« Non beh j'avais à peine passé la tête dans le tee-shirt qu'on me foutait dans le carrosse alors on va dire qu'ils ont oublié ! » Le carrosse… Je me retourne vers la petite voiture qui nous a amené aussi et je me dis que si pour elle, ça, c’est un carrosse… C’est qu’elle est surement plus fauché que moi et croyez moi, c’est assez difficile d’atteindre ce niveau sans mourir de froid, de manque de bouffe et tout ce qui s’en suit. « Entre la laque du monoprix et l’oubli des pompes… » Je fais doucement, plus pour moi-même que pour elle d’ailleurs alors qu’elle me demande mon âge. Là je lui répond que j’ai 22 ans en la qualifiant de petite. « Eh oh, si t'as vingt-deux ans c'est toi le bébé, j'en ai vingt-trois, petit ! » J’arque un sourcil. « Très bien dans ce cas ce sera mémé, ça te plait plus peut être ? » Qui a dit que j’allais dans les extrêmes ? Bref, là-dessus elle m’entraine pour aller boire un verre et manger un truc au buffet et, sympa comme je suis ce soir je décide de lui tendre un verre qu’elle semble accueillir comme le messie tellement son regard cherchait par quoi commencer. Et bien, par le champagne ma chère, évidemment. Ok j’suis vraiment pas du genre à boire ce truc moi. Une bière, c’était suffisant, hein. « C'est pas grave, je mourrai. » Qu’elle réplique. Je hausse les épaules. « Ouais, c’pas grave. » Que je fais en portant mon verre à mes lèvres. Et bah quoi je vais pas la pleurer je la connais depuis seulement quelques minutes, faut pas déconner non plus. Bref, elle prend un truc, je regarde la tête qu’elle fait et franchement j’ai l’impression qu’elle va dégueuler. Elle me met le même truc en main avant de me dire « C'est bon, celui là tu peux le manger. » Connasse, elle croit que je l’ai pas vue ou bien ? « Non mais tu déconnes, t’as vu la tronche que tu tires ? » Finalement j’avise le truc entre mes doigts. « Bon, si ça se trouve, c’est bon et t’as juste aucun gout. » Ce qui est faux puisqu’elle a la classe et donc, bien sur, du goût. Je met le truc en bouche, je mâche… J’attends le goût dégueu mais rien ne vient. Ah non mais moi j’aime bien le fenouille c’est pour ça, y’a pas beaucoup de gens qui aiment faut dire. « T’as aucun gout. » Je décrète. Je me demande combien de temps elle va mettre avant de m’en mettre une. Qu’elle essaie pour voir, fille ou pas je rends moi. « On fait un jeu ? » Je hausse un sourcil en tournant la tête vers elle. « S’tu veux. Propose je t’en prie. » Et qu’elle me sorte pas un truc genre chat ou cache-cache parce qu’elle peut aller se doigter, comme elle le dit si bien.

Mes mots ont dépassés ma pensée et en même temps, la barrière de mes lèvres. En fait, je suis tellement surexcité d'entrer dans cette aventure – j'ai l'air d'un gosse deux quatre ans qu'on emmène pour la première fois à Disneyland – que je parle d'autant plus vite que d'habitude et mon cerveau n'a pas le temps de suivre. Aussi, je crois que j'ai l'air d'un piètre dragueur, d'un vieux pervers en manque depuis des lustres abonné à sa main droite. Je tente un demi sourire enfantin histoire de paraître un peu moins dégueulasse. « Ouais je vois. La coiffeuse qu'on m'a filé a complètement ruiné mes cheveux. Mais sur toi, ça rend vraiment cool. » Cool. Ce mot n'est pas du tout approprié. Encore une fois, mon cerveau n'a pas eu le temps de réfléchir que les mots étaient déjà sortis. Et ça risque d'être ainsi toute la soirée. « Va pour Tris alors. » je murmure tandis que la voiture s'arrête. Je me plaignais de mon prénom, j'ai trouvé pire que moi, je crois. Mais ces choses là ne se disent pas. Et puis Tris, c'est sympa. Pour calmer mes nerfs, il me faut de l'alcool. Je fais tinter mon verre contre le sien et à son contraire, j'en avale une longue gorgée, avant de secouer légèrement la tête. Ça me donne du courage et ça fait un bien fou de sentir le liquide chauffer ma gorge. Je regarde autour de moi et dévisage sans discrétion les personnes avec qui je vais vivre. J'ai l'impression qu'on va s'amuser. « T'aimes pas l'alcool ? » je m'enquière presque outré comme si cet affront était impossible. « Je vais te chercher un coca sinon, hein. » Je me la joue gentleman, ça me réussis plutôt bien, je trouve. Ce léger sourire narquois et adorable ne m'a quitté et ne me quittera certainement pas de la soirée. Je me suis entraîné durant des semaines à sourire sans avoir l'air d'un con. Puis, on est filmé, il faut que je montre mon meilleur profil. Et en même temps, j'ai la dalle.

