Oh non, oh non, je ne demande plus rien à la production, bientôt, c'est la production qui va avoir intérêt à me demander quelque chose. Une mission, n'importe quoi, un truc qui me permette de ne pas me faire chier dans un village post-seconde-guerre-mondiale. Elle retire sa main de la mienne et j'en profite pour glisser la gauche dans la poche de mon jean, histoire que ça n'arrive plus. Elle insiste avec Janette, ça me gave. J'observe fixement son haut de maillot en papaye. « En tout cas, ça se marie bien avec tes fringues. » Janette en mini-jupe et haut de maillot. Janette, la fille avec qui tu sors en vacances en Espagne. Janette, celle qui rit pendant qu'elle mange quand tu l'invites au restau, celle qui est un peu conne, mais vraiment bonne. Ce sera Janette alors, moins poétique que Janka, mais plus réaliste au vue de l'ambiance du … nid d'amour? Ouais, voilà. Mes yeux se fixent sur les siens quand elle m'insulte en souriant. J'arrive pas à y croire. J'ai presque envie de la prendre dans mes bras pour fêter ça. Je souris. « C'est ça! C'est la première fois qu'une fille le comprend dès la première fois. » J'en reste quasi muet, je la mate comme si c'était la première fois que je la voyais. C'est la première fois que je la vois. « T'as tout compris, et j'espère que tu vas pas l'oublier. D'ailleurs, je suis plus connard que Gaspard, donc si jamais tu te souviens pas du prénom, n'hésite pas. » Quand je pense que quatre-vingt pour cent des filles que je me tape ne s'en rendent compte que le lendemain... Je respire un grand coup: je me sens déjà mieux. Janette vient de me libérer d'un poids écrasant: je n'aurais pas besoin de faire semblant. J'aime les femmes qui mettent à l'aise. Janette précise qu'elle baise pas. Je grimace. « Elles disent toutes ça pour se faire désirer. » Mes yeux fixent son haut de maillot. Je reconnaitrais une fille vierge en une demi seconde s'il le fallait. Et Janette l'est tout autant que Francky Vincent, c'est-à-dire pas du tout. « Mais si t'insistes, je m'en taperai une autre. » Et c'est vrai que l'Autre ne manque pas ce soir. J'observe les paires de jambes autour de moi et je me félicite intérieurement d'avoir participé à Fake Lover. Si c'est pas pour l'expérience socio-caritative, au moins, j'aurai du cul. J'entends la voix de Janette qui propose à mon oreille: « Tu veux un verre? » Je lève un index devant elle, le regard toujours fixé sur les jambes d'une blonde qui rigole toute seule, l'air vraiment, vraiment creuse. « Non alors, Janette, je t'explique », je dis sans la regarder. « En tant que connard reconnu, d'une part, je ne veux pas de verre, d'une autre,si t'en veux un, tu vas te le chercher, parce qu'être connard et galant serait une abomination. » Il y a une fille avec des cheveux roses. Ça se mange?

