Je me désintéresse de connard. Je vois dans la façon dont il a de me regarder qu'il se fait une idée bien arrêté de ma personne. Ce qui me fait sourire parce que, il a forcément tord. Délesté de mon soutien gorge, maillot de bain je me sens bien mieux. Et le regard qu'il porte sur moi m'effleure à peine, je suis déjà parti jouer ailleurs. Le son du verre qui se brise sur le sol m'éclate bien plus que de boire jusqu'à en être enivré. Alors je reproduis le geste encore et toujours jusqu'à ce que plus un verre plein ne soit à ma porté. J'entends le verre qui se craque sous le poids d'une personne. Je suis pas folle, je savais que j'avais pas besoin de siffler connard. Je pose mes iris sur les siennes un fin sourire sur le visage. C'est pas lui qui me fait sourire c'est mon œuvre. T'as vu c'est beau. « Si tu veux faire les choses bien, enlève aussi la veste. » Qu'il me lance. Et fière en plus. T'as pas de quoi être fière, le pauvre péquenaud basique l'aurait sortit celle là. Et puis moi je m'en fiche, je peux bien enlever la jupe si je veux. Il part, c'est très bien comme ça. Moi je regarde mon œuvre et je m'avance pied nus, doucement, lentement. Y a une alarme, elle arrive à couvrir l'autre pokemon. Oh merde y en a deux. Alors je m'arrête dans ma lancé et j'écoute. Des équipe, je suis dans l'équipe du russe, aucune autre information m'intéresse. Je joue pas pour une équipe je joue pour ma pomme. Alors c'est sans moi. Je continue mon avancé et laisse le verre fendre la plante de mes pieds. Je trouve ça drôle. Alors je continue. Ça crisse ça lacère, ça me divertis.

Je dévisage discrètement la rousse et son partenaire. Sa réponse me fait sourire, franchement, tout comme le regard que me lance Corto, l'air horrifiée par ce que vient de me sortir sa partenaire, fraichement rencontrée, je me mordille la lèvre inférieure. « Merci pour la précison. » j'annonce à voix basse. Corto commence un semblant de discussion, et je me crispe, bizarrement. L'alarme sonne, le coupant net dans sa phrase, et je lâcha involontairement un soupir de soulagement. J'écoute avec une certaine appréhension la composition des équipes, je ne suis ni avec Mads, ni avec Corto le court, et ni avec mon partenaire dont je viens d'apprendre par Cupidon qu'il s'appelle Louis. D'ailleurs, je me demande où il est passé, celui-là, je le cherche vaguement des yeux avant de me concentrer sur le couple qui me fait face. Vivons avec les personnes présentes. « On sera rivaux cette semaine. » je commence en soufflant presque. Les seules personnes à qui je peux associer un prénom ne sont pas avec moi, je sens que la semaine va etre rude, franchement. « Et toi Corto, d'où tu viens ? » Je lui retourne. Parce que ma réponse n'est pas interessante, un petit pays sans grande importance. « Pas d'Espagne quand même ? » je lui demande, au cas où, en fronçant légèrement les sourcils. Si c'est le cas, je le plains, franchement.