Putain, si j'avais su qu'un simple mot déclenche une telle réaction, je me serais abstenu. Je lève les yeux au ciel lorsque la blonde, s'énerve. Je la laisse faire sa drama queen. Quelle plaie. Mon dieu. « C'est bon t'as fini ? » Je rétorque sur un ton anormalement calme. Elle fêlé ou quoi ? « De toutes les candidates possible, je suis tombé sur une hystérique. Qu'est-ce que t'as tu voulais baiser ? » Je demande sur le même ton. C'est à ce demander. « Je te présenterais ma femme à l'occasion, elle ne devrait pas tarder à arriver, elle va t'A-DO-RER » Pas sûr finalement. Je regarde ma montre que je n'ai pas, c'est interdit il parait. Elle m'agace déjà. « Bon écoute, on s'appelle à l'occasion et on se fait une bouffe non ? » Et je m'éloigne immédiatement, me rapprochant des autres candidats, et surtout du buffet. J'attrape un soda, même si pour le coup, j'aurais bien besoin d'un truc plus fort. J'observe l'assemblée, c'est ce que j'ai de mieux à faire afin d'éviter les autres hystérique de la bande. Y'a une fille qui semble avoir besoin d'un verre (ZOFIA) je m'approche relativement confiant. « T'en veux ? » Je lui demande en lui proposant la bouteille de Vodka qui se trouvait juste devant moi. Un alcool de nana par excellence, ça devrait faire l'affaire.

Il est l'heure. L'heure du premier prime. Si l'on m'avait dit que le stress se ferait autant ressentir dans les coulisses, j'aurais pensé à deux fois avant de m'inscrire à cette émission. J'aime pas sentir la tension venir. Je suis un mec cool, moi. Les maquilleuses qui courent dans tous les coins et les coiffeurs qui vous aspergent de laque, très peu pour moi, merci. Encore heureux qu'ils ne m'aient pas imposé un costume de soubrette ou je ne sais quoi pour faire le buzz. Non, en fait, pour dire vrai, on m'a même tendu une tenue plutôt sympa. Bon, si j'étais habilité à fermer ma chemise, ce serait encore mieux.. mais je ne vais pas demander la lune, alors que je suis si près des étoiles. Ahlala quel poète, je fais. Tiens, j'devrais peut-être penser à la ressortir un de ces quatre celle-là. Bref. Je suis donc là, dans les coulisses. Spectateur de l'émission dans laquelle je serai très prochainement l'un des protagonistes. En fait, je suis comme une star dans un film, là. A une exception près.. on se partage le premier rôle à je ne sais combien. Mais bon, ça ne me gêne pas tant que ça, je ne suis pas fervent de la première place. Moi, la seule chose qui me ferait plaisir dans la vie, c'est voir le nombre de clics sur mes vidéos Youtube augmenter. Je vous le dis.. j'suis pas compliqué. Ma partenaire est une sacrée veinarde quand même. J'veux dire, tomber sur le mec le moins casse-couille et le plus casé de l'émission.. Merde, on m'extirpe de la pièce. Eh oh, doucement, je vous ai rien fait moi. Hop, on me propulse quelque part. Pas mal le décor, pas mal la compagnie. Une brune aux yeux bleus. On dirait la fille qui joue dans Nikita là.. Vous savez la série policière.. C'est pas policier ? Bref. J'ai cru entendre son nom. Il a dit quoi le présentateur ? Tricia, Trisha, Natasha ? « Tasha. » C'est la même. J'esquisse un sourire, reluque quelque peu sa tenue du soir. « Joshua. » Voilà, les présentations sont faites, maintenant je peux m'immiscer auprès des autres candidats. Quoique non en fait.. j'ose pas tellement. Puis de toute façon, j'aurais pas attendu longtemps avant que Sven fasse son apparition. Je lui souris, le voit s'avancer.. puis m'embrasser à bouche pleine. Merde, on avait dit pas de ça en public ! Je suis pudique moi.. Je le regarde, déboussolé puis sourit nerveusement à sa partenaire. Voilà, j'suis dans un sale état. Merci Sven. Merci. Du fond du cœur.

