugamèles, les gars. Winter is coming.

Arrivé dans le SAS on m'enlève ce bandeau que j'ai sur les yeux que se plissent le temps qu'ils s'habituent à la lumière éclatante qui y règne, je distingue une silhouette floue. J'écarquille les yeux, et je me plie, comme une branche de Roseau. Je donne l'impression d'être à deux doigts de me vautrer au sol dans la révérence digne d'un film historique que j'adresse à Roxane, qui ne devrait pas tarder à me révéler son vrai prénom. Je manque peut être d'enthousiasme, mais pas d'éducation.

Alors c’est elle. Je la fixe d’un air grave mais d’un regard respectueux, de complaisance pour être exact. Et les mots qui sortent de ma bouche pour la première fois que je daigne faire vibrer mes cordes vocales depuis que la production m'a cadenassé, sont à son intention. Tout en traduisant d'un signe encourageant de la tête et de mon bras qui se tend dans l'éventualité ou elle serait prête à le saisir pour faire son entrée dans le jeu. Un semblant de libre arbitre qui n'en est jamais véritablement un, preuve en est les navires échoués dans cimetière de ma mémoire où git une flotte désormais fantôme, coulée par mes propres soins, autrefois alliées devenue adverse au moindre écart de navigation. C'est une histoire ... d'intégrité. Ce que peu de gens connaissent visiblement, au même titre que le grec ancien.

"Ithákê. Metaxyhêmis."

Spoiler:

J’étais prise, évidemment que j’étais prise, AAAAH MON DIEU j’étais priiise ! Ou les émotions par lesquelles j’étais passée ces derniers jours. Joie, euphorie, prétention. Qui était assez idiot pour ne pas vouloir de Neila parmi eux ? Qui était assez bon pour avoir bien voulu de moi ? Sans cesse je me posais milles et unes questions sur ce nouveau jeu, j’aimais la compétition et bien il parait que j’allais être servie. Dans les loges une styliste me conseilla d’enfiler un pantalon noir taille haute avec un débardeur blanc, long et à moitié transparent. Pas de soucis pour moi. J’enfilai par-dessus ça un blazer noir, un collier, un chapeau et le tour était joué. « Vous ! Par ici, tout de suite ! » Me fit une femme avec un micro attaché autour de la tête et un fil jusque dans l’oreille droite. Je hoche la tête, j’arrive près d’elle et elle me chope le bras pour me faire aller plus vite. « Connasse ! » Je m’écrie alors qu’elle est déjà en train de partir je ne sais-où. Je regard mon bras, mes dents rencontrent un instant ma lèvre inférieure et je sers le poing, calme-toi Neila. Je respire, je desserre les poings et me tourne vers l’homme qui se tient à mes cotés. Son regard se glisse jusqu'à son bras que je saisis alors d’un geste peut être un peu trop brusque. Il me parle, la porte s’ouvre, j’ai rien compris. « Hein ?! » Je tourne la tête vers mes camarades, certains s’arrête et me regarde, des connasses me jugent, je les juge aussi. Des canons le jugent lui, évidemment. Putain on est beaux. Je tire sur le bras de mon partenaire pour l’obliger à me suivre, mais doucement, pas comme l’autre connasse de la prod. « Moi, c’est Neila. » Fis-je avec un sourire gentil.