J’ai l’impression de patienter ici depuis une éternité. Je n’ai plus aucune notion du temps qui passe. On m’a supprimé mon portable, et puisque je ne porte jamais de montre... Aux murs, aucune horloge, aucune fenêtre. Je sais juste que le soleil est tombé depuis un moment. Je le sais pour avoir observé la voie lactée étrangement visible ici, contrairement à Rome, chaque fois qu’on m’a permis une pause cigarette sous bonne escorte. Je n’ai croisé personne depuis qu’on m’a enfermé dans ma cellule. Une pièce froide, insonorisé, meublée en tout et pour tout d’un divan, d’une table basse où des magazines en éventails attendent d’être lu, et d’un immense miroir face auquel se trouve le siège dans lequel on m’a invité à m’installer de longues heures plus tôt. J’en ai marre de voir ma tête, mais la pièce est si petite qu’où que j’aille, mon propre reflet m’observe. Alors, pour échapper à moi-même, j’ai tendu certain des vêtements que je ne porterais pas ce soir, sur la surface réfléchissante. Ce qui, je crois, a passablement effrayé mon coiffeur lorsqu’il est entré dans la pièce. Voilà bien la seule chose qui rythme ma soirée et m’empêche de sombrer dans la claustrophobie et l’introspection : la valse des personnes se définissant comme à mon service. Styliste, assistante styliste, coiffeur, maquilleuse... Même un coloriste m’a proposé ses services, m’affirmant que le roux me permettrait de marquer les esprits dès ma première apparition sur les écrans. « Tout est dans le premier visuel que tu leur imposes ! Il faut que ça clash direct ! » m’a-t-il affirmé en oscillant de ses sourcils bien trop épilés pour un homme. La styliste et son esclave semblaient du même avis puisqu’elles me poussaient à porter des couleurs que même un enfant de six ans daltonien n’auraient pas assemblés ensemble. J’ai opté pour du noir, à leur grand désarroi, mais qu’importe, je ne veux pas me sentir déguisé. Je veux être moi. N’est-ce pas pour ça que je suis ici ? Être moi. Seules excentricités tolérées, celles du coiffeur et de la maquilleuse. Excentricités parce qu’en temps normal je n’ai rien sur la peau, ni dans les cheveux, tandis que ce soir on m’a fardé les joues pour prévenir les effets indésirables des projecteurs à la lumière crue. Quant à mon coiffeur au crâne rasé, à la longue barbe, à l’air bourru et aux bras chargés de tatouages, il n’était pas du genre à souffrir être contredit. Cela dit, le résultat fut probant, et mes cheveux, par je ne sais quel miracle, forment de larges boucles quasi parfaites sur le sommet de mon crâne, me donnant les faux airs de chérubin qui me valent mon surnom. Du moins c’est l’aspect qu’ils avaient avant que je ne couvre le miroir. Peut être que tout est retombé comme un soufflé, à l’image de ma motivation à pénétrer dans ce jeu qui ne cesse de me faire attendre. Ont-ils changé d’avis ? Depuis combien de jours suis-je maintenu à l’isolement ? À moins que l’enfermement agisse sur mon esprit et me fasse percevoir les minutes comme des heures, même si mon estomac s’éveillant depuis un long moment, tend à me prouver le contraire. Je suis sur le point de réclamer une nouvelle pause cigarette sans réelle envie de nicotine juste dans l’espoir de glaner quelques précieuses minutes hors de ma prison dorée, lorsqu’un être mi-homme, mi-femme, ouvre en grand la porte de ma cellule en hurlant. Je sursaute avant de comprendre que ce n’est pas sur moi qu’elle ou il hurle, mais dans le micro du casque qu’il ou elle porte autour de son crâne à la coupe garçonne. Sans ménagement, sans même un regard, elle -puisqu’il s’agit d’un elle à la poitrine que je devine sous son large tee-shirt noir au logo de FL- insère un boitier entre mes reins, ses doigts flirtant trop près de ma zone réservée. Je n’ai pas le temps de protester qu’elle me force à pivoter, soulevant ma chemise, y glissant son bras de déménageuse jusqu’à mon col où elle fait ressortir le micro qu’elle accroche. J’ai l’impression étrange d’être du bétail. Impression amplifiée lorsqu’elle me pousse dans le dos pour me faire gagner le couloir. Elle hurle toujours dans son casque, informant un interlocuteur invisible que le rital est en chemin. Le rital, donc. Point d’impact dans quelques secondes à en croire ma camionneuse. Impact avec Blanche-Neige. À son nom de code j’imagine une brune à la peau laiteuse et aux lèvres carmin. Et