Une erreur. Ce devait être une erreur. Il n'avait pas pu être sélectionné. Pas lui. Pas avec ce qu'il avait raconté lors des castings. Pas alors qu'il était l'être le plus insignifiant sur cette planète. Non, tout cela ne devait être qu'une erreur. Et pourtant, il était bien là, en ce dimanche soir, à attendre qu'une styliste veuille bien lui attribuer une tenue, vu qu'on avait du juger son style inapproprié pour passer à la télévision. Il faut dire qu'il avait un peu l'habitude de s'habiller comme un type de soixante-quinze ans, ce qui ne le mettait pas toujours en valeur. Quoi qu'il en soit, il était bien là, et il ne comprenait toujours pas comment il avait pu être retenu pour participer à cette émission très en vogue. Il ne correspondait clairement pas à ce que l'on pouvait attendre d'un candidat de ce type de programmes. Il n'était pas particulièrement beau, n'avait pas tellement de classe, était bien trop réservé pour faire parler de lui et n'oserait jamais draguer à tout va. Nul doute que la Production se rendrait rapidement compte de son erreur, hm. Quoi qu'il en soit, pour le moment, Raphaël stressait. La styliste mettait un peu trop de temps à lui choisir une tenue, si bien qu'il en venait à craindre qu'elle lui sorte un ensemble jaune à pois rouges. Ce serait franchement se montrer cruel avec Raphaël, déjà qu'il n'avait pas une grande confiance en lui. Mais heureusement, c'est pour une tenue assez standard que la styliste se décida finalement. Il hocha timidement la tête, ne préférant pas se montrer casse-pied en trouvant à redire de ce choix, sachant qu'il pouvait sans doute s'estimer heureux d'avoir échappé à bien pire. On lui fit alors signe de suivre quelques personnes, probablement des ingénieurs du son, ou d'autres gens du métier. Honnêtement, il n'y connaissait rien. Et honnêtement, il en venait à penser qu'il aurait du manger avant de venir, parce qu'il aurait vite fait de tomber dans les pommes sous le coup du stress. Là, il dut attendre. Alors il attendit sagement. Mais bientôt, on l'appela. Alors quoi, tout cela n'était pas une blague ? Le Raphaël que l'on venait de nommer n'était pas un homonyme ? Il n'y comprenait plus rien. Mais il accepta son sort et alla où il se devait d'aller. Les yeux maintenant bandés, il monta dans une sorte de petite automobile. Là encore, il n'y connaissait rien. Puis il rencontra une demoiselle, et tous deux arrivèrent dans un lieu quelques peu surprenant. Une sorte de place, un peu comme celles que l'on pouvait voir à Neuchatel. Troublant. Mais magnifique. Vous êtes toujours certains que ça n'était pas une erreur ? Bien, admettons. Que lui restait-il à faire alors ? Se présenter, peut être ? Hm oui, sans doute. « Bonsoir. » Ah oui mais non, se présenter on a dit. « Je me prénomme Raphaël. » Ah, voilà qui est déjà bien mieux. Et sinon, la demoiselle peut être ? « Pardonne-moi, j'aurais du commencer par te demander ton nom. Je suis assez maladroit avec les autres, et ... Hm, donc ... comment t'appelles-tu ? » C'est bon, il ne faisait pas trop pitié là ? Ah, si ? Dommage, hm. En attendant, il y avait du monde autour de lui et ça avait tendance à l'embarrasser très légèrement. Il allait survivre, hein. Ou essayer, du moins.

« Va donc faire des enfants avec ta femme ! Ne compte pas sur moi pour être la marraine par contre ! » Hystérique ? Non, seulement déçue d’être tombée sur un partenaire marié. Elle avait développé une réelle phobie du mariage depuis que le sien s’était douloureusement effondré. Elle regarda Callan s’éloigner, réalisant qu’elle n’avait pas fait la meilleure des premières impressions. Elle aurait bien l’occasion de se rattraper par la suite. « Je hais le mariage… » Grommela-t-elle pour elle-même en se dirigeant vers le buffet. « Jusqu’à ce que la mort nous sépare… Mensonges, mensonges et mensonges ! Au Diable les mariés ! »

« D'accord, donc... Ne te force pas à parler. Sinon, je vais devoir boire beaucoup. » c'est pas déjà ce qu'elle comptait faire en s'enquillant d'une traite sa flûte. On aurait dit une gosse qui buvait pour la première fois, sentant le doux parfum de l'alcool entre ses lèvres pulpeuses et encore pleines de jeunesses. A cette pensée, un léger sourire, bien qu'imperceptible se dessina sur mes lèvres. « Alors, après, je ne sais pas pour toi mais moi, je compte profiter de la soirée et j'analyserais demain. » analyse : faite. Utilité : 40% pour le moment. « Tu sais quoi ? Contente-toi de la fermer, merci. » Utilité : 25%. Outch. « Ok. » j'hausse un instant les épaules, la toise d'un air totalement neutre, indifférent et reprend la parole « Dans ce cas, je te laisse aux mains d'un quelconque pédophile. » et sur ce, je détournais les talons, ma coupe encore à moitié pleine dans mes mains, croisant au passage un mec bien plus vieux que moi. Qu'elle. Ouais, pédophile, c'était bel et bien le mot, il commençait d'ailleurs à la saoulait. « T'en veux ? » grand bien lui fasse, vu qu'elle avait bien l'air de vouloir écarter les cuisses dès cette première soirée. Moi ? Je baillais. Putain. Du coup j'me retrouvais comme un gland au milieu de je n'sais où, à attendre je n'sais quoi. La fin. Ouais, c'est ça que j'attendais tout compte fait. Et putain, qu'elle était longue à se ramener. Dans un automatisme quelconque, je repère une blonde au milieu, les trais étirés, le visage encore rouge. Elle aussi elle a trop bu. « T'as du feu, Blondie ? » (daphne).