Cela doit bien faire une demi-heure que je suis assise devant la coiffeuse, et que l'on ne s'occupe pas de moi. C'est l'agitation et le désordre autour de moi. Je me contente de croiser les jambes, appuyant mon coude sur mon genou pour déposer mon menton dans le creux de ma main, et j'observe. Je croise le regard de la maquilleuse, qui me demande de poser mes yeux de chat ailleurs, sympatique. Je détourne la tête de quelques millimètres pour lui faire plaisir, et je l'entends soupirer. Je commence à sérieusement m'impatienter, tellement que je me lève, et que le talons de mes boots martèle le sol en rythme, en une lente valse, ça doit les stresser encore plus parce qu'on vient s'occuper de moi finalement. J'affiche un sourire satisfait. On me donne ma tenue et l'un des hommes chargés de ma sécurité ou je ne sais quoi m'amène dans une pièce ou je peux me changer. La tenue n'est pas tellement différente de ce que je pourrais porter dans la vie, au quotien, je ne suis pas si dépaysée que cela. J'enfile la robe blanche, toute simple, mais plutôt élégante. La seule chose notable, c'est que je n'ai pas de place pour glisser mon paquet de clope, couplé à mon briquet. J'essaie de négocier pour pouvoir en allumer une dans la loge, mais je tombe sur plus intraitable que moi et c'est rare. On me ramène. Je souris vaguement à la maquilleuse que j'avais jusque là plus ou moins ignorée, sans grand mal. Je la laisse faire, je fais la moue quand elle me le demande, pour appliquer le léger rouge à lèvre, je ferme les yeux lorsqu'elle me l'ordonne. Et je souris pour observer mon reflet, mais mon regard se perd dans le vague, toujours sous ses directives. Elle décide qu'elle ne touchera pas à mes cheveux, elle les lissera rapidement. Elle fait bien ce qu'elle veut. Je ne comprends pas bien son besoin d'énoncer toutes ses actions à voix haute, je ne suis pas idiote et je sais me servir de mes yeux. Sa voix me tire de mes pensées, j'étais prête à me lancer dans une analyse poussée de sa personne, je la regarde, interrogatrice. Je suis prête. Prête pour être lâchée dans l'arène, voilà ce que je me dis, surtout. Je me lève d'un bond, je la vois même esquisser un mouvement de recul et, docile, je me laisse emmener là où je dois être. J'accroche mon regard sur le dos de l'homme qui me conduit, il semble oublier parfois que je suis en talons puisse que je suis presque parfois obligée de courrir pour le rattraper. J'envisage une fraction de seconde de le siffler, mais ça se fait pas, je m'arrête en plein geste. Puis on me lâche, je crois que le blond doit être mon partenaire, je ne sais pas trop. J'imagine. Je le regarde une seconde avant de commencer à marcher vers les autres. Je baisse la tête, observant un brin contrariée les chaussures qui me font mal, mais j'en oublie de m'arrêter, si bien que je percute un premier couple, doucement. (Mads et Corto). Mes yeux les sondent tous les deux, avant de m'autoriser l'esquisse d'un sourire. « Fantine. » Je lâche, comme un automatisme.

Plus je le regarde et l'écoute plus je deviens aveugle et sourde. Il me blase ce mec. Mais bon j'ai ce sourire plaqué sur mon visage, celui de la fille qui bois toutes vos paroles, celui de la fille qui tombe amoureuse en un quart de seconde. Le genre de fille que je suis pas mais que je me plais à être de temps en temps. Je crois qu'il me fait un compliment sur mes fringues, moi je regarde ses tatouages fasciné, genre super fasciné. Ce que réellement je ne suis pas du tout, c'est que l'encre. Il a l'air d'un connard, ça tombe bien ça rime avec son prénom. Putain je me déteste d'y avoir pensé parce que monsieur s'emballe. Faut se calmer coco hein. Moi je ricane, non je glousse comme une conne. « Tu dois baiser que des connes. » je lui rétorque sérieuse et presque inquiète pour lui. « J'ai pas besoin de ta permission. » Que je lui dis quand il me propose de l’appeler connard si j'oublie son prénom. De toute manière je compte pas l’appeler je compte le siffler. « Elles disent toutes ça pour se faire désirer. »  Mais bien sûr. De toute manière tu me désire déjà, tu mattes mes seins depuis trois plombe. Je répond même pas je me contente de déposer mes mains derrière mon dos pour jouer avec la ficelle du maillot. Je tire dessus délicatement et d'un coup sec j'enlève le truc. Putain je respire enfin ça me gênais ce truc. « C'est ce qu'on appelle la vision au rayon x. » Je lui rétorque dans un rire avant de lui proposer un verre. Sauf que monsieur s’emballe. Putain le con. Je l'écoute, plus il parle plus je souris. Et surtout plus j'ai envie de lui en coller une. « Mon grand, je voulais juste être sympa tu vois. Et t'inquiète je comptais aller me le chercher mon verre. » Je lui dis d'un ton plat, sourire animant mes lèvres. Je dépose mon haut de maillot sur son épaule. « Tiens souvenir. » Je souris un peu plus avant de tourner les talons. Les pans de ma veste masque que part intermittence ma poitrine, qui sa gêne ? Pas moi. Je m'approche du buffet et dans un élan d'ennuie infini je m'amuse à faire tomber chacune des coupes de champagne déjà pleine qui s'y trouve. Sa casse sur le sol et je souris.