c’est à peu près ça, l’air rebelle en plus. C’est bien une brune à la peau laiteuse qui arrive d’en face, poussée elle aussi par un il-elle encasqué. J’aimerais répondre à son bonsoir, ou au moins lui demander son prénom, mais à peine nous trouvons-nous côte à côte que Marcel(le) et André(e), nous pousse en direction d’une volée de marche aspergée de cette lumière aveuglante qui me force a plisser les paupières. Alors je me contente de lui offrir mon bras. Au bas des marches, une voiturette de golf nous attend. J’aide Blanche-Neige à se glisser sur la banquette arrière spéciale micro-fesse, puis contourne l’engin pour y monter à mon tour. Je ne comprends pas très bien ce qui se passe, mais les cahots de la voiturette sur la route accidentée ne me laisse pas vraiment l’occasion de me renseigner, pas plus que l’air infâme d’Helmut le chauffeur bodybuildé. Et lorsqu’il freine sans ménagement, manquant de nous envoyer par-dessus bord, je suis trop surpris par le spectacle qui se déroule devant moi pour m’insurger. « Mais... Où sommes-nous, là ? » je m’interroge à voix haute en tendant une main derrière moi pour aider Blanche-Neige à descendre de voiture. On vient de nous conduire à l’orée d’une place de village comme on en trouve beaucoup en Italie. Fontaine en son centre, sphères lumineuses en guirlandes dans les arbres, et tout autour des gens, beaucoup de gens, buvant, trinquant, parlant fort et riant. Les autres candidats ? On se croirait piazza Navona un soir d’été. Enfin, version miniature, évidemment. Les foules, c’est pas mon truc. D’habitude, je les surplombe. Mais ma partenaire ne semble pas partager mon appréhension et, au contraire, aspirer à un contact direct avec la meute jacassante. On est lié, paraît-il, alors je la suis, de bonnes grâces, sans parvenir à retenir plusieurs regards en arrière comme pour m’assurer d’une sortie de secours, d’une possibilité d’évacuation si le contexte s’y prête. Blanche-Neige me distance de quelques pas, se faufilant entre les inconnues avec fluidité. J’arrive à peine à sa hauteur lorsqu’elle se retourne en me tendant une coupe de champagne, me servant, pour l’occasion, un discours fleuve qui me laisse à penser qu’elle n’est pas aussi à l’aise qu’elle l’imaginait. Je souris, récupère la coupe qu’elle me tend, et l’informe que « Je suis immunisé contre toutes formes de castration. » de mon accent encore un peu présent malgré de longues années de pratique de l’anglais. Je tourne la tête, un instant, histoire d’évaluer la densité de la place et le nombre d’occupants. On doit être dans les derniers, me semble-t-il. Puis je repose mon regard sur elle, la coupe aux lèvres, tandis qu’elle me propose son prénom. Ismay. « Issmée ? » je répète, en perfectionniste pas très sûr de la prononciation que je suis. « Otello. » Je lui réponds en inclinant le cou de manière naturelle. « Je serais ton ombre. » j’affirme, finalement, en réponse à sa première requête. La rassurer, ça fait aussi partie de mes attributions, n’est-ce pas ?

Le hasard. Ca doit être le hasard. Je vois pas comment la production a pu constituer les couples sinon. En attendant, je me coltine une nana aux traits asiatique qui me semble être une fille à papa jouant les Paris Hilton. Mais je ne montre aucune insatisfaction. Non, je suis du genre polie et patiente. D’ailleurs, je crois bien qu’il m’en faudra de la patience ici. Si déjà ma partenaire est un phénomène, j’ai peur de découvrir la suite des candidats. Heureusement, je suis assez extravertie, donc ça devrait le faire. Mais pourtant, l’attitude de la Coréenne m’agace déjà. Je ne tiens donc pas compte de ses nombreuses remarques et questions et je capte à peine son prénom : Teresa. Nom de bonne sœur, non ? Je l’aurais plutôt appelée Sushi ou Yang si ça ne tenait qu’à moi. En attendant, elle me traîne en plein dans la foule d’inconnu avant de m’abandonner pour retrouver son acolyte qui se trouve être sa cousine. J’entends vite fait la conversation. Soit disant que je serais lesbienne. Tsss. Je tourne la tête, observe les différents phénomènes puis écoute l’annonce de Cupidon suite à l’alarme. Ainsi donc je fais parti de l’équipe de Neve. Intéressant. En attendant, je suis claquée donc je décide d’aller directement à la recherche de ma chambre et de zapper le buffet. Tant pis pour les présentations, je ferai acte de présence demain.

Tous ces gens autour de lui ne faisaient que lui renvoyer sa médiocrité en pleine figure. Ils étaient si sociables, si libérés, si vivants. Lui, en comparaison, faisant vraiment peine à voir. Il avait cette triste mine qui ne l'avait plus quitté depuis de nombreuses années, ce regard qui en disait long sur son désir de s'échapper à tout prix de cet engrenage qu'il ne maitrisait déjà plus, et cette petite voix qui laissait malheureusement transparaitre le peu d'assurance qu'il avait à cet instant précis. Autant dire que Raphaël ne ferait pas pâlir d'envie le téléspectateur désireux de s'identifier à l'un des candidats du programme. Il y avait du choix, mais il n'en faisait pas partie. Au moins, il était conscient de n'avoir rien à offrir, que ce soit au public, à la Production, à ses camarades, ou simplement à sa partenaire. Mais que foutait-il ici, bon sang ? Honnêtement, il n'en savait plus rien. « Ils sont très intimidants. » Et encore, le mot était faible. C'est tout juste si Raphaël ne craignait pas d'être mordu par l'un de ces jeunes gens. Bon sang, qu'est-ce qu'il enviait leur aisance, leur originalité. Et qu'est-ce qu'il déplorait de n'être qu'une tâche noire au milieu d'une toile immaculée. « Alors merci de ne pas avoir ressenti le besoin de te moquer de moi. Rien que ça, j'apprécie beaucoup. » C'était si rare qu'on s'abstienne de le viser à travers de méchantes moqueries. Vraiment, il était tellement habitué à ce genre de choses, à la longue ... La question de Candace le mit en tout cas légèrement mal à l'aise. Oula, allait-il savoir quoi lui répondre ? « Hm, je ... » Oui ? Non ? Peut être ? Allait-il ne serait-ce que trouver quoi ajouter ? Hm, visiblement pas. Et, de toute manière, Candace se reprit. Oublier ? Oui, ça lui semblait étrangement préférable hein. « On avisera, oui. » Oui voilà, et de toute manière, il n'avait comme qui dirait pas tellement le choix. Pas de soucis, hm. Est-ce qu'il était prêt à affronter la foule ? Hahaha ... « Non, je ne pense pas être prêt. » Mais là encore, pas tellement le choix, c'est bien ça ? Ouais voilà, en gros. Mais voilà qu'une alarme retentit, le faisant sursauter quelques peu. Il était censé paniquer, là ? Ah non, visiblement pas. Alors il se contenta de suivre sa partenaire et de se rapprocher du lot de candidats. Des équipes furent alors annoncées. Il était donc dans l'équipe de ... et avec ... Oui bon, les noms, il ne les retiendrait pas tout de suite, disons. Mais il essaierait, c'est promis. « Je vais essayer de survivre. » Mais quel ... rah. S'il voulait éviter de passer pour un semblant de merde, voilà qui était réussi. Bravo Raphaël, vraiment, bravo. « Hm, je pense qu'on ferait mieux de chercher notre chambre » reprit-il, surtout pour rattraper ses précédentes paroles. Ainsi donc, c'est ce qu'ils firent. Nul doute que Candace allait rapidement le trouver agaçant. Parce qu'il l'était, après tout.

Mads semble d’humeur aussi morose que je le suis à l’idée de se retrouver à jouer avec de parfaits inconnus à en croire son génial lancé sans le moindre enthousiasme. Bien, qu’en théorie, je ne sois guère davantage qu’un inconnu à son égard pour le moment. J’ose espérer que l’équipe syssoï n’est pas trop fidèle à son leader, parce que sinon ça annonce des conversations aussi froide que l’hiver russe. Quoique je me trompe peut-être, je crois bien que les deux asiatiques hystériques sont avec moi. Ou du moins je suis sûre que l’une d’entre-elle l’est, j’ai entendu sa copine crier son nom, mais à les voir côte à côte, on se doute qu’elles font absolument tout à deux. « Et toi Corto, d'où tu viens ? » Je rapporte mon attention sur Fantine et m’accorde quelques secondes de réflexion. Quand on y pense, le verbe venir semble si large que je ne sais si la réponse la plus appropriée serait le lieu où je suis né, celui où j’ai passé le plus clair de ma vie ou celui où j’habite actuellement. « Savannah, dans le sud des Etats-Unis. » dis-je, en optant finalement pour la dernière solution. « On y a tourné Forrest Gump. » je précise, sans trop savoir pourquoi. Peut-être pour aider les deux jeunes femmes à visualiser l’ambiance du lieu, c’est vrai que les européens ne sont pas forcément expert en ce qui concerne la géographie de la Géorgie. Je me tais pendant une demi-seconde avant de reprendre, visiblement en pleine forme pour alimenter la discussion. « En fait, je me dis que mes parents sont peut-être des adeptes d’Hugo Pratt, mais très sincèrement je ne leurs ai jamais demandé. Est-ce que l’une de vous souhaite boire quelque chose ? » je tente, en glissant un regard sur les coupes de champagnes que plusieurs candidats ont déjà entre les mains. Je ne suis pas très alcool, mais ce n’est pas une raison pour manquer à mes devoirs de garçon bien